20 octobre 2006

Jean-Claude Van Damme est-il le dernier intellectuel?


A l'heure où la gauche culturelle nous réinvente le tribalisme que BHL fait des bouquins pour expliquer sa rencontre avec Sharon Stone, que Finkie fréquente les bars PMU et que Glucksmann/Taguieff/Adler se branlent sur George Bush en engloutissant une grosse côte de boeuf pour les deux derniers ou en sniffant du poppers pour le premier, on pourrait dire que la pensée francophone est morte... Toute la pensée? Non, il reste un valeureux résistant belge, acteur de son état: Jean-Claude Van Damme est-il le dernier intellectuel?



Ah... Arthur, Farrugia ou leur camarade Cauet qui se gaussent des prouesses de Jean-Claude Van Damme (qui dans sa grandeur d'âme ne leur en veut pas, il a même été voir le spectacle du père Essebag!) . Seulement, les cons ne sont pas forcément ceux que l’on croit!

En près de cinq ans, l’acteur d’origine belge s’est construit la réputation "d’acteur le plus con de sa génération" et les sites internet à son sujet ont fleuri .


Bien sûr, l’acteur d’origine belge enfonce les portes ouvertes. Pourtant en y regardant de plus près, ses concepts phares comme "neutral" ou "aware" sont plus complexes qu’ils n’y paraissent. "Neutral" évoque une posture centrée, équilibrée, le juste milieu cher au Tao, l'équilibre du Yin et du Yang. "Aware" nous ramène un autre niveau de conscience et fait écho à l’éveil bouddhiste, à se méfier des faux-semblants, de la récupération, en ne se fiant pas à ce que l’on voit. Les propos que tient Jean-claude sont empreints d’une telle sensibilité, d’un tel lyrisme que l’on peut l’affilier à dada et aux surréalistes.

Quant à sa fameuse phrase reprise en choeur dans nos zapping médiatico-mondains : 1+1=1, elle ne fait que reprendre l'un des enseignements essentiels du livre du Ki, soit la Bible pour tout karatéka qui se respecte, la fusion entre le corps et l'esprit.

Son dernier film sorti en salles "Replicant" où il incarne un psychopathe pyromane et un petit chose bionique nous avait mis sur la voie, le portrait touchant de Frederic Bénudis où le maître se dévoile un peu plus, calme et posé, loin de son personnage habituel nous a apporté une réponse: JCVD ou la fable de celui qui jouait l’idiot...

Vous attendiez un con, il vous apprend quelque chose ! On est alors proche des thèses d'une Avita Ronnell (Stupidity) ou d'un Clément Rosset (auteur d'un superbe Le réel: traité de l'Idiotie) faire l'imbécile n'est pas le signe du dégénerescence mentale mais bien une attitude singulière. A partir d'ici, on peut liquider toutes les généralités incarnées par le "con" et chercher autour des singulières créativités artistiques. Comme l'affirme Clément Rosset:

"Les imbéciles réussissent généralement dans la tâche qu'ils ont entreprise : ce qui prouve d'abord qu'ils ne manquent pas d'intelligence, thèse que nous voulions ici illustrer, et accessoirement qu'ils sont dangereux (du fait précisément qu'étant intelligents ils réussissent dans leur entreprise)"


Van Damme expert des navets ? Disons qu’il expérimente, il a fait venir les plus grands comme John Woo dans "Hard target" (Chasse à l’homme) en 1993 alors que personne ne connaissait le maître de hong-kong. Il a ensuite été trouvé le pape du wu-xia-pan, Tsui hark, l’auteur du mythique "the Blade" pour réaliser des oeuvres beaucoup moins bêtes qu’elles n’y paraissent (Double team, Pièges à Honk-Kong), et que dire de sa collaboration avec l’énorme Ringo Lam, auteur du cultissime "Full Alert" en 1997 qui lui a offert ses meilleurs rôles avec Risque maximum et Replicant. Jean-Claude Van Damme a ainsi pu faire découvrir à toute une génération des cinéastes chinois majeurs !

Et que dire de sa première production "Légionnaire"? Bien avant la bande à Debbouze, JCVD évoquait la période coloniale notamment l'épique bataille contre les troupes d'Abd-El-Krim et la fraternité qui existait au sein de la Légion étrangère.

L’acteur laisse transparaître lorsqu’il est en public une générosité rare, il est l’un des rares que la télévision hésite à inviter en direct, loin des dérapages préfabriqués made in canal ou de Michael Youn, et prouve l’absence de marge de manoeuvre qui existe dans le petit écran. Explosif, incontrôlé... Il dérange.

Quant à la drogue, il est l’un des seuls à lever le lièvre qui existe dans le show-biz (tous sont bien PIRES que lui) , montrant sa faiblesse pour en faire une force.

En passe de devenir un acteur culte pour de mauvaises raisons (cf le clip de Bob sinclar ou Narco), il est temps de réhabiliter ce self-made-man que la classe cynico-moyenne-médiatique prend pour un con, un acteur obsédé par sa soif de créer cherchant à recomposer la magie du cinéma d'une part... mais également celui qui tente d'insuffler un peu de sang neuf à une pensée francophone moribonde et fate.

5 commentaires:

  1. le voile de la vérité est levé !
    la réalité est non duelle.
    la véritable sagesse est dans la vacuité.
    Gloire à Jean Claude !

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  2. Bravo René.
    Jean-Claude au moins s'est fait tout seul et dans ce métier c'est bien rare.
    Il n'a de leçon à recevoir de personne.

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  3. Merci bien!!!

    JCVD forever!!

    Till death et Hard cops sont les dernières livraisons du maître!!!

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  4. tres belle analyse du personnage. et excellente appréciation et décodage des propos d'un homme profondément bon et intelligent. mais incompris et moqué à tord par des gens moins brillants que lui. pourquoi? suite à de moins bons résultats au box office !
    justice est faite avec cet article
    bravo !

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  5. Enfin quelqu'un qui a vu clair en Jean-Claude. Merci.

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