14 septembre 2006

« We the people » et Maurice G. Dantec.


Au CiGéBi, on aime bien èMGéDi. A la téloche, avec lui, on est sûr de passer un bon moment, qu’ça va partir en vrille à un moment ou un autre mais de préférence dès sa deuxième phrase. Après qu’il ait dit bonjour quoi.


Sa dernière prestation chez FOG la balance qui roule, qui roule, qui roule, ne nous a pas déçus. Toujours la même esthétique technocalyptoque (attention trois mots sont condensés en un et on n’a encore rien pris)-spectaculaire, toujours d’l’intervention à grand coup de « méta »- péremptoire. On a même eu droit à une phase racaille-« cash » à l’encontre d’un vieux bonhomme de 70 piges, nommé Jean-François Kahn. On la lui fait pas à Momo quand il s’agit de JFK shoot… Direct in the head.

On voudrait cependant revenir sur l’argument prétendument AK-47 de Momo, concernant Constitutions européenne non plébiscitée et américaine. Nous citons : « La Constitution américaine commence par « We the people » quand le machin que vous avez voulu nous faire signer commence par « Nous, roi des belges » ».
Dantec qui n’est plus un républicain mais qui défend toujours bec et ongles ses amis américains, républicains pour ne pas les nommer, commence à nous agacer fortement avec son manichéisme tout politique pas très catholique mais très très cathodique.

Non euh sans façon, on est repu



Alors, on s’en va s’en référer vite fait à Howard Zinn, pour le compte duquel nous avions déjà rédigé un post d’utilité publique. « We the people, oui : c’est bien votre cul qu’on encule »…

Chapitre IV de son « histoire populaire des Etats-Unis », « La tyrannie, c’est la tyrannie » :

« Vers 1776, certaines personnalités de premier plan des colonies anglaises d’Amérique firent une découverte extrêmement utile au cours des deux siècles suivants. Ils imaginèrent qu’en inventant une nation, un symbole, une entité légale appelée Etats-Unis, ils seraient en mesure de s’emparer des terres, privilèges et des pouvoirs politiques détenus jusque-là par les protégés de l’Empire britannique. Du même coup, ils pourraient contenir un certain nombre de révoltes en suspens et forger un consensus qui assurerait un soutien populaire suffisant au nouveau gouvernement contrôlé par une nouvelle élite privilégiée.
Il faut bien admettre que, sous cet angle, la Révolution américaine est bien une idée de génie et que les Pères Fondateurs méritent l’extraordinaire dévotion dont ils sont l’objet depuis des siècles. N’ont-ils pas, en effet, inventé le système de contrôle national le plus efficace de l’époque moderne et révélé aux futures générations de dirigeants les avantages d’une savante combinaison de paternalisme et d’autorité. »

Paternalisme pour ne pas dire « populisme (…), élevé au rang de tactique tant son efficacité s’est révélée payante » d’emblée pour « retourner la colère des pauvres contre les anglais » (alors que les pauvres colons faisaient déjà la chasse aux riches pas encore américains mais presque). Détournement de haine.
Plus loin Howard nous le dit cash : était dressé le « piège du mythe selon lequel la Révolution est le produit de l’intérêt commun d’un peuple parfaitement un » pour installer un gouvernement « mal nécessaire », selon Thomas « la propagande » Paine, « centralisé et fort », en le corps d’une Déclaration d’Indépendance rédigée par Thomas Jefferson, « qui allait exprimer ce mythe avec la plus vive éloquence. » Nous passons sur les conneries que « tous les hommes naissent libres et égaux », tandis que le Congrès effaçait du texte dans le même temps, la condamnation morale de la traite des noirs (non pas vraiment par humanisme de Jefferson, lui-même possédant des esclaves, mais pour contenter la crainte éprouvée par les virginiens de les voir se révolter en cas de nouvelles arrivées), ça ne serait pas très rigoureux de notre part…
Les noirs étaient d’emblée exclus et sans parler des Indiens, tandis que les femmes étaient « politiquement invisibles ». Le people n’était déjà pas si nombreux que ça…

Un gouverneur républicain



Howard dispose : « affirmer que la Déclaration d’Indépendance (fœtus de la Constitution de 1787), jusque dans la lettre même, se bornait à reconnaître les droits à la vie, à la liberté et au bonheur des hommes blancs, ce n’est pas accuser les concepteurs et signataires de la Déclaration d’avoir eu la mentalité que l’on pouvait attendre de Blancs privilégiés au XVIIIe siècle. » Certes ! Howard n’est pas là pour juger, juste pour décrire mais correctement décrire.

Concernant la Constitution en tant que telle, il poursuit :
« La condition sociale inférieure des Noirs, l’exclusion des Indiens, la suprématie assurée des riches sur les pauvres dans la nouvelle société américaine, tout cela existait déjà dans les colonies lorsque débuta la Révolution. Une fois les Anglais évincés, on put l’inscrire sur le papier, le consolider, le régulariser et même le légitimer dans la lettre même de la Constitution des Etats-Unis, élaborée lors d’une Convention réunissant, à Philadelphie, les chefs révolutionnaires. »
Comment ? Pourtant, c’est invisible à l’œil nu ! Howard cite Charles Beard, historien : « Dans la mesure où le premier objectif d’un régime, en-dehors de la simple répression de la violence physique, d’édicter des règles qui régissent les rapports de propriété entre les membres d’une même société, les classes dominantes dont les droits doivent être ainsi définis cherchent inévitablement à obtenir du gouvernement que ces règles soient compatibles avec les intérêts les plus nécessaires à la continuation de leurs stratégies économiques. A moins évidemment qu’ils ne contrôlent eux-mêmes les instances de gouvernement ». L’expression « la vie, la liberté, la propriété » trouve ainsi sa juste interprétation.
Howard poursuit : « le principal problème de la démocratie dans la société post-révolutionnaire n’était pas dans les limites constitutionnelles du suffrage (sans blague !). Il s’agissait de la fracture de la société entre riches et pauvres (et sans compter les positions particulières des femmes, des esclaves, des indiens, le racisme ayant été, et Howard nous le dit cash dans nos dents, un moyen de diviser pour mieux contrôler). En effet, si quelques personnes détenaient d’immenses fortunes et bénéficiaient d’une grande influence, si elles contrôlaient la terre, l’argent, la presse, l’Eglise et le système éducatif, comment dès lors, le seul vote aurait-il pu venir bouleverser la donne ? » Un people de plus en plus réduit donc…
Cependant, « La Constitution « servait les intérêts de l’élite fortunée mais faisait également quelques gestes en direction des petits propriétaires, des ouvriers-artisans et des fermiers aux revenus modestes pour s’assurer leur soutien le plus large. Ils formaient en outre un rempart efficace contre les Indiens, les Noirs et les Blancs pauvres. Elles permettaient à l’élite américaine de conserver le contrôle avec un minimum de mesures coercitives et un maximum de législation, tout cela rendu plus acceptable grâce aux flonflons patriotiques et unitaires ». CONTRÔLE, ALT, SUPPRIME…

Star Spangled Constitution



Quant à la Déclaration des Droits : Howard parle « d’extrême fragilité de la liberté de tout un chacun lorsqu’elle repose sur le gouvernement des riches et des puissants. »

La dévolution à l'américaine : Planet of the Apes (et encore on en connait de belles sur Ab...)



Quand aux « checks and balances », et ce qui suit est de nous parce que faut arrêter deux secondes de nous les briser, d’un point de vue strictement constitutionnel, nous rappellerons que les membres de la Cour Suprême américaine sont nommés par le Président des Etats-Unis, qu’ils occupent leurs fonctions aussi longtemps qu’ils le souhaitent, pouvant être destitués cela-dit par la fastidieuse procédure de l’impeachment, procédure révélée au grand public mondial lors de l’affaire dite du « cigare de Monica » et nous rappellerons d’un point strictement moral que c’est cette Cour qui a entériné la victoire de Georges Walker (Washington ? Winchester ?) Bush alors que subsistait un sérieux doute sur la régularité des élections et qu’au comble du final, ce dernier comptait moins de voix que Alf Gore… Nous ne savons plus combien de juges avaient été nommés par Papa, car finalement tout cela n’a que peu d’importance : un juge aussi peut avoir des actions placées en Bourse. Consensus des Pouvoirs.

Les peuples ne font pas les Constitutions Momo. Au moins la formule du projet de Constitution européenne avait-elle le mérite d’être claire.

2 commentaires:

  1. Encore Guignol ?!?
    Et je remarque que Dantec est sapé comme un gérant de magasin de cuisine discount des années 80. Un true nightmare, ce mec.

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