28 juin 2009

Que sont les tabourets mal fichus devenus?

Tout d'abord, écoutons les bons conseils que le sage Camadule, pêcheur-brocanteur de son état, prodiguait à l'Agaric Amadouvier, un primitif rural:

_ Amadouvier, si tu m'écoutes, ta fortune est faite, et tu vas à la ville.
Agaric demeura bouche bée, exhiba toutes ses dents café-au-lait avant de bégayer, les yeux ne laissant plus filtrer qu'une rai noir de méfiance:
_ Tu te fous de moi, toi. Gagner des sous en ville, je me demande bien comment. J'ai pas le certificat d'études...
_ Pas besoin. Ca nuirait plutôt que tu sois un savant. A Villeneuve-sur-Marne, tu vas faire un tabac, avec tes paniers et tes cannes! Tu saurais fabriquer des pots bien vilains, informes, répugnants?
_ J'en ai déjà cuit dans le four, mais y ressemblaient ben à rien de propre...
_ Parfait. Y'a que ça qui se vend, en ville. Des tabourets taillés à la hache, tu t'en sortirais?
_ Ca m'est arrivé d'en faire, mais y tenaient même pas debout...
_ Formidable, y'a pas plus commercial.(...) je lui prête ma remise. Ses premiers produits on les met dans ma vitrine avec une pancarte "Gadgets campagnards". Six mois après, il a sa boutique à lui!(...)
Si les productions exotiques du bel Agaric ne font plus recette, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de citadins crétins à plumer... Il faut simplement savoir se mondialiser.
Ze CGB prizeinte... Ladies & Gentlemen... Le site "artspremiers.net" qui propose aux internautes sa récolte d'art africain destinée à orner les appartements de parisiens équitables, d'amateurs éclairés.
Je cause, je cause...
Laissons plutôt parler la beauté, Amadouvier n'a qu'à bien se tenir:





Tabouret Dogon
Tarif : 130 €
Echelle de grenier dogon
Tarif : 475 €
Porte de grenier ancienne
Tarif : 79 €
Tabouret africain (senoufo)
Tarif : 40 €
Statuaire bozo
Tarif : 165 €


Que de merveilles... On ne sait laquelle choisir, commandez vite ICI

6 commentaires:

  1. Comme dit Hank, c'était mieux avant. On payait ça trois fois rien sur place et on arrivait à le revendre ici trois fois plus cher que ce que ça vaut maintenant.

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  2. Quay Branlette29 juin 2009 à 09:49

    Les arts premiers, ou "primitive arts" selon la langue de Shakespeare, ou cette categorie de l'art qui perd de son sens une fois hors contexte.
    En effet l'artefact d'art premier, n'est considere par ceux qui le produise que par l'utilite qu'ils peuvent en tirer: masque pour ceremonie en honneur d'une saison quelconque, lance hornee de jolie couleur cree pour une ceremonie d'initiation des jeunes puberes du clan ou village, sterilet pre-historique, etc...
    Voir ces infames bo(no)bo des villes, ceux qui veulent l'egalite a deux vitesses, se ruer sur ces objets m'a toujours laisse un petit gout de pisse dans la bouche.

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  3. C'est très vrai pour Chirac Park ça.

    Pour ce site... Je suis peut-être un mauvais esprit, mais je pense que la plupart de ces horreurs sont fabriquées à la chaîne par des "artistes premiers" (la first classe!) du XXIème siècle...

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  4. Georg Wilhelm Friedrich29 juin 2009 à 10:56

    Quand tout est bancal, le retour aux traditions finit toujours par imposer. Les néo-bourgeois achètent du faux-ancien, les militants le prêche, l'impuissant s'en désole...

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  5. Les prix sont amusants.

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  6. Je ne suis pas amateurs d'art premier, ni d'art brut. ça ne m'empêche pas de deviner ce qu'il y a de faux (désolé) dans le raisonnement tenu par Quai Branlette, et qu'on entend répété partout.
    L'objet dit "d'art premier" serait un objet usuel, conçu pour son utilité pratique, et n'aurait rien en commun avec un objet d'art au sens que nous donnons à ce mot. L'exemple du masque pour une cérémonie est souvent pris. Mais, dans ce cas, le Diptyque de Meulun, de Jean Fouquet (rien à voir avec le Boss), c'est aussi un objet usuel: comme image de la Vierge, il a une utilité dans la pratique de la dévotion. Idem pour nos cathédrales et pour la quasi totalité de l'art d'Occident, musique comprise (tout Bach, entre autre).
    Il n'y a donc pas de raison de séparer utilité et art, le génie des hommes étant justement de mettre de l'art à fabriquer des objets, des choses usuels.

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