15 juin 2010

Kinect ou l'art de faire le con dans ton salon



Natal Liéné, une mignonnette de douze ans, engagea la clef dans la serrure de la porte d’entrée du pavillon familial.
— Maman ?
Personne. Trop cool, superchouette, méga génial, se dit Natal, elle allait pouvoir décompresser de son oppressante journée scolaire et de l’inique autorité de son institutrice à voix basse.
Elle se dirigea avec hâte dans sa chambre, excitée à l’idée de tester pour la première fois la commande qu’elle avait reçue depuis quelques jours à l’insu de ces pète-sec de procréateurs. Elle ouvrit le colis choyé et en retira les deux objets de convoitise, un jeu vidéo en DVD et son périphérique spécialisé. Elle caressa l’artefact et s’enivra de la beauté esthétique de la jaquette bariolée. D’intenses frissons électrisèrent son petit corps et son rythme respiratoire s’emballa comme dans un concert de Justine Bieber.


Elle courut vers le salon familial, chaleureux cocon aux réminiscences plasmatiques, et appuya sur la touche éject de la console X-TOX de Macrosoft. Elle installa le DVD, puis elle déplugua une des deux manettes et y inséra le périphérique. Elle enclencha le bouton « power » de la console, pour y loadinger le logiciel, ainsi que celui du téléviseur Mitsoukichi. Elle chaussa les lunettes 3D sur son petit nez fragile et recula de deux mètres. À l’aide de ses mains virevoltantes et de la technologie Kinect, elle sélectionna toutes les options à son gout et valida la mise en route du jeu.
Elle glissa délicatement sa petite culotte le long de ses cuisses potelées et introduisit l’autre bout du périphérique en forme de courge dans son saillant petit mollusque visqueux.
Un homme d’une cinquantaine d’années, modelé en image de synthèse d’un réalisme à couper le souffle, les cheveux grisonnants, le visage bouffi et un regard noir abyssal, apparut.
— Bonjour, tendre et belle jouvencelle, veux-tu que je te guide vers des contrées féeriques, vers des paysages enchantés et vers de délicieuses extases ?
— Oui !
L’homme virtuel s’allongea sur le dos et dévoila son attribut viril que s’empressa de conquérir l’innocente, mais assoiffé, Natal Liéné. Le jouet, placé là où il doit être placé, vibra à la grande joie de Natal.
— C’était donc ça la baise ? Youpi !
Le voyage initiatique pouvait commencer.
Martial Liéné rentra de son harassant labeur de créatif publicitaire plus tôt que prévu. Il détecta de petits râles surprenant, émis depuis le salon.
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant son petit bout de chou, fruit de ses amours passionnées avec une coiffeuse Jacques Dessange, reconvertie non pas en femme au foyer, mais en mercenaire du shopping, le joyau étincelant de sa vie, sa sainte espérance, s’acharner avec un sex toy vibrant X-TOX de chez Macrosoft dans la chatte (n’ayons pas peur des mots). Martial se figea de terreur, pendant que son adorable Natal le regardait, la tête dans les confins du cosmos, le front trempé de sueur, le regard gratifié et en transe quasi mystique, de la bave aux commissures des lèvres et une main sur un sein à peine formé.
— Ben… Nat… al ? MAIS QU’ES-TU FAIS, BON DIEU ?
Le sang du père, qui pourtant abrité quelques grammes de pharmacopée colombienne, ne fit qu’un tour, puis gifla sa choupinette qui s’effondra sur le sol.
— VA DANS TA CHAMBRE ET N’EN SORS PLUS !
La petite Natal pleurait. Passer de l’orgasme à un châtiment corporel l’avait déboussolé. Elle se releva et avant de s’enfuir vers sa chambre, elle s’indigna :
— DE TOUTE FAÇON, TU M’AS JAMAIS AIME !
Le père était abasourdi, lui qui avait tant espéré ne jamais vivre ce genre d’épreuves parentales.
— Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ces mômes aujourd’hui ?
Il ramassa le périphérique. Un haut-le-cœur le fustigea. Il avait envie de vomir. Il savait que désormais cette image ne le quitterait jamais et qu’elle rognerait la vision candide de sa petite fille qu’il entretenait comme source inaltérable et inépuisable de bonheur. Son petit trésor, étincelant de mille rubis dans un écrin de velours, était maintenant souillé par l’inévitable corruption du temps. L’amertume le gagna.
Il aperçut le verso du boitier du DVD et y lut le titre, « Virtual Sex with Emile Louis », issu de la collection « Enfance et découverte du corps » aux éditions Delanoë. D’autres titres évocateurs composaient cette collection, dont, « Virtual Sex with Roman Polanski », « Virtual Sex with Frédéric Mitterand », « Virtual Sex with Alain Finkielkraut », « Virtual Sex with Daniel Cohn-Bendit », « Virtual Sex with Patrick Font », « Virtual Sex with Gérard Miller », « Virtual Sex : vacances à Marrakech », « Virtual Sex : vacances au Cambodge », « Virtual Sex : vacances aux Philippines », « Virtual Sex : vacances à Pattaya », « Virtual Sex : les réseaux russes », « Virtual Sex : les sionistes en vadrouille », « Virtual Sex : les antisionistes contre-attaquent », « Virtual Sex : vacances en Albanie », « Virtual Sex : week-end à Outreau » et « Virtual Sex : visite au Vatican, en passant par Dubaï ».

4 commentaires:

  1. Apparemment le journaliste Français de BFM TV ne fait pas la différence entre caméra web high tech et console de jeux. (le kinect c’est une camera web)

    Comme quoi Microsoft a raison de prendre les gens pour des cons. Apres la tv intelligente, la camera web intelligente, le téléphone portable intelligent et ect, on ne cache même plus le fait que le seul con du foyer c’est le consommateur…on le dit pas c’est tout, c’est plus « user friendly »

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  2. Je dois déjà être un vieux con, pour moi un jeu vidéo ce sera toujours un pad dans la main et des pixels sur un tube cathodique. La seule perspective d'avoir à bouger mon cul et à transpirer pour jouer à un truc virtuel me fatigue... Autant sortir de chez soi, rencontrer des gens et faire un peu d'exercice (un peu comme Émile Louis quoi...).

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  3. Viens d'avoir une idée
    vais commercialiser les godemichés reliés au lecteur dvd avec les films porno:
    ne matez plus un porno, vivez le.
    Dorcel peut aller se rhabiller ;o) JE vais révolutionner le X moi

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