26 novembre 2007

L'Empire de l'absence




Dans sa chronique fort bien ciselée d'El Pais, l'écrivain et journaliste Vicente Verdú recense tous les signes d'un "essor étonnant de l'absence" dans nos sociétés : "De même que le cancer ou le sida ont symbolisé une époque, la maladie d'Alzheimer s'impose comme la manifestation d'un mal nouveau. A la multiplication cellulaire du cancer ou à l'invasion du virus s'oppose une évolution cérébrale vers l'absence. (?) Le travail, qui au XIXe siècle représentait pratiquement tout, a perdu une bonne part de sa fonction identitaire à la fin du XXe siècle. Les citoyens, petit à petit, sont passés du statut de producteurs de biens matériels et spirituels à celui de consommateurs. (?) [Le règne de l'absence] n'est pas aussi grave que la chute d'une civilisation, mais marque un état culturel d'anxiété permanente que rien ne vient apaiser."

Verdu précise:" Le manque, le vide, la vacuité, tout ceci se réunit dans une atmosphère d'absence qui, comme une angoisse fine, couvrant l'actualité de l'espace et ralentit l'action".

Le chroniqueur espagnol insiste ensuite: "Il n'y a pas de la citoyenneté politique qui arrive à une grand dessein mais il y a des citoyens consommateurs qui pensent être quelque chose dans l'acte même de consommer. Il n'y a pas de sexe fort mais un sexe en tant qu' assortiment, y compris le non- sexe ou l'a-sex "


L'auteur du Style du Monde note finalement que "Le monde du Réseau, comme gigantesque paradigme de notre temps, coïncide avec l'empire absolu de l'Absence. Les liens personnels ou commerciaux, le web sociaux, Google ou les wikipedias créent le nouvel univers basé sur le jugement de la foule, un savoir magmatique et incertain comme il correspond à l'absence d'autorité dans la connaissance. Tout le monde paraît présent dans la communication électronique mais, à la fois, tout est traduit dans une extraordinaire constellation de fantômes. Des centaines de millions de personnes sur MySpace, Google ou YouTube, toutes en s'ajoutant comme intangibles dans la planète de l'absence. Il ne s'agit pas, toutefois, de zombies dont la trace serait détachée d' un arôme funéraire, mais d'êtres aussi étranges qu'impalpables, aussi inattendus que volatils. Avec une particularité additionnelle : son empilement ne produit pas, son concert ne clame pas, sa présence se correspond avec la taille précise de son absence (...) De fait, les objets, les idées, les religions, les films ou les raisons, les gares ou les événements, pèsent chaque fois moins(...) Toute la connaissance, touristique ou non, est désormais engraissée d'absence."

2 commentaires:

  1. Super Blog, Bravo ;).
    www.lingerie-emotion.com

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  2. Hum... pas convaincu... filandreux... le rapport entre "absence" et consommation ne me paraît pas bien solide... enfin, j'ai l'impression d'un faux concept qu'on essaye de lancer parce que le reste est pris! Je dis impression parce qu'après tout, j'ai pas lu le bonhomme.

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