10 mai 2010

La formule de la décadence selon Nietzsche


« Dans le christianisme, ni la morale, ni la religion n’a aucun point de contact avec la réalité. Il n’y a là que des causes imaginaires (« Dieu », « âme », « moi », « libre arbitre » — ou même « serf arbitre ») ; que des effets imaginaires (« péché », « rédemption », « grâce », « expiation », « rémission des péchés ») ; qu’un commerce entre des êtres imaginaires (« Dieu », « esprits », « âme ») ; une science imaginaire de la nature (anthropocentrique ; absence totale de la notion de cause naturelle) ; qu’une psychologie imaginaire (faite d’une totale mécompréhension de soi-même, d’interprétations hasardeuses des sensations agréables et désagréables, par exemple des états de nervus sympathicus, à l’aide du langage symbolique propre à l’idiosyncrasie religieuse et morale (« contrition », « remords de conscience », « tentation du Malin », « proximité de Dieu ») ; une téléologie imaginaire (« Le Royaume de Dieu », « le jugement dernier », « la vie éternelle »). Ce monde de pure fiction se distingue – tout à son désavantage – du monde du rêve, par le fait que ce dernier reflète la réalité, tandis que le premier falsifie, dévalorise et nie la réalité. À partir du moment où l’on inventait l’idée de « nature » pour l’opposer à l’idée de « Dieu », le mot « naturel » devenait forcément synonyme de « condamnable ». Tout ce monde de fictions prend ses racines dans la haine du naturel (- la réalité ! -) ; il est l’expression d’un profond malaise devant le réel… Mais cela explique tout. Qui donc a intérêt à s’évader de la réalité par le mensonge ? Celui qui souffre de la réalité. Mais souffrir de la réalité, cela veut dire être une réalité manquée… C’est la prédominance des sentiments désagréables sur les sentiments agréables qui est la cause de cette morale et de cette religion fictives : mais cette prédominance nous donne aussi la formule de la décadence… »

Friedrich Nietzsche, « L’Antéchrist »

Source : Du Haut Des Cimes

26 commentaires:

  1. Parfait. Le monde est donc décadent depuis plus de 2000 ans. Ca me rassure. Je dormirai mieux.

    Bien sûr, on peut appliquer cette théorie à toutes les religions monothéistes et à toute les idéologies de l'Histoire. Pratique.

    Maintenant quelle est la théorie idéologique idéale et non-décadente? J'attends, moi!

    C'est bien beau de théoriser en dénonçant les théories, mais je suis un peu benêt, il faut m'expliquer longtemps et simplement. OK, la décadence SAIMAL. Il est où le mode d'emploi, boudiou?

    Sébastien

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  2. Sébastien, la réponse à ta question "quelle est la théorie idéologique idéale et non-décadente? ", c'est en lisant Nietzsche que tu la trouveras.
    Pour lui, la décadence, le nihilisme, au sens de refus et haine de la vie, c'est le christianisme. Je crois que son analyse vaut pour toutes les religions monothéistes, au sens où elles donnent la priorité absolue non à la vie, mais à une fiction: Dieu.

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  3. je t'emmerde nietzsche, tu es aussi con que le premier venu avec ta langue de bois.
    Tout ce qui est nietzshe n'est pas or, loin de là.

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  4. Ouh la, Bepoper, il faut relire Nietzsche, et entre les lignes (c'est pour cela que ce n'est pas une théorie, Sébastien : les trois quarts des liens logiques et réflexions entre les paragraphes / aphorismes sont gommés)... Depuis quand la priorité est à la fiction divine ? je pensais que la priorité était au clergé et à la domination — j'ai dû me tromper quelque part ?

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  5. Hum.. Nietzsche ne condamne pas tous les monothéismes. Il condamne le christianisme (et demande sa mise à mort comme "programme politique") et le judaïsme rabbinique (celui qui vient après la diaspora à Babylone, au cours de laquelle la caste des guerriers/princes hébreux a perdu son pouvoir au profit des prêtres-rabbins et leur dialectique). Il est très élogieux à l'égard de Mahomet et de l'islam (qu'il nomme "Religion sémite de maîtres", en opposition au christianisme "religion sémite d'esclaves") et lui trouve constamment des circonstances atténuantes.

    Mais Nietzsche rejetait le monothéisme, comme "invention". A l'opposé des religions "naturelles", comme le paganisme européen ou amérindien (il avait une grande admiration pour la civilisation aztèque) et surtout l'hindouisme des Lois de Manou (en quoi il voyait une vraie source pour la revivification de l'Europe à venir).

    En passant, prenons la peine de rire un bon coup en pensant à Onfray, ce nietzschéen des plateaux télés qui réussit l'exploit de réunir en lui tout ce que Nietzsche méprisait (anarchisme, socialisme, hédonisme, populisme, éducation et savoir pour tous, mépris de la violence et de la guerre, mépris des castes et des hiérarchies, mépris des privilèges, etc) tout en se revendiquant du Teuton à moustaches toutes les 5 secondes... Ahaha !

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  6. N, qu'ai-je écrit ? n'ai-je pas écrit "le christianisme"? Oui, Nietzsche visait explicitement l'Eglise, le christianisme, on sait tout ça. Mais si tu me dis qu'il ne s'attaque pas à Dieu, je te retourne ta question : j'ai dû me tromper quelque part...

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  7. Nietzsche se sert ici du christianisme comme exemple, étant le plus probant à ses yeux pour illustrer ses propos sur le nihilisme et sa formule de la décadence. Il a amené le même jugement sur l'ère de la science et de sa valeur absolue, idéalisée, nihiliste : le progrès (qui a remplacé celle de « dieu » en occident). Nietzsche n'a jamais été pour la destruction du christianisme, au contraire il voulait en préserver les restes pour qu'il soit un obstacle au nihilisme du progrès, afin que celui-ci ait un ennemi à combattre, sinon décadence et possible retour à Dieu. Toute civilisation doit rencontrer une résistance, sinon elle ne peut se surmonter, alors elle chute.
    En terme d'absolu, donc illusoire, la notion de progrès est une valeur inférieure à celle de dieu (que peut-on créer comme illusion, comme mythe, de plus surpuissant que Dieu ? Perso, je ne vois pas). Pour Nietzsche, Dieu est mort, mais son ombre plane toujours. Aujourd’hui, on trouve l’ombre de Dieu à travers les dogmes du progrès, de la modernité et du néolibéralisme par exemple. La main invisible n’est-elle pas la récupération matérialiste, peut-être inconsciente de la part d’Adam Smith, du mythe de la main de Dieu ? Le développement durable, la croissance illimitée ne sont-elles pas comparable au mythe de la providence divine, elle- même récupération de la corne d’abondance grecque ? Etc.
    Le nihil dont parle le philosophe au marteau est un plan extra-sensible, illusoire, inexistant, d’où des idéalités morales, valeurs fictives ou corruption de valeurs factuelles, règnent en maitre sur le monde sensible, le réel, le monde vivant. Le nihil est une corruption, une récupération du besoin vital qu’à l’homme de s’évader de soi et de la froideur et cruauté du réel à travers la création artistique. Le but de la création artistique, dont Nietzsche nous donne la clé dans ce texte, à savoir le rêve (miroir inversé de la réalité), est corrompu et transféré vers une socio-culture dont les référents absolus sont irréels et servent à juger, dénigrer et haïr le réel, le seul monde où la vie existe, au contraire de l’art qui sert à extraire la vie du réel. Le nihil est un monde de mort du réel et surtout de la vie en son sein, tout en donnant l’illusion d’être vivant. C’est valable pour toutes les religions qu’elles soient spiritualistes ou matérialistes (l’économie érigée en religion, la science érigée en religion, les ésotérismes foireux, les philosophies métaphysiques, la société du spectacle chère à notre homo festivus).

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  8. Pas de doute, le cgb porte de sacrés cojones pour avoir la formidable audace de hurler avec les loups en en remettant à sa tour une couche sur l'antichristianisme ambiant.
    Quel courage! Quelle bravoure! Quel panache de réussir à se faire le relai de la propagande, et ce, sans avoir l'air d'y toucher.

    Chic suprême du rebelle de service: brandir les saints évangiles Nietzschéens afin d'apparaître à tout coup crédible, mieux, "subversif".

    Yeah! trop anti-systèmes, les mecs!

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  9. Les seules forme de christianisme sur lesquelles le "Système" tape, cijisuis, c'est le catholicisme traditionnel, local, européen de souche pour ne pas dire païen dans son état d'esprit. Mais les grandes messes multicolores et les défilés d'handicapés, il les approuve et les imite même.

    C'est en cela que Nietzsche est évidemment subversif, toujours aujourd'hui, c'est que notre époque n'est pas post-chrétienne, elle a tué le dogme chrétien, mais reste pétri de son système de valeurs. Comme l'a dit Paracelse, Nietzsche dit très bien ce qu'il pense de la science moderne et athée, cette prothèse de l'esprit ascétique chrétien, ce "non" à la vie, cette croyance en une vérité universelle qui dépasse la vie elle-même.

    Partant, la jolie république des droits de l'homme et tous ses visages sont eux-mêmes cibles de la critique "antichrétienne" de Nietzsche, qui est loin d'être un anticléricalisme à la Mélenchon. Sauf pourles abrutis peut-être.

    A ce propos, lire "Une école des tyrans", chapitre du Crépuscule des idoles, passage d'une incroyable lucidité, comme souvent, sur le 20ème siècle à venir, et ses démons à lui.

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  10. "les seules forme de christianisme sur lesquelles le "Système" tape, cijisuis, c'est le catholicisme traditionnel, local, européen de souche.. "

    Bien vu. Le progressisme éprouve une horreur sans nom à l'égard de ce qui entrave sa marche en avant, et en cela la tradition est l'un des derniers obstacles majeurs si ce n'est le dernier.

    Aujourd'hui le dogme chrétien a été piétiné et vidé de sa substance, c'est pourquoi les "valeurs" de notre époque sont ne peut moins catholiques.. sauf bien sûr à dire que "le monde moderne est envahi de vieilles vertus chrétiennes devenues folles".

    Enfin, l'ironie du sort veut que Nietzsche qui pourtant détestait l'idolâtrie se trouve aujourd'hui faire l'objet d'un culte par toute une foule d'adorateurs pour lesquels il est le dieu, et ses livres, leur bible. C'est bien pathétique, car s'il reste encore sans conteste un penseur incontournable dans une société où l'imbécilité le dispute chaque jour un peu plus à la malhonneteté, il a cependant commis des erreurs et des imprudences qui obligent à la nuance.

    D'ailleurs son effondrement final en dit long.

    René Girard, que je ne saurais trop inviter à lire, disait fort justement que "La grandeur de Nietzsche, c'est de s'être livré corps et âme à cette folle entreprise et d'avoir payé de sa propre vie son engagement. Paradoxalement Nietzsche est le seul penseur moderne qui soit parvenu à saisir, par un travail héroïque, ce que les penseurs chrétiens, trop timorés, ont toujours manqué. Il a mis le doigt sur ce "glaive" dont Jésus à dit qu'il était venu l'apporter , le glaive destructeur de la culture humaine qui ne peut manquer de susciter crainte et ressentiment." (La voix méconnue du réel.)

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  11. "D'ailleurs son effondrement final en dit long."

    On croirait un vilain Imam, un infâme cureton ou un méchant rabbin en train de profiter d'une catastrophe naturelle (ou d'un effondrement mental consécutif à une bonne syphilis)pour vendre sa soupe sur l'air du:

    "Vous voyez où vous ont conduit vos péchés misérables!! Le volcan islandais est en éruption à cause des spéculateurs de la city!! Repentez-vous!!"

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  12. @ Paracelse : Paradoxalement, j'ai trouvé votre commentaire du texte de Nietzsche posté dans ce fil, plus riche d'enseignements que le texte de Nietzsche lui-même (qui tient des propos que l'on est en droit de trouver un peu rebattus si l'on a pas mal fréquenté la réacosphère).

    [Votre style s'améliore de jour en jour, savez-vous? :)]

    Du Haut Des Cimes : excellent blog pour qui veut se faire un petit vernis de culture réac classique en deux temps trois mouvements.

    "les religions qu’elles soient spiritualistes ou matérialistes (l’économie érigée en religion, la science érigée en religion, les ésotérismes foireux, les philosophies métaphysiques, la société du spectacle chère à notre homo festivus)"

    Sans oublier ...la Psychanalyse bien sûr! :) - Lire "Le Crépuscule d'une idole"(2010) absolument (pour changer du "Crépuscule des idoles"(1888).) ;)

    ***

    @ Cijisuis : Votre citation de René Girard est géniale, elle ratrappe votre premier commentaire. ;)

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  13. Enfin, l'ironie du sort veut que Nietzsche qui pourtant détestait l'idolâtrie se trouve aujourd'hui faire l'objet d'un culte par toute une foule d'adorateurs pour lesquels il est le dieu, et ses livres, leur bible. C'est bien pathétique, car s'il reste encore sans conteste un penseur incontournable dans une société où l'imbécilité le dispute chaque jour un peu plus à la malhonneteté, il a cependant commis des erreurs et des imprudences qui obligent à la nuance.

    Bon, je ne sais pas si je dois le prendre pour moi, mais faisons comme si. Je n’ai jamais pris Nietzsche pour un dieu, ni quiconque d’ailleurs, étant habitué de dégommer ceux que l’on prends pour tel, par exemple Éric Zemmour qui m’a intéressé un temps, mais qui commence sérieusement à m’énerver depuis qu’il commence lui aussi à se victimiser, alors qu’il savait bien à quoi s’attendre un jour et qu’il feint d’ignorer. Mais revenons à notre Dieu teuton.
    C’est peut-être la première fois en deux ans, ou alors la deuxième fois, que je publie du Nietzsche. Comme zélote, on fait mieux. Les seuls dieux pour moi ont été dans mon adolescence Bruce Lee et Coluche, que j’ai abandonné depuis que je suis un grand garçon.
    Nietzsche reste un penseur d’une importance capitale pour ma part, bien que certains de ses concepts me semblent vaseux, par exemple « l’éternel retour du même ». Lorsqu’il s’agit de l’appliquer à l’homme comme voie d’excellence, d’accord, mais lorsqu’il s’en sert pour nous expliquer la nature et le processus de l’univers, là, je me dis qu’on lui avait certainement servi des champignons hallucinogènes à chaque repas. À ce sujet, je préfère me tourner vers la science que vers la spéculation philosophique.
    Idem pour son « tout-prédéterminé », alors que je pense, aidé par mes lectures, qu’il reste de la marge pour le libre-arbitre de l’homme, que j’identifie plutôt comme volonté-arbitre, tout en étant d’accord avec Nietzsche pour dire qu’au final, il y a peu d’élus.

    Cet extrait de Nietzsche a plus de valeurs pour expliquer la nature du nihilisme que comme critique antichrétienne. Il a bien dit à la modernité, malheureusement je ne peux pas te citer ça littéralement : Dieu est mort, mais maintenant essayez de faire mieux ! (désolé pour cette approximation).

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  14. Suite...

    Il avait compris qu’en remplaçant l’idée de Dieu par celle de progrès, on avait tronqué un mythe d’une incroyable puissance à un mythe d’une moindre puissance. Le progrès, en tant que référent ultime choisi, ou plutôt imposé, par la modernité, conduit une civilisation d’une grandeur moindre que celle de Dieu comme référent ultime, d’où décadence, c'est-à-dire une civilisation descendante, mais nécessaire à ses yeux, pour un jour tout recréer, quand on aura fini de niquer à son tour le progrès, si bien sûr l’on fait le bon choix (ce qui me parait pas, mais pas gagné du tout. Voire même improbable). Je pense surtout en bon vieux pessimiste, qu’on est bien dans la merde ! Le progrès est en passe de gagner définitivement, grâce à une donnée essentielle que Nietzsche n’avait pas entrevu, la surpuissance exponentielle et implacable de la technologie. Le futur ne sera pas qu’une colonisation mentale de l’homme comme maintenant, mais aussi une colonisation physique par la machine. Quand la cybernétique arrivera, non pas seulement comme système désincarné, comme actuellement avec l’algorithme informatique automatisé, l’homme sera obligé de se repenser en incorporant la machine, de se repenser avec du non-vivant en lui. Quand dans le futur, l’internet en réalité virtuelle arrivera, offrant une illusion de réalité époustouflante, l’homme ne sera plus capable, et c’est déjà le cas, mais de façon moindre, de se penser en esprit unique (faisant des compromis sociaux avec l’esprit unique des autres), mais en esprit collectif, sur le même principe que l’inconscient collectif de Jung, mais en conscient collectif inconscient de cette folie. Cette future dictature technologique est l’ultime destination de la marche du Dieu Progrès et nous sera, n’en doutons pas, présenter comme un bienfait. Ce sera le nihil ultime, constamment mise à jour, pour plus de mort de l’entité de vie humaine. Une société du spectacle 5.0, majestueuse et esthétiquement fascinante, bien plus efficace et définitive que le divertissement classique, bien plus prégnante, bien plus absolue, bien plus bath.
    Là où tu vas me détester, c’est que ce sera un peu la faute du christianisme, un peu la faute de Platon et Socrate et beaucoup celle du progrès, mais surtout une faute collective difficilement enrayable.

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  15. Merci Irena, mais mon texte reste très sommaire sur le concept de Nietzsche et même très vulgarisateur. Allez plus loin, deviens difficile si on ne veut pas tronquer sa pensée, surtout que je ne le lis régulièrement que depuis deux ans et moins que San-Antonio, qui lui n’a jamais abordé le sujet du nihilisme, préférant celui du pâté en croûte de porc.

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  16. "mon texte reste très sommaire sur le concept de Nietzsche et même très vulgarisateur."
    Très sommaire, oui. vulgarisateur, non. Plutôt vulgaire.

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  17. Nietzsche est condamnable rien que par son style imbuvable, sans même prendre en compte sa pensée totalement délirante.

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  18. C'est une traduction et sa pensée est tout sauf "délirante".
    Les seuls textes délirants de Nietzsche sont les lettres écrites après son effondrement syphilitique.

    Ouvre le "gai savoir" ou "généalogie de la morale" ou bien les aphorismes de "par delà le bien et le mal"... Une pensée en mouvement très claire et "amicale".
    Pour le style infâme et imbitable, voir ailleurs, j'ai quelques noms qui me viennent tout de suite à l'esprit (Sartre, Hegel, Leibniz etc..).

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  19. Bah c'est sûr que pour lire Leibniz il faut fournir un petit effort hein. C'est d'ailleurs ce qui explique le succès dont jouit Nieztsche. N'importe qui, même des gens qui ne lisent jamais de philo, qui s'en foutent et qui n'y entravent de toute façon rien, peuvent le comprendre. Il n'y a qu'à voir le culte que pas mal d'ados boutonneux lui rendent pour s'en persuader. Il aurait du le prevoir d'ailleurs. Je crois que c'est une de ses fautes que d'avoir ainsi cédé par concupiscence à la tentation d'un style populaire et métaphorique. Le mieux aurait été un style à la Schopenhauer, ça aurait collé avec sa personnalité et ça aurait sans doute éloigné l'essentiel des tocards qui s'en font les zélotes (je ne parle pas pour le taulier que je ne connais par ailleurs pas mais en général bien entendu).

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  20. Me sens pas concerné par cette remarque, j'aime autant le style de "Nieztsche[sic]" que celui de Schopi et vouer un culte à "Nieztsche" c'est n'y comprendre rien.

    Ensuite, on peut prendre plus ou moins de plaisir quant au style du texte sans que, lorsqu'on avoue ramer, ça veuille forcément dire que l'on rejette le fond.
    Et vice-versa... j'adore le style de Pascal mais pas tellement ce qu'il raconte.

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  21. @ Trick Baby

    Tu fais erreur mon ami. A travers la mort de "Dieu" Nietzsche fustige toutes les formes d'idéalisme et de religions ( cela vaut également pour l'Islam dont il dit que Mahomet n'a fait que reprend la doctrine chrétienne du jugement et la tyrannie des prêtres)( cf l'Antéchrist , « Quel est le seul emprunt que, plus tard Mahomet, fit au christianisme ? L'invention de Paul, son moyen d'asseoir la tyrannie des prêtres, de former des troupeaux : la croyance en l'Immortalité-c'est à dire la doctrine du "jugement"...» )

    Toutes les formes de religions et d'idéalisme sont en effet pour Nietzsche par essence animées par le ressentiment, c'est à dire par la soumission du devenir à une instance transcendante ( c'est à dire extérieure et supérieure au réel)

    ( Il dit par exemple que : « Fabuler d’un autre monde que le nôtre n’a aucun sens , à moins de supposer qu’un instinct de dénigrement , de dépréciation et de suspicion à l’encontre de la vie ne l’emporte en nous. Dans ce cas nous nous vengeons de la vie en l’opposant la fantasmagorie d’une vie « autre » et « meilleure » (Nietzsche F., CDI, La raison dans la philosophie, troisième thèse),

    Cela n'empêche Nietzsche de hiérarchiser les formes de religions et d'idéalisme ( Nietzsche loue ainsi l'Islam, non pas en lui même pour ce qu'il est , mais par rapport au masochisme du christianisme , christianisme qui est le seul phénomène religieux à pousser le sentiment de culpabilité aussi loin). Il faut faire extrêmement attention en lisant Nietzsche car les contre sens vont vite, il ne s'agit pas pour lui de complimenter l'Islam en tant que tel mais de le complimenter en comparaison du christianisme. ( si l'Islam méprise le christianisme il a mille fois raison... l'Islam suppose des hommes pleinement virils...)

    D'ailleurs Nietzsche préfère encore davantage l'Hindouisme à l'Islam car l'Hindouisme est plus
    inégalitaire ( religion avec des castes).

    C'est bien simple , plus une religion ou un idéalisme sera au plus près de la réalité ( réalité qui est fondamentalement guerre, meurtres, lutte, hiérarchie, inégalités etc...) plus cette religion sera éloignée du ressentiment mais une religion, chez Nietzsche, par principe, est fondamentalement réactive ( c'est à dire qu'elle relève du ressentiment)en ce sens qu'elle fabule un autre monde que le nôtre, un autre monde supposé "vrai", "pur", "stable" , "idéal" etc...

    La pensée de Nietzsche est donc une pensée absolument athée. L'athéisme de Nietzsche n'est pas relatif à une certaine conception de Dieu, il vaut pour toutes les variantes d'idéalisme.

    Il suffit de bien le lire pour s'en apercevoir : "

    Si le christianisme est la plus décadente de toutes les formes d'idéal et de religions c'est qu'elle représente l'aboutissement de l'égalitarisme universel ( pour tous les hommes, croyants comme non croyants). Ce que Nietzsche ne peut supporter ( voilà pourquoi il lui préfère l'Islam ou l'Hindouisme ou même encore le Boudhisme)

    Mais le règne du surhumain appelé à venir doit précisément consister, pour Nietzsche, à se réinventer à partir de nouvelles valeurs , c'est à dire des valeurs qui font table rases de toutes les anciennes traditions religieuses, de tous les ordres normatifs qui existent.


    ("Tous les dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le surhumain vive !" Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté ! — ») ( Ainsi Palrait Zarathoustra)

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  22. ("Tous les dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le surhumain vive !" Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté ! — ») ( Ainsi Palrait Zarathoustra)

    (« La "loi", la "volonté divine", le "livre saint", l'"inspiration" : ce ne sont que des mots exprimant les conditions dans lesquelles le prêtre accède au pouvoir, grâce auxquelles il maintient son pouvoir. Ces notions se retrouvent à la base de toutes les organisations sacerdotales, de toutes les sociétés assurant la domination des philosophes ou des prêtres. Le "Saint mensonge" est commun à Confucius, aux Lois de Manou, à Mahomet, à l'Eglise chrétienne-: il ne manque pas non plus chez Platon. " La vérité est là" : partout où l'on entend ces mots, cela signifie que le prêtre ment. ( L'Antechrist)

    Il faut se conformer à des normes terrestres et non supra terrestres comme ce que disent les religions et les idéalismes. Il faut se faire soi même créateur de valeurs et devenir ainsi un maître et non un esclave ( l'esclave est nécessairement conformiste).

    Nietzsche représente en ce sens l'apologie de l'individualisme et du pouvoir de la subjectivité.

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  23. Nietzche a raison bien sur mais la question aujourdhui est de savoir comment nous allons transcender ce petit mec qui est l'etre humain et devenir des surhommes ? l'homme est une misere ambulante il faut ouvrir les yeux, ce qu'il cree est mediocre , la pop augmente dangereusement, la nature est detruite etc..l'homme va dans le mur.

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  24. Elément, l'homme est naturellement individualiste. C'est pourquoi il se retrouve difficilement dans les valeurs décadentes de l'humanité telles que le partage, la solidarité. D'où l'appel au au Surhomme qui enseigne que l'homme est un passage et non un but; un pont jeté au-dessus d'un abîme.

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  25. pour critiquer nietzsche il faut déjà etre un philosophe de haut calibre et meme encore, puisque cest un pessimiste qui nous ménage pas, bon nombre d'entre eux vont le rejeter. (surtout les femmes)

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