5 mai 2017

La tentation du bouton reset


Ballon dirigé
« Bataclanisation des esprits. »

Si Marine Le Pen a foiré son grand oral face à Manu le Macron mercredi 3 mai, Maître Dupont-Moretti, a, le lendemain sur France 2, magnifiquement redressé la barre. 

La campagne de Marine Le Pen est de l’avis de tous un ratage presque total – on pense notamment à ce clip de campagne digne d’une pub des années 80 pour Vania Pocket. Mais ce constat est établi sans que ne soit prise en compte la qualité de la campagne menée contre la Marinette, que nous appellerons dorénavant Yvette. 

Lutter contre, aura toujours consisté à lutter pour. C’est comme disait Baudrillard : « SOS Racisme signifie littéralement : sauvons le racisme. » 

Les contempteurs d’Yvette ne sont toujours pas sortis de leur pensée magique qu’ils pensent performative. On les voit invoquer le Diable à la flamme tricolore en mode derviche tourneur fraiseur, pérorant dédiabolisation du FN. Parfaits petits hystériques superstitieux, soucieux de ne pas blasphémer leur catéchisme humaniste, même confrontés aux pires des évidences. Insupportable. 


Insupportable car l’instinct de conservation ne peut y flairer que l'aveuglement, l'escalade d'engagement irresponsable, ainsi qu'une stigmatisation toute mathématique basée sur la loi d’exclusion aristotélicienne : vous n’aimez pas B, alors je ne suis plus  A, ce qui équivaut à dire  tout espèce de A est un enculé présumé. L’exact bilan de 30 années de politique antiraciste. Précisons à cet endroit que fustiger l’antiracisme politique ne consiste pas à promouvoir le racisme politique. C’est au contraire tout l’inverse, et vice et versa.  

Lors de l’Emission politique présentée par David Pujadas et Léa Salamé, l’inénarrable avocat à l’ego de montgolfière, hardi défenseur du Théo des 3000, ce menteur à l’anus rose-des-ventilés façon puzzle, a dit : « Attention à ce que j’appelle la bataclanisation des esprits. »

Bataclaniseurs des esprits
Le grand mérite de ce ténor du barreau ultra politisé gauche caviar et crème chantilly des droits de l’homme, c’est d’avoir pour la première fois lors de cette campagne, lâché le mot, le gros : Bataclan.

Fut-ce sous couvert d’un barbarisme. D’un effet de manche.

Bataclanisation. Qu’entend Dupont-T-Moretti par là ? 
On sous-titre : concept psycho-affectif tendant à mettre à l'amende toute volonté de riposte, de réplique, de défense personnelle.

Bataclanisation. Outre l’horreur du mot, l’atrocité de parader, en mode bretteur de la rhétorique au fleuret moucheté, sur les cadavres, corps et esprits mutilés des victimes du Bataclan, le concept de Dupont-Moretti équivaut à l’adoubement systémique  d’un libéralisme sauvage, intimant aux individus de rester passif en cas d’agression. 

Laisser faire, laisser passer. 

C’est comme aurait dit Jésus : « Tendez la joue gauche ». Sauf que d’aucuns exégètes du Christ ont souligné que la gauche était le côté obscur de la Force. RIP Momo Dantec, qui connaissait son Debord par cœur : dans le monde réellement inversé, la gauche est un moment de la droite de Dieu...
Le Macron de l'époque : "Jte laisse Jésus, je fonce à mon cours de Pilates."

Laisser faire, laisser passer. La joute qui aura opposé durant l'émission les experts éconocrach de Marine et Macron se sera également soldée par la récitation de ce mantra total-libéral à propos du rachat de Danone par Pepsi. Bernard Monod, stratège économique du Front, aura d’ailleurs marqué un point en assénant : « Pensez-vous que Barack Obama aurait laissé une entreprise étrangère racheter une entreprise américaine ? » Le fameux protectionnisme économique. Doublé à l’impérialisme culturel sans foi ni loi no limit, qui fait la marque de fabrique des States. Made in American Nightmare. En face Marc Ferracci : « Si Pepsi veut racheter Danone, eh bien on ne fait rien. » Laisser faire, laisser passer. Et ça fera forcément des bulles dans le yaourt : plans sociaux, délocalisations, et Merci pour ce moment Patron !

On imagine tout à coup Macron le banquier Président dire aux Français dès lundi 8 mai : « Vous êtes surendettés. Vous êtes dorénavant interdit bancaire. Les huissiers qataris passeront dès 6h demain matin pour la vente aux enchères de tous vos biens. »

Bombe Macronygène
Laisser faire, laisser passer. Peu ou prou la conclusion de Michel Houellebecq. « Les votes de classe existent toujours. Je suis aujourd’hui trop riche pour ne pas voter Macron. » Le deuil de son ami Maris, victime de Charlie Hebdo, est apparemment fait. Mais comment reprocher au dernier homme digne de l’étiquette d’écrivain français ce cynisme de classe ? Michel a au moins le mérite de rallier Macron sans les trémolos à moraline du no pasaran : tout pour ma gueule. En gros, Michel, l'écrivain de notre air du temps, l'Ennui, nous dit : laisser faire, laisser passer. On n’a plus qu’à faire comme Ponce, se mettre au Pilates, pour lutter contre le stress, c’est-à-dire notre incapacité étonnante et certainement pathologique à s’adapter à une pression qui monte à l' Xtrême...


Evidemment, personne ne souhaite la guerre. Ici. Maintenant. Pas même le désordre.
Tandis que notre paix repose sur des guerres, là-bas ou ailleurs, de jadis, naguère ou maintenant. Macron dit : « La colonisation est un crime contre l’humanité. » Il dit aussi : « On parle le français sur les cinq continents ! Je souhaite une France ouverte et conquérante. » Fieffé tartuffe. Guerre civile, guerre monétaire, guerre sociale. Toutes ces menaces ont été proférées par Emmanuel Macron le 3 mai. Autant de promesses de paix.
Faire barrage aux white walkers du Front National, n’empêchera pas l'inéluctable. Car c'est sûr : ma société va cracker.

Le Bataclan, c’est peut-être tout simplement le Futur venu nous hurler aux oreilles : J’arriiive !

Ne pas laisser faire, ne pas laisser passer. Natacha Polony a évoqué notre camisole consumériste, soulignant ainsi que la marchandise n’est pas qu’un capharnaüm de simples choses. Les biens de consommation sont porteurs de sens, de symboles, de processus de contention, de pavillons nationaux grimés aux couleurs de l’arc-en-ciel, de renoncement aux valeurs, celles qui n’ont pas de prix. D'isolement. La marchandise, comme une arme de domination culturelle ; qui ne connait plus de frontière. Nicolas Hulot de souligner le contexte global de saccage écologique. Concédons qu’il est difficile de ne pas associer ce dernier à un simple ambassadeur du tri aux vertus déculpabilisantes : la consommation must go on.
US Air Force 1

Laisser faire, laisser passer. Le super ordre travesti en get up stand up face au retour des zeureléplusombres par notre dictature économique à l’aspartame.

La source du chaos, présentée en clef du Paradis.

Laisser faire, laisser passer.

Justement, il ne faudrait peut être plus rien laisser faire. Ni rien laisser passer.

Nous sommes les hommes du loisir continu.
Nous sommes les hommes du plaisir perpétuel.
Nous sommes les innocents aux mains pleines.
Nous sommes... divertis. 

Tandis que bien des choses se passent. Que Macron n’arrêtera pas. Bien au contraire. Car quand un banquier d'affaires arrive aux affaires...

Quand j'entends vitupérer Dupont-Moretti, se la raconter Marc Ferracci, ou Houellebecq assumer sa sociale-traitrise, je sors la mallette avec le bouton reset... 

Ils ne comprennent pas que plus ils l'ouvrent, plus la dernière tentation du schisme.

Appuyer provoquerait-il le chaos ? Ou, le KO est-il irrésistible ? 
Tic tac tic tac tic tac.
Dimanche 7 mai : une simple question de timing ?  
Faites risette. 




5 commentaires:

  1. Je sais pas vous, et apparemment pas, mais j'ai pris les propos de Houellebecq au 36è degré.
    Mais bon, je suis ptet trop bienveillante.

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  2. kobus van cleef5 juin 2017 à 16:39

    perso, je suis trop riche pour voter macron

    ou trop élitiste

    c'est ça

    richesse intérieure,noblesse ( et pas la noblesse énarchique ,la vraie , celle de l'âme , la noblesse intérieure en somme ) oblige , y a une impossibilité à voter makhroud

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