8 juin 2011

L'amour est dans le pré : Freddy, pas même griffé pendant la nuit


Freddy, vous connaissez ? C’est un agriculteur du casting de L’amour est dans le pré, saison 2010, cette émission pseudo sentimentale qui propose de jouer les entremetteurs entre des paysans célibataires au travail 24h/24 et des poulettes plutôt citadines qui voudraient bien trouver l’amour à la campagne. Un Meetic pour culs terreux ? Un prétexte pour fantasmer sur un retour à la terre, ce concept passé en quelques années du trip baba à ce projet de vie bo-bio osant l’amalgame de l’écran plat et de la prairie verdoyante… Vous en avez marre de la vie ? Il y aura toujours des endroits où l'herbe sera plus verte... Derrière la carte postale de L’amour est dans le pré, sa promotion d’apparat de la vie à la campagne, c’est pas le Château de ma mère. La ville y piétine la ruralité. Quant à l’amour qu’on nous y vend au milieu des pâquerettes et des coquelicots, de la luzerne et du purin, il n’a rien de naturel. Comme partout ailleurs, cette affaire est une question de recrutement : « J’ai écrit à Bernard, car il correspond au profil que je recherche… » Revenons à nos moutons, les tondus à cinq pattes…

L’année dernière, Freddy avait été l’objet de toutes les attentions des journalistes média, attristés qu’y zétaient de voir ses deux prétendantes présumées (hum) le plaquer en cours de route. L’une avait finalement un « copain. » L’autre avait préféré écourter sa semaine à la ferme, arguant s’être irrémédiablement liée d’amitié avec sa supposée rivale ; elle la suivrait donc au bout du monde, c’est à dire au moins jusqu’à l’issue salvatrice de cet enfer dans lequel elle s’était jetée sans réfléchir... Les journalistes avaient sauté sur l’occasion, les deux mains sur le champignon du buzzer, tels de vulgaires candidats au Juste prix. Ils avaient multiplié les papiers indignés pour dénoncer les deux sagouines, faisant ainsi du pauvre Freddy, une espèce de martyr, de super Candide téléréel…

L’émission du lundi 6 juin dernier, se proposait de nous apprendre ce qu’étaient devenus les candidats de 2010, habile manière de teaser le démarrage de la nouvelle saison. Nous avons donc retrouvé notre Freddy dans sa ferme, avec sa maman, ses chiens, ses biquettes, etc. Un Freddy moins intimidé, à la limite du vivant avec son temps quand il nous apprenait être « un fan de catch à la télé »…
Naturellement, M6, joliment incarné par Karine Lemarchand, ne manqua pas l’occasion de revenir sur la douloureuse expérience de Freddy. Nous eûmes donc à nouveau droit aux violons tristes et stridents de l’amour bafoué, trahi, sali, bref à cette histoire qui fera éternellement pleuvoir de l’eau salée dans les yeux des ménagères de moins de 50 ans, ces midinettes... Qu'on se le dise, à la campagne, la fleur sera bleue ! La belle Sublet joua à merveille son rôle de bonne copine, de référant confidente, de psychologue formée au feu du magazine féminin. « Tu leur en veux Freddy ? »

Au CGB, c’est pas que nous sommes dépourvus de toute capacité à l’empathie hein… C’est que nous ne sommes qu’empathie ! A la vue des images de l’émission, il nous apparut d’emblée indubitable que l’anguille prospérait tranquille sous roche, les physiques des deux présumées salopes étant en parfaite inadéquation avec celui, impossible, d’un autre âge, de Freddy… Et ne parlons pas du choc des cultures, Freddy incarnant le vieux garçon de ferme à l’ancienne, celui dont on sacrifiait volontiers la vie sur l’autel des contingences. Like a virgin ! Farces et attrapes ! Un nouveau lièvre levé ! Vous voudriez vous, vous faire masser par Freddy Krueger ? Toute la profession journalistique une nouvelle fois décrédibilisée ! Pas un pour déduire de leurs soupçons quant à la réalité de l’engagement des deux demoiselles, un doute frisant la certitude quant à la réalité de cette téléréalité. Et comment oser la vérité, quand L’amour est dans le pré atteint ses points de réalité Winwin en chiffrant les couples formés au cours de l’émission et les enfants nés de ces unions ? Tournez manège ! Tournez malaise ! On se rappellera longtemps cette scène en boîte de nuit où Freddy, qui n’y avait probablement jamais mis le moindre orteil jusqu’à présent, danse avec l’une de ses belles au milieu de jeunes, sous le feu ardent du projecteur obscène de la caméra d’M6, n’ayant éclairé sur ce coup-là que la mise en abîme calculée de la propre cruauté des producteurs de cette émission.
Cette affaire révèle ce que nous appellerons désormais le malaise Freddy. Ou quand de pauvres bougres deviennent de tristes jouets sans défense dans les mains griffues du superdiable tabloïd.

La téléréalité joue avec les vies humaines, comme les chercheurs avec des souris blanches. Il serait temps de dresser son bilan en termes de vies massacrées… On y trouverait sûrement à reboucher le trou de la Sécu…

13 commentaires:

  1. Bien d’accord… La « réalité » de la real-TV est un secret de Polichinelle auquel font surtout semblant de croire ceux qui la dénigrent et qui pointent ses dangers ou sa débilité. Rappelons-nous l’incroyable « débat citoyen » qu’avait lancé l’arrivée de cette « invention » en France, avec LoftStory. Cette fausse levée de boucliers n’avait pas pour but d’empêcher l’avènement de BigBrother, mais au contraire d’en faire un événement intéressant. On nous a parlé d’une nouvelle génération de télévision, d’une « télé-réalité » qui n’a en vérité rien de plus « réel » qu’un bon vieux Fort Boyard. Toute l’astuce a été de nous faire croire que c’était nouveau, différent, fascinant voire dangereux... Et ça nous a fait du spectacle pour plus de 10 ans…

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  2. La Tv -réalité ça permet surtout aux chaines de déverser des heures et des heures de programmes dans les tuyaux pour un cout dérisoire.

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  3. Des "paysans célibataires qui travaillent 24h sur 24", ça existe encore ça ?
    On n'est plus à l'époque où des familles entières se levaient avec les poules et se couchaient avec le soleil, passant leur journée aux champs, aux moissons, aux vendanges, au nourrissage d'animaux et autres travaux agricoles. Une moissonneuse-batteuse abat en une heure le travail que dix hommes robustes fournissaient autrefois en une semaine. Dans le monde agricole, il n'y a quasiment que des saisonniers, pour les rares travaux non encore machinisés (vendanges notamment), le reste ce sont des propriétaires ou des techniciens.

    Ces rares permanents du secteurs primaires ont-ils vraiment besoin d'une émission de télé à la con pour lever des meufs ?
    Sans doute pas, mais si ça fait de l'audimat...

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  4. @ Vessie pour des lanternes

    Si, il y en a qui bossent du soir au matin (pas que chez les paysans) et quand en plus ils sont loin de tout ils n'ont pas vraiment le temps de lever des meufs. D'ailleurs ils s'en foutent. Une seule leur suffirait. Ce qui fait que pour certains ils sont près à passer pour des cons à la télé.



    @Le(s)tat
    Pourquoi c'est tjrs des tartines ?

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  5. C'est pour mieux te beurrer, mon enfant.

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  6. Bientôt , "les griffes de la ferme" avec notre Freddy national , bien plus flippant que la version américaine , avis aux producteurs !

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  7. Je retiendrai un mot ...résumant tout : CRUAUTE...

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  8. Je ne sais plus à qui on avait demandé un jour : " Quel est avenir du commerce ? ". Il avait répondu : " Exploiter la misère humaine ".

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  9. pour mieux nous saouler ?

    http://fr.wiktionary.org/wiki/beurrer

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  10. Oulala, merde. Euh, faut que je le prenne mal ? Aïe. Quand tu dis nous, c'est toi et ton anus ? Parce que justement, je me disais que ce qui y'avait de bien avec le beurre, c'était que... Enfin... Le beurre, tu vois quoi ? Enfin t'as compris hein ?

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  11. Non, comme les proctologues mec. Désolé hein, mais le CGB ne peut héberger de propos à caractère homophobe.

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