13 novembre 2017

Pornographie mémorielle



Merci, un peu plus sur la droite.

Au milieu des années 80, dans un climat toujours pesant de guerre froide finissante, un chanteur anglais pour ménagères s'interrogeait et espérait que les russes aiment aussi leurs enfants. Dans sa chanson Russians, Sting remettait ainsi en doute les grands discours des acteurs principaux (Mr Kroutchev, Mr Reagan) et préférait remettre ses espoirs de paix entre les mains des peuples, qui vivaient depuis plusieurs décennies sous les menaces d'apocalypses nucléaires régulièrement brandies par les premiers cités. Ce ne serait pas venu à l'idée du bêlant d'interroger les liens filiaux ou paternels de Kissinger, de Béria ou de Staline, de savoir si tel ou tel chef de guerre, coupable de crimes contre des populations civiles en Angola, au Vietnam ou en Afghanistan; était une fois l'arme lourde froide, un bon fils aimant. De réunir bourreaux et victimes dans l'amour qu'ils pouvaient porter à leurs fils ou à leur maman.


Les temps ont changé. Sting lui-même est venu il y a un an chanter Inchallah aux survivants du Bataclan pendant que Jesse Hughes (chanteur des Eagles of Death Metal) était refoulé à l'entrée. "il y a des choses qu’on ne pardonne pas " a tonné le propriétaire de la salle de spectacles. On ne saurait mieux dire, dommage qu'il se soit trompé de cible.

Les temps ont changé et deux ans après les attaques, alors que des zintellectuels de gauche pétitionnent contre un Charlie Hebdo soupçonnant la moustache d'Edwy Plenel d'expansionnisme pileux, Les chaines infos nous informent des bouleversants échanges entre un terroriste (qui vient d’exécuter des innocents) et sa maman juste avant l'intervention de la BRI mettant un terme prématuré à la couscous party en cours.

13 novembre : "Je t'aime", les derniers mots d'un kamikaze du Bataclan à sa mère
Via Skype, Foued Mohamed Aggad a envoyé plusieurs messages d'adieu à sa mère, alors qu'il retenait une dizaine de personnes au Bataclan.

"Je t'aime". Ce sont les derniers mots d'un kamikaze du Bataclan à sa mère, le soir du 13 novembre 2015, quelques minutes avant l'assaut final de la BRI. Foued Mohamed Aggad, qui retenait une dizaine de personnes à l'étage du Bataclan, a utilisé le téléphone d'une d'entre elles, pour communiquer avec la police, et pour faire ses adieux à sa mère, d'après les informations de RMC. À 23h55, il lui envoie, via Skype, un "Je t'aime".

Ce à quoi sa mère, qui n'a pas de nouvelles de son fils depuis plusieurs semaines, répondra tout de suite : "Tu es là waldi ["mon fils", en arabe NDLR] ? Le kamikaze dit alors qu'il s'apprête à "bientôt rencontrer Allah", lui demande de faire une prière et de contacter sa femme. "Waldi, je t'aime", enverra la mère. Ce à quoi Foued Mohamed Aggad répondra, "moi aussi", son tout dernier message.

L'assaut de la BRI est lancé cinq minutes plus tard, à 00h18. Le terroriste est touché d'une balle, avant que la charge de sa ceinture explosive ne se déclenche. Le téléphone a été retrouvé maculé de sang. Le 13 novembre 2015, au Bataclan, 90 personnes ont été tuées par l'un des commandos jihadistes.

(source RTL, qui a dans un élan de décence ou devant les commentaires outrés décidé depuis de retirer l'article. On retrouve toutefois la même chose chez BFM que rien n'arrête et qui en plus a eu le bon gout de retrouver la victime compatissante :

Le téléphone qu'il a utilisé pour contacter sa mère est retrouvé taché de sang par les enquêteurs sur une marche d'escalier. Foued Mohamed Aggad l'avait pris à une otage pour négocier avec la police. Cette femme a pris connaissance des messages l'an dernier, lorsque les enquêteurs l'ont appelée pour déverrouiller l'appareil. Elle dit avoir été "bouleversée" en découvrant les derniers mots du jihadiste à sa mère, "bouleversée en tant que maman", a-t-elle précisé, avant d'ajouter "mon mari qui était aussi présent au Bataclan ce soir-là, a lui pensé à tous ceux qui n'avait pas eu le temps de dire au revoir à leur parents".


Ce qu'oublient de nous préciser les journalistes, c'est la différence fondamental(iste) entre le terroriste et les autres personnes qui n'ont pas eu le temps de dire au revoir à leurs proches ce soir là : Lui a décidé de mourir et lui a mis fin à la vie de ces personnes. Il était venu pour ça et a plutôt bien réussi sa soirée. Il était venu mourir et tuer, les autres écouter un concert.

La population française s'est déjà pliée à toutes les injonctions, toutes les redditions. De minutes de silence en marches blanches, de chansons de boy-scouts en "je suis terrasse", de "vous n'aurez pas ma haine" en bougies et fleurs, de "pas d'amalgame" en vote Emmanuel Macron. Ne sommes nous pas assez morts vivants, n'acceptons nous pas assez comme nous le rappelait Manuel Valls "que d'autres attentats surviendront", que "d'autres innocents perdront la vie" ? Il nous faut aussi compatir aux échanges entre les bourreaux et leur famille, l'arme à la main.
Des innocents ont été tués dans des concerts, aux abords des stades, dans des gares, dans des trains, à l'épicerie, dans les locaux de leurs journaux, chez eux, dans leur église, en regardant un feu d'artifice, en marchant sur un trottoir et pourtant il ne s'est rien passé.
Que veut-on de plus de nous ?

2 commentaires:

  1. - What do you expect me, Dr No ?
    - Nothing Mr Bond. I just expect you... to die !

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  2. Philippe Murray concluait son Chers Djihadistes (2002) par : "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts".

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