19 octobre 2015

Nourriture d'évadés

Largo Winch 4 

Rien n’est plus triste que le spectacle de ce contrôleur de gestion ou de cet auditeur, le lundi matin dans le métro, qui pour différer la reprise imminente du travail, s'absorbe dans la lecture d’une BD de Largo Winch.

Largo Winch, XIII, leur dessin dépourvu de personnalité… trouvent leur équivalent cinématographique dans des choses comme StarWars ou Le Seigneur des Anneaux. Pour les personnes à faible imaginaire, ce sont là des fenêtres de fiction qui présentent l’avantage d'être facilement trouvables en tête de gondole ou en tête d’affiche, et qui proposent une folie tout à fait convenable et balisée. Imagerie standard, l’avenir de l’univers comme ressort du drame… Une pincée de violence et de sexe pour le cerveau reptilien, et vous obtenez là un véritable substitut de repas, facile à digérer et qui aide à mincir, pour les personnes trop occupées.

On a l'habitude de décrire la fiction comme une passerelle pour s’évader vers d’autres mondes. En l'occurrence, ce type de productions me fait moins penser à une échappée qu'à une opération de transvasement du cerveau d’une cage à une autre cage, le temps de changer la litière. 

Pour être totalement juste, il faut sans doute reconnaître à ces univers sécurisés le mérite de polariser l’attention des masses sur des productions qui, au moins, respectent les normes de conformité industrielle et environnementale, évitant de ce fait aux brebis de s’égarer vers des aliments moins inoffensifs, voire impropres à la consommation.

14 commentaires:

  1. Le scénariste de Largo Winch, Jean Van Hamme, a été beaucoup plus inspiré dans les années 80 avec SOS Bonheur. C'est à lire : https://www.contribuables.org/2014/12/les-risques-totalitaires-dune-carte-vitale-biometrique .

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  2. La raideur du trait dans XIII et Largo Winch m'a toujours frappé : c'est absolument sans vie, sans mouvement, sans âme, bref, sans talent. On sent l'oeuvre de tâcherons appliqués mais stériles. Pire encore, les histoires, dont les thèmes sont tout droit sortis d'un imaginaire des années 60 aujourd'hui périmé. Idôlatrie stupide pour Kennedy version Paris-Match dans le cas de XIII, figure grossière de l'aventurier-milliardaire pour Largo, lequel cumule une idée du luxe inspirée directement des pubs pour aftershave 90's à destination de la classe moyenne.
    Tout cela dénote une déconnexion totale d'avec la réalité de la part d'auteurs dont je soupçonne qu'il ne doive plus être de première jeunesse, et se sont fait un nom à la faveur de la disparition des concurrents authentiquement doués.

    Concernant le Seigneurs des Anneaux ou même les premiers Star Wars, je vous trouve un peu dur : on y trouve des thèmes héroïques très forts, et il s'y déploit un univers qui plonge ses racines dans un imaginaire européen authentique - même si je reconnais que le tout est parfois un peu noyé sous le déluge de mélasse hollywoodienne qui veut toujours en faire trop.

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    1. Très bonne description de ce qui me hérisse chez XIII ou Largo.
      Pour StarWars ou les Anneaux, je ne me sens pas capable d'une analyse plus approfondie. Je crois que je n'aime simplement pas ces registres et que je baille ou que j'ai honte chaque fois que j'en visionne au hasard 5 minutes.

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    2. C'est de la bonne bédé d'aventure.

      XIII, c'est superbe. Je relis en ce moment "toutes les larmes de l'enfer" et c'est super bien.

      Je vous cule.

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  3. Arno Klarsfeld et un champignon de Paris au Club Med Tunisie, la grande évasion quoi, ha! ça fait rêver.

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  4. Tagada Grand Vénérable de la Hype20 octobre 2015 à 19:41

    Je prescrits aux lecteurs fatigués e& blasés une cure salutaire de Vuillemin (éditions Echo des Savanes).

    Quant à moi, je me replonge confortablement, sous les lambris de mon salon Louis XIV d'époque, dans la lecture (consternante) du Petit Talmud illustré en BD pour les nuls, afin de complaire à mon nouvel ami (du moment) Manuel Valls et ses maîtres dont j'espère les bonnes grâces administratives pour une magouille immobilière de grande ampleur qui me tiens chèrement à cœur.... ;)

    Salut les ploucs ! :)

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    1. Bon dieu mais c'est normal qu'on ne bite jamais rien de ce que tu dis, ou pas ?

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    2. A Tagada : Un exces de mot ne fait pas un style.

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    3. Je pense que c'est normal, oui.

      (Ou alors, nous sommes deux anormaux, ce qui est tout de suite plus chaleureux.)

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    4. perso ,je conseille mossieur lechien dont les alboumes s'arrachent sur amazon

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    5. Les anciens valent le coup, oui.

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    6. ha "didier barco" ou "homme qui pleure et walkyries" tape bien aussi

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    7. Didier Barcco c'est très bon les premières planches, puis ça devient du portnawak.

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  5. La standardisation de ce genre de sous-produits "culturels" reflète bien l'image de ce monde où "l'ordre règne mais ne gouverne pas" (comme l'écrivait ce pauvre Guy Debord, entre deux instants de lucidité); ainsi, pour reprendre goût à un certain imaginaire personnel que l'on peut réinvestir personnellement (mais c'est de moins en moins aisé), il convient d'abandonner en s'en détournant, ce type de bouses. Après une purge cérébrale salutaire, on se plaît à croire que le monde, vraiment, majoritairement, est voué à la vanité d'une masse imbécile heureusement mortelle. Il faut aimer les cataclysmes pour apprécier certaines beautés inaccessibles, hein ?

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