29 décembre 2009

L'empire du nouveau mal (le mieux est l'ennemi du bien)


Le 18 mars 1968, quelques semaines avant son assassinat, Bob Kennedy prononçait, à l’université du Kansas, le discours suivant :

« Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue »

(Extrait de l’empire du moindre mal de Jean-Claude Michéa, page 117)

5 commentaires:

  1. La première fois que j'ai lu cette citation, j'en ai revérifié trois fois la source tellement j'avais du mal à croire qu'elle avait été prononcée par un personnage d'une telle envergure. Pauvre Bob, s'il avait su que quarante ans plus tard on élirait un valet de Wall Street tout en étant sincèrement persuadés d'effectuer un acte révolutionnaire...

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  2. Tu m'étonnes qu'il se soit fait zigouiller! Un idéaliste en politique, ça fait toujours chier tous les autres pour qui la vertu c'est fatigant. Je me rappelle avoir été touché par le film "Bobby" d'Emilio Estevez: le discours de la fin avait fait fondre mon cynisme comme neige au soleil.

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  3. s'il avait su que quarante ans plus tard on élirait un valet de Wall Street tout en étant sincèrement persuadés d'effectuer un acte révolutionnaire...

    ...grace à Ted.




    http://en.wikipedia.org/wiki/Immigration_and_Nationality_Act_of_1965

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  4. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'ai reproduit le billet sur mon blogue, en prenant soin d'indiquer d'où vient cet emprunt...

    http://lederniermotelsurlagauche.blogspot.com/

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  5. C'est bien de dire qu'il faut lire Jean Claude Michéa. On ne l'invite pas souvent sur les médias.

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