19 janvier 2007

Gibson a maya partir avec la bienpensance

Quand il n’est pas contrôlé avec un taux d’alcoolémie hors norme, et qu’il ne se met pas déblatérer des inepties dieudonnesques devant la LAPD, Mel Gibson est un cinéaste tout ce qu’il y a de plus respectable. Un peu " born again " sur les bords c’est vrai, mais incontestablement doué quand il s’agit de driver une équipe technique dans les jungles yucatèques ou dans les déserts marocains. Son dernier opus le confirme largement, la preuve étant qu’il s’est fait dégommé par toute la boboïtude journalistique et que le public est au RDV. Apocalypto peut être vu, et ce serait même conseillé. Ne serait-ce que pour faire c… vos amis enseignants.


Que reproche-ton vraiment à Gibson ? Un goût prononcé pour la violence tout d’abord. C’est vrai qu’il avait fait embroché ou tronçonné à la chaîne la piétaille écossaise et la gentry anglaise dans Braveheart. Puis transformé le Christ en steak tartare au bout d’une demi-heure dans la Passion. Et ensuite ? Les mêlées moyenâgeuses n’étaient pas franchement des forums interculturels, et les tortures romaines ne tendaient guère vers la manucure. Quand à la civilisation maya, malgré ses performances en matière médicale, astronomique, architecturale et mathématique, on ne peut pas dire que c’était non plus un royaume de bisounours forestiers vendant du peyotl équitable certifié Max Avelaar. Pourquoi dans ces conditions aseptiser un passé qui ne l’a jamais été ? A l’heure où l’ultra réalisme est la norme en matière cinématographique, Gibson ne fait jamais que suivre son époque. Et puis ce n’est pas à Bagdad qu’on trouvera çà hors sujet. Après tout, notre époque ressemble par bien des aspects à un Ragnarok en temps réel. Jack Bauer en pagne dans la jungle, au point où on en est…

Ensuite les officines de la pensée correcte chargent Gibson sur le thème de la vision réductrice de la civilisation maya. Une vision " occidentale " et forcément méprisante. On se calme là. Il s’agit d’une fiction orientée action pas d’un documentaire du National Geographic. Au contraire, dans la plus pure tradition de la Warner, Gibson fait du bon ouvrage de reconstitution historique foisonnant de détails précieux comme un Michael Curtiz avant lui. Les critiques n’auront finalement vu que ce qu’ils ont voulu voir. A se demander même s’ils l’ont vu. " Il réduit la civilisation maya " aux sacrifices humains disent-ils. Faux, la scène des sacrifices doit durer au plus 20 minutes. Et c’est d’ailleurs ce qui est frustrant, car la séquence de la cité maya doit faire maximum 45 minutes au total sur 2h15 de film. C’est un peu light je trouve moi au contraire, frustrant car l’on a pas souvent eu l’occasion de mirer cette civilisation là. Car c’est quand même la grand force de Gibson que de faire resurgir des mondes qui ne sont plus avec un certain souci d’authenticité. Comme en faisant parler ces acteurs en araméen ou en maya. Donc oui, il aurait pu en faire voir plus, mais il en fait déjà beaucoup voir.Quant aux sacrifices humains qui choquent tant, l’archéologue mexicain Mario Perez rétorque au contraire dans Le Monde du 18 janvier que
" Le mortier de la société maya, c’est le sang du sacrifice (…). Le franciscain
Diego de Landa a pu observer ces sacrifices, souvent des autosacrifices
pratiqués par les élites dont témoignent les fresques et bas-relief. Dans
l’aristocratie de l’époque classique, les femmes se perforaient la langue et les
hommes le pénis, s’attachant les uns aux autres par des cordes passées à travers
leur corps. Il s’agissait de faire couler son propre sang pour fertiliser la
terre, payer un tribut aux divinités et démontrer son courage "
Bravitude, violence, religion, voilà tout ce qui répugne l’européen post-moderne. Mince alors y’a pas de penis troué chez Mel que font les Inrocks ! Ces mayas là sont pas sortis d’un clip de Manu Chao ! Et encore vous imaginez si le film s’était passé chez les aztèques, il aurait fallu en plus des scènes d’anthropophagie ! Les amérindiens à vrai dire n’ont jamais donné dans la nouvelle cuisine.

Il s’agissait donc bien d’une société brillante, mais aussi et surtout guerrière et traversée de religiosité. Pas tout à fait conforme au " gender studies " des facs dhimmis nord-américaines et des rédactions zéropéeenes. Mais le comble du ridicule, est atteint par les lascars qui vont jusqu’à dire qu’en montrant les sacrifices humains on justifie le génocide qui s’en suivit. Absurde. Déjà il y a beaucoup à dire sur ce qui c’est passé en Amérique du Sud au XVIème et XVIIème siècle, et pas forcément à la gloire des conquérants, mais parler de génocide est tout simplement absurde. Cela relève de la diarrhée verbale d’un Bouteflika sur la colonisation française de l’Algérie. Un mélange d’anachronisme pour les valeurs et de révisionnisme pour les faits. Car en fait et c’est bien là le cœur de la polémique, ce qui emmerde profondément la presse Frankistanaise c’est que le méchant ne soit pas l’espagnol, qu’on entrevoit juste 30 secondes (insuffisant pour être poursuivi pour crime contre l’humanité) et d’ailleurs juste par facilité scénaristique. Ce qui dérange c’est qu’il n’y ait pas matière à nous culpabiliser pour les crimes des générations passées que nous n’avons pas commis. Et surtout que l’indien en question ne soit pas un parangon de vertus… occidentales d’ailleurs, et fantasmatiques. Bref qu’on soit dans le domaine de l’émotion plutôt que dans celui du (re)sentiment.

En fait on peut reprocher à Gibson d’être réac. Ce n’est pas moi qui lui ferait ce reproche mais çà peut se tenir dans l’argumentaire car il choisit le bon maya des champs contre le méchant maya des villes. Pas de problème avec çà. Réac dans le sens " le mythe du bon sauvage " et la ville qui fait décliner moralement et corrompt les âmes. Dont acte. On peut à la rigueur lui reprocher quelques détails comme le fait que les mayas décapitaient leur victime et ne leur ouvraient manifestement pas la poitrine. Mais face à la foultitude des autres détails c’est quantité négligeable. L’autre problème des critiques c’est finalement que Gibson ait fait du cinéma à l’ancienne, à la façon d’un Griffith par exemple, cad scotchant par sa mise en scène, spectaculaire et un peu édifiant. A mille lieux des drames intimistes des quadras de la rive gauche. Tant mieux. On en aura au moins eu pour notre argent car on nous aura laissé imaginer ce qu’a été ce monde disparu, en même temps que nous avons croisé les mayas d’aujourd’hui avec leur humour légendaire, leurs conteurs de village, ou leur médecine naturelle. En rabe on aura même eu droit à une traque digne d’un Predator précolombien. Allez Mel, on remet çà?

9 commentaires:

  1. Bienvenue au CGB !!

    Je ne sais pas pour vous mais depuis quelque temps j'adore ecrire cette phrase !

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  2. merci Sky !
    je crois que je vais en reprendre

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  3. Pour ton avatar, envoie une photo au boss.

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  4. "des facs dhimmis nord-américaines " ?

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  5. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  6. Concernant le génécide des peuplades de la mésoamérique il faut se rappeler que 90% des victimes succombèrent aux microbes amenés malgré eux par les conquistadors et nons au feu de la mousquéterie.

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  7. "Génocides" et "non" sans s.
    Je me foutrais des baffes des fois.

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  8. Bonjour, eu je ne suis pas une habituéee du site mais en faisant des recherches je suis tombée dessus...me voilà donc en train de vous écrire....après quelques recherches ....je me suis rendu compte de l'erreur fondamentale de mel !!!!! C'est que les Mayas n'ont tout simplement jamais croisé les conquistadores.....puisqu'ils avaient disparus depuis déjà & siècle quand ces derniers arrivèrent; ceux avec lesquels ils se sont croisés sont les aztèques ....aussi très connus pour leur cruels sacrifices....J'ai alors poussé des recherches un peu gores il faut bien l'avoué sur ces sacrifices humains .....et certains détails du film tel que les tëtes empallés, et les désirs de manteaux en peau humaine ....sont propres aux Aztèques !!! Donc voilà a mon avis il a du boire un petit coup de trop Mel ....et il a mélangé Maya et Aztèques .....bo en bon américain il nous dira que c'est la mëme chose ....:-)

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  9. non madame anonymous,
    les mayas en tant que cités empire n'ont disparu qu'au 17ème, date à laquelle la dernière cité tombait dans les mains espagnols. Cortes a débarqué au Yucatan par exemple et a commencé par leur mettre une pile avant de décider de pousser vers le Nord. Bref ils ont décliné pendant des siècles en se faisant la guerre entre eux, mais en tant que civilisation ils sont même tombés bien après les aztèques. Mais d'accord avec vous sur les à peu près en matière de sacrifice

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