28 octobre 2010

Il reste du Ralouf ?

Seriez-vous jouasse d’apprendre que nos impôts ont financé ce qui ressortira certainement comme la plus grosse bouse cinématographique française de 2010 ?
L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ethniques ; pour le social, on verra ça plus tard jamais) a financé le premier film d’Anne Depetreni « Il reste du jambon ? » (on attend la version financée par Desouche « il reste du manioc ? Non ? Alors, je prendrai encore un peu de couscous ! ») pour je cite « contribuer à connaitre l’histoire des individus et des sociétés ». Donc, Anne Depetrini, qui commença sa carrière à la météo de Canal +, serait en quelque sorte une historienne autodidacte des individus et des sociétés. Vous y croyez vous ?
Moi, j’ai quand même un peu de mal, là.



Jacques Chirac aurait créé cette agence d’une utilité sumotorique pour calmer les esprits au lendemain des émeutes de 2005. Ne leur envoyez pas les flics ou l’armée, mais une ex-présentatrice de météo, reconvertie en pseudocinéaste bienpensante, accompagnée de son mari, un humoriste labellisé « issu de » et « une baraka pour la France », tous deux sans aucune once de talent autre que la spontanéité. Si vous êtes parkinsonien ou épileptique, sachez que l’époque peut faire de vous une star.
Quelqu’un aurait dû expliquer à notre paisible retraité que la communication ne peut pas tout, surtout pour contrer un ressentiment à moitié préprogrammé. Sacré Chirac !
Le film se révèle, sans l’avoir vu, la bande-annonce est déjà suffisamment éloquente pour ça, dans la grande lignée des « Neuilly ta mère » et « des noirs font du ski ».
Le film raconte l’histoire ennuyeuse d’un chirurgien urgentiste franco-magrébin (donc un franco-arabe sur dix millions) qui rencontre une journaliste foireuse de souche issue de la bourgeoisie parisienne ultratolérante (dix bourgeoises de gauche sur dix). C’est le coup de foudre direct cash entre les deux. Sauf que les deux familles respectives ne voient pas d’un bon œil cet accouplement sociologique. Putain le scénario ! Hollywood est bluffé !
C’est en quelque sorte un « Jungle Fever » bienpensant à la francobourgeoise dénué du talent de cinéaste d’un Spike Lee. De la merde subventionnée par notre fonds commun national sur une idée atlanto-jacobine d’un ex-chef d’État tellement à la ramasse qu’on aura fini par le voir à poil en fin de carrière au fort de Brégançon (ça, ça aurait fait un pur film !).
Comme en ce moment j’ai besoin de thunes et que pour ça je suis prêt à vendre mon voisin portugais du quatrième, je vais proposer mon scénario bienpensant à l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
Voici un bref résumé :
Un ressortissant malien et sans-papier travaille illégalement dans un restaurant de Nanterre. Malheureusement, ce restaurant est situé à proximité du siège social du front national, rue des Suisses, qui fournit en grande partie la clientèle de l’établissement. Le pauvre Malien est obligé de supporter à longueur de journée des insultes et des regards haineux, même avec les autres employés, son propre patron et son berger allemand.
Un jour, alors qu’il vidait les poubelles, il rencontre la petite fille du leader du parti d’extrême droite et tombe réciproquement amoureux. Ils sont obligés de se voir en cachette la nuit tombée. Par un jeu d’intrigues absolument chiant, l’existence de cet amour impossible vient aux oreilles de Georges-Marie Lepagne (nom symbolique en rapport avec la fin), leader du parti archaïque de la Lepagnisation des esprits, qui furibarde jusqu’au degré huit de l’échelle d’Hitler. Au moment où le Malien sera lynché dans un bunker des cotes normandes, sa tendre promise viendra le sauver in extremis en intervenant auprès de son grand père grâce à un discours moralisateur d’une puissance inouïe (prévoir une équipe de cinquante personnes pilotée par Gérard Miller pour écrire ce moment clef). Georges-Marie Lepagne sera transfiguré jusqu’à avouer son homosexualité refoulée (d’où le nom symbolique « Lepagne ») et se mettra en ménage avec Christian Girard, un conseiller obscur de la Mairie de Paris.
Ils eurent beaucoup d’enfants et une carte d’identité française toute fraîche.
Croisez les doigts pour moi, chers lecteurs.

9 commentaires:

  1. C'est extrêmement vexant pour les épileptiques.

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  2. Qu'ils veulent faire "bouger les choses" dans leur sens passe encore, c'est de bonne guerre. Le plus fabuleux c'est que le JT trouve encore le propos du film "politiquement incorrect" !
    Quant à Ramzy, qu'il se rassure : il y a beaucoup de gens qui ne sont ni frisés ni bronzés et qui ont du mal à "trouver certains appartements dans certains quartiers de Paris"... J'aimerais bien voir celui qu'il a fini par trouver tiens...
    Ce n'est pas la première fois qu'il joue la carte de "l'arabe" à moindre frais. Voici une vidéo hilarante où on le voit s'offusquer d'être pris pour un idiot : http://www.youtube.com/watch?v=DGfiRL72Tyg
    Monsieur construit depuis 15 ans une carrière entièrement sur l’humour idiot, mais il ne veut pas qu'on présume de ses capacités littéraires ! Ce n'est pas parce qu'il fait du popo-caca depuis toujours qu'il n'a pas lu Pascal !
    Plus encore que son ami Debbouze, Ramzy incarne celui qui, par un hasard inouï, a tout eu mais continue à se croire lésé...

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  3. @ Un oeil
    " Plus encore que son ami Debbouze, Ramzy incarne celui qui, par un hasard inouï, a tout eu mais continue à se croire lésé... "

    Exact. Paraître victime est médiatiquement payant. Il ne faut pas oublier que dans l'inconscient collectif la victime mène à sa sacralisation (Jésus sur la croix). Il ne faut jamais oublier, comme l’expliquait Jung, la puissance et la pression des mythes sur nos comportements. La deuxième chose sur la victimisation est qu’elle fonctionne automatiquement avec la diabolisation. Pour me victimiser, il faut qu’il existe un coupable de mon malheur. Dans le cadre de ce film, je suis victime d’un modèle archaïque intolérant, représenté par les deux familles, parce que je suis un fleuron de la tolérance, donc du bien.
    Paraître victime (je dis bien « paraître », parce qu’on ne peut pas dire non plus à une personne qui a subi un attentat qu’elle se victimise) ressort toujours du narcissisme. Je suis quelqu’un d’important, car je suis victime. C’est un reliquat du christianisme (ça va faire plaisir à Anthony). Jésus a bien été victime d’actes cruels, mais n’était pas une victime de type « innocente » pour autant, car il était conscient des risques qu’il prenait en faisant chier le haut commissariat romain.
    Ramzy est trop con pour faire ça en toute lucidité. Chez ces gens-là, comme le dirait Brel, ça se passe inconsciemment. Le narcissisme secondaire, à ne pas confondre avec le narcissisme primaire, avec l’utilisation de certains mythes inconscients est la clef de la compréhension de la bien-pensance. Le même processus fonctionne pour la malpensance, mais s’appuie sur d’autres mythes.

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  4. Une production Canal + aussi sûrement, toujours en mal d'aider au reclassement de ses anciens cadres. Anne De Pétrini, réalisatrice, c'est a priori la meilleure vanne du film. "La France est leeente, leeente", un commentaire heureux du journaliste de France 3 en service commandé. Dans la profession, on appelle ça un publireportage.

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  5. Merci pour vos points de vue éclairants. La youtubesque joute citée par Un oeil n'apporte finalement rien dont on n'ait déjà l'intuition.

    Juste au passage, le bellâtre sénior ARDISSON boit-il du petit lait de bique à chaque clic. C'est lui qui empoche, in fine, les dividendes de ses productions médiocres ...

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  6. Même pas le temps de bouloter le jambon que déboule déjà la suite.
    http://www.lefigaro.fr/cinema/2010/10/26/03002-20101026ARTFIG00665-sous-l-339il-des-barbares.php

    Les amateurs de pourriture pousseront le vice jusqu'à reluquer la dernière partie du "Ce soir ou jamais" de ce 27 octobre.

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  7. Oui. Notez que c’est ce même « prestige de la victime » qui pousse le JT de France 3 à trouver que le film est « politiquement incorrect » (tout en expliquant qu’il est financé par l’Etat et commandité par Chirac) !
    Ils ont besoin de croire à cela : que leur pensée est à contre courant, qu’il y a une masse de gens contre eux, que le film sort envers et contre tout et qu’ils se mettent à dos « une certaine France » en faisant cela… Le plus beau spécimen de ce genre que je connaisse est Cali : impressionnant dans sa certitude de faire partie des bons face à la masse fachiste, troublant de bêtise tellement usuelle, ordinaire, consensuelle mais persuadé qu’il est un sulfureux « résistant »... Cali est dangereux ! En période de troubles, il serait un petit leader agité trancheur de têtes !
    Pour revenir au sujet : ils ont donc besoin de se croire opprimés. Mais sous ce décorum victimaire, écoutez donc Anne Depetrini : elle parle comme une régente, une protégée, une installée qui sait qu’elle est du bon côté du fusil, et qui explique aux Français, tel un économiste libéral qui annonce un plan de rigueur, qu’ils n’ont peut-être pas bien compris, que ça va peut-être leur faire un peu mal au cul, mais que c’est comme ça : on va leur mettre bien profond et va falloir s’y faire !
    Je vous rejoins aussi sur le caractère inconscient de la connerie de Ramzy. Il est « innocent » dans le sens où il croit ce qu’il dit et où son trip, c’est simplement de s’imaginer dans un bel appartement, une belle piscine ou un beau prime time avec ses potes re-noi et maghrébins, histoire de dire « on l’a fait, les racistes ! on vous emmerde ». Debouzze est plus tordu. Regardez ses conférences de presse pour les films Indigènes ou le récent sur Sétif : tout en ayant des choix très « marqués », il avance masqué, camoufle l’aspect politique, fait semblant de croire qu’il a fait « un simple film d’action et de divertissement » etc.

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  8. mais putain, puisqu' on vous dit qu 'ils sont SYMPAS ! vous allez finir de vous rentrer ça dans le crane ou bien on va devoir prendre des mesures plus drastiques?

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  9. Le dernier Abdellatif Poischiche est pas mal non plus:

    http://www.youtube.com/watch?v=afeLrBHc7J0

    The Black Venus...

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