23 octobre 2007

Drapeau blanc européen

C'est petit mais c'est vert.

Pour remplacer le Traité constitutionnel européen refusé par la France et les Pays-Bas il y a deux ans, on nous propose un Traité simplifié. Bon. Il fallait s’y attendre, on n’allait quand même pas rester devant ce fiasco comme des poules devant la Joconde. Les eurobalèzes spécialistes de ce genre de littérature juridique ont cru bon de supprimer du nouveau texte toute référence à un drapeau et à un hymne européens. Ils ont dû penser que drapeaux et hymnes n’étaient plus utiles que les soirs de matchs de football, de rugby, de tennis, enfin ces divertissements de beaufs où des foules hilares et menacées d’obésité viennent faire du raffut autour d’une élite jeune, riche, bondissante et totalement inculte. Ce projet sans drapeau et sans hymne se place d’ailleurs dans la continuité d’une monnaie européenne où les références réelles (du monde réel, concret) ont disparu (à l’exception parfois d’une tête de monarque sur les pièces des pays encore assez archaïques pour se payer un roi, et qui n’ont pas compris que l’Europe se faisait sans les hommes, fussent-ils grands ou historiques). Les portes et les ponts (imaginaires) qui décorent nos billets furent présentés comme des symboles, jugés préférables aux symboles qu’auraient pu représenter les tronches de Charlemagne, de Michel-Ange, de Shakespeare, d’Einstein ou de Sophia Loren. Question de point de vue, me direz-vous si vous êtes vraiment prêts à tout. Mais alors, si on a jugé utile et bon d’utiliser des supersymboles (même affreux) quand il fallait décorer une monnaie, pourquoi mépriser à ce point la force des symboles lorsqu’il s’agit de trouver un hymne et un drapeau communs ?

La question fut âprement débattue. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, dans tous les pays, ce furent les groupes dits de gauche qui semblèrent le plus attachés à ces poussiéreux vestiges de l’Histoire. Et c’est probablement parce qu’ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’adoption d’un drapeau et d’un hymne que ces europragmatiques ont préféré ne pas en avoir du tout. Méthode qui promet.

Les quelques indiscrétions qui ont filtré nous permettent de nous représenter la vigueur des débats, entre les tenants italiens, bulgares et tchèques du Printemps de Vivaldi comme hymne commun, ceux du Parsifal de Wagner (Allemagne, Luxembourg, Grèce et Espagne), les partisans du Messie de Haendel (Belgique, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas et Grande-Bretagne), et ceux de la version instrumentale du Paradis blanc, de Michel Berger (France, Lettonie, Chypre, Slovénie et Malte). Les Lithuaniens, pour leur part, restèrent isolés de bout en bout en soutenant Radioactivity, de Kraftwerk (Ralf Hütter, co-fondateur du groupe, est parent d’un représentant lithuanien...)

La question du drapeau fut plus simple. En bon cartésiens, les français menèrent les débats, cadrèrent les enjeux, définirent les objectifs et les priorités. Après quelques échanges, il apparu qu’aux yeux de tous, une couleur devait être bannie de l’espace européen, même symbolique : le rouge. Trop de sang sur les mains, le rouge, « trop de testostérone », plaisanta même Jean-Claude Junker. L’arc-en-ciel propose assez de variantes pour qu’on passe des années en eurotergiversations autour des couleurs d’un drapeau. A Bruxelles, des problèmes s’enlisent pour moins que ça. Le sort des autres couleurs fut réglé en un seul paquet, si l’on peut dire, au sens où elles cédèrent la place sous le poids d’un seul argument : « […]quelle est la couleur de l’espoir, quelle est celle qui représente le mieux la nature qui nous fait vivre et qui doit redevenir l’écrin où les perles humaines prospèreront, quelle est celle qui n’est entachée d’aucun héritage belliqueux, quelle est celle qui est naturellement répandue sur les prairies du globe, sur les cimetières où nous finirons, sur les terrains de sports de notre jeunesse ? » demanda le représentant français exalté de la Commission. Le vert. Oui, les français proposèrent que le drapeau européen soit uniformément vert, sous les acclamations de leurs collègues.

Pour emporter les suffrages comme une bourrasque emporte le bois mort, les français proposèrent même de donner l’exemple en se faisant fort d’obtenir une modification de la Constitution française sur le sujet, et l’abandon du fameux drapeau tricolore, qui est pourtant le plus beau et le plus envié du monde. La quasi unanimité était faite, l’affaire semblait dans le sac, le sujet clos. Mais deux jours plus tard, un représentant bulgare fit sensation en rapportant des rumeurs yéménites : dans le Golfe, on commencerait à s’offusquer de la « colonisation de la couleur verte [couleur de l’islam] par les croisés européens ». Un haut fonctionnaire turc, interrogé sur l’affaire et semblant la découvrir à l’instant, déclara qu’il ne savait pas le détail du scandale mais que, « tant que la Turquie est repoussée à la porte de l’Europe, celle-ci n’a pas le droit de se dire islamique ! »

« Devant la menace, même informulée, du Yemen, l’Europe affaiblie ne pouvait pas se permettre de courir le risque de l’affrontement et de menacer ses intérêts économiques vitaux ». A. Merkel.

12 commentaires:

  1. Je constate que vous anticipez quelque peu sur l'avenir en intégrant l'Ukraine, le Bélarus... ainsi que l'Albanie (mais sans le Kosovo) et la Bosnie ! Quand nous en serons là (probablement plus tôt qu'on ne le pense), la couleur verte sera déjà à moitié méritée.

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  2. Très bon!

    N'oublie pas que l'Europe est un espace de liberté, de sécurité et de justice...

    Traité de Lisbonne...Fabuleux, prendre comme nom de Traité un traité qui proclamait l'indépendance lusinatienne face à l'Espagne.

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  3. 'où les références réelles (du monde réel, concret)'

    Explosé de rire.

    Tous ces mots là, ça suinte la niaiserie, ça transpire la fatuité, ça refoule du gosier ! Kikic beboper ? Le clone honteux de zefa ?!

    La semaine prochaine, Beboper animera l'atelier 'Nihilisme Festif & Flatulences Verbales', ou comment retrouver confiance en soi devant une compétition de curling.

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  4. Bien vu, Punica Fides, j'anticipe, j'arrose, j'extrapole, je déborde. Et félicitation pour votre vue perçante.

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  5. A l'attention de l'anonyme :
    Le problème, avec les gens qui chient sur tout le monde, c’est qu’on ne peut être sûr que d’une chose les concernant : ils ont un cul. C’est suffisant pour le caca, mais ça fait quand même peu, question organes, pour faire un être humain. La fonction d’un organe est directement liée à son utilité : ainsi, on ne peut vraiment s’en plaindre que lorsqu’il dysfonctionne, ou qu’on a trouvé le moyen de s’en passer.
    Un anus omnidéféquant est l’exemple le plus cruel d’un superbe organe, un des plus utiles du genre animal, atteint d’enflure existentielle. Les remèdes sont le plus souvent inefficaces : la persuasion n’a jamais donné le moindre résultat, le bouchon obstrueur déplace le mal, les ailettes de sustentation marquent assez vite leurs limites (connues sous le nom de limites centripéto-gravitationnelles). Non, un anus élargi par l’ego est à remplacer tout simplement.
    La société Cazzimondo propose une gamme d’anus mécaniques que le Japon tente d’ailleurs de copier depuis la fin des années 80. Pour moins de 150 euros, ils garantissent que le petit appareil (et son design si rondelet) remplacera l’anus félon « DANS TOUS LES DOMAINES DE COMPETENCES DE CELUI-CI », dit la brochure en français que je me propose de t’envoyer. Cela signifie que grâce à lui, ton activité culière retrouvera une justesse et un à-propos perdus depuis trop longtemps TOUT EN TE PERMETTANT de continuer à aller te faire enculer.

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  6. AH ! là t'arrives à être encore plus chiant que lorsque tu chies à ton insu, limite tu t'es fait chier en compilant ton dico. des synonymes pour nous pondre un cake pareil...

    Et puis c'est le REEL qui te parle, okay ?? Respecte-moi !

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  7. "Le problème, avec les gens qui chient sur tout le monde"

    perdu. première et unique fois que j'interviens. rien à voir avec les autres anos, donc (très sympathiques au demeurant).

    En tant que REEL, je t'autorise d'ailleurs à nous animer un n-ième atelier sur internet et l'anonymat, la lacheté des néonazis pédophiles (probablement homos) qui refusent de choisir un pseudo pour se bâtir une uber identité virtuelle toute pleine de condescendance niaise à l'égard de la "masse inkulte" etc etc etc...

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  8. REEL, je t'aime.
    un ano qui est déjà venu faire caca ici.

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  9. Moi aussi ano je t'aime. Puis je faire caca dans ta bouche ??

    REEL.

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  10. avec grand plaisir REEL. Nous serons ainsi frères de caca.

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  11. putain ce texte est d'une lourdeur implacable , déclinant les poncifs en la matière...
    ça me laisse sans voix tant d'absence de surprise...

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