16 octobre 2017

Il faut interdire la musique !


J’ai été mis récemment devant la vidéo ci-dessous. A cette occasion, j’ai appris qu’un type nommé Grégoire existait, qu’il vendait des disques en tant que chanteur, quoiqu’il soit probablement le fruit des amours bruyantes d’un chacal enrhumé avec un troupeau de chèvres. Dans la vidéo, on voit que ce nasique joue dans le hall de la gare de Lyon où, depuis plusieurs années, un piano est mis à la disposition de la foule.


Un piano dans un hall de gare. Aucun espace civilisationnel au monde n’est plus bruyant qu’un hall de gare, entre les trains qui arrivent, ceux qui partent, entre les annonces des trois cents haut-parleurs, les cris des gosses, les vagissements des petits, les gueulements de chacun, le bruit des valises à roulettes, le piano apparaît comme l’élément indispensable pour faire de cet endroit atroce la légitime demeure de Belzebuth.



Les dirigeants de la SNCF ne prennent pas le train, c’est ce qu’il faut comprendre. A leurs yeux, la musique est donc censée plaire à tout le monde, simplement. Mais le piano ne fait pas la musique, pas plus que la djellaba ne fait l’imam, ni la truelle le maçon. Et souvenons-nous que tout le monde est susceptible d’utiliser le piano, y compris les musiciens atroces, y compris les non musiciens, y compris les manchots. Il s’ensuit que les dirigeants de la SNCF prennent sciemment le risque de déclencher des conflits meurtriers entre des usagers aspirant à la tranquillité, et d’autres, moins pacifiques, cherchant à faire le plus de bruit possible.

Et puis, on peut se demander pourquoi la SNCF choisit, entre les arts, celui qui se répand avec le moins de discrimination sur l’environnement. En effet, la musique étend sa puissance dans toutes les oreilles, même celles qui auraient besoin de se concentrer sur d’autres bruits, même celles qui écoutent DEJA une autre musique, même celles qui n’ont rien à foutre d’écouter une Lettre à Elise truffée de couacs. Il faudrait un arsenal de boules Quiès de très haute technologie (ou être sourd comme un pot) pour échapper à la tyrannie musicale.

Puisqu’elle prétend aimer l’art et le mettre à la portée de tous, pourquoi la SNCF n’installerait pas un chevalet, des toiles, des pinceaux et des couleurs dans le hall des gares, pour inciter les passagers à faire profiter le monde (en silence) de leur talent de peintre ? Pourquoi pas des blocs de pierre, des échafaudages, du mortier et des outils à la disposition de tous ? Les gens pourraient organiser des instants-architecture-impromptus et, au milieu du flux des voyageurs pressés, bâtir une petite chapelle, un escalier en colimaçon ! Si l’art est, dans l’esprit du temps, un surgissement de spontanéité illustrant le talent du premier venu (pianiste, mais aussi clampin prenant le train), pourquoi ne laisser que la seule musique remplir cette fonction ? Pourquoi pas des tutus, bordel de merde, pour faire danser les mémés ?


Certains domaines ne souffrent désormais d’aucune sorte de discussion. La musique est du nombre. La musique, c’est bien, le silence, c’est mal. Aux yeux du moderne, un bon silence vaut moins qu’une musique épouvantable, c’est ainsi. Comme une ancienne pute reconvertie dans la sainteté expiatoire, la musique n’a plus que des vertus. Comme telle, elle devient obligatoire, d’où la présence d’un piano dans un hall de gare.
Le sport est un peu dans le même cas, quoiqu’il demeure possible de le critiquer. Avouer qu’on ne fait pas faire de sport à son gosse, en revanche, vous transforme en gibier d’anathème. Il y a fort à parier qu’un de ces jours, en vertu des mêmes principes, la SNCF installera des barres parallèles ou un terrain de tennis dans ses locaux. S’il est alors permis d’exercer ses talents sportifs au milieu de la foule, j’espère qu’on me permettra de démontrer ce que je vaux au tir à la carabine.

1 commentaire:

  1. il faut en rapprocher ce que murray disait de a fête de la musique ( pardon, de la teuf de la zikmu)
    "c'est la célébration du bruit,lequel doit tout envahir ,tout noyauter, tout submerger , venir vous chercher jusque dans les chiottes"

    je résiste encore au port du MP3 ( mais pas de la M1 carbine, ha ha ) mais autour de moi , certains cinquantenaires se collent les petits écouteurs dans les oneilles ( comme disait père ubu) et se remplissent de junk muzik comme il existe de la junk food


    la muzak envahi tout

    jusque et y compris les locaux médicaux....salles d'attente,mais aussi salle d'examen
    paraît que c'est bien

    quelles sont les denrées qui vont rester chères et convoitées?
    le silence, l'espace et la solitude
    regardez le prix de l'immobilier, kes ki douille vraiment,vraiment ,vraiment?
    des lieux spacieux, bien insonorisés et loin de la piétaille
    regardez le prix des bagnoles
    lesquelles sont chères?
    celles dans lesquelles on peut allonger ses jambes, et où le moteur n'est pas assis à coté de vous

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