23 septembre 2010

Ouverture de la chiasse à l’échec scolaire


Mercredi 22 septembre, la 3ème édition de la journée du « refus de l’échec scolaire » s’est tenue à la Bellevilloise. Les organisateurs, au rang desquels l’association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), se sont réunis pour dire un grand NON aux zéros en dictée et faire part de leurs conclusions empiriques sur la question de l’échec scolaire. Alors qu’on la croyait épineuse, l’Afev a mené une étude très sérieuse qui révèle que l’école donne mal au ventre aux élèves, raison qui pourrait expliquer à elle seule l’échec scolaire massif ambiant, médiatiquement réduit aux « 150 000 élèves qui sortent tous les ans du système sans diplôme ni qualification ». Des maux de ventre qui sont d’authentiques symptômes nous appelant de leurs borborygmes à revoir nos postulats : l’école n’est pas malade, l’école est une maladie. Il était assurément urgent d’organiser cette grande colique, hum, ce grand colloque sur la question.



Un Z qui veut dire Zéro


« Nous avons été frappés, lors des deux précédentes éditions, de constater qu'il y a un mal-être, un malaise, une souffrance, ou des enfants qui n'osent pas poser des questions, bref un rapport aux apprentissages et à l'école qui interroge », a déclaré aux encartés de l'AFP Eunice Mangado-Lunetta, déléguée nationale à l'éducation au sein de l'Afev. Une découverte frappante qui effectivement interroge… Et l’Afev de dégainer pour preuve son instrument de mesure climatique ad hoc, son baromètre 2009 « sur le rapport à l’école des enfants des quartiers populaires ». Naturellement, il n’est pas nécessaire de s’arrêter sur le point que l’on doive repenser l’école via le prisme de la catégorie spécifique des « enfants issus des quartiers populaires ». Il est entendu que pour reconstruire une Education nationale digne de ce nom, performante et égalitaire, surtout dans ses « pôles d’excellence » (ceux des ZEP, pas Henri IV), capable de fournir les mêmes chances d’avenir radié à chacun, sans discrimination ni sucre ajouté, il faut l’adapter à ces enfants, d’ores et déjà incapables de suivre le niveau d’enseignement actuel, pourtant déjà largement nivelé par le bas, pour certains alarmistes, tel ce proviseur d’un lycée de banlieue parisienne qui déclare : « Les compétences ont dramatiquement chuté ces dernières années, notamment en français. Dans leur quotidien, les élèves écrivent le français en langage SMS. L’écriture SMS n’est évidemment pas un langage. Quand on est privé de langage, on est aussi privé de pensée. Quand ils dézipent, c'est la catastrophe. Pour ces élèves, un bouquin, c’est juste une cale, un objet inutile. Mieux vaut un bon portable dans son cartable. »


Enseigne de librairie


Selon l’étude statistique de l’Afev, 66% des jeunes interrogés affirment ne pas aimer ou « un peu seulement » aller à l’école, 53 % disent s’ennuyer, et 36 % qu’ils ont parfois, voire souvent, mal au ventre avant d’aller à l’école ou au collège. Si les résultats statistiques de cette étude offrent un éclairage précieux sur la question du rapport des élèves à l’école (34 % des élèves aiment l’école et quelques 70 % n’ont pas mal au ventre !), et sur celle de l’échec scolaire, on peut regretter toutefois qu’elle ne fasse pas toute la lumière sur ce problème de mal de ventre qu’on ne peut mépriser en se contentant de prendre acte qu’il ne touche qu’un tiers des élèves issus des quartiers populaires. Quels maux prédominent ? Diarrhée, constipation ? Sans cette réponse, comment savoir s’il faudrait, pour résoudre ce problème de santé publique soulevé par l’Afev, préférer une prescription massive de dragées Fuca ou d’Immodium, réponses certainement les plus adaptées pour endiguer la chienlit écolière ? Mais il est indéniable qu’Eunice Mangado-Lunetta fait considérablement avancer les choses sur le fond. « On sait que l'échec scolaire provoque de la souffrance, mais, à l'inverse, est-ce que la souffrance scolaire n'est pas aussi un élément déclencheur de l'échec ? » s’interroge-t-elle brillamment. Un rapport publié en avril dernier par le député Jacques Grosperrin (UMP) ne soulignait-il d’ailleurs pas qu’en effet, le collège est un « lieu de souffrance » pour les élèves comme pour les enseignants. Alors que le Français moyen pensait que ce constat recoupait effectivement une certaine réalité, gavé qu’il est de faits divers, de racket à l’école, d’agressions gratuites d’élèves ou d’enseignants, à coup de bars de fer, de couteau, ou comme hier devant les grilles du lycée Guillaume Apollinaire de Thiais, de coups de feu, faits de plus en plus récurrents, accédant ainsi au rang de phénomènes, et donc se posant au Français moyen en authentiques questions de société, l’Afev remet tout le monde dans le droit chemin : il faut s’attaquer au mal de ventre, cause de tous les maux de l’école. La logique est parfaite et inattaquable : les enfants ont mal au ventre, ils échouent à l’école, ils sont exclus, quel autre choix pour eux, n’a-t-on plus le choix de poursuivre, que de devenir délinquants ? « Parmi les 150.000 jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme, combien ont décroché parce qu'ils étaient en souffrance ? », questionne pertinemment la déléguée nationale de l’Afev, toute émue de nous révéler qu’un récent rapport de l’OCDE épingle justement la France sur la qualité de vie à l’école, en la classant 22ème sur 25. Une nouvelle étude européenne que ne sauraient disqualifier les mauvaises langues, pour le fallacieux prétexte qu’elle ferait le job d’un mouvement d’homogénéisation aux accents d’idéologie totalitaire au sein même de l’espace de l’Union européenne, faisant fi de toute problématique réelle et de tout particularisme local.


Quand c'est la merde, une seule solution


Invité à participer aux débats, André Antibi lutte depuis 2003 contre la « constante macabre », c’est-à-dire « le poids excessif de la note au sein d'un système qui sélectionne par l'échec et décourage beaucoup d'élèves ». L’occasion pour cet éminent réformateur désintéressé de proposer son système d'évaluation alternatif. « Je préconise l’évaluation par contrat de confiance. » Notre proviseur, de déclarer à ce sujet, telle la mouche du coche : « Signer des contrats moraux est assurément inefficace, car le contrat moral ne dispose pas de clauses coercitives. » Mais André Antibi n’est pas homme à reculer devant pareil lieu commun, sa méthode reposant justement sur le postulat que la coercition est un traumatisme inacceptable pour l’élève. « Il ne s’agit pas de donner le sujet à l’avance comme certains le croient. Il s’agit de dire aux élèves que les 4/5ème du contrôle porteront sur une douzaine de sujets que les élèves auront déjà faits et corrigés en classe. Ce qui fait que l’élève sait d’emblée que s’il travaille ces exercices, il aura une bonne note. (…) De toute façon, je ne vois pas comment un élève pourrait résoudre un problème nouveau dans un temps limité. » Une dernière phrase qui en dit long sur l’irrationnelle croyance populaire, que l’école aurait vocation à former autre chose que des chiens de Pavlov. Il poursuit : « Attention, cela ne veut pas dire que cette méthode supprime l’échec scolaire, sinon on m’aurait donné le prix Nobel ! Je supprime juste l’échec artificiel. » Et l’on remercie André Antibi pour sa simplissime trouvaille : ne garder que les droits, et supprimer tous les devoirs de la citoyenneté, car n’étant vecteurs que d’une rétrograde et abominable discrimination, notamment à l’encontre des enfants issus des quartiers populaires. Notre proviseur semble d’ailleurs cette fois-ci tomber d’accord avec notre chercheur en didactique : « Les élèves n’assument même plus d’être mauvais. Ils ne viennent même plus se confronter aux devoirs sur table. » Oui, car les notes leur font peur et elles leur donnent mal au ventre… Qu’il poursuive, manifestement en dépit du sens, sa préconisation d’un remède à base de coercition ne change rien à l’affaire. « Le plus gros problème de l’école, aujourd’hui, c’est l’absentéisme. Il faut y remédier, et l’argent est le nerf de la guerre. Il est amusant de revoir les élèves en classe quand les parents ont été menacés de se voir supprimer leurs allocations. » Pourquoi ne pas payer les élèves pour aller à l’école, a-t-on envie de lui suggérer goguenard…


Bientôt passible de poursuites fécales


L’Afev et André Antibi étaient également fichus de Marcel Rufo, pédopsychiatre. « Il faut une action précoce dès l'âge de deux ans, parce que l'estime de soi se construit à cet âge », nous révèle-t-il. Une estime de soi à bâtir, vous l’aurez compris, à la sauce du lucide André Antibi, c'est-à-dire de manière entendue, téléphonée, téléguidée, en un mot, « artificielle », à contre courant de la déraisonnable maxime populaire qui dispose qu’« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».


Les cancres n'auront plus jamais les oreilles qui sifflent


Si tous ces intervenants ont fustigé l’école, aucun n’a cependant pointé du doigt les enseignants, qui bénéficient d'un regard plutôt « bon », aveugle aux diatribes haineuses de dangereux paranoïaques, arguant qu’ils seraient une majorité à se rendre complices de l’échec scolaire organisé, en acceptant et promouvant notamment une « pédagogisation » totale du redoublement. Le redoublement ne serait plus une sanction, mais une chance qu’on ne saurait proposer à des élèves perturbateurs et irrécupérables, c'est-à-dire ceux qui font le gros des rangs des fameux « 150 000 ». Une nouvelle pédagogie humaniste qui a l’éminent mérite de laisser libres ces jeunes de passer dans les classes supérieures alors qu’ils n’ont pas le niveau, et de faciliter les plaidoiries des avocats de la comparution immédiate, tant elle valide les comportements actifs des élèves dans la passivité, et encourage l’impunité de leurs comportements antisociaux. Une pédagogie qui ne peut être que responsabilisante à l’horizon de la sortie de route programmée en fin de 3ème, à moins que le mur du réel pris à pleine vitesse en pleine gueule ne soit en mesure de fabriquer à la chaîne qu’une génération de cas sociaux et autres criminels...


Scène de classe quotidienne


Au CGB, nous apportons tout notre soutien à l’Afev, André Antibi et Marcel Rufo dans leur entreprise de lutte contre les maux de ventre des pré ado et subséquemment de lutte contre l’échec scolaire. A leur instar, nous nous dressons et crions non à l’échec scolaire, et non à la violence à l'école, enfant unique de ces notes frustrantes et agressives, et qui sanctionnent, le mot est bien choisi, le travail et l'effort, valeurs dignes des seules sociétés pénitentiaires. Comme eux, pour résoudre le problème des chieurs qui empoisonnent la tranquillité publique, en attendant de pourrir l’ordre public en toute impunité, nous regardons la lunette des chiottes bien en face, armés de nos bombes à Brizz lavandière et réclamons de tirer une bonne fois pour toute la chasse : abolissons l’école.

7 commentaires:

  1. http://www.youtube.com/watch?v=xkUu50gi3IE

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  2. le spécialiste Philippe Meirieu a une solution car il a compris que la cause des maux était la volonté de l 'école de développer la raison :
    si si tel quel!
    http://dxdiag.over-blog.com/article-vieille-norme-pourrie-x-pas-sympa-pas-bien-56583547.html

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  3. Il y a des fachos qui pensent l'inverse...

    Que les profs qui encouragent l'illettrisme sont ceux qui ne font pas faire de dictées, ne foutent pas de zéros et ne font pas étudier les classiques...

    Que les sales petites putes pédagogisto-démagos cherchent à sucer l'académie et à monter en grade en faisant étudier des merdes estampillées "littérature jeunesse", du rap, des machins à la mode...
    Que ces étrons sucrés cherchent à se faire aimer, travaillent à soigner leur popularité en emmenant les gosses au parc d'attraction... Zouh, chez Astérix les singes!

    Ces démagogues de gauche sont les pires ennemis des classes populaires.
    Jeune, entends ma supplique: Finki est ton ami et Rufo te veux du mal...
    Ce qui est logique, un pédopsychiatre ayant besoin de clients.

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  4. K: tout à fait. si on fait des trucs cons à l 'école, seuls ceux qui peuvent faire des trucs moins cons à la maison d 'en sortent. c'est une évidence hurlée depuis plus de 30 ans par finki.
    putain je suis de plus en plus facho moi!

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  5. "je ne vois pas comment un élève pourrait résoudre un problème nouveau dans un temps limité."

    Et quand l'élève devient un adulte qui doit voter, travailler, avoir une vie responsable et consciente? Ah: il vote ce qu'on lui dit, devient chômeur, mène une vie inconsciente et irresponsable. Un ingénieur des ponts et chaussées: "Merde, un chantier où il faut un pont de 25 mètres et 57 centimètres.... on a jamais appris ça! Tant pis, on va creuser pour que ça fasse 32 mètres 35, comme dans l'Exemple Approuvé n° 12C-57-27 étudié au quatrième semestre de la formation".


    Par ailleurs, si l'on pose qu'il y a plus de maux de ventre chez les élèves des quartiers "populaires", pourrait-ce être du au fait qu'étant majoritairement musulmans, ils bouffent trop de hallal? Ou de poulet frit?

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  6. Antibi est un dangereux psychopathe. Rufo est un fumiste. L'Afev, c'est encore une de ces assoces d'humanitaires en mal d'aventures. Les humanitaires sédentaires. Tu parles de putains de guignols...

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  7. Ca fait chier en tout cas. Voilà ce qu'on peut dire à cet instant.

    Et tout de suite, Joseph Pine, Ange Gardien....

    Sébastien

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