20 juillet 2008

Maras de la muerte


A mesure que l'Europe vieillit, le phénomène des gangs resurgit sur le continent... D'aucun usent de l'adage "à société de vieux, peur de vieux" pour justifier l'émergence d'un problème que l'on croyait jadis confiné au Nouveau monde.

Un rapide examen d'une contrée comme l' Espagne évacue de prime abord toute problématique religieuse pour se concentrer sur la thématique du social et celle de l'assimilation.





Viva Espana! En moins d'une décennie, la question des gangs latino-américains dans les métropoles ibériques est devenu un problème de société à telle enseigne qu'elle a dominé les dernières élections en 2008.

L'Espagne ne semble plus terrorisée par la violence identitaire de l'ETA mais par celle des gangs latinos. En effet, des regroupements de voyous répondant au doux nom de Latin Kings, Netas, Dominicans don't play, Latinos de fuego sèment la terreur dans les métropoles ibériques.

Ces noms vous disent peut-être quelque chose? En vérité, ce sont souvent des franchises des gangs ou maras latinos US et/ou Sud-Américains qui se sont implantées chez nos voisins d'outre-pyrénées... La petite entreprise du crime ne connait pas la crise et semble mobile comme le capital, c'est comme si nous avions les Crips et les Bloods à Bondy.

En moins de 7 ans, la concentration d'une population latino-américaine issue du Honduras, de la République Dominicaine, du Pérou, de la Bolivie, du Guatemala et surtout de la Colombie pose d'énormes problèmes au gouvernement espagnol (trafic de drogue, ultraviolence, homicides). A tel point que tout cela est devenu le principal angle d'attaque de l'opposition postfranquiste.

Castille, Catalogne, Andalousie... les gangs se font la guerre comme à Alcorcon et feraient passer les affrontements pigalliens de nos présumés gangs GDN et Def Mafia pour une petite bluette.

Il n'en reste pas moins que les gangs d'Espagne diffèrent de nos bandes françaises en particulier dans la mystique. C'est ainsi que les Latin Kings adorent une sorte d'Eldorado pour voyous,La Nation, comme l'a expliqué l'un des chefs de ce gang:

«La Nation c'est comme une franc-maçonnerie des pauvres. Nous, on cherche à aider nos frères venus d'Amérique du Sud pour qu'ils ne soient pas les esclaves des Espagnols. On les loge quand ils fuguent, on leur trouve du travail, des vêtements.»

Formidable technique d'embrigadement pour des jeunes pousses dont le rite d'initiation est un tabassage en règle et le système de promotion se réalise par la bagarre, les meilleurs ont même droit à un stage dans les maison-mères américaines.

Autre particularité par rapport à nos "horribles" bandes françaises, la structure pyramidale de ces organisations. La "Nation" a bien un roi et toute une flopée de lieutenants s'organisant sur tout un pays, les bandes dites françaises étant regroupées sur un quartier ou un territoire donné.

A l'inverse de la municipalité madrilène et de ses solutions sécuritaires, le gouvernement catalan face à cette violence a décidé de sortir l'arme absolue contre les gangs: la fête. La municipalité de Barcelone a ainsi légalisé les Latin Kings et les Netas pour les transformer en partenaires sociaux, elle leur accorde des subventions, leur réserve des salles...

La transformation des méchants gangs en brigade d'intervention citoyenne n'est pourtant pas du goût de tout le monde:

"La Nation a une part d'ombre. Si nous devenons officiels, nous nous transformerons en groupe folklorique... Et ça, nos chefs de Guayaquil ou de Nueva York ne l'accepteront jamais."

La fête totale écrasera tous ses ennemis.

7 commentaires:

  1. La violence urbaine est le folklore des société à l'anglo-saxon...La violence de gang en est la forme parachevée: on aura les notres, patience!

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  2. Ouais, le terreau est propice, le communautarisme larvé, un véritable nid à germes. J'ai parlé des questions d'identité et d'une société qui joue à l'autruche ?

    L'Angleterre et l'Espagne ont eu les prémices, la France écopera des pots cassés.

    Clarence, tu peux pas test !

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  3. Je suis un peu déçu que tu ne cites pas la mara salvatrucha ou MS-13, présent aussi en Espagne.

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  4. En France, on a surtout des bandes de quartiers. Les gangs latinos sont plus organisés et, comme tu le dis si bien, en système pyramidal. Les effectifs des gangs Latinos sont incomparables avec nos bandes françaises. D'un nombre important, immerge la nécessité d'une structure autoritaire et solide pour entretenir la cohésion de l’entité.
    Excellent article !

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  5. Bel exemple d'article écrit depuis de la France et bien évidemment bourré d'inexactitudes... Sur de choses basiques qui plus est comme la date des dernières élections par exemple. Une simple requête google vous en convaincra. Je ne relèverai même pas l'assertion qui s'en suit, à peine exagérée, sur une Espagne terrorisée... Quand à l'ironie finale sur "l'arme absolue du gouvernement espagnol", encore un fois, cela pue non seulement la contradiction à plein nez, mais plus encore une méconnaissance profonde du sujet... Non seulement la décision de légaliser les deux bandes est une décision locale en l'occurrence et donc pas nationale (se référer au fonctionnement du système politique espagnol et notamment à la particularité du statut catalan), mais au vu des résultats obtenus à Barcelone au travers de projet musicaux par exemple, "la fête" pour reprendre votre ironie mal placée, porte ses fruits... S'abstenir ou ne serait-ce que prendre la peine de s'informer un peu par le biais d'une basique googlenquête ne fait parfois pas de mal...

    La qualité de CBG est en règle générale louable, mais force est de reconnaitre que sur ce coup là c'est du foutage de gueule tartiné d'idéologie sécuritaire bien à la française...

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  6. Ce qui est bien avec les lecteurs attentifs c'est qu'on peut se corriger donc:

    Oui les élections ont bien eu lieu cette année mais j'avais en tête les clips de Parti Populaire en 2007.

    Oui c'est bien à l'initiative du gouvernement catalan que les gangs ont été reconnus comme associations... Quant aux présumés bons résultats de la méthode, permettez-moi d'émettre quelques doutes.

    Enfin, je n'ai jamais écrit que le sécuritaire était l'alpha et l'oméga de la lutte contre les gangs.

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  7. Désolé d'être si peu réactif. Bon, j'ai peut-être été un peu petit excessif mais vivant à Barcelone, je dois reconnaître que ce que j'ai lu est en profond décalage avec la réalité. Ces gangs en question, contrairement aux cailleras en France par exemple, non seulement on ne les voit pas, et par conséquent, on en subit encore moins les agissements.

    Je comprends ton scepticisme sur la méthode de l'Ayuntamiento (l'équivalent de la mairie pour nous) de Barcelone mais si je tenais à réagir, c'est qu'il se trouve que j'ai une très bonne amie travaillant dans l'industrie musicale espagnole, qui collabore activement avec des membres des deux gangs à l'enregistrement d'un disque qui devrait certainement donner lieu derrière à l'organisation d'une tournée couplée à d'autres évènements. Cela implique bien évidemment le feu vert de décideurs espagnols mais aussi américains et centre-américains. Alors que vous le vouliez ou non, c'est un progrès notable et cela marche plus que bien. Ensuite, je ne peux pas garantir les comportements individuels des membres de ces gangs, mais encore une fois, je soutiens que la réalité est assez éloignée du climat décrit dans ton billet. Excellente initiative toutefois de mettre ce type de sujet qui nous sont assez étrangers en France sur le plateau.

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