6 août 2006

Le tram… Ouais, ouais.


On est tombé sur un exemplaire du « journal du tramway » et là, on a tout bonnement halluciné devant la prose toute propagandesque des rédacteurs municipaux… Morceaux choisis.


Et ça commence par une intro aérienne et printanière mettant en exergue la puissance de la Mère Nature reprenant ses droits sans faire de prisonniers mais en n’oubliant pas les intérêts : « un air de printemps souffle sur les Maréchaux (…), cet espace qui s’était fait dévorer par la circulation automobile »… Bref, ça débute avec fanfare et trompettes. On comprend cash qu’on pourra plus aller en caisse au salon d’l’auto… Ce salon de l’auto, véritable vitrine de ce gros moteur surgonflé qu’est le marché automobile... Venez au salon de l’auto ! Achetez-y une voiture. Mais on ne vous garantie pas que vous pourrez repartir avec… On précise qu’au CiGéBi, on va au palais des expos, uniquement pour mater les hôtesses…

Le corps de « l’article », mais comment qualifier ce tract d’article, son style relevant plus du lyrisme d’opérette que de l’objectif… Son objectif : vendre le tram et réclamer des merci aux riverains... En effet, le mal pour un bien on dit. Et les riverains tombèrent à genoux en répétant extatiques, ces mots : « merci pour les Caterpillars et la circulation bouchée pour les siècles et les siècles »…

La genèse du tram ou le « retour à la vie », en toute simplicité. Le quartier humanisé, et dans la foulée Delanoë déifié… « Les piétons avaient du mal à traverser », ah bon ? M’y rendant fréquemment, ça ne m’a jamais paru plus compliqué qu’ailleurs… « Les arbres semblaient survivre », mais comme tout arbre enraciné dans leurs fers parigo. « Les voitures, les taxis et les bus s’emmêlaient en un nœud parfois inextricable », diantre, comme sur chaque boulevard parisien et sans se restreindre aux intérieurs… Pauvre boulevard Magenta. Pauvre rue de Rivoli… Contradiction : les piétons traversent très facilement les boulevards embouteillés… « Les cyclistes s’y risquaient rarement »… Les cyclistes, ils risquent perpétuellement à Paris. On n’est pas à Dam! On n’a pas été élevé au vélo !! Ah, Dam… Dam, son musée Van Gogh, son quartier rouge et son tramway, si silencieux et qui vous frôle sans même corner… Hum, ça va cartonner dans tous les sens...

A nous de vous faire préférer le tram (Fouq)



« Et puis, il y a eu cette nécessaire période de travaux parsemée de désagréments »… De « désagréments »… Ignoble euphémisme sur lequel on ne s’attardera pas plus longtemps. Combien de cœurs palpitant jusqu’à l’antichambre de l’infarctus ? Combien de pétages de plomb ? Combien de pétages sans plomb ?

Des détails ! Car « la place apparaît comme un véritable lieu de vie » ! Alléluia ! Festivus bis, kif ta race ! Tu pourras tâter du cul de vache en toute sérénité. Désormais, on peut « acheter son journal, boire un café, discuter avec son voisin, s’asseoir sur un banc de granit à l’ombre d’un arbre en fleur ». Mon Dieu, ce tramway changerait carrément la donne urbaine. La place de la porte de Versailles devenue l’oasis officielle de la capitale ! Les prix devraient flamber : l’enfer immobilier… Précisons qu’on pouvait déjà y acheter son journal, ça n’était pas non plus l’bled avant l’tram, on pouvait y boire son petit café dans les mêmes conditions que partout dans Paris : sur les trottoirs, le nez dans les gaz d’échappement… Et qu’en sera-t-il de la place en hiver ? Une place lugubre comme une place parisienne ne peut que l’être…

Le rédacteur poursuit sur le non oubli des handicapés dites donc ! Une performance ! Rendons grâce à Bébère, ce grand humaniste du XXI e siècle. Reste plus qu’à équiper le reste de l’arrondissement, sans parler des 19 autres…

« Le terre plein est devenu une étape agréable ». Ben voyons. Venez visiter le terre-plein du tram style parc Citroën (le parc le plus laid du Monde avec le Parc des Princes bien sûr), vous y serez coincés entre deux voies de circulation saturées. Un véritable bonheur. Que demande le peuple ?

Et Issy les Moulineaux n’est pas en reste. Issy les Moules qui acquiert enfin le statut officiel d’appendice du XV. Issy les Moules ralliée au continent XVèmiste. C’est y pas beau ? Et ça, sans tunnel sous la manche et sans actionnaires ruinés. Juste des contribuables saignés à blanc.

« Les voisins de toujours, d’une rive à l’autre, peuvent enfin faire connaissance, franchir plus aisément l’ancienne barrière du boulevard »… D’une rive à l’autre de cette superbe rivière de rails ? Ces festivus qui étaient abominablement coupés les uns des autres par ce boulevard allègrement franchissable surtout en plein milieu d’une après-midi bouchée… La rhétorique de la barrière, du mur, une vieille réminiscence de plumitif communiste ?

Le transport du futur



Et enfin, « les couleurs qui ont changé » ! Fooormidable comme s’écrierait notre parrain à tous au CiGéBi, Jack the tchatcheur ! « De gris foncé uniforme, elles sont devenues colorées ». Osana ! Les couleurs colorées ! Merci Bertrand ! « Une combinaison réussie entre les nuances de vert, les couleurs vives des arbres en fleur et des parterres fleuris ainsi que le gris clair de l’acier brossé et du pavé de la chaussée. » Ce gris clair, si clair comme de l’eau de roche souillée par des ferrailleurs… « Ces couleurs égaient l’endroit » et « le soir, les éclairages recréent cette ambiance bicolore ». Encore une fois, nous le demandons : qu’en sera-t-il en hiver ?!

En conclusion, un très très sobre : « tout un nouveau quartier se redécouvre »… Le tram vous apportera paix et amour. Vous le prendrez même, éventuellement pour vos transports...

C'est quoi ça ?



Un bien bel exemple de propagande estampillé empire du Bien. Une véritable ode à la joie festive et chtouillée… Et ce qui se trame derrière le tram, c’est une juteuse opération politicarde aux couleurs criardes rose et verte…
Etes-vous pour ou contre la pollution ? Etes-vous pour ou contre la circulation ? Etes-vous pour ou contre le stress de la promiscuité ? Vous êtes contre ? Naaaan, sans déconner… Vite ! Un tram !

PS : nous, au CiGéBi, on veut des arbres dans le métro.

3 commentaires:

  1. Vous en faites pas, on va vous rendre Tibery et on remettra tout comme avant ces sales homo-socialo-ecolos.

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  2. Un tramway nommé délire...

    Les travaux vus par les habitants du XIVe : http://www.paris14.info/archive/2005/02/19/chantier_du_tramway_ca_deraille.html

    Morceau choisi :
    "Ainsi, une sympathique libraire s'est retrouvée avec une pelleteuse en train d'éventrer le trottoir devant son pas de porte un mardi matin ! Dans l'impossibilité de sortir de son magasin ses présentoirs, elle a dû se battre pour trouver le nom d'un chef de chantier qui comprenne ses problèmes... Résultat : deux jours complets de chiffre d'affaires perdus, un store endommagé par la bête et des plaques disjointes pour masquer les flaques et la boue devant sa boutique. Il lui faudra maintenant attendre 8 mois pour que l'on pose un peu de bitume devant chez elle."

    Et là, il n'y a pas encore mort d'homme. Attendons la suite, comme dit Christ, on ne va pas tarder à compter les points. Avec un peu de chance, après les arbres, on aura les fleurs. Vous savez, ces petits bouquets que l'on voit parfois sur les nationales, aux emplacements où des accidentés ont trouvé la mort.
    Y'a pas à dire, ça va être rudement joli. Merci Bébère !

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  3. Du tram au bus, il n'y a qu'un jet de pavé du terre-plein central. Après avoir pollué la vie des riverains, commerçants et automobilistes entre Montparnasse et Bastille, les travaux du mobilien 91 s'étaient achevés dans le soulagement général. Mais aussi le scepticisme le plus total, la configuration de la circulation donnant désormais l'impression de s'aventurer dans "The Cube". Quant aux panneaux supposés "expliquer" aux différents usagers où rouler, marcher, glisser (tomber, mourir ?), comment dire ? La RATP a donné dans l'(le flou) artistique... L'art informel, le tachisme ! Soit... Roulez jeunesse... Et bing ! On passe au junk art : ça cartonne dur. César devrait aimer. Les victimes, des performers... A tel point qu'un an à peine après l'inauguration de ce nouveau système, le bien-aimé souverain du peuple parisien concède qu'une partie du projet "est une erreur". Et voilà : depuis une semaine, le boulevard Saint-Marcel frémit à nouveau sous les coups des marteaux piqueurs... Et les usagers s'essaient à une nouvelle version des auto-tamponneuses. Faire, défaire, refaire... Qui a parlé d'argent ?!!! Sûrement pas les commerçants qui ont perdu jusqu'à 20% de leur CA mensuel... Promis, une fois les photos des panneaux prises, je fais circuler...

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