13 mai 2006

Inc. O Errance.


Les médias intarissables sur la banlieue quand ça y brûle… Sinon, faut bien le dire, c’est un peu chiant d’en parler. Y’a bien un viol ou un mort par balle de temps en temps, ou encore un mort par immolation mais entre temps, c’est un peu morne, morne comme une banlieue morne un dimanche… Alors on parle plus généralement d’immigration, d’intégration et on invite Enrico Macias à venir s’exprimer… En période de chaos urbain, c’est pas Enrico qu’on invite pour se branler à se demander pourquoi et nous expliquer le comment de ce pourquoi. En période de chaos, c’est le rappeur qu’on invite. Et chaque émission a son témoin underground commercial privilégié (Kool Shen est chez lui à Canal).
Le rappeur qui a cartonné en disant que ça allait péter, le prophète de l’asphalte, la balance de circonstance qui vient nous expliquer combien la France qui l’a starisé est raciste et injuste. Le rappeur : le sociologue plus sociologue qu’Emmanuel Todd, le sociologue urbain dans le bain…

Le rappeur, le sociologue de fait donc, coulé dans le béton, élevé au chichon et au Al de Niro… Le rappeur, le mec de banlieue qui a peut-être lu un livre (on parle d’un référentiel média pas de notre point de vue à nous que les choses soient claires ! On parle d’incohérence rigolote et pas de qui a raison ou qui a tort ! Ou plutôt on parle de mecs dans le même bain mensonger.)… Le Peura, l’art urbain qui monte au créneau pour balancer. Balancer qui ? Ah ben en ce moment c’est Marine ou Sarko. Sarkoface, le mec qui leur marche sur les plates bandes… Les Peurs-rats sont vénères !

« C’est clair » Sarko a le « touché nique ta mère » (NTM) et les rappeurs, ils aiment pas trop la concurrence du babtou qu’est aux affaires à l’intérieur et qui veut la leur faire à l’envers. Pourtant, le Sarko, c’est le Tony Montana, le Carlito du gouvernement : il se laisse pas emmerder et va au feu cash ! Souvenez-vous un peu de Sarkoface évoluant au milieu des projectiles et des insultes comme un requin au milieu d’un banc de bandits. Le temps nous dira s’il deviendra un jour une icône du rap… Nul n’est prophète en territoire ennemi…

« Va faire un tour dans les banlieues, regarde ta jeunesse dans les yeux, toi qui commande en haut lieu » (NTM).

Sarko l’a fait et il s’est fait recevoir… Mais Sarko a mal parlé de la bouche, oui, il a parlé de kärcher à La Courneuve dis donc, dans le contexte d’un petit garçon français d’origine maghrébine qui venait de se prendre une balle perdue, retrouvée dans sa tête… C’était tellement mal de parler de kärcher pour la petite salope dealer de stup qui a tiré à l’aveuglette… La France, ce pays des droits de l’homme où les droits des victimes même appartenant à des minorités et ce, malgré l’arsenal arsenic Gayssot, sont bafoués…
Les rappeurs « t’as vu ou quoi ?! » ils ont entendu kärcher, (mais on peut élargir à tout ce putain de Show Biz et plus encore) et ils l’ont montré du doigt cash cash : « il est pas gentil cet enculé dis donc ! ». Les rappeurs qui en ont appelé à la mesure, la censure. La même censure qu’ils disent endurer dur (la recherchant cela dit), la même censure gayssotienne qu’ils approuvent au détour d’une phrase du borgne, et la même mesure dont ils font montre quand ils nous susurrent aux oreilles leurs « sacrifices de poulet » (Ministère Amer), leurs « conneries » qui leur donnent envie de « shooter un ministre » (Assassin), leurs « nique la police » (NTM), ou leurs « allons à l’Elysée brûler les vieux» (NTM). Les rappeurs ont été offusqués, outrés des propos orduriers de Sarkoface quand eux-mêmes ne peuvent aligner trois mots sans dire « nique », « putain », « suce », « enculé », appeler au meurtre, à l’émeute et pisser sur la France ou les « yeux bleus » (Raggasonic).

« Le champs (faute) est libre comme l’air, toujours le même calibre mes chers confrères, dans la main pour tuer et ne plus dissuader quelques fils de putain en travers de notre chemin » (La Rumeur).

Les rappeurs dénoncent dans leurs sons qu’on nous estampille citoyens, Sarko qui se fait sa maille sur l’insécurité et ça, c’est leur bizzz à eux. Faut tenir le terrain.

Exemple : le sulfureux groupe La Rumeur donc venant minauder sur le plateau de Fogiel il n’y a pas si longtemps encore. Les « mots qui leur viennent » : « et oui je siffle la marseillaise et je te baise », « quitte à porter le chapeau quand on m’auditionne, autant porter le chapeau comme Al Capone », « plus ils nous empoisonnent, plus je leur empoisonnerai leur vie, heureux dans mon cliché », « entourés de michetonneuses à nos bras, si putes, si soumises et heureuses comme ça », « mes rimes sont belles comme des scènes de pillage », « et que la polémique rapplique, je suis habitué, parce qu’elle taffera pour moi comme une prostituée ». Hé la Rumeur : c’est qui les putes ? Qui qui fait dans le cliché pour se faire du blé et des meufs ?
Ces rappeurs ne dépassent pas les bornes qu’on leur a imposées et ils se font de l’oseille sur leur misère. Leur gagne pain : la misère… Et celui des mass médias. Jeu du chat et de la souris. Souriez pas les mecs : un gangbanger, ça sourit ap.

« Avec ce qu’il faut sous le lit, insoumis » (113).

Les rappeurs pas contents de se faire traiter de « racailles », quand eux-mêmes revendiquent ce statut : incohérents comme les lycéens anti CPE fustigeant les CRS qu’en tout se passe bon enfant et clamant la complicité des mêmes CRS quand les racailles investissent le troupeau de leur connerie utopique.
Rappelons que pour être un bon rappeur, il faut :
_ être grossier et haineux.
_ avoir l’air mauvais.
_ croire en la violence, la prôner.
_ être anti-flic-caille primaire.
_ fumer des tonges.
_ avoir un casier judiciaire (même négligeable), une petite expérience en garde à vue pour être au garde à vous des contingences de l’image bad boy : la crédibilité man.
Contre exemple, MC Solaar qui a mal fini pour tous : chanteur de variétoche aux Enfoirés. Ou Doc, aaaahhh, le Doc. Le mec qui a annoncé la couleur direct et qui est resté fidèle à lui-même : « moi je suis là pour faire de la thune et baiser de la meuf. ». Respect à toi.

Les cats se mordent la queue jusqu’aux boules. Ils demandent du respect en « niquant tout » (Fonky Family) dans leurs sons. Dur. Le respect ça commence par celui qu’on se porte à soi-même. Faire la brebis dans le troupeau des moutons noirs… Un putain d’idéal ! « La Téci qui nous ment » (Kool Shen).

« Quand les médias se font le relais du pouvoir alors que leur but c’est qu’on puisse tout voir » (Kool Shen : yeah !). Et quand la génération « funky Tacchini » (NTM) donne du grain à moudre à TF1… Du grain à mordre !

Bref, c’est beau d’entendre Diziz balancer son discours politiquement correct chez Ardi, propre sur lui, chaussures en croco aux pieds. Diziz, maintenant dans le show biz-bises, lui, va pas se tirer une balle dans sa pompe en croco alors qu’il est devenu parvenu : intelligent le keumé. Mais il a bon dos de chanter « J’suis un jeune de banlieue ! ». Kool Shen lui toujours relativement lucide dont le « dernier round » recèle quelques bonnes phases lucides. Assagi Kool, plus mature dans l’expression (quoique encore très scato), plus pertinent dans ses argumentations, sans démagogie, fataliste : « ça mène des vies de cailles, où tout le monde se lève pour la maille, faut bien reconnaître que ça va pas plus loin et que ça demande pas plus de soin, une banlieue qui meurt on s’en fout du moment que ça pue de loin ». Oh Kool ! T’as dit caille ?! Kool malheureusement n’échappe pas au paradoxe : lui qui est contre le téléchargement. Et oui, il nous l’avait dit y’a longtemps face à une perfidie ultra démagogique du gros Guillaume Raoult : « Hé oh, mais j’suis pas mère Térésa moi ! ». Kool, ton problème c’est le hiatus entre tes lyrics et tes discours chez la mère Denisot…

« De toutes façons y’a plus de boulot, les jeunes sont saoulés, le système a la tête sous l’eau (…) Laisse pas traîner ton fils si tu veux pas qu’il glisse, qu’il te ramène du vice » (NTM).

Le rappeur n’est pas un sociologue : il est parti pris (tiens ça me rappelle Bourdieu...). Il n’est même pas un rebelle comme il le prétend. Il n’aspire qu’à se faire aspirer par le système, qu’à être récupéré, intégré, digéré et chié, comme tout le monde : « Appelle ça la chance ou bien le destin » (Kool S.). D’ailleurs tous appellent au vote désormais ! Trop fort ! Le rappeur assène sa vérité et Sarko assène la sienne, les mêmes à quelques nuances près : chacun cherche la baston, chacun fait exister l’autre, chacun kaïra, chacun capitaliste pur porc, chacun complice, chacun kaïpitaliste... Duel de démagogues, dialogue de sourds, monologues d’autistes… Et ça se sert mutuellement la soupe dans laquelle chaque camp a craché. Mot de la fin pour Kéry James le rappeur humble : « Il faut cesser le feu ».

NB : « la brigade canine te castre le pit, les juges sont occupés à libérer les violeurs de gamine (…) Les bourreaux sont au 36, le P 38 sur le bureau, tolérance zéro au palais de justice » (113). Histoire de poids, de pèse et de mesures… Histoire de pertinence aussi parfois… Rappeurs on vous aime bien quand même au CiGéBi…


2 commentaires:

  1. Mouais tu fais dans l'amalgame aussi, il n'y a pas que les rappeurs qui se plaignent de s'etre fait traiter de racailles, il y a aussi des jeunes qui n'ont rien fait sauf peut etre galerer un peu plus que les autres. Ils se retrouvent dans le meme sac, et puis un rappeur peut dire ce qu'il veut il ne fait pas parti du gouvernement. J'ai trouvé la plupart des articles pas mal mais celui là je l'ai trouvé con...

    Sur ça en particulier: "incohérents comme les lycéens anti CPE fustigeant les CRS qu’en tout se passe bon enfant et clamant la complicité des mêmes CRS quand les racailles investissent le troupeau de leur connerie utopique."

    quel est le boulot d'un flic assurer ta sécurité, on est d'accord, il ne sont pas là que pour protéger cette minorité d'élite qui nous gouverne, ils sont à leur service mais ne doivent pas uniquement servir à les proteger eux et leur institutions. la greve est dans la constitution, le fait qu'on soit en democratie fait que ça se passe generalement assez bien. Une question me vient à l'esprit:"comment se fait il qu'une police frappe, gaz, matraque plus facilement un groupe de jeunes pacifistes qui se fait du soucis pour son avenir et celui de son pays, qu'une bande de casseurs qui vient casser de l'etudiant, du lycéen, du magasin?

    D'un coté on nous parle d'amelioration de la sécurité, mais de l'autre on laisse faire les casseurs mais on matraque les étudiants. Est ce que c'est pour donner une leçon à ces petits gauchistes? Faites vous agresser ça vous fera adhérer à l'ump, meme mieu au Fn. Bref c'est ptetre pas si grave, comme tu sembles vouloir nous le faire entendre qu'un premier ministre parle de karsher, de racaille... mais ils sont ou les karcher quand nous on se fait agresser? c'est parce qu'on pense differement qu'on n'a pas le droit à une protection? D'ailleurs comme on pense pas pareil cette protection qui nous est due se transforme en repression??!


    L'autre jour je me suis fait gazer à bout portant par un flic, pourtant j'ai rien dit de mal, son collegue frappait un pote menoté à terre, et j'ai dit que monsieeur sarkozy qualifierai ça d'une attitude de racaille et que je savais pas qu'il y en avais dans la police.


    Félicitation, quelle plume, et ce n'et pas ironique.

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  2. j'ai oublié un détail, s'appeler "racaille" entre pote, c'est possible parce qu'il existe une certaine complicité entre ces agents ou acteurs(t'as l'air d'y tenir à la sociologie) en fait mon frere il peut m'appeler sale branleur parce que c'est mon frere, si c'est un prof c'est pas pareil.

    Tu vois koi^^

    Les rappeurs partis dans le show biz ça à le mreite de nous rappeler que les opressés sont fait de la meme boue que les opresseurs. Je te trouve séver avec Kool, je pense que c'est un bon gars, quand tu le compares à joey starr maintenant, il ne fait pas aussi VENDU.

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