1 février 2009

Neuneu s'instruit !


Doc : Tu vois neuneu, cette question-là, ce qui fait agir l’homme, c’est le « Graal » de tout pouvoir, des communicants aux financiers en passant par les industriels, vendeurs, négociateurs, leaders, politiciens, maris, femmes, enfants…
Neuneu : Hum, je pense que c’est avant tout une information importante dans les relations humaines.
Doc : Importante ? Hahaha, bougre d’andouille ! Oh non elle n’est pas qu’importante ! Elle est absolument primordiale ! Tu n’iras pas loin dans la vie sans avoir cela en tête, neuneu. Je me suis souvent demandé comment les gens arrivaient à vivre sans cet automatisme. On est tous peu instruits dans ce domaine. Heureusement que tu m’as sous la main. Alors, profite et digère-moi ça !
Neuneu : Heu, vous venez de parler d’automatisme, à quoi faites-vous allusion ?
Doc : Le fonctionnement de l’esprit humain, neuneu ! Regarde.
Il prit un papier, et griffonna un schéma.

Tu vois, ça, c’est le cerveau humain. Devant nous avons le cortex préfrontal, siège du raisonnement, et c’est ici que tu es conscient. Le reste du cerveau est composé de parties spécialisées, qui communiquent de concert, mais de façon inconsciente. Pour simplifier, ces deux processus, l’inconscient et le conscient, fonctionnent simultanément. Mais ces parties ne sont pas réellement isolées l’une de l’autre, elles travaillent en coopération. L’inconscient est un mécanisme de pensées en mode automatique, ancré dans le comportement d’une personne. Elle n’y pense pas, elle le fait c’est tout. Le conscient en revanche est une simulation mentale, une réflexion. C’est un système d’exploitation. Un Windows mental si tu préfères. Le conscient s’active quand il n’existe pas de processus inconscient adéquat capable de répondre au problème à résoudre. Alors, ouvre-moi bien grand tes écoutilles, neuneu, c’est important : le conscient simule des expériences non vécues, afin de créer un nouveau processus automatique dans l’inconscient. Et sais-tu comment ce qui est imaginé deviendra un automatisme inconscient ? En ressentant du plaisir, neuneu ! Voilà un des rouages élémentaires de l’esprit humain : par le plaisir, ce qui est imaginé sciemment sera ancré dans le système de pensée de l’inconscient et pourra être réutilisé par automatisme.
Neuneu : Si je comprends bien, nous avons tous un logiciel appelé le « conscient », qui sert à créer de nouveaux automatismes grâce au raisonnement, validé par la sensation de plaisir, et une autre partie qui s’appelle « l’inconscient », siège et moteur de tous ces automatismes. Et pour qu’un apprentissage soit utile, il faut que cela passe dans la partie inconsciente. C’est cela ?
Doc : Bingo ! Tu passes du statut de neuneu à néophyte. Imagine un rencard avec une nana, par exemple. T’es pas pédé ?
Néophyte : Euh… non.
Doc : T’as pas l’air convaincu !
Néophyte : C’est que votre question m’a surpris.
Doc : OK… donc, tu as un rencard avec une gonzesse. Cependant comme tu manques d’expérience, normal tu es un néophyte et ex-neuneu, tu t’imagines la rencontrer et la draguer. Tu fais donc un calcul probable, une simulation mentale de la situation. Tu te vois rejeté comme un malpropre par la poulette, car tu t’imagines hésitant et peu convaincant dans ton éloquence. Alors, tu auras une sensation de déplaisir, et tu n’iras pas au rencard. Le comportement imaginé n’aura pas été validé par la sensation de plaisir et ne deviendra pas opérationnel. Ce qui te fera manquer de courage. Mais comme tu n’es pas entièrement con, tu décides qu’il ne faut pas abandonner aussi vite et tu cherches automatiquement une solution. Ton esprit conscient va t’imaginer en train de travailler tes arguments, ta posture, ta confiance en toi, pendant une journée. Et tu vas ensuite t’imaginer le tête-à-tête : tu te vois plus convaincant et tu imagines la gonzesse très stimulée par les perspectives que tu lui annonces. Tu vas ressentir du plaisir en imaginant cela, et donc le comportement imaginé va devenir automatique. Tu vas te mettre à travailler ton pouvoir de conviction chez toi et tu vas aller voir la gonzesse avec confiance. Ce qui ne veut pas dire que tu réussiras réellement à ce qu’elle tombe dans tes bras, mais que tu seras allé au rencard, car ta confiance en toi sera devenue un automatisme. Bien sûr, plus la nana t’impressionne, plus ce sera long à travailler.
Néophyte : Donc pour que quelqu’un agisse, soit ses automatismes déjà existants se déclenchent, sans s’en rendre compte, soit il faut en créer un grâce à ses simulations mentales conscientes et le valider avec une sensation de plaisir.
Doc : Exact, néophyte. Nous le faisons tous en permanence sans savoir pourquoi. La sensation de plaisir, un mécanisme hormonal, va renforcer un réseau neuronal créé artificiellement par l’esprit conscient. Mais l’esprit conscient se sert de ses croyances, de son savoir existant, de ses automatismes, donc de la mémoire, afin de créer une nouvelle combinaison. C’est le mécanisme de plasticité neuronale, en association avec tes apprentissages antérieurs. Au lieu de tout expérimenter, le conscient sert à imaginer les expériences sans avoir à les vivre. D’où son rôle de simulateur mental.
Néophyte : Et qu'est-ce qui fait plaisir aux gens ? Pourquoi ce qui est imaginé par le conscient est-il validé par le plaisir ?
Doc : Bonne question, néophyte. Parce que le conscient doit imaginer des choses utiles pour l’individu. Imaginer, calculer, ce n’est pas un luxe. Ça doit être de l’ordre du fonctionnel. Et ce qui est validé par le plaisir doit être jugé efficace pour l’individu. Ce qui donne du plaisir, c’est tout ce qui correspond : aux besoins physiologiques, aux besoins de liens sociaux, au besoin de maîtrise de l’environnement immédiat, au besoin de croissance, au besoin de se dépasser.
Néophyte : Donc le plaisir est quelque chose d’indispensable chez l’homme. En connaissant les priorités de chacun, nous pouvons savoir ce qui lui fait plaisir et le comportement qu’il est capable d’avoir.
Doc : La belle greluche évoquée précédemment possède des désirs. De la même façon que tu as imaginé ton comportement avec elle, qui a été validé par le plaisir, son esprit fonctionnera de la même manière. Tu dois d’abord parvenir à établir ses besoins, ses priorités comme tu dis, ensuite tu dois te démerder pour que lorsqu’elle utilise son simulateur mental te concernant, cela lui procure du plaisir. Tu dois te débrouiller pour qu’elle associe ses besoins à l’image qu’elle se fait de toi. Et à ce moment-là, tu seras en elle, sinon tu seras vite oublié. C’est comme ça que s’y prennent les plus grands manipulateurs. Un gourou de secte se démerde pour qu’il soit une source de plaisir dans l’imagination de ses adeptes, parcequ’il sait associer son image aux désirs de ces débiles.
Néophyte : Donc, si j’ai bien pigé, je dois être une source de plaisir dans l’imagination, la conscience des gens, en associant mon image à un de leurs désirs.
Doc : Oui, c’est ça ! C’est exactement ce qu’il faut faire ! Ce sera tout pour aujourd’hui. En attendant, sers-toi de ton imagination, néophyte !
Néophyte : Merci, Monsieur le Président.
Barack Hussein Obama : De rien, néophyte, et va me chercher un café !


Le président, à droite, et le neuneu en admiration, à gauche

11 commentaires:

  1. Quand j'pense à Obama, je bande, je bande,
    Quand j'pense à Rachida je ne bande pas,
    Quand j'pense à Sarkozy, mon... périnée s'flétri
    Et quand j'pense à Fillon soudain j'ai mal au fio... au fond.

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  2. Gracie Mille Signoré Paracelse!Désormais,yé sérai comment faire avé les gonzesses!

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  3. Enfin une vision correcte de l'esprit humain. Vous avez du avoir la moyenne au bac de philo avec ça

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  4. Comme diplôme, j'ai juste obtenu un BEP construction-topographie, mais je n'ai jamais travaillé dans cette branche.

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  5. Vous n'avez pas raté grand chose. En revanche j'aurais préféré lire vos textes que Sartre. Songez à publier. D'où vous viennent ces connaissances et ce courage ? Nombre d'imbéciles qui se prétendent philosophes n'osent s'aventurer là où vous mettez les pieds

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  6. Faut lire quelques bouquins sur la psychologie comportementale, la biologie comportementale, la neurobiologie, etc.

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  7. Démonstration magistrale.

    Les sciences sociales, quand elles sont "appliquées" sont redoutables.

    C'est drôle de penser dans quel merdier s'embourbent les sciences sociales version "fondamentales", abandonnées à la pédagogie du "niveau qui monte" et autres "pourtant ils lisent"...Pendant ce temps, et les grands fauves ne s'y sont pas trompés, les sciences appliquées ont souqué ferme et servent chaque jour les marchands du temple qui miment pourtant les mépriser...

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  8. Y'a surtout eu au niveau théorique un avant et après 68. On est passé en socio de quelque chose de bouillonnant à quelque chose de ronronnant. Aux mesquines bourdieuseries.

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  9. La bourdieuserie fut en quelque sorte un suicide, en ce qu'elle interdit de se botter le cul et l'intellect. L'effort, le travail devenaient les griffes du facsisme...difficile à ce compte de plonger jours et nuits dans ses grimoires pour comprendre vaille que vaille: l'heure était, et reste, au sam' suffit. Inutile aussi d'instruire les élèves, grand Dieu, n'allons pas en faire des bêtes à concours...Résultat: des sociologues en herbe quasi analphabètes et le marketing qui fait une OPA sur les sciences humaines, retirant l'échelle après lui.

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  10. Très bon texte, très intéressant, bien imagé... et sa conclusion, chapeau!

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  11. "En revanche j'aurais préféré lire vos textes que Sartre. Songez à publier. D'où vous viennent ces connaissances et ce courage ? Nombre d'imbéciles qui se prétendent philosophes n'osent s'aventurer là où vous mettez les pieds"

    Non, mais il est sérieux là ce commentaire ? Parce que faut pas déconner quoi.

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