5 décembre 2006

Democracia y educacion


Le Costa Rica (côte riche) semble être un pays à part au sein de l’Amérique latine, à telle enseigne qu’elle porte le surnom de " Suisse de l’ Amérique Centrale".

Une Suisse qui plaît aux surfeurs, aux bobos et aux alters mais pourquoi?



Ce statut de pays démocratique, cette notion d’état de droit est cependant récente : elle s’est épanouie dans les années 1940 avec comme point d’orgue 1948, année d’une courte mais sanglante guerre civile.

De cette guerre a découlé un nouveau mode de gouvernement qui garantit l’avenir démocratique du pays par une série de mesures fondamentales : droit de vote des femmes (trois ans après la France !), suppression de l’armée dont le budget est transféré sur l’éducation et le social, nationalisation des banques, nouvelle constitution limitant la durée du mandat présidentiel. Le Costa Rica a su s’ériger en modèle pour tous ses voisins en proie à une instabilité politique chronique.

Il convient de revenir sur les conditions de cette violence politique qui a permis l’éclosion de ce modèle : les hostilités ont débuté avec les élections du 8 février 1948, l’éminence grise du président sortant (Teodoro Picado) Rafael Calderon perd les élections présidentielles face au candidat de l’opposition, Otilio Ulate qui est élu avec une faible majorité. Calderon accuse l’opposition de fraude électorale, fait annuler le résultat du scrutin par le congrès et restaure Picado au pouvoir.

Pépé Figueres, planteur de café charismatique, appelle alors à la rébellion contre la dérive autocratique du pouvoir de Calderon ; des centaines d’étudiants le suivent dans son domaine "la lucha" et le 10 mars 1948 débute alors "la lutte de libération nationale".

De nombreux points stratégiques situés aux alentours de la capitale San José sont pris d’assaut. Le président Picado qui n’a sous ses ordres qu’une petite troupe de soldats médiocrement équipés, veut éviter la guerre civile. Les rebelles sont en revanche encadrés par la légion caraïbes qui leur fournit une formation militaire et un armement moderne.

Ils prennent les villes de Puerto Limon (à l’ Est) et Cartago (au centre) après de sanglants combats et lancent le 10 avril l’offensive sur San José. avec plus de deux mille morts, Picado ne peut justifier de la poursuite des combats. Un cessez-le-feu est proclamé, puis le traité de paix est signé le 18 avril déclarant l’amnistie et le dédommagement de toutes les victimes de la guerre civile. Calderon est banni et Ulate devient président avec Figueres comme chef du gouvernement pour dix-huit mois afin de mener les réformes nécessaires avec comme souci principal la stabilité démocratique du pays et l’éducation pout tous. Réformes parachevées par la suite lors des mandats présidentiels de Figueres (1952-1958 et 1970-1974) ce qui lui valut l’inimitié de la United Fruit Company américaine.

Le Costa Rica constitue ainsi une exception au sein l’ Amérique centrale de par la pérénnité de ses institutions acquises depuis 1948 et ce malgré le climat explosif des autres états de la région. Le démantèlement de l’armée a fait du Costa Rica l’un des états les plus pacifiques du monde, chantre de la "neutralité parpétuelle". De plus, le transfert du budget de la défense vers l’éducation et la santé, assure au pays un indice de développement humain comparable aux pays occidentaux grâce à un système de sécurité sociale et un taux d’alphabétisation de 94% et l’espérance de vie de 77 ans (chiffres PNUD). Quant à la démocratie, elle semble garantie par le dogme du bipartisme afin de donner un choix clair aux électeurs et la limite du durée du mandat présidentiel évite la personnalisation du pouvoir.

Le "miracle" de cette contrée qui compte plus de professeurs que de militaires et dont les anciennes casernes sont devenues de musées connaît pourtant quelques anicroches : explosion de l’immigration provenant du Nicaragua (nombreux clandestins), prostitution, hausse des violences à caractère xénophobe, fin de l’état-providence sous la pression des USA afin de rentrer dans la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA), mise sous tutelle militaire et policière par les mêmes Etats-Unis qui, pretextant la lutte contre les narcotrafics, s’apprête à accueillir sur ce beau sol, au grand dam des organisations civiles, une Académie Internationale de Police entièrement conçue et dirigée par les servies secrets étatsuniens, rappellant "les écoles" panaméennes qui furent de véritables écoles d’apprenti-tortionnaires.

La devise "democracia y educacion" serait-elle menacée ?

A lire (en espagnol)

Jorge Mario Salazar,"Crisis liberal y Estado Reformista. Análisi Político - electoral (1914-1949)" , Collecion historia de Costa Rica, Centro de Investigaciones Históricas de la Universidad de Costa Rica.

3 commentaires:

  1. salut

    le Costa Rica tire aussi ajd une partie non négligeable de ses revenenus de son "internet city" : on estime à plus de 10 000 le nb d'emplois chee les bookies et casinos en ligne hebergé là bas ainsi que les innombrables call centers qu'appellent les américains pour placer des paris

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  2. En effet Julius... Casino et jeux en ligne sont les mamelles du nouveau Costa Rica...

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  3. J'adore quand René fait de la géopolitique !
    Ca me fait bander !
    Encore bravo pour cet article !

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