16 mars 2009

Il n'y a pas de fraternité universelle


Régis Debray découvre que le libéralisme est le règne du chacun pour soi. Belle découverte. Il en appelle alors à la Fraternité comme remède à l'égoïsme de l"'homo oeconomicus" auquel veulent nous réduire les libéraux.

Régis, tu pourrais utilement méditer cette forte pensée d'un petit Comte italien de l'état des Marches écrite voilà deux siècles :

Voici un autre trait fort curieux de la philosophie moderne. Cette dame a traité le patriotisme d'illusion : elle a voulu que le monde entier fût une seule patrie et que l'amour pour l'humanité fût universel : projet contre nature, qui ne peut avoir aucun effet bénéfique, aucune grandeur, etc.

C'est l'amour de la communauté, et non l'amour des hommes, qui a toujours fait naître de grandes actions ; pour des esprits étroits, il arrive fréquemment que la patrie, ayant un corps trop vaste, n'ait aucun effet sur eux, et ils se choisissent d'autres corps, comme les sectes, les ordres, les villes, les provinces, etc.

Voilà pourquoi l'amour de la patrie a effectivement disparu. Aussi tous les individus n'ayant pu se reconnaître en une seule patrie, les patries ont toutes fini par se diviser en autant d'individus ; l'union universelle qu'avait exaltée cette fameuse philosophie s'est transformée en une véritable séparation des individus".

Giacomo Léopardi, Zibaldone di pensieri (page 127 de l'édition Allia).


La valeur de la révélation qu'a eue Régis Debray dépend de ce qu'il entend par communauté.

Est-ce un ensemble d'hommes et de femmes ayant en commun une terre, des valeurs culturelles, des repères religieux, une race?

Ou bien va-t-il s'agir une fois de plus de ce "couteaux sans manche auquel il manque la lame" que l'on appelle la Communauté universelle, l'Humanité, l'Homme et sa déclaration des droits et autres chimères illuministes dont Léopardi faisait déjà un sort?

19 commentaires:

  1. E. Lévy - Il y a une ruse dans votre histoire personnelle. La première fraternité que vous vous êtes choisi, celle de la révolution, était internationaliste.

    R. Debray - J’ai cru y trouver une famille. C’en était une, d’ailleurs, mais pas vraiment la mienne. C’était le nationalisme latino-américain en marche, sous le drapeau rouge. Et il avait bien raison. On ne se débarrasse pas de l’ethnos, des communautés de mémoire. Il ne faut pas l’idolâtrer, mais il faut faire avec. Le demos, la communauté de conviction, ne suffit pas.


    E. Lévy - Que nous faut-il, alors, pour redevenir Français ? Une bonne petite guerre ?

    R. Debray - Il est vrai que la guerre fait apparaître le “nous” par-dessus le “moi je”. Ça vaut pour Israël comme pour le Liban. Jamais il n’y a eu plus de monde à Notre-Dame-de-Paris qu’en 1914 ou 1939. Aux États-Unis, au lendemain du 11 septembre, on priait dans les rues. Pour redevenir fraternels, nous n’avons certes pas besoin de Te Deum mais d’une confrontation. C’est le prix du “nous”. Moi, ça ne me fait pas peur.

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  2. "Régis Debray découvre que le libéralisme est le règne du chacun pour soi"

    C'est vrai qu'en ce moment, il n'est pas le seul à faire de gros yeux, mais lui il n'a pas d'excuses. Logiquement le Guevara et sa clique auraient dû le mettre au parfum. Ces bolchos, j'vous jure... de vraies feignasses !

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  3. Confrontation?

    Avec qui ? Au nom de quoi? N'ayant pas d'ennemis extérieurs, il nos reste une bonne petite guerre civile?

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  4. Non, sus à l'Anglois, vive la tradition... Ils ont plein de maisons dans les Charentes ces fourbes, taïaut!

    Il me semble aussi que P. Péan a une liste croustillante d'adresses de grand bourgeois cosmopolites... A vos fourches, à vos torches!

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  5. Et le Périgord Bordel... Y en a que pour la gourgandine, ici ! A vos fourchettes, à vos couteau à tartiner !

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  6. « Les nouvelles idées vivent trois stades : elles sont d’abord moquées, ensuite combattues, et enfin considérées comme évidentes »

    Arthur Schopenhauser

    Se pourrait-il que pour les vieilles idées l'ordre des choses soit inversé ?

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  7. " C'est l'amour de la communauté, et non l'amour des hommes, qui a toujours fait naître de grandes actions ; pour des esprits étroits, il arrive fréquemment que la patrie, ayant un corps trop vaste, n'ait aucun effet sur eux, et ils se choisissent d'autres corps, comme les sectes, les ordres, les villes, les provinces, etc."
    Si je comprends bien Léopardi ici, le Christ et ses apôtres n'ont rien fait en termes de"grandes actions". OK.
    Et puis, il se taille un argument à la strict mesure de ses convictions intimes: pour lui, si vous pensez "en dessous" de la patrie, vous êtes un esprit étroit. Si vous pensez "au dessus", c'est sans grandeur, contre-nature, etc.
    C'est vrai que c'est pratique...

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  8. @ Todo

    Il ne sert à rien de caricaturer la pensée de Debray, et surtout pas d'en faire un disciple borgne du libéralisme : son ouvrage "Aveuglantes lumières" est là pour en témoigner.

    Quant à la fraternité qu'il défend, ce n'est pas de la guimauve et encore moins les droits de l'homme qu'il appelle "la Religion de l'occident contemporain" (ROC)... toutefois la fraternité n'est pas l'amour du semblable, elle est plutôt fondée sur la dissemblance, sur l'apprentissage comme le dit Debray "on ne nait pas frère, on le devient".


    La fraternité est née avec le christianisme, dans une société de "frères en Christ" (St Paul) avant de prendre racine grâce aux ordres mendiants (franciscains) puis de se déployer avec les révolutionnaires et les socialistes utopiques (Buchez, Leroux).

    C'est ainsi que dans Gran Torino, le personnage incarné par Clint Eastwood se construit une famille sans lien de sang.

    Debray : « Qui fraternise le fait à ses risques et périls, encourt parfois un conseil de guerre et toujours l’ire de sa tribu. Il n’y a pas de fraternité là où les jeux sont faits » (p. 272).

    Pour te faire plaisir, sache qu'il parle plusieurs fois "du génocide de Vendée" dans son ouvrage.

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  9. @Beboper : le christianisme n'a pas la fraternité comme moteur de son action mais l'annonce d'un Dieu ressucité, la fraternité n'en est qu'une conséquence.


    En outre, la fraternité chrétienne (ça exclu pas mal de monde) ne se conçoit que par rapport à un Dieu dont tous les hommes sont les enfants. Tu auras du mal à fonder ta fraternité la-dessus.

    Eh oui pour Léopardi nourri de culture gréco-romaine le cadre idéal de la fraternité est la patrie. Mais c'est pour lui un idéal déjà pourri par le règne desséchant de la raison calculatrice et égoïste.

    René : bon tu paraphrase sont interviouve.

    On ne sort pas de là : soit vous nous ressortez votre fraternité universelle et vous vous sentez obligés de battre le rappel de la bonne vieille transcendance religieuse car vous vous rendez compte que ça ne marche pas. Encore un effort camarade et vous deviendrez de parfaits maurrassiens.

    Soit vous le fondez sur le terre, les morts et la race. Je suis bien sûr d'accord pour cette fraternité là mais alors on commence quand les pogroms?

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  10. La terre et les morts ce n'est pas exactement maurrassien...

    La fraternité chrétienne est universaliste comme celle de l'Islam. Quant au judaïsme, il a un versant universaliste (Moïse) mais également tribal (Jacob).

    On a bien compris que tu n'étais pas universaliste et que tu conchiais les lumières pas besoin de faire un dessin.

    Question subsidiaire: qu'est-ce pour toi la patrie?

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  11. La patrie : là où on trouve à plus de 95% des indigènes de race blanche, de culture gréco romaine, parlant français et de religion chrétienne.

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  12. "La patrie : là où on trouve à plus de 95% des indigènes de race blanche, de culture gréco romaine, parlant français et de religion chrétienne."

    J'ai connu un rade dans le temps qui ressemblait d'assez loin à ça et Je crois bien qu'il s'appelait comme ça. Ceci étant, niveau français et culture gréco-romaine, y avait des lacunes (plutôt du genre à écluser de la mauvaise bière sur de la musique venue d'outre-Manche). Si vous voulez l'adresse ça doit pouvoir se retrouver.

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  13. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  14. Genre, du Léopardi.

    Sur la patrie, je suis pas sûr que ce soit là qu'il soit le plus intéressant cela dit.

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  15. Debray n'innove en rien avec cette fraternité. Franchement, le moustachu sort un livre par an et il ne fait que pomper.

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  16. Monseigneur TODOMODO,

    Quel degré de pureté attendez-vous de la part des représentants de la race blanche ?

    A voir votre portrait iconique de militaire porteur de lunettes, j'ose conclure que vous professez une certaine tolérance en la matière (par Thor, quel mot horrible !).

    Remarquez, il pourrait très bien être officier d'artillerie à Tsahal, en vue d'une prochaine campagne de frappes chirurgicales.

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  17. Fraterniser, c'est trahir la communauté !

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  18. "Franchement, le moustachu sort un livre par an et il ne fait que pomper."

    C'est très gênant ça, parce que maintenant qu'il n'a plus sa moustache, idéologie mise à part, plus rien ne permet vraiment de le distinguer d'un Attali.

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