30 juin 2006

Du rififi sous l’soleil morbihannais, derrière les nuages…


J’vais pas t’faire un dessin. Tu vois l’topo d’ici ? Un véritable duel au soleil sous l’crachin bigoudin. Ça fleurait bon l’sapin : le rave… On allait avaler des couleuvres à la pelle.


Philou dit « l’croisé », « le fou du puy », « l’in utero», fallait pas lui conter fleurette dans l’temps mais il valait plus tripette. Il était réputé dans son âge d’or pour expédier les affaires courantes à l’ancienne, à grand coup d’écorchage vif. Il avait pris l’cuir au bond. Il attendait qu’ça pour sortir sa tête que Jean-Marie dit le « boucher bel œil » lui avait mise dans l’sac. Il avait eu du mérite… Jim l’avait saucissonné comme un gigot dans son plastique… Il l’avait gracié pour un obscur motif de soutien d’famille. Il avait fait du sentiment mais i r’grettait pas. Il avait besoin de cet ex jeune premier devenu bouffon pour asseoir son image de boucher rigoureux : sa viande était française et tracée, il avait tout misé sur un label du terroir... Et le Philou, depuis qu’il avait vu la mort dans le blanc de son œil, i bégayait plus qu’des « Turquie, Turquie », à tout va. Il avait perdu la raison l’pauvre bougre.

JIM LE BOUCHER BEL OEIL


Sarko « l’petit prince », « le nettoyeur », « le morbak », on lui avait fait l’histoire à l’envers et en long et en large aussi. Il était pas né d’la dernière. C’est lui qui maniait la carriole. Philou l’avait ferré avec le panache du désespoir. Tout l’milieu l’savait. C’était désespérant mais beau à voir. Philou avait tenté une sortie sans avant-garde ni marche arrière. Tout ça devait s’finir en esbrouffe, pouf ! Il allait s’cramer ses ailes d’Albatros et nous on dégustait le spectacle avec bretzels et cahouètes. Un gus comme Sarko, qu’on avait allumé comme à la foire et assaisonné aux risettes émincées relevées à grand coup de pied au cul, et qui était toujours aux affaires, ça forçait l’respect y’avait pas. Il avait vu son chef conditionné façon « Frolic premier âge » par la concu et il avait pas cillé... On voyait tout d’ suite qu’il avait les épaules pour faire de vieux os sur le dos du contribuable françois… Il avait d’ l’ or dans les mains et faisait prendre à tout le monde les vessies pour des lanternes. Nous, on avait envie d’ pisser j’ te raconte pas mais on voulait pas louper l’spectacle…

LE NETTOYEUR


Bref, un face à face de survivants en somme mais ça vaut jamais rien qui vaille pour un végétarien d’s’attaquer à un carnivore. Histoire de chaîne alimentaire…

Attends mon pote ! Les détails arrivent. Excuse, mais moi j’aime à ménager mes effets. L’embrouille s’était cristallisée autour d’une rave party. On disait plus free party pour cause que les préfets géraient l’biz en sous main. Y’en a une qui était prévue à Vannes. Or, un p’tit juge du tribunal administratif avait mis l’feu aux poudres à la sulfateuse en suspendant l’arrêté de réquisition des terrains prévus pour la rave. Le préfet, qui était une préfète, était sous ordre direct du p’tit prince. Il lui avait soufflé que la décision du juge, il pouvait se la carrer où il pensait et où elle devinait qu’il pensait. Le Teknival aurait bel et bien lieu sur l’aérodrome de Vannes-Meucon ! J’peux t’dire que ça rigolait chez les michés et les minettes. Sarko, qu’i traitaient d’faf à tous va, leur mettait un bon coup de manivelle pour pas que la machine s’enraille et c’était pas la première fois. Il avait déjà tiré les marrons du feu du CPE. Malin comme un prince…

NOTRE PERE QUI ÊTES AUX CIEUX...


« L’croisé » croyait donc avoir flairé l’bon coup mais on peut pas dire qu’c’était un nez. Y’a pas d’ailleurs ! Le quidam parlait du blase. Pour lui, y’avait d’la plus value électorale à s’faire sur ce coup foireux… Il allait pouvoir s’en mettre plein ses fouilles et pouvoir blanchir le tout, faut dire qu’il aimait que l’argent blanc, pour encaisser l’tout au guichet d’sa caisse d’épargne de présidentiable. Il avait rendez-vous avec la gloire dans un an. Il le savait car il ne manquait jamais une messe et que Maurice G. Dantec dit « le québécois » et tout son gang street plumes fighters le soutenait corps maigres et âmes enfumées. Philou avait donc porté plainte contre l’petit prince : « ici, c’est pas la rue qui commande, c’est l’juge. On est dans un état de droit et surtout pas de celui d’organiser des rave party partout. ». Y’a pas à dire, ses couilles étaient gonflées à l’hélium. Il avait un melon d’enfer et j’parle pas que de ses positionnements politiques…

Un idéaliste psycho rigide qu’il était. Manque de discernement. La réalité, cette garce… Une main de fer dans un gant de fer, signé l’p’tit prince... C’était lui l’taulier et il rinçait pour tout son p’tit monde. Ça s’faisait sucer et taquiner les péninsules et pas qu’ibérique à l’œil. RG et MST mon pote ! Il avait des lettres le p’tit prince et avait bien retenu la leçon du vieux Machiavel : « le peuple n’aime pas être commandé ni opprimé par les gros ; le gros doit s’attendre à être abandonné par un peuple qui ne l’affectionne point ; les hommes étant d’ordinaire plus sensibles au bien qu’ils reçoivent de ceux dont ils n’attendaient que du mal… ». Les jeunes l’avaient dans l’pif. Le p’tit prince minaudait avec. Equation avec une invariable : la désaffection était sans appel... I pouvait toujours tenter, ça coûtait rien et il endosserait facile à l’occase le costume de la blanche colombe. Et faut être lucide mon pote : tu peux faire quoi contre un déferlement de jeunes festivus red bull sans muselières. Ext-easy mec, le trouble à l’ordre public (TOP) mon cul ! Tu l’interdis sur un terrain que tu peux contrôler vaguement et les mecs partent dans le premier champ venu ! Comme disait l’autre : y’a une ingratitude incompressible. C’est partout pareil, c’est pareil tout l’temps. Personne pleurerait sur le p’tit prince... Les jeunes cons retiendraient que les condés et légistes et stups alentour d’eux. Ça casserait forcément l’ambiance tôt ou tard. On pouvait plus éviscérer tranquille dans c’putain d’pays d’flics ! Ils pourraient quand même tranquillement fumer leurs clopes enrichis aux anxiolytiques naturels et halluciner sous chimie neuro boostante. De quoi qu’iz allaient s’plaindre, merde ! De toutes façons, le p’tit prince s’en battait profond. Sur la scène politique, les légalistes pouvaient pas gagner car lui était le principe de réalité, le circonscrireur du TOP…

"ET NOTRE LIBERTE D'O.D. MERDE ?!!!


En tout cas au CiGéBi, on s’plaignait pas. Les bouchons sautaient d’partout ! On était tous experts en chimie. Coco et soude caustique, cause toujours, toujours caustique. Tu vois pas l’tableau toi ! Par ici les talbins. On sentait la bonne faisande qui mijotait. On avait les papilles qui nous chatouillaient coriace. On s’y voyait. On envisageait même de s’ faire sponsoriser la turbine par l’Etat. On arriverait bien à leur faire comprendre que les raves chimisées c’était une denrée d’ Service Public. On avait plus qu’à ronger notre frein. Mais c’est jamais évident d’ patienter quand on attend…

LE CIGEBI


Philou, lui, connaissait pas l’adage du vieux florentin qui disait : « en politique, évite de faire dans l’ sincère surtout si t’as la tête en sky. ». Ce gus était une putain d’expérience chamanique hallu champi à lui seul. Une rave party mobile. I’s prenait pour un orfèvre et croyait qu’en plus de placer ses bénefs i pourrait même thésauriser du black ou le charteriser direction les banques suisses... Il misait sur des vieilles carnes et cette année, l’été promettait d’être chaud, caniculaire… Mauvais joueur… Les vieilles rombières d’la haute resteraient fidèles au p’tit prince. Des années de gringue derrière pouvaient pas les rendre infidèles. Elles avaient passé l’âge du butinage, elles continueraient à faire de l’œil à leur petit prince qu’elles pensaient gérontophile... A la vie, Allah est grand… Philou sentait l’roussi à plein nez... Le grisbi ça réserve toujours des coups d’grisou. Fallait qu’il schnouffe de trop pour s’oublier à c’ point. Mais y’a pas mon pote, c’est beau un mec qui monte au front médiatique sacrifier ses côtelettes pour ses idées surtout si elles sont ineptes et quand il joue de son violon d’Ingres comme d’une crécelle…

ON N'A PAS TOUJOURS LE TEMPS D'ECRIRE QUOI...


La fin, tu la connais. On s’est fait enflé, sur toute la ligne. On avait bien fait passer la cargaison dans les chiens mais la douane volante a serré tout le CulturalGangBang. Ça s’est fini en nœud d’boudin : les chiens en cage à Gennevilliers, et nous on vous écrit d’la Santé surpeuplée. On mourra tous mais en bonne santé et d’notre vivant bordel !

5 commentaires:

  1. Ah, Ah!!

    Quelle plume... Mais quel polar!!!

    Bien le CGBi en Romanzo Criminale.

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  2. Waoooooow quel reporter de choc !

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  3. Biensur certains savent déja de quel coté j'aurais voulu etre !

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  4. Je parlait de la première photo ! Bon j'arrète de parler je m'enfonce là !

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  5. Machiavel raconté par Audiard... J'aime...

    Quant à finir à la Santé, ce n'est pas mal. Il y a du beau linge, de quoi remplir son carnet de bal. Et le quartier (pas seulement le VIP), est sympa. Manque juste un peu de superettes, pour les oranges...

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