17 avril 2007

Trajan fasciste !

La Colonne Trajane est formée de douze blocs de marbre de Paros superposés reposant sur un piédestal carré, sur laquelle sont représentés les épisodes de la guerre contre les Daces, sculptés en une seule bande continue qui forme une spirale d'environ 200 mètres de longueur ornée de plus de 2.500 figures.


Voilà pour l'histoire. Maintenant posez-vous la question : comment pouvait-on bien à l'époque admirer les sculptures au-delà de deux mètres de hauteur lorsqu'on sait que la colonne était insérée entre les deux bibliothèques et le dépôt d'archive qui l'entouraient et ne pouvait ainsi être regardée avec recul.

On ne pouvait tout simplement pas. Et pour la même raison qu'un serf du moyen-âge ne pouvait saisir les détails des vitraux perchés à vingt mètres ou découvrir les personnages scuptés au sommet des colonnes.

Il faut donc bien admettre que les scènes de bataille contre les Daces, les rois bibliques des vitraux de Chartes ou les victoires napoléoniennes de la colonne Vendôme n'ont pas été sculptées pour être vus.

"C'est donc qu'elle sont inutiles" répondra aussitôt le le militant socialiste pour qui rien n'existe ou ne doit exister que le peuple ne puisse voir (l'obsession démocratique pour le transparent et le visible est apparue en même temps que le porno sur Canal +).

Tu te trompes, pauvre Septembriseur : si les vandales de la Commune on renversé la Colonne Vendôme ça n'était pas pour se venger de son inutilité. Mais bien au contraire pour abattre ce qu'elle ne cessait de représenter à leurs yeux et qui les faisait enrager en chiens rouges qu'ils étaient.

Car vois-tu Ô Sans-culotte, les statues des empereurs, les palais des rois, les tombeaux des héros sont bien autre chose que de la propagande dont l'unique objectif aurait été de maintenir le peuple dans la crainte respecteuse des Maîtres.

Les monuments ne possèdent le plus souvent qu'un contenu informatif fort simple : l'Empereur est puissant il a vaincu les Daces, Auguste a rétabli l'Age d'Or. Or l'Empereur ne cherche par ses victoires ni l'approbation ni le soutien du peuple. Il exprime seulement à la face des dieux la grandeur de son règne. Ces oeuvres monumentales n'ont quasi aucun contenu informatif, et quand elles semble en avoir un personne n'y a accès hors l'artiste qui les a créées.

Les églises, les statues, les colonnes, les arcs de triomphes, les autels de la paix sont dédiés à César ou a Dieu et à eux seuls. Ces monuments ne quèmandent pas l'attention et encore moins l'assentiment du peuple parce que ceux qui les ont bâtis n'avaient rien à faire de ceux qui n'avaient qu'à obéïr. Il n'y a que les professionnels de la lutte contre l'aliénation des peuples pour croire que ce sont-là des oeuvres de propagande.

Les polémiques sur les colonnes de Buren ou la pyramide du Louvre étaient à ce titre bien révélatrices de la médiocité de ceux qui nous gouvernent : médiocrité de leurs choix artistiques (matériaux minables à peine bons pour construire des LEP en ZEP ou des bornes pour faire pisser les chiens) mais surtout soucis vulgaire de l'assentiment du peuple pour les choix du prince.

Il y a donc eu des époques capables de bâtir des monuments qui durent encore à seule fin d'exprimer la puissance du prince et témoigner de sa grandeur : culte que le pouvoir se rendait à lui-même et qui n'avait pas besoin de fidèles.

Aujourd'hui on prétend que certains princes ont voulu marquer leur septennat en construisant des pyramides, des opéras ou des musées. C'est bien moins la célébration de leur règne ou de leur pouvoir qu'ils ont tenté de faire que le souvenir de leur nom qu'ils on voulu laisser.

Ce faisant ils témoignaient du dégoutant soucis démocratique de plaire aux générations futures.

La démocratie ne saurait faire oeuvre d'art mais seulement oeuvre de propagande. Là aussi le fascisme et le nazisme ne sont que les enfants dégénérés de la démocratie et leur manifestations artistiques sont bien représentatives d'un type de gouvernement qui pense encore que l'opinion du peuple doit être manipulée parce qu'elle a une valeur. Nuremberg n'est pas loin de la Fête de l'Être suprème.

Nous autres réactionnaires gréco-romains appelons de nos voeux un gouvernement qui ne prendait aucun soin de sa propagande par pur mépris de l'opinion du peuple.

4 commentaires:

  1. La gloire n'a pas besoin de spectateurs humains. C'est le temps qui la regarde.

    RépondreSupprimer
  2. todomodo écrit peu, mais il écrit bien.

    ceci dit, atlantis, je suis d'accord avec toi, la gloire se suffit à elle seule, les masses l'indiffère, sinon, ce n'est plus de la gloire, c'est de l'orgueil...

    RépondreSupprimer
  3. J'invite tous mes amis qui aiment les textes de Todo à laisser des commentaires, même anonymes. Vous savez, ça fait toujours plaisir parce que les articles historiques comme celui là ne sont pas faciles à chier.

    RépondreSupprimer
  4. Allons, Atlantis, les bons articles se jugent-ils à leur nombre de commentaires? Vous savez bien que non : un bel article est une colonne trajane : peu lui chaut l'incompréhension de la plèbe, il attend sereinement le jugement de la gloire. :)

    RépondreSupprimer