17 juillet 2006

Satire moderne




François Ricard disait "Si le roman de Muray, avec sa veine épique, sa démesure, ses mouvements de foule magnifiquement rendus, tient de l'art de la fresque, ceux de Benoît Duteurtre, se rapprocheraient plutôt du dessin ou de l'aquarelle."

Pour la rentrée 2006, nous aurons l'épique et l'aquarelle en même temps.


Benoît Duteurtre et feu Philippe Muray s'appréciaient, ils avaient même l'habitude de se retrouver une fois pas semaine dans une brasserie parisienne afin de parler de ce "drôle de temps", de cette époque désopilante dans laquelle nous vivons.

Le sort a voulu que le gentilhomme Philippe Muray nous quitte au mois de mars de cette année, nous laissant un peu orphelins. De Philippe Muray au-delà de son ironie mordante, de son style unique, nous retiendrons la profonde humanité qui se dégageait de ses textes... Sa plume tranchante comme un éclat de rire dézinguait les tartuffes, les précieuse ridicules, les cancrelâts et l'insoutenable Ordre moderne avec légereté et élégance.

Deux ouvrages de cet écrivain fabuleux paraîtront durant la rentrée 2006... Le premier est un recueil de nouvelles parues en partie dans l'excellente revue L' Atelier du Roman: Les Roues Carrées suivi d'Enculés et enculées.


La première nouvelle porte sur "la parade de la fierté adultère" et la vie trépidante de Marjolaine Lebarbier. Quant à l'autre nouvelle au doux nom, Enculés et enculées celle-ci tourne en dérision la pétitionnite aigüe de nos contemporains à travers les aventures d'un certain Jean-Patrick Cerestes, auteur de son état.

A la rentrée sera également publié le Portatif , une sorte de vade-mecum de l'auteur angevin : "En 1991, peu après avoir écrit L’Empire du Bien, j’ai entrepris de composer, à mes heures perdues, ce bref ‘dictionnaire’ intime où je voulais rassembler et confronter quelques notions qui m’étaient chères, certains de mes concepts préférés, et même deux ou trois néologismes qui sont le fruit des cogitations de ma vie. On trouvera aussi, dans ce dictionnaire, l’esquisse de quelques figures qui me tiennent à cœur (Jouvet, par exemple), mais auxquelles je n’ai jamais trouvé l’occasion de rendre hommage ailleurs. Le titre que je donne à cet ensemble est un hommage au Dictionnaire philosophique de Voltaire, surnommé Le Portatif par ses lecteurs (octobre 1997). ". Le dictionnaire est malheureusement inachevé.

L'étonnant Benoît Duteurtre, lui, terminera la trilogie entamée avec Service Clientèle grâce à son dernier roman Chemins de fers (avec une belle couverture de Sempé) et dans lequel le maestro du Havre explore l'itinéraire de Florence, 50 ans, décidée à enrayer la marche triomphale d'un monde moderne qu'elle a elle même contribué à ériger en dogme... et dans lequel la SNCF n’est plus une entreprise « de service public », mais un « voyagiste » ... et où la lumière, même si elle n’éclaire rien, sert à marquer un hypothétique progrès. Sans compter que, sous prétexte de démocratisation, les plus absurdes décisions administratives sont prises... Une aquarelle drôle parfois cruelle de cette humanité qui s'en va.





6 commentaires:

  1. Je viens de lire "Rejet de Greffe" et je vais tous les lire.

    Un mot : il y a 15 jours sur le chaine du Sénat, l'émission d'Elkabache à la Mazarine (la bibliothèque, pas le déchet de prostate). A la fin de l'émission il a eu un très joli mot pour la mort de Muray.

    J'ai trouvé ça bien de sa part.

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  2. Dommage je n'ai pas vu l'émission...

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  3. Il ne s'est pas étendu il a juste dit sobrement qu'il tenait à saluer la disparition de Muray. Ca semblait sincère et donnait le sentiment d'un message quasi-perso : c'est ça qui en faisait la valeur. J'ai été vraiement surpris. Comme quoi...

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  4. IL a salué la disparition de Muray ?
    cool !

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  5. Dans la prochaine livraison des Cahiers de l'Indépendant (parution fin août) un hommage de Taguieff sur Ph. Muray

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  6. Taguieff m'insupporte depuis qu'il a viré néocon-sarkozyste (tous qui est contre lui c'est forcément la pensée unique pardi!) et s'est racheté une conduite auprès du Monde...

    Il a d'ailleurs plus au moins rompu avec la fondation du 2 mars c'est à dire Elisabeth Lévy ou Joseph Macé Scaron.

    Pour l'hommage à Muray, je crois que c'est celui qu'il avait publié chez l'obs du communautarisme

    http://minilien.com/?L7n0M2IsJ7

    A vrai dire, Taguieff n'avait juste signé qu'une tribune de protestation avec lui au moment de l'affaire des nouveaux réacs... La tribune est poussive et prétexte à flinguer ceux avec qui il a des comptes à règler.

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