14 septembre 2010

Un médiocre humoriste effraye les pudeurs des vierges effarouchées



Pour certains, ce sketch est une bombe. J’y vois surtout une légère giflette sans conséquence effective, excepté si sa récupération est susceptible d’alimenter le débat du temps « la libération de la parole waciste » ou de « la lépenisation des esprits ».
Au début, Fabrice Éboué semble se marrer, mais, à voir sa tronche contrainte, trouve vite ses limites. A-t-il pensé, à ce moment-même, à ses petits amis de la secte d’illettrée du Jamel Comedy Club ? « C’est drôle, mais faut pas que je rigole, sinon Jamel et les autres vont me tomber dessus. Et puis j’aimerais bien faire du cinéma plus tard. Ne faudrait pas froisser Hallal + ».
Le public, qui n’est pas habitué à ce thème, reste timoré. On esquisse quelques minces sourires en espérant que la caméra évite de pointer vers soi. La tolérance obligatoire de cette folle jeunesse qui compose la majorité de l’assistance, certainement menacée par une bombe à l’anthrax ou d’un peloton de taliban armé de kalash !


Le grand carnaval nous viendra de Jean Benguigui qui distribue les points Godwin, en soulignant la démagogie de l’humoriste, certes véritable, vu comment le vent tourne actuellement, mais est incapable de percuter sur sa propre variante. Un cureton qui nous dénonce de la démagogie putride ! Il n’a pas seulement une poutre dans l’œil, mais tout un baobab africain. On peut aussi se poser la question si Benguigui aurait émis le même avis, si ce sketch aurait été joué par un autre outrageux qu’un tendancieux souchien, allant dans le même sens que Dieudo pour qui seul un noir peut caricaturer un autre noir (là où Dieudo est malin, c’est qu’il est métis, donc il se donne le « droit » de caricaturer blanc ou noir, car pour lui il existe une notion de légitimité raciale à prendre en compte pour la caricature de ce type. Stupidité évidente qui va dans son intérêt).
Techniquement, Olivier Perrin ne casse pas des briques. Certaines formules sont passablement percutantes et téléphonées. On est loin de l’esthétisme littéraire d’un Desproges ou du génie prosodique franchouillard d’un Coluche. C’est certainement un abus de comparer tout humoriste à ces deux mastodontes, mais je considère que l’on doit toujours tenter de dépasser ses illustres pairs. Pas forcément réussir, mais tenter, comme l’avaient entrepris les Inconnus.
Or, sans grande originalité, Olivier Perrin s’accapare l’image de Coluche, plus proche de la copie que de s’en inspirer, un tantinet faussaire comme on peut le voir sur son site Perrin Président. Rien de révolutionnaire en somme.
Le débat politiquement correct/incorrect sur les humoristes n’est pas le seul point de vue à envisager. Il est même mineur par rapport au talent. Par exemple, on ne peut reprocher à un Raymond Devos de n’avoir pas été particulièrement politiquement incorrect, c’est le moins que l’on puisse dire, alors qu’il était un génie du calembour, s’inscrivant dans la grande tradition du « comique d’esprit », au même titre qu’un Boby Lapointe. Le talent avant tout ! Seuls des esprits incultes et infantiles se satisfont uniquement de la qualité de la vanne (ironie humoristique) ou du jeu dans le cadre du comique de caractérisation. Ça me rappelle les propos du comédien Gilles Lellouche au festival des connes de 2009. Il était persuadé qu’existaient des Michel Audiard en puissance dans les cages d’escaliers des cités pour la simple raison qu’ils sont de sacrés vanneurs. Allez lui expliquer à ce blaireau que Michel Audiard était avant tout un amoureux de la littérature, un homme d’esprit avant d’être un vulgaire vanneur qui avait lu toute la comédie humaine de Balzac en deux mois et demi. Je doute que ce soit le cas de nos parasites immobiliers.
Malheureusement, l’époque ne se contente que de la vanne. Je sens qu’on va encore se faire chier un bout de temps et que l’humoriste qui nous mettra une claque n’est pas encore éjaculé.



18 commentaires:

  1. Effectivement, rien de bien violent et rien de bien drôle...

    RépondreSupprimer
  2. J’en ai marre du stand-up moderne, ça ne se limite qu’à de la vanne.
    Ces propos seraient mieux passés en créant un personnage qui laisserait planer le doute sur son discours, en ne tapant pas qu’à sens unique. Ça aurait été plus drôle. En ça, Benguigui a raison.
    Il n’y a aucune recherche d’ordre esthétique, aucune richesse, aucun emploi à double sens… rien, nada.
    Même les Simpsons, qui sont loin d’être gênants, encore que par le passé ils savaient lancer quelques piques, reste bien plus drôle que tout ce qui se fait en France, même avec les dernières saisons dont on sent l’essoufflement.
    Faudrait qu’un jour je rédige un article sur la différence entre l’ironie humoristique (vanne) et l’humour.

    RépondreSupprimer
  3. Au Québec il n’y a pas de démagogue / censeur dans le public

    http://www.youtube.com/watch?v=BVDNf-UZbVY&feature=player_embedded

    RépondreSupprimer
  4. C'est dingue de songer que ce sketch des Inconnus passait à la télé il y a encore quelques années ! Que faisait BHL à l'époque ? Lui de qui j'ai récemment lu (tribune contre le débat sur l'identité nationale): « Le problème, ce ne sont pas seulement les réponses, ce sont les questions. A trop aller à la pêche aux bonnes questions, à trop vouloir entendre le message que véhiculent les voix anxieuses, on prend le risque de surexciter toute une série de réflexes que la fonction même de la démocratie devrait être d’inhiber. »
    Sinon, je me permets de linker vers un de mes articles faisant écho à votre réflexion sur l'humoriste : http://unoeil.wordpress.com/2010/08/19/irreverence-inoffensive/

    RépondreSupprimer
  5. Ces propos seraient mieux passés en créant un personnage qui laisserait planer le doute sur son discours, en ne tapant pas qu’à sens unique. Ça aurait été plus drôle. En ça, Benguigui a raison.
    Il n’y a aucune recherche d’ordre esthétique, aucune richesse, aucun emploi à double sens…


    C'est clair que sur la forme, il est complétement bidon. En même temps, le cadre prête à ça. Temps accordé, note du jury, concurrence des candidats...c'est l'humour industriel, du rire pour du rire, à la chaine, une vanne à intervalle régulier...
    Mais ça aussi il loupe.

    RépondreSupprimer
  6. C'est vraiment naze. Il n'y a vraiment que les consanguins de Fdesouche pour trouver ça bien. Comme para, je vomis cette forme moderne du stand-up/vanne/vanne, l'auto plébiscite, le "comique" qui dialogue avec lui même, le jeu qui se limite à la récitation de texte/vanne, bref, du Ruquier/Anne Roumanoff et compagnie.

    Nul.

    RépondreSupprimer
  7. Ce que vous dites de Dieudonné est bien vu concernant le fait qu'il s'appuie sur son sang mêlé pour s'affirmer légitime à caricaturer les deux races dont il est le fruit du mélange. Mais en regardant ne serait-ce que le premier spectacle de Dieudo on se rend quand même compte que la caricature du noir n'est jamais poussée bien loin dans la satire. Il se contente de prendre un accent nègre avec des expressions du style "et comment" placées tous les quatre mots mais jamais il ne se fout de la gueule des africains ou des antillais, il les croque simplement. A l'inverse lorsqu'il campe un personnage de gaouli grassement beauf ou cradement raciste il ne s'arrête pas à la façon dont son personnage se tient ou s'exprime, il met en exergue des vices et des médiocrités propres à l'archétype du Dupont-Lajoie. Chez Dieudonné le noir c'est un mec un peu pittoresque mais sans aucune tare, sans aucune trace de laideur morale ou intellectuelle. Son personnage de clochard noir est un brave nèg' qui vit seul et fait chier personne, victime qu'il est de l'infâme société mal déblanchie qui l'opprime, tandis que les bonshommes qui la composent sont tour à tour un présentateur TV cuistre, un journaleux éxécrable, un satrape chef d'entreprise, un joueur de pétanque rustre ou un petit employé de bureau délateur. Lorsqu'il pointe la saloperie humaine c'est des blancs qu'il incarne, les noirs placés de-ci de-là servent à faire ressortir la laideur des gwers par contraste. Dieudonné ne dit qu'il est " profondément les deux, moi, madame " que lorsqu'il est face à Elisabeth Lévy à essayer de faire croire que sa mûlatrerie le dispense d'être dans un camp ou l'autre. Mais il suffit de jeter un oeil à quelques uns de ses sketchs pour voir sourdre ses névroses identitaires et son ressentiment vis-à-vis du blanc oppresseur dont le sioniste est une incarnation plus rassembleuse pour son public ( constitué de toutes les races, ethnies et autres pédigrees que trimballe l'Hexagone à l'exception de l'israëlite-israëlophile ).

    ClockworkBlack

    RépondreSupprimer
  8. Jeanne Christal d'Arc.14 septembre 2010 à 19:29

    "C'est dingue de songer que ce sketch des Inconnus passait à la télé il y a encore quelques années !"

    Ah bon il est censuré ce sketch ? Les DVD des inconnus ont été brûlés en place publique ?

    RépondreSupprimer
  9. C'est vrai que quand j'ai vu ce "sketch", je me suis demandé à quel moment il fallait rire. C'est juste nul, sans qu'aucun autre commentaire soit nécessaire. Le 6 de Benguigui aurait été parfaitement justifié si ça avait été pour cela, mais le vrai sketch de la vidéo, c'est sa grande déclamation où perce la fine allusion à l'odeur nauséabonde du bruit des bottes qu'engendre la bête immonde dont le ventre est encore fécond à distiller la haine des heures les plus sombres de notre histoire.

    RépondreSupprimer
  10. "l'odeur nauséabonde du bruit des bottes qu'engendre la bête immonde dont le ventre est encore fécond à distiller la haine des heures les plus sombres de notre histoire"

    Plus lourd, tu meurs.

    RépondreSupprimer
  11. Et 6 sur 20 serait pareil15 septembre 2010 à 00:56

    Donc si je comprends bien, un juif mets un 6 sur 10 à un sketch qu'il soupçonne de réveiller le nazisme ?

    En dessous de cancrelat il y a quoi sur l'échelle de l'humanité ?

    RépondreSupprimer
  12. PERRIN existe. Il est distrayant. C'est de l'entertainment comme on en bouffe à longueur d'antenne.

    L'émission de RUQIER aussi, elle existe. Elle offre à PERRIN son quart d'heure "Warholien". Dérisoire.

    Quant à BENGUIGUI, on s'en tamponne. A-t-il un jour pensé quelque chose ?

    Même ça, on s'en fout.

    RépondreSupprimer
  13. Au fait, Lapointe c'était "Boby" plus souvent que "Bobby".

    RépondreSupprimer
  14. Quel con ce benguigui, il arrive encore à rendre des français de souche antisémite par ricochet.

    Il ne voit pas lesgens qui souffrent autour de lui ?

    Les juifs en sont à défendre ceux qui les opprime au premier chef en 2010, et ça n'est pas des blonds aux yeux bleus.

    Son compteur est resté bloqué en 1942, il doit avoir des circonstances atténuantes, soit, mais les juifs algériens ont été à l'abri du nazisme, alors qu'il a du faire sa valise comme tout le monde en 62, quand ses potes s'apprétaient à faire déguster leurs couilles aux harkis.....

    Les juifs méritent d'autres porte-paroles

    RépondreSupprimer
  15. "tenter, comme l'avaient entrepris les inconnus [de dépasser Coluche et Desproges]"...
    (Pourquoi pas : tenter, comme l'avaient entrepris les 2 be 3, de dépasser Brel et Brassens...)

    RépondreSupprimer
  16. "tenter, comme l'avaient entrepris les inconnus [de dépasser Coluche et Desproges]"...
    (Pourquoi pas : tenter, comme l'avaient entrepris les 2 be 3, de dépasser Brel et Brassens...)


    Il est vrai que comparer à Desproges, ça ne tient pas, mais par rapport à Coluche, la comparaison tient la route au sujet des Inconnus, étant tous dans le comique de caractérisation. Par contre, l’exemple que tu as choisi pour souligner mon erreur est tout autant à côté de la plaque que mon cas Desproges/Inconnus. Ça valait pas la peine que tu l’ouvres. Épargne-toi, courageux anonyme.

    RépondreSupprimer
  17. J'avoue mal connaître Coluche, mais je l'imaginais bien au-dessus des Inconnus (que je connais bien). Je ne m'étais donc même pas posé la question de la pertinence du rapprochement en terme de genre. Je reste donc dubitatif : comparer Coluche aux Inconnus me paraît comme comparer Ferré et Cali, étant tous deux dans la chanson engagée... A l'arrivée, il y a quand même des géants et des nains.
    Mais je m'épargnerai à l'avenir, promis, courageux pseudonyme.
    (Du reste j'aime beaucoup ce que vous faites - et puis c'est vrai que se moquer sous anonyme c'est pas très joli...).

    RépondreSupprimer
  18. On administre l'humour comme un valium, un Prozac ou un anxiolytique, on cherchra en vain la politesse du désespoir ou cette saillie de Desproges annonçant avec l'accent marseillais à un public qui rit beaucoup qu'il a un cancer, le sourire triste de cet homme qui dit la vérité devant le parterre en prise sur la poilade c'est quelque chose qui enseigne qu'entre les pleurs et les rires, la frontière n'est pas étanche

    RépondreSupprimer