12 novembre 2015

Un Monde pour Tous

Article proposé par un aimable lecteur.



Paris-Pékin, 500 euros. Il y a Mastercard. Pour s’agglutiner au milieu de foules obèses et torves à la queue leu leu sur la muraille de Chine. Un Starbucks avant de marcher vingt minutes, un KFC en redescendant, juste après la boutique de souvenir. La culture pour tous. La démocratie ma bonne dame. Walking Dead. On défile tel des zombies les uns derrière les autres, comme sur les Champs Elysées, comme à Chambord, comme partout où l 'on t’a dit qu’il fallait aller. Pourquoi? T’as pas vu l’écriteau? Fous-toi ta perche à Selfie dans le cul. Barrière de corail, des groupes de touristes japonais à la surface qui attendent que le moniteur leur amène les poissons exotiques avec des appâts. Service à domicile, mieux que Sushi Shop. Bientôt directement dans la piscine de votre hôtel en promo sur booking.com, plus besoin de bouger ton gros cul de CSP supérieure.

Visiter Rome sans avoir à connaître Caracalla ou Trajan, pas besoin. Des reconstitutions en carton pâte. Hollywood dans ta gueule. Tu sais même pas pourquoi t’es là. Pire, tu ne te poses même pas la question. Ces putains de Pygmées nous font chier à vouloir garder leur terre. Monsanto dans ta gueule, on les fout dans une réserve, et promo sur le tourisme pour leur balancer des cacahuètes… pour les protéger… Faut être Mandela les gars. Mais te renseigne pas trop quand même, il y a tout sur Itélé. Tourisme de masse, tourisme de merde.

Les Marchands du Temple sont dans la place. Pas une ville française qui ne soit encerclée par des « zones » en préfabriqué, pré mangé, pré consommé, pré vomi. Tout est bétonné. Tout est gris. Gris avec des couleurs flashy. "Super Promo !", "- 50 %"… Un monde qui brade, un monde où tout s’achète. Bientôt les ventres comme dirait Pierre Bergé. Mais pas les vagins ! La prostitution dégrade la femme nous dit Najat. Vagin non, ventre oui. Les FEMEN ? Voilà l’exemple de la femme moderne et indépendante. Faut être moderne, passe le balai pour l’égalité permanente.

Le migrant n’est qu’une main d’oeuvre, un bénéfice de productivité sans culture, sans passé, sans avenir. Comme toi petit autochtone au service de Martin Bouygues. « Mais regardez les statistiques BORDEL, ça rapporte de l’ARGENT ». Ah oui merde, je suis con. Ou fasciste selon BHL. Ah oui, car les mots non plus n’ont plus de valeur. Les dictionnaires rétrécissent. Le Français moyen n’utilise plus que 500 mots en moyenne. 1984, ça te parle ? Un roman ? Non, un mode d’emploi. Bientôt Fahrenheit 451. Consommation infinie, croissance éternelle, développement durable. Et si je veux pas ? « La Shoah, la colonisation, l’esclavage, les zeures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, Lextremedroate », tu es responsable de tout, et pour l’éternité entière. Sois Charlie bordel, bouffe des FEMEN dans ta gueule. Tiens, un PV pour excès de vitesse, paye tes impôts connard. Apprendre l’Histoire et la Philo à l’école ? Ça sert à rien trou du cul, t’as trois ans ? Apprend à faire un Powerpoint, sois productif bordel, sois l’avenir ! Tu gagneras de l’argent, tu achèteras des meubles IKEA et tu iras perdre tes dimanches chez Jardiland, Bricorama ou au Château de Versailles, c’est du pareil au même maintenant.

Les balades en forêt, c’est has been, on peut attraper froid, ou rentrer avec de la boue sur les godasses. Aseptisation du monde. Contempler les arbres ? Putain on va être en retard pour le bulletin de lobotomisation de Yann Barthes. Un monde pour Tous.

5 commentaires:

  1. Ouch ! ça fait mal ! mais quelle lucidité !
    Merci !

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  2. Si ça convient à l'équipe et aux lecteurs, je peux en proposer de temps en temps.
    Merci de m'avoir publié.
    Loic

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  3. allez , on va le dire
    le pire du pire c'est les parcours intelligents et interactifs dans les expos , ainsi que les commentaires audios pour les nenfants
    si si
    déjà qu'on parle aux adultes comme à des demeurés , je vous laisse penser comme on cause aux gniards.....
    les miens sont grands merci ( depuis 29 jusqu'à 25) mais lors de leur scolarité , c'était assez à frémir

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  4. J'ai enfin mis le doigt sur le "pourquoi" je ne sortais plus de chez moi. Du coup, je retourne lire mes vieux bouquins; il ne reste que ça.

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