28 septembre 2012

L'Evangile selon CEJI

Ce jeudi, Maurice G. Dantec était à Paris, au Cercle des cosaques et nous non. Du coup on a replongé dans nos archives et exhumé le compte rendu d'une des précédentes apparitions de Dantec.
Date de parution initiale : 28/05/06.
Et la précédente ici



Grande première, on a reçu un manuscrit au CGB. Un manuscrit unique. Un témoignage daté de l'an de grâce 46 après MGD. Un texte Zorglubien, un Évangile apocryphe en marge du canon des apôtres désignés, les Ringers D.K's style.
Espérons qu'un jour le métaprophète chassera les marchands du temple Zorglubien.

Décodage de la dernière apparition de Méta-Momo dans notre bonne ville de Paname, le 10 septembre 2005.

Evangile selon Céji.

Samedi 10 septembre 2005, Dantec était en preach promotionnel à la Cigale : « La Littérature ou la Mort : in Spiritus Sancto et Igni » mes frères…
La messe, organisée par les éditions Albin-Michel, à l’initiative de l’apôtre de « l’impossible », David Kersan, se voulait une rencontre de « partage dynamique » avec le lectorat du « prophète », une soirée feedback dont la date n’était pas anodine : veillée commémorative du nine-eleven, anti-fête de l’Huma, au choix. La religion et ses symboles… Veau d’Or et culte de la personnalité…

La passion du Mo

La passion de Mo, dans l’offrande d’un concert rock insipide et d’une vidéo hypnotique de l’écrivain : une anesthésie sensorielle pour préparer la transe, l’hystérie collective, l’extase, un état de conscience modifié emportant l’écoute optimale, l’adhésion inconditionnelle, le moutonnage fanatique…
Et Maurice G. entra dans la lumière, vêtu de noir, une cravate grise au cou.
D’une voix vacillante, il dit : « Ceci est ma dernière apparition en public ». Evangile ?! Mais « I will be back ! ». Il dit : « les petites hyènes de l’Internet », « les RMIstes professionnels », « les chihuahuas de la critique » : « la race canine a plus d’avenir qu’eux ». Il les conchia les impies de la contradiction, les racines de son mal. Il détourna Debord, l’anti-prophète : « Ce monde où le faux est devenu un moment du vrai, ultime ruse du Diable… »…Hérésie maquillée d’œcuménisme… Imposture prosélyte ne réduisant pas en cendres le feu ignifugé de feu Guy : « In girum imus nocte et consumimur igni »… La démagogie on his way : hosanna !

Déclaration de Mad Mo

Il dit : « Nous sommes ici car nous sommes venus en Paix (…). Nous sommes ici car nous sommes entrés en Guerre (…). Cette guerre est le réveil de la paix ! ». Sa guerre à lui, l’éveillé aux Eyes Wide Shut : le clone mondial number IV… Momo, le rabbi catho, l’investi, la parole faite chair…
Elle s’incarna en Alexandre Del Valle, un zélote zélé de l’UMP, entièrement voué à la défense de la civilisation judéo-chrétienne… Le tonnerre gronda dans les applaudissements de ceux qui goûtaient le Verbe souillé de verve politique : l’« islamophobie » est un terme profane « inventé par les trostsko-staliniens » du Temple, soutient de circonstance des « Verts de l’Islam islamiste ». Il parla du martyr des critiques de l’Islam quand il est « quasi obligatoire de cracher sur la culture judéo-chrétienne ». Ils évoquèrent la Turquie, dirent de la repousser dans sa quête conquérante de l’UE. Le simulacre politicien cita Erdogan : « La démocratie est un moyen pas une fin ». Il dit alors : « Cosmos Inc » pourrait bien être prophétique… Puis : « Dantec défend les Juifs, les Américains et l’Eglise catholique alors que ce n’est pas dans le ton ! ». Il se tourna vers le Maître et dit : « Je m’incline devant Maurice G. Dantec »… Momorice, l’icône…

Les mots en Mo

Certains questionnèrent le rabbi catho. Ses réponses commencèrent toutes par « Ouais, okay. Bon j’vais répondre clairement, j’vais l’dire cash, okay ? ». Mais il fut souvent obscur, nous égarant dans des phrases exponentielles, semblant se perdre lui-même dans les circonvolutions de ses références catholiques incessamment assénées… Humblement, admettons que le Maître nous dépassait de ses « Bon Okay alors Averroès dit, mais pour être plus clair Maistre disait… ». Certains en perdaient leur araméen…
Sur son écriture de l’au-delà, il dit : « Par moments, je traverse une membrane, tu vois ? C’est clair ? Mais je ne suis ni fou, ni saint ». Ni fou, ni saint… D’esprit ! Il dit : « Le livre sert de virus pour qu’un certain état de mon cerveau pénètre dans le vôtre »… L’homme nous guidait de sa grosse tête… Le Führer-virus…

Guerre sainte en Mo

Il conta aux fidèles, la guerre Sainte contemporaine. Il parla d’une valise d’uranium tombée dans les mains d’Al Qaïda, une masse critique à destination de quatre grandes villes américaines, quatre comme les quatre cavaliers de l’Apocalypse… Il dit : « Je pense que l’Islam est une hérésie ; ça veut pas dire que je veux envoyer tous les Musulmans au bûcher (…). Mahomet était présent au mauvais endroit au mauvais moment. ». Il ajouta et les fidèles en frémirent : « Je pense que ça va mal finir pour l’Occident et ça va commencer par ici. ».
Du livre musulman, il dit : « Quand je lis le Coran, ça me pose un problème (…). L’Islam prophétise rapidement par le sabre. ». Pour lui, les croisades étaient loin mais si proches : mémoire sélective de l’Homme... Du Jardin d’Eden irakien, il dit qu’il était « Un bourbier infâme créé par la France ». Il nous enseignait, nous qui croyions le bourbier à New Orleans et le désert, affaire de la CIA… Kersan lut du livre « American Black Box » (sortie prévue pour janvier 2006) : « l’Irak est désormais une puissance arabe indépendante »: pas un mot des attentats quotidiens et de l’occupation...


En Mo majeur

De ses amis saints américains républicains, il dit : « La putana diplomatique Villepin/ Chirac a causé une fracture (…). Je ne remettrai pas les pieds dans ce pays tant qu’on n’aura pas compris ce qu’il se passe ». Un païen hurla : « Déserteur ! ». Il lui dit et nous dit, joignant son index au Verbe, nous menaçant du courroux divin : « Faites attention, il ne faudrait pas 6 min aux EU pour prendre la France »… Le « catho du futur » semblait penser posséder le pouvoir de frapper… Le maître avoua alors : « Moi, j’ai faillis me convertir à l’Islam ». Un frisson d’horreur parcourut la salle et certains se signèrent nord, sud, ouest, est. Il poursuivit : « J’ai été converti au catholicisme par un mort : Léon Bloy »… Il dit, enfonçant les clous de sa défense de la super puissance US : « Le machin qu’on a tenté de me faire signer commençait par Nous la Majesté des Belges quand la Constitution américaine commence par We People ». Il ne dit rien sur cette Constitution corrompue, qui avait laissé Bush être élu malgré sa défaite…

Mo d’amour

Un homme habité par le Verbe du Maître s’avança et dit : « Je crois en une possibilité dans le monde inhumain d’une inversion par l’amour ». Le rabbi catho pleura de derrière ses lunettes noires devant tant de lucidité et de compréhension pithiatique. L’amour, arme de destruction massive… Puis, une femme brava la fin du sermon, lui assénant une diatribe anti-francs-maçons américains. L’homme répondit : « J’m’en fous de tes histoires maçonniques, tes histoires j’en ai rien à foutre ! T’es où ? T’es où ? ». La succube répondit : « Oh, vous pouvez pleurer, malheureux ! ». Les fidèles tremblèrent devant cette Sainte Colère… Et le prédicateur nous quitta fou de rage. Et nous le quittâmes, inquiets et repentants...

Maux de la fin

Il dit à un moment « On n’est pas là pour faire du show-biz ». On a pourtant vu un spectacle mystique ampli de folklore apocalyptique, de raisonnements orientés, partiaux, d’une fermeture réelle à la contradiction en écho à un discours spectaculaire de Christ Rédempteur. Dantec combat selon lui une idéologie, pas des hommes. Il ne combat pas des hommes mais a choisi son camp : il s’est converti au catholicisme, une idéologie, son médicament, et a endossé l’armure du chevalier partant à la conquête de la Nouvelle Jérusalem… Il prône le dialogue interreligieux, l’armée américaine à son poing… Le messianisme armé qu’il dénonce. Transcendance zéro. Dantec est un acteur du Spectacle qu’il dénonce.

Si on doit crever par le feu nucléaire de l’Apocalypse : Let it be. « C’est le Saint Esprit qui décide » non ?!...Ta tranchée de banquise québécoise, loin du champ de bataille, sera ton Golgotha Momo, mais toi, tu seras de dos. I will not be back…

5 commentaires:

  1. Mon avis de français d'en bas: Pour moi Momo est un artiste déjanté, pas un politicien et encore moins un théologue ni un philosophe.

    Je l'aime bien parce que je ne le prend pas au sérieux, je trouve qu'il permet de susciter un débat et c'est cela qui m'importe.

    Il est rock'n'roll et c'est ce que j'aime dans le personnage qu'il s'est créé. (Je juge la forme et non le fond, le système américain n'est pas pour moi un idéal se société).

    Sinon article vraiment bien écrit, bravo.

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  2. Moi aussi j'ai de la tendresse pour Momo. Le coté rock'n'roll, le coté touche à tout meme (surtout) à ce qui le dépasse...

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  3. La phrase sur le show-biz est la même que celle prononcée par Van Damme sur le plateau du loft...

    Van Damme le vrai métaprophète c'est lui!

    Bien écrit!

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  4. Excellent...
    J'y étais en plus...

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  5. On peux espérer qu'il abandonne ses délires maintenant qu'il s'est libéré de son gourou Kersan : http://gonzai.com/maurice-g-dantec-entre-fiction-et-simulacres/

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