16 juin 2006

Abdallah Hasboun, cavalier de l'orage impérial



N’en déplaise à Jamel Deddouze, le plus grand acteur français depuis qu’il a arnaqué Claude Berri en demandant un pourcentage sur les entrées d’Astérix, il y avait des soldats musulmans dans l’armée française plus d’un siècle avant la 1er guerre mondiale. Pire, ils étaient volontaires ! Et dans l’armée du Hitler de Claude Ribbe, Napoléon ! L’histoire n’est décidemment pas très politiquement correcte.
Le 21 juillet 1798, devant les pyramides de Gizeh, un jeune Syrien de 21 ans, né à Bethléem, chargeait avec les 10.000 cavaliers Mamelouks de Mourad Bey les carrés des soldats français du général Bonaparte. Le moyen age rencontrait les canons des lumières. Ce fut un désastre pour la cavalerie turque qui fut étrillée par la mitraille française. Notre syrien s’en sortira vivant. Il s’appelait Abdallah Hasboun. Si Mamelouk veut dire homme acheté en arabe il faut savoir qu’ils étaient enlevés enfants et élevés en soldat esclave. Malgré leur écrasante défaite, Bonaparte fut tellement séduit par leur folle bravoure et leur panache qu’il décida de les incorporer à son armée. Nombreux furent les volontaires qui, comme Abdallah, le suivirent en France, le virent devenir 1er consul, puis empereur et entrèrent dans la cavalerie de sa garde impériale. L’histoire a oublié qu’ils ont sabré la garde impériale russe à Austerlitz, habillés de la même tenue chamarrée qu’aux Pyramides. Ils vont s’égrainer comme un collier de perles durant toutes les campagnes de l’Empire et, leur nombre allant décroissant, on incorpora à leur régiment des français au visage peint. Certains, comme Abdallah, tirèrent le cimeterre jusqu’au bout. Il était des 75 Mamelouks de la campagne de Russie et parvint à en revenir vivant malgré le froid polaire et la cruauté des cosaques. Décoré de la légion d’honneur et monté au grade de chef d’escadron, il se rallia même à Napoléon en 1815 alors que le plus célèbre des Mamelouks, Roustan, avait depuis un an abandonné l’empereur déchu. Mais à 39 ans, ses nombreuses blessures l’empêchèrent de servir et lui évitèrent le désastre de Waterloo. Il assista, quelques mois après, au massacre de ses compatriotes par les royalistes à Marseille et s’en tirera lui-même une fois de plus le sabre à la main. Mis en demi-solde, il montera à Paris à l’âge de 64 ans voir les cendres de son Empereur entrer aux Invalides et finira sa vie en France, en paisible grand père. Sa nombreuse descendance vit toujours dans le midi.

6 commentaires:

  1. Cet article est beau. J'adore ce genre d'histoire et surtout à cette époque épique.
    Atlantis, conaissez-vous les cahiers de Jean-Roch Coignet ? Une merveille du même genre.
    Merci beaucoup.

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  2. Jolie note historique captivante.

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  3. Jean Roch Coignet je vous prépare un petit article dessus mais pas tout de suite. Il ne faut pas abuser des bonnes choses ! Merci pour les encouragements.

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  4. Passionnant!
    De plus je me trouve porter le nom Hasboun, mais ma branche de la famille semble avoir émigré beaucoup plus tard en France (aux alentours de 1900). Avez vous des précisions sur son histoires, ses origines, et ses descendants, probablement cousins, su sud de la France?
    Merci pour le voyage en tout cas!
    Benoit HASBOUN

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  5. Bonsoir

    Abadallah Hasboun était issu d'une famille chrétienne patricienne de Bethléem. La plupart des mameloucks d'origine syrienne qui se sont enrolés dans l'armée de Bonaparte étaient d'ailleurs des chrétiens.

    Il modifia son patronyme "arabisant" en un patronyme d'aparence aristrocratique: d'Asbonne

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