29 avril 2011

Edwy Plenel Football Club

Moins de noirs et moins d'arabes sur les terrains de foot ! Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale de la Fédération française de football, dont le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, ont approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays. Objectif: limiter le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains. Notre enquête.

Si l'article qui occupe la Une du journal Médiapart délicatement titré « Foot français: les dirigeants veulent moins de noirs et d'arabes » a tout pour faire parler, il ne devrait, dans les faits, ne pas dépasser le stade du pétard mouillé.

Libé parle de Lepénisation des esprits. Les lecteurs de Fdesouche de leur côté sont tout contents d'y voir la mise en place de la discrimination positive en faveur des blancs. On a eu droit à un débat ubuesque dans On Refait Le Monde sur RTL avec un grand moment de fou rire quand Anne-Sophie Mercier coincée par Hondelatte, essaie de noyer le poisson en se faisant le chantre du devoir de chanter La Marseillaise pour les internationaux. Rue89 de son côté, c'est assez rare pour être souligné, se fend d'un papier tout en modération et l'ensemble de la toile française reprend allègrement les meilleurs passages du papier de Fabrice Arfi, étoile montante à vocation offensive de l'Edwy Plenel Football Club, déjà à l'origine des affaires Karachi et Bettencourt. Et cela ne fait que commencer.

Pourquoi pétard mouillé ? Tout simplement car la FFF et la DTN n'ont absolument aucun moyen d'agir sur la politique des centres de formation français, détenus par les clubs pros qui sont des entités sportives et économiques totalement indépendantes des structures étatiques et qui se moquent comme de leur premier sponsor Justin Bridou de la nationalité ou de la couleur des athlètes qu'ils forment, achètent ou vendent et accessoirement font jouer. Tout au plus la nouvelle politique, si nouvelle politique il y a, affectera-t-elle l'INF Clairefontaine administré par la FFF et la composition des équipes de France des catégories jeunes, aujourd'hui composées à 90 % de joueurs noirs (notez que perso j'en ai rien à foutre de la couleur des joueurs, mais comme c'est l'objet du débat...) comme on peut le constater ICI.

Si le papier de Médiapart est à mon avis malhonnêtement orienté et racialisé à des fins de marketing viral (vous venez d'assister à une tentative d'éradication du terme buzz), il se fait l'écho de deux problèmes qui agitent depuis quelques temps le petit monde de la formation à la française : le problème des binationaux et celui des critères de détection dans les catégories jeunes.

Le problème des binationaux n'est pas l'apanage de la France, il inquiète aussi nos voisins Suisses, Allemands, Hollandais (j'anticipe le rattachement de la Wallonie à la France et donc l'extension au nord de notre frontière) et Belges qui voient de plus en plus souvent leurs jeunes joueurs issus de la diversité embrasser les couleurs du pays de leurs parents bien qu'ils aient fait toutes leurs classes dans les équipes nationales de leur pays de naissance, exemple les frères Boateng dont l'un joue pour l'équipe d'Allemagne (Jérome) et l'autre pour le Ghana (Kevin-Prince) alors qu'ils sont tous deux de nationalité allemande, nés à Berlin. Raymond Domenech l'avait déjà évoqué, Laurent Blanc s'en agace régulièrement depuis sa prise de fonction, citant notamment les cas de Marouane Chamakh et de Moussa Sow (actuel meilleur buteur du championnat de France) tous deux nés et formés en France mais jouant respectivement pour le Maroc et le Sénégal au niveau international, Sow étant pourtant un ancien international espoir français. Autres cas, dans les jeunes joueurs on peut citer les frères Ayew qui explosent cette année à Marseille, qui sont nés en France, l'ainé ayant même porté le maillot bleu en équipe de jeunes et qui jouent maintenant pour le Ghana, patrie de leur père Abédi Pelé. Si on regarde la composition des équipes nationales du Sénégal, de l'Algérie et du Maroc on constate qu'elles sont composées d'un grand nombre de joueurs binationaux, nés et formés en France et pour certains anciens internationaux dans les différentes équipes de jeunes françaises. Dans les 25 joueurs ayant défendus les couleurs sénégalaises depuis le début des éliminatoires de la CAN 2012, 9 sont nés en France. Sur les 28 joueurs qui intégrent régulièrement l'équipe nationale marocaine, 10 sont nés en France (et 5 en Hollande, 2 en Belgique et 1 en Allemagne). L'Algérie remporte la palme avec 15 binationaux nés et formés en France sur 23 joueurs. Soit déjà un total de 34 joueurs français qui ne sont plus sélectionnables en équipe de France et même si peu d'entre eux ont aujourd'hui le niveau pour y prétendre, on peut comprendre l'inquiétude de la DTN face à cette tendance alors que ces joueurs ont bénéficié des structures de formation hexagonales. Cette situation montre un des aspects néfastes de la politique d'acceptation de la bi-nationalité et même s'il est mineur comparé aux autres problèmes que rencontre la société française aujourd'hui, il ne se pose en aucun cas sous un angle racial comme le laisse à penser l'article de Médiapart. Mais un débat sur les bienfaits ou méfaits de la binationalité dans les domaines sportifs, c'est certainement moins vendeur qu'un bon vieux « il faut moins de noirs et d'arabes » bien simpliste.

Quant aux critères de détection dans les catégories jeunes, cela fait déjà quelques années que les formateurs français pensent à revenir sur leur politique de « coureur de fond ». La réussite actuelle de l'Espagne, dont les maîtres à jouer Xavi (1,70 m pour 68 kilos) et Iniesta (1,69 m pour 64 kilos) alimentent en passes lasers l'Argentin Lionel Messi (1,69 m-67 kilos) sous les couleurs du club-fanion de la Catalogne, a révolutionné pour le meilleur la vision du footballeur moderne qui prenait de plus en plus l'allure d'un athlète bionique aux qualités physiques hypertrophiées. Pendant que les Espagnols revenaient aux fondamentaux du football avec une détection basée sur la technique et le développement du sens du placement et de la tactique (ça c'est pour le côté angélique de la chose car la domination espagnole actuelle dans de nombreux sports : foot, basket, hand, cyclisme aurait aussi à voir du côté de la pharmacie d'après certains esprits chafouins) les Français produisaient à la chaîne des Golgoths sélectionnés sur un développement physique précoce, la puissance musculaire et l'endurance. Un profil attribué de façon simpliste aux Africains et ça tombe bien, les banlieues françaises en sont un large vivier. On retrouve effectivement ici le cliché de l'africain-bête de somme qui a largement cours dans le milieu sportif. Les frères Ayew au profil vif et technique en sont l'exception et on peut considérer qu'ils ont eu la chance de bénéficier de l'appui de leur père pour passer les écueils de la détection. La recherche de ce profil dès le plus jeune âge (les footballeurs sont détectés très tôt vers 10-12 ans) vaudra aussi à des joueurs comme Franck Ribery ou Mathieu Valbuena (ou Eric Carrière il y a quelques années) des parcours atypiques, ignorés par les grands centre de formation, aucune sélection dans les équipes nationales de jeunes, ils feront leurs classes dans de petits clubs avant d'être repérés sur le tard alors qu'ils jouent en National (la 3ème division française). La DTN cherche aujourd'hui à varier ses profils et forcément cela va vers un abandon de la domination du joueur athétique issu de la francophonie qui était le profil type recherché depuis une vingtaine d'années (ce qui ne choquait personne).

Plus étonnant est cette histoire de possible mise en place de quotas de joueurs noirs ou maghrébins. On peut certainement voir ici une invasion du politique, tant on sait la F.F.F perméable à l'application de l'idéologie du moment (le matraquage black-blanc-beur c'était aussi de l'idéologie) et de la nouvelle obsession de la représentativité communautariste au mépris du modèle républicain. Les Noirs et maghrébins ne devraient plus dépasser les 30 % pour des raisons de représentativité, parce que la France est encore à majorité blanche et qu'il faut que l'électeur UMP s'y retrouve quand il regarde les matchs de l'équipe de France sur TF1 sinon il va se facher tout brun et voter Marine Lepen. Une politique de quotas inapplicables pour les raisons expliquées au début de ce billet, au caractère parfaitement anti-sportif et irrationnel dans le sport de haut-niveau, symbole suprême de la compétition et de la sélection au mérite, qui si elle pouvait par le ridicule balayer toutes les politiques de quotas et de discrimination soi-disant positives qu'on essaie de nous imposer dans toutes les strates de la société française, aurait au moins eu un intérêt autre que celui de nous navrer ou de produire de l'indignation médiatique à peu de frais.

Ainsi la problématique est finalement plus intéressante ou intelligible que le parti pris légèrement putassier de Médiapart peut le laisser à penser, avec son accroche digne d'un tabloïd ou de Marianne. Les questions que se posent les dirigeants du foot français sur les binationaux, les critères de détection et même sur l'homogéneité de l'équipe (voir l'exemple des Pays-Bas il y a quelques années) n'ont rien d'illégitimes pour peu que l'on s'affranchisse du terrorisme intelectuel habituel qui paralyse tout débat en France et qu'on n'essaie pas de prendre une nouvelle fois le foot en otage afin d'étendre sa problématique à l'ensemble de la société française. Toutefois il ne paraît pas du tout invraisemblable que les propos les plus borderlines ou racistes rapportés par Mediapart et attribués aux membres de la DTN ou de la classe dirigeante du football français soient effectivement le reflet d'un certain mode de fonctionnement, avec des termes comme « gris » ou « sarrasins » pour désigner les joueurs maghrébins, tant les vieux bourgeois ventrus planqués dans les appareils administratifs et décisionnaires des instances sportives (façon Juan Antonio Samaranch) sont jumeaux de ceux qui ont fait venir leurs pères bosser dans leurs usines tout en leur accordant un certain mépris racial/de classe à tendance patriarcale suranné assez proche de celui qu'un Guerlain en roue libre peut croire pouvoir encore exprimer tranquilement entre gens du même monde au journal de 13h de France 2. Un racisme de classe qui accepte sans problème la main d'oeuvre immigrée, même si ici la main d'oeuvre est millionnaire et qui a du mal ensuite à faire de la place à cette main d'oeuvre (immigrée ou non) pour intégrer les structures dirigeantes. Pour un Michel Platini président de l'UEFA, combien de ronds de cuir ventripotents sans aucune connaissance sportives ou gestionnaires ?

11 commentaires:

  1. T'aurais pu rendre hommage à Alain Gigi merde !

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  2. Putain c'est vrai, j'y ai pensé pas mal à Gigi et au final je l'ai pas mentionné.

    J'avais une ode à Ruud Gullit aussi mais je l'ai coupé au montage.

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  3. Merci pour la pub, mais elle pourrait laisser croire aux lecteurs que je ne me suis préoccupé que de ces histoires de quotas, alors qu'en fait non :

    Franck Ribery, un symptôme français
    http://lingane.canalblog.com/archives/2010/07/05/18503342.html

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  4. Patrick Topaloff1 mai 2011 à 17:56

    "Une politique de quotas inapplicables pour les raisons expliquées au début de ce billet, au caractère parfaitement anti-sportif et irrationnel dans le sport de haut-niveau"

    T'en as des meilleures que celle là?

    Non parce qu'une politique de quotas raciaux est mise en place depuis 15 ans en Afrique du Sud dans le rugby.

    Non Parce que vois tu depuis quelques années les meilleurs basketteurs universitaires aux USA sont tous blancs mais éjectés des draft car pas assez "nba" si tu vois ce que ça veut dire.

    Non parce que tu vois pour bien connaître un centre de formation pro du centre de la France et à un modeste échelon l'INF, je peux te garantir que si t'es pas noir pour espérer percer t'as intérêt à être le nouveau Messi et encore...

    Donc tu vois des politiques sportives raciales sévissent à plein régime aux quatre coins du monde et même en France mais tant que ca reste en faveur des minorités une hypocrisie crasse empêche tout débat.

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  5. L. Riefenstahl1 mai 2011 à 22:23

    Y a plus de blacks dans le foot (dans le sprint et le basket) et ni une ni deux y en a un pour nous expliquer que c'est le fruit de, je cite, politiques sportives raciales. Même à Médiapart ils oseraient pas.

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  6. Non seulement vous causez pas de Gigi mais en plus vous êtes fort mal renseigné sur l'état actuel du ballon rond français. Parce qu'en ce moment plus ventripotent que Platoche. En rugby je dis pas y a... Blanco mais ça nous écarte du sujet

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  7. @Patrick Topaloff

    une politique de quotas raciaux est mise en place depuis 15 ans en Afrique du Sud dans le rugby.

    Et alors ? Je vois pas en quoi ça démonte mon idée qu'il est contre-productif d'instaurer des quotas dans le sport de haut niveau. Surtout quand on voit les effets catastrophiques que cela engendre sur les résultats actuels de la sélection Sud-Africaine.

    depuis quelques années les meilleurs basketteurs universitaires aux USA sont tous blancs mais éjectés des draft car pas assez "nba" si tu vois ce que ça veut dire.

    Là j'aimerais bien que tu me donnes des exemples, surtout avec Kevin Love qui a bien explosé cette année en NBA, ou avec la prolifération de joueurs Argentins ou Espagnols de plus en plus recherchés par les franchises. Surtout avec un mec comme David Stern à sa tête qui rêve depuis deux decennies à l'émergence d'un nouveau Larry Bird car il sait les résultats positifs que cela engendrerait en terme de produits dérivés pour la NBA. Moi je vois surtout que depuis un bout de temps la NCAA voit son niveau baissé de façon régulière.

    Non parce que tu vois pour bien connaître un centre de formation pro du centre de la France et à un modeste échelon l'INF, je peux te garantir que si t'es pas noir pour espérer percer t'as intérêt à être le nouveau Messi et encore...

    Ca, ça rejoint le constat de Mombaerts (il me semble) qui dit justement que les clubs pros lui laisse sur les bras les joueurs blancs techniques de petits gabarits pour la post formation. Et ça prouve à quel point justement la fédé n'a aucun impact sur la politique de recrutement des clubs qui continuent à rechercher des profils types « golgoths » (souvent noirs c'est effectivement un constat) plus rassurants quand à leur capacité à tenir le choc au niveau pro. Et je persiste à dire que ce constat et ce profil recherché joue en défaveur de tous les joueurs de petits gabarits (qu'ils soient blanc noir ou maghrébin). Aujourd'hui un Abedi Pelé de la même façon qu'un Giresse ne seraient pas pris en post-formation.

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  8. Avec les derniers développements de cette risible histoire, il faudrait peut-être changer votre sondage...

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  9. Le football français serait-il dirigé par de dangereux racistes qui font une éruption boutonneuse à chaque fois qu’ils voient un noir ou un arabe sur un stade ?

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  10. kobus van cleef24 août 2016 à 21:14

    je déteste le foutebaule, vronzais ou estranger
    je déteste les supporters du foutebaule
    je déteste les joueurs de foutebaule et la clique qui gravite autour
    et par dessus tout,je déteste les journalistes sportifs, leur accent du sudouest , leur diction approximative , leur inculture crasse ( mais y en a d'autres , hein)

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