24 juillet 2008

Olivier Maulin ou le romancier fifty-fifty



Ah... bande de saloupiots!! Le CGB vous gâte cet été à l'heure où toute la blogosphère est à l'arrêt ou en rediffusion!

Les cons qui vous affirment que l'été est la saison idéale pour faire de la lecture méritent d'être trainés nus par un pick-up sur l'autoroute un jour de canicule. Lire n'est pas une fête, ni un passe-temps, encore moins un hobby... c'est une ascèse.

Prenez Olivier Maulin, voilà un romancier mystique: en deux romans (En attendant le roi du monde et les Evangiles du Lac parus chez l'Esprit des Péninsules de Naulleau), cet ancien barman nous a livré les clés d'un nouveau monde fantastico-picaresque et antimoderne dans lequel Festivus festivus semble sévèrement corrigé par Nouvelle école et René Guénon.





D'Olivier Maulin, on retiendra d'abord le souffle épique de ses romans, le côté don quichottesque de son récit... Attention, nul place pour le roman initiatique à la Paulo Coelho chez Maulin, non... Maulin c'est l'orgie mystique, le Ragnarok... comme en témoigne les différentes scènes apocalyptiques qui ponctuent ses romans (mention spéciale pour la partouze finale dans En attendant le Roi du Monde ou la rencontre avec les esprits de la forêt dans les Evangiles du Lac).

Face au ridicule du monde moderne, Maulin répond par le carnavalesque dans ses romans, comme il le dit lui-même (entretien avril 2008 Chronicart):

"De toute façon, l'époque ne mérite pas mieux comme rébellion, une rébellion tarte à la crème, quoi, qu'on fait en se marrant."

Qu'il est doux dans ses romans de voir cette confrérie de paumés (Grutiers, nains à mobylette, serveuses) s'en prendre avec délectation à la Grande Parade à grand coups de schnaps!

Olivier Maulin c'est le remède ultime à la littérature germano-pratine et au mode de vie CSP+:

" Oui, les petites histoires nombrilistes, moi, ça me gonfle (...) Il y a un délire d'une certaine élite, qui s'est créé un monde qui n'existe pas. Ces conneries de commerce équitable et de bouffe bio, par exemple, c'est une immense tartufferie."

Ce jeune romancier, en plus d'être ésotérique, connait sur le bout des doigts l'espace dans lequel se déroule ses fictions (lire les descriptions hallucinées du vieux Lisbonne ou de la Haute Vallée des Vosges) pour mieux en tirer la substantifique moelle païenne...

De droite, Maulin? Voire de la Nouvelle droite ou Royaliste (il a participé au Politique magazine d'Hilaire de Cremier)? Il s'interroge en tout cas sur le bienfondé de certains aspects de notre humanisme:

" Il y a un côté antihumaniste quand l'humanisme devient lui-même un moyen de terreur. je n'ai rien contre les Droits de l'Homme, mais quand ils deviennent ce qu'ils sont aujourd'hui, comment y croire?"

En vérité, Olivier Maulin est à l'image d'un de ses personnages, fifty- fifty qui s'écriait dans les Evangiles du Lac:

"Le monde en développement ne connait pas la morale et ne peut la connaître, c'est ça qu'il faut vous dire. Et vous avez beau vouloir mettre des freins, le marché les explosera tous, un à un, méthodiquement. Regardez, l'État... même l'État: explosé par le marché! Il a abdiqué, ne contrôle plus rien, ne décide plus rien, c'est un fantôme, un crevard tentaculaire dont la seule occupation consiste dorénavant à emmerder les fumeurs. Toutes les digues mises en place par les naïfs cèdent les unes après les autres et le marché se répand, saccageant tout, détuirsant tous les avoirs et les traditions, réduisant à la misère des millions de gens par la force... Parce que la fameuse main du marché n'est pas invisible, cher ami, elle porte un treillis et des rangers."

Notre auteur alsacien c'est aussi fifty-fifty, 50% tradi/ 50% marxiste-fourieriste avec un petit côté Junger et son "Recours au forêts".

Dans tous les cas, au CGB, nous attendons avec impatience le troisième volet de cette trilogie ésotérique et picaresque écrite par un romancier à la fois célinien et blondiniste avec une pointe d'humour et de fantastique à la Marcel Aymé.

A la demande de Paracelse, voici les présentations de l'éditeur

Les Evangiles du lac:

Pierre Martineau, trentenaire, parisien râleur et désœuvré dont la vie part en eau de boudin, se retrouve le temps d’un week-end dans un village d’une vallée post-industrielle des Vosges alsaciennes à l’invitation d’un couple d’amis. Il y rencontre Suzy Fuchs, une jeune fille qui entretient des rapports particuliers avec la nature et se croit investie d’une mission de conservation des croyances antiques à laquelle elle s’emploie de manière tragico-burlesque. Mystérieusement attiré par elle, le jeune homme plaque sa vie parisienne et vient s’installer dans la vallée. Bientôt rejoint par d’autres personnages de sa trempe, il sera initié tant bien que mal aux croyances de Suzy, qu’assiste l’énigmatique Petit Louis, son lieutenant, un peu simple d’esprit.

Deuxième volet d’un triptyque, après En attendant le Roi du Monde, Les Évangiles du lac participent de la même volonté de redonner un sens au monde, en posant pour principe qu’il est mû par des forces spirituelles échappant à l’homme. Les personnages, des marginaux en rupture de ban, insatisfaits du monde tel qu’il est, se réfugient dans le rêve. Opérant en démiurges, ils n’en parviennent pas moins à créer de la réalité là où elle n’existait plus et attendent sereinement que cette réalité l’emporte sur l’illusion morbide d’un monde désenchanté. Le messianisme de Suzy en Alsace renvoie à celui de Lucien à Lisbonne. Il est dorénanvant suggéré qu’en divers points de la planète, une internationale des élus (ou des paumés), dont Lucien, douze ans après sa disparition, est lui-même devenu un mythe, travaille à poser les conditions d’un renouveau spirituel de l’humanité qui permettra le retour des temps héroïques.


En attendant le roi du Monde:

Romain fait le désespoir d’Ana. “Pas assez citoyen du monde”, selon elle. Qui décide en conséquence de traîner son compagnon jusqu’au Portugal sous prétexte d’en faire un “très excellent immigré” dans ce “pays d’avenir”. Las !, plutôt que d’apprendre la langue de Camoëns, l’homme de sa vie préfère s’entretenir avec les mouettes, lorgner sur les charmes généreux de la voisine et s’acoquiner avec une bande d’illuminés : royalistes dans l’idéal, ratés magnifiques, truands sympathiques, vétérans de la guerre en Angola et apprentis-chamans. À une certaine époque, pas si lointaine, Lucien et Romain, grutiers funambules et anti-héros par excellence, auraient été marxistes révolutionnaires ; ils se contentent aujourd’hui de faire les cons. Ce roman de la tradition revisitée sur un mode humoristique, burlesque, parodique et parfois grinçant n’en questionne pas moins en profondeur notre moderne condition.

2 commentaires:

  1. « Qu'il est doux dans ses romans de voir cette confrérie de paumés (Grutiers, nains à mobylette, serveuses) s'en prendre avec délectation à la Grande Parade! »
    Les nains à mobylette, ça me fait penser à du Terry Pratchett. Enfin, c’est dans l’esprit. Donc, un livre à lire en plus. Tu aurais dû mettre la quatrième de couverture.

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  2. Faudra un jour que j'explique en quoi la bouffe bio est uniquement une tartufferie pour des gens des villes qui ne connaissent ni la paysannerie, ni l'élevage, ni les techniques modernes de production. Entre gros céréaliers bourrés de tumeurs et de subventions et une agriculture NON-SUBVENTIONNEE qui réclame plus de taff, est par essence réactionnaire et anti-moderne... Bref, faudra que j'explique ça en détail une bonne fois pour toute bordel de merde.

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