2 décembre 2014

Révisionnisme orgasmique


Lisant un article dans la presse de masse, il est de plus en plus fréquent qu’on en vienne à se demander « mais qui, qui a écrit ce truc ? ». La plupart du temps, on tombe sur un nom inconnu, qui mériterait de le rester jusqu’à la fin des siècles. On se dit alors qu’on a affaire à un pigiste, ce qui n’est pas nouveau, dont le rédac chef n’a pas relu l’article, ce qui est inouï.

Ce n’est pas l’absence de style qui dérange le plus, ni l’art si particulier de se prendre les pieds dans le tapis de la langue française (la langue française est un tapis, oui, je l’affirme, je le décrète, car c’est mon choix !). Ce n’est pas la minceur de ce qui est dit, le flou du contenu informatif ni l’approximation qui règne en maîtresse. C’est la prétention à écrire absolument n’importe quoi en toute impunité.

Prenons un exemple sur le site du Figaro. Dans la rubrique Culture ( !), un articulet d’une certaine Violaine Morin veut nous apprendre quelque chose sur le soi-disant « mythe de l’orgasme de Meg Ryan », mythe qui, d’après elle, s’effondrerait. Meg Ryan + orgasme : on pense immédiatement au film Quand Harry rencontre Sally, et l’on voit mal a priori pourquoi parler de mythe.
Des innocents ont-ils vraiment cru que Meg Ryan avait pris son pied, là, sous les yeux de l’équipe technique, après avoir entendu « action » ? Non. En fait, Violaine Morin nous explique un truc réellement incroyable (je dirais même plus : unbelievable !) : pour cette scène, Meg Ryan a été… dirigée. Oui, lecteur pantois, reprends ton souffle, la nouvelle mérite d’être relayée de par le monde, elle renverse totalement le paradigme copernicien. Meg Ryan a eu recours aux conseils du réalisateur du film qui lui a montré ce qu’il attendait d’elle dans cette fameuse scène. Avoue, lecteur époumoné, que ça te cisaille le mandrin ! Enfin, si la Morin y a trouvé matière à étonnement, c’est qu’elle doit être bien jeune. Elle décrète toute seule qu’il y avait un mythe, et qu’il s’est effondré. Or, le seul truc qui soit effondré dans cette histoire, c’est moi.

S’il ne s’agissait que de cela, je n’aurais pas quitté la créature splendide qui me versait de la vodka en chantant un air de Julie London pour pondre un texte offusqué. Il y a plus grave. La Violaine ne saurait se contenter de dire n’importe quoi sur le cinéma, il faut encore qu’elle contextualise n’importe comment ce petit film charmant que fut Quand Harry rencontre Sally. Elle ose prétendre que ce film (une comédie romantique calibrée par Hollywood pour plaire au plus grand nombre, ne l’oublions pas) fut révolutionnaire, qu’il choqua le bourgeois, et qu’il fit irruption dans un monde puritain qui ne regardait pas ces choses-là en face. « Le plaisir féminin est assumé, indépendant de l'homme, il se moquerait même de sa prétention à connaître la sexualité des femmes. Plus encore, le sexe est porté de façon décomplexée sur la scène publique, ce qui est encore inconcevable dans l'Amérique des années 80. » Inconcevable, le sexe, dans l’Amérique des années 80 ? Mais qui, qui a écrit ce truc ?

On nage en pleine surinterprétation, et en plein révisionnisme cinématographique ! A trente ans de distance, voilà qu’on essaye de nous faire croire qu’une comédie romantique a pu rencontrer un tel succès populaire alors même qu’elle montrerait le sexe de façon « inconcevable ». C’est absurde et contradictoire. Si le public plébiscite massivement un film, c’est forcément que ce dernier ne bouleverse rien de bien sérieux. Michel Piccoli témoigne que le public de Cannes a littéralement craché sur les comédiens de la Grande Bouffe lors du Festival 1973. Ça, c’est du bouleversement, Violaine ! Quarante ans plus tard, nombreux sont ceux que ça bouleverse encore. Et moi qui écris ce texte alors que la créature splendide susnommée est en train de se barrer par ta faute, moi je peux témoigner que dans la petite salle où je vis Quand Harry rencontre Sally à sa sortie (le Bellecour, à Lyon, remplacé depuis par une putain de banque), tous les pépères de famille présents et toutes les mémères à chat se plièrent simplement de rire lors de cette excellente scène. Je n’ai vu aucun mouvement hostile de la foule, aucune fatwa publique, aucun scandale du tout, aucune révélation d’une vérité cachée de siècle en siècle !


Ce que les Violaine du monde entier essayent de nous faire croire, en fait, c’est que l’homme, cet incurable salaud, a passé son temps à dominer sans partage la femme, sa femme et toutes les femmes. A la lire, le « plaisir féminin » et la liberté ont dû naître dans les années 1990, quelque chose comme ça… Elle oublie que, sans même remonter à Aristophane, la littérature médiévale est remplie de cocus, que ces cocus sont toujours des hommes, que les femmes et leurs amants ont toujours le beau rôle au détriment du mari, comme l’amour au détriment de la loi, (et Molière en prolongea la règle) et que cela doit bien avoir un lien avec les mœurs anciennes. Il y a déjà plusieurs siècles que les hommes sont présentés comme ridicules vis-à-vis de la puissance sexuelle réelle des femmes, on n’a pas attendu Meg Ryan pour ça.

Oh, je n’accuse pas Violaine Morin de pratiquer un réel révisionnisme historique, elle n’en a sans doute pas les moyens. Elle dit des conneries simplement, comme avec naturel, par ignorance et confusion. Comme elle croit aux balivernes colportées par l’idéologie dominante de notre époque, elle les répète à tout bout de champ et s’appuie dessus pour étaler sa petite prose. Elle imagine le passé comme une sorte de XIXème bourgeois éternel, avec des gens bien élevés, rosaire en mains, qui chipotent pour savoir de quel côté se doivent mettre les petites cuillères et surtout, avec des femmes jouant comme à la parade un rôle de victimes pantelantes. Elle imagine peut-être que les caricatures de bigotes sont un reflet fidèle de la réalité, et qu’avant les années 1960, les gens faisaient des enfants en se tenant à distance les uns des autres. Elle devrait lire Rabelais, elle devrait lire Chaucer, Boccace, Casanova et bien d’autres.

On aurait tort de reprocher à quelqu’un de ne pas connaître le Moyen-âge, mais on peut tout de même réclamer qu’il ne dise pas trop de sottises sur un genre aussi contemporain que le cinéma. Faire croire que le sexe était tabou dans le cinéma des années 80 finissantes, c’est oublier que le sexe est OMNIPRESENT dans le cinéma depuis ses origines et que les scandales qu’il a suscités n’ont servi qu’à son triomphe. La scène bon enfant de Meg Ryan n’a provoqué rien d’autre qu’une franche rigolade. Après Salò ou les 120 journées de Sodome, après le Dernier tango à Paris, après l’Empire des sens et même les Valseuses, elle n’eut aucun rôle « subversif », et c’est justice. Du reste, sans même aller chercher dans les films « sulfureux », souvenons-nous d’une scène « à la Meg Ryan » dans l’excellent Klute, d’Alan J. Pakula, où Jane Fonda semble prendre un plaisir intense avec un type… tout en consultant furtivement sa montre. Un détail, Volaine : Klute est sorti en 1971.

Mine de rien, comme personne ne les contredit jamais, ceux qui prétendent que montrer « du sexe » en Amérique dans les années 1980 était inconcevable font un réel travail de sape. Aux lecteurs les plus jeunes, aux lecteurs inattentifs ou à ceux qui ont perdu tout sens critique, ils laissent penser que cette connerie de modernité a commencé avant-hier. Par extension, ils insinuent qu’il est quand même formidable de vivre aujourd’hui en profitant d’une liberté que les décennies passées n’auraient même pas soupçonnée.

Ce qui est révoltant dans cette présentation grotesque du passé, c’est son succès dans les têtes vides qui nous entourent. Il y a quelques jours, un type d’une quarantaine d’années m’a affirmé que les ouvriers qui construisaient les cathédrales étaient des esclaves. Ce couillon pensait sincèrement qu’ils n’étaient pas payés et devaient travailler gratos sous peine de coups de fouet. Ce genre de représentation doit sans doute beaucoup à l’histoire partisane que la Troisième république a enseignée. A l’époque, après deux Restaurations, la monarchie de Juillet et le second Empire, il s’agissait de faire croire que l’Ancien régime était une sorte d’enfer, surtout en comparaison des bienfaits républicains. Tout ce qui le représentait (aristocratie et clergé) devait être absolument débiné, sauf bien sûr les très anciens Gaulois qui, pour la bonne cause, devinrent nos ancêtres à tous. Et cent cinquante ans plus tard, on en est encore à croire à ces conneries, que le Moyen-âge fut une sorte de période noire, où les gens vivaient comme des bêtes, dans un hiver et sous une pluie perpétuels ! Ce que fait Violaine Morin participe de cette mécanique : mi parti-pris, mi ignorance. Elle veut nous faire croire que l’ancien régime des rapports entre hommes et femmes ne fut qu’une sorte d’esclavage machiste dont nous serions sortis, en gros, depuis Harry et Sally !


Revenons-en à la littérature médiévale, et rencontrons-y des femmes, des vraies !
La bourgeoise de Bath est un des contes de Canterbury (XIVème siècle). Il narre l’histoire d’un chevalier condamné à mort pour avoir violé une jeune fille (peine plus sévère qu'aujourd'hui, mesdames!). Il obtient un sursis pendant lequel il devra découvrir ce que veulent les femmes. Après bien des aventures, il trouve enfin la réponse : les femmes veulent universellement dominer leurs maris et leurs amants.

« (…)Que Jésus nous donne
Des maris dociles, jeunes, actifs au lit,
Et la grâce de pouvoir surenchérir.
Veuille Jésus, aussi, raccourcir la vie
Des maris rebelles au règne de leur femme
Quant aux vieux grincheux, lents à la dépense,
Que Dieu leur fasse vite attraper la peste. »

Pour conclure par un fabliau médiéval savoureux, le célèbre Débat du cul et du con, où le con nous raconte les hommages que tous lui rendent. Au fait, c’est une chatte et un trou du cul qui causent, là, Violaine !

« Je faz agenoiller les contes,
Les chastelains et les viscontes
Les evesques et les abez
S’i sont maintes fois aclinez »

Et pour qu’on ne vienne pas me dire qu’on a attendu les années 1980 pour nous parler de sexe et de plaisir au cinéma, revoyons une scène de Extase, de Gustav Machaty, 1933, encore une histoire de cocufiage. Le sexe, on n’a pas attendu avant-hier pour en parler parce qu’on n’a pas attendu avant-hier pour y penser. Ça fait même deux cents mille ans qu’on ne fait que ça !



33 commentaires:

  1. Tagada Grand Vénérable de la Hype2 décembre 2014 à 02:36

    Allons l'ami, sacrebleu! Ne sais-tu point que le Figaro est (piètre) littérature de vieilles personnes fort âgées qui n'a d' égal dans l'aberration que "Libération" & son immonde complice "le Monde" qui, eux, s'adressent à un public de vieux bourgeois soixante-huitards confits dans leur propre bêtise auto satisfaite de parvenus bien-pensants (le portrait de mes riches amis tiers-mondistes & mondains).

    A ton âge, tu ne devrais pas lire pareilles conneries; au même âge que toi, je m'instruisais en lisant des bd pornos & Hara kiri. Aujourd'hui je suis un vieux banquier radin du genre crapule mondialiste (comme tous les banquiers) & par ma banque je finance en secret tous un tas de trucs louches tout en tondant mes clients les plus modestes hi hi hi!

    Y'a-t-il un lien de cause à effet avec mes lectures passées? Seul le Très Haut le sait. J'ai pour seule excuse d'avoir été formé (formaté?) par l'Ecole Publique (ceci explique peut-être cela).

    Le but des médias d'informations n'est pas d'instruire le Public mais de flatter sa bêtise & sa naïveté pour mieux l'endormir. On le sait depuis longtemps mais les braves gens (la plèbe-quelle horreur!) s' obstinent à se gaver de journaux d'infos frelatés. A qui la faute? A Public idiot journalistes idiots: cqfd! :)

    N'ai-je point déjà écrit récemment en ces lieux que l'ancêtre du keyboard warrior est le journaliste et que le seul point de détail (calme-toi Jean-Marie) qui les sépare est la carte professionnelle de journaleux...

    Le féminisme est une création artificielle fin XIX ème siècle de mes patrons les Illuminati (l'Elite sioniste plaqué or-les veinards!): sur le mode "Khaos ab Ordo" il s'agissait de porter la division au sein de la Société pour mieux la miner en dressant la Femme contre l'Homme, l'épouse contre le mari, la fille contre son père. Extirper la Femme de son foyer pour mieux la mettre à l'usine ou sur le trottoir. Maximisation des profits & des recettes fiscales!

    Le modus operandi: comme toujours, flatter la bêtise égocentrique de la cible en faisant croire aux femmes qu'elles étaient "victimes" de l'oppression machiste. Succès garanti au-delà de toutes espérances! :)

    De nos jours, il s'agit pour les médias d'infos de nous faire croire que le métissage est la panacée universelle du XXI ème siècle et que le métis est l'übermensch absolu!

    Problème: les noirs, les arabes & les autres ne veulent pas se métisser. Mais il n'y a pas de raison qu'ils ne se fassent pas couillonner par la propagande mondialiste comme les blancs, ces braves couillons pleins de bons sentiments. Là est le rôle des médias & leurs journalistes claque-talons: la propagande, l'art de vous faire accepter ce que vous n'accepteriez pas de votre plein gré.....

    En ce qui me concerne, pas question que je me métisse avec mon petit personnel de maison: noblesse oblige! :)

    cum assentatores stoliditate dum missarum maxime fiendish somnia

    Voici pour vous régaler, petits veinards défoncés au Red Bull coké, l'interview posthume de Aaron Russo, producteur hollywoodien, mort d'avoir trop approché la Vérité de ce bas-monde:

    http://www.youtube.com/watch?v=1qYuX7yRBPo

    Le genre d'interview que vous ne verrez jamais dans vos journaux préférés! Verbötten! :)

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  2. Trollade en solde que ne mérite pas ce bel article.

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  3. dans le même genre, en Août BFM a diffusé un sujet sur le centenaire de la guerre de 14, en expliquant doctement que la France a dû affronter la triple alliance de l'Allemagne, de l'Autriche Hongrie, et de l'Italie (!!!!!). Sur une chaîne nationale !
    En fin de reportage, explications sur l'apparition de la guerre dans le ciel, en 14-18, ce qui est vrai, et sur les ravages causés par les bombardements sur Londres...en 1918 !!!!!!

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    1. Sur les bombardements de Londres en 1918, rien d'incorrect, les Allemands avaient les avions pour (et qui attaquaient Paris aussi, pour aider la démographie: https://www.youtube.com/watch?v=ThVa4YvBRQI).

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  4. Le CV de la gourdasse dépasse toutes mes espérances :
    http://www.journalisme.sciences-po.fr/eleve/index.php?option=com_cv&task=edit&id=600

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  5. dites tout de suite qu'elle mériterait l'orgasme bande de fieffés machos ! Hum.

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    1. Je vous en prie, jeune homme, pas d'attaque personnelle ! Pas de ça ici !!

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    2. "je vous demande d'arrêter !"

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  6. Ah ça... Je crois l'avoir déjà raconté ici mais tant pis : une chose que je garde à jamais en mémoire, c'est la réflexion lancée par une cruche alors que je digérais d'un pique-nique ensoleillé au bord du grand canal du château de Versailles. Tandis que l'un de nous glosait naturellement sur le grandiose du lieu, la cruche avait cru bon d'ajouter quelque chose comme "En même temps, quand on a pour le faire une main d'oeuvre gratuite et corvéable à merci..."
    Sur le moment je n'ai pas voulu quitter ma confortable position allongée pour lui coller un pain au milieu de la figure, mais aujourd'hui je le regrette : ça en valait la peine.

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    1. et t'aurais pas pu la tirer!
      tu serais rentré à la maison avec la queue sur l'oreille , comme la cibiche du manard
      mieux valait la jouer hypocrite , pour pouvoir la miser sévère

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  7. L'article de Violaine n'est certes pas brillant... mais eh! Sade était encore censuré par le pouvoir pompidolien! Et puis, ok, avant les gens baisaient, mais en cachette! Il y avait bien une police des braguettes.
    Passe chez moi, je t'embarque dans ma machine à remonter le temps et je te présente ma grand-mère version 1954. Tu vas voir!

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    1. Tu as déjà lu Sade, eh connard ? Tu trouves que c'est une littérature qui mérite d'avoir des citations dans le métro ?

      Tu n'as pas remarqué que Sade était un pervers sexuel et un prédateur, que ce qu'il écrivait ne devait pas être mis entre des mains trop jeunes ?

      Le fait qu'on l'ait embastillé de son vivant est à mettre au compte de l'honneur de la noblesse française. Les pays (comme l'Angleterre, pour ne pas la citer) où l'on laissait ce genre de monstres (pédophiles, abuseurs, tortionnaires de toute sorte), battre librement la campagne et se livrer à des orgies infâmes sur de jeunes orphelines ou des enfants des rues pour leur délassement et leur bon plaisir, au seul prétexte qu'ils avaient du bien et des titres, les pays soit-disant "civilisés", et même soit-disant chrétiens, où la noblesse laissait faire cela à certains de ses membres, sont des pays que l'Histoire retiendra comme n'ayant nullement participé comme ils l'auraient dû au progrès de l'humanité à une époque où normalement les beaux esprits et les gens bien-élevés en Occident auraient dû avoir pour eux-mêmes ce genre d'exigences.

      Quant au fait de baiser en cachette. Vous pensez peut-être qu'il faut le faire sur la voie publique ?

      Exhibitionniste, dégénéré soixante-huitard de merde, va !

      La liberté sexuelle aujourd'hui, c'est celle des gosses à se masturber précocement sur tout et n'importe quoi - et en particulier du super-trash. Mais, perdus dans ce capharnaüm d'images destructrices, qui ruinent les sens, l'émotivité, les goûts et les âmes, la solitude des cœurs atteint des degrés jamais vus. Avant que de penser les relations humaines en termes de sexualité, il faut les penser en terme de relations tout court. Les jeunes gens qui ne sont pas amoureux ne devraient pas se voir poussés à la baise par les adultes. Les adultes n'ont pas de toute façon à se mêler de la sexualité des jeunes. L'amour a besoin d'intimité, d'obscurité, de mille précautions de pudeur pour éclore...

      L'amour est une chose fragile, sauvage et farouche, dont on ne fait pas impunément l'article dans les journaux et les tribunes politiques, en hurlant des lieux communs comme une poissonnière : ceux qui en parlent le plus le connaissent le moins, en général. L'amour est enfant de bohème, il n'a jamais jamais connu de loi : cela veut dire ce que ça veut dire. L'amour n'a certainement pas besoin de l'autorisation de monsieur le maire, de monsieur le sous-préfet, de l'assemblée nationale et de monsieur le curé pour exister ! Au moins nos grand-mère avaient l'avantage intellectuel et moral de savoir ça. Aujourd'hui l'on est devenus si bêtes, si ignorants des choses de l'amour, qu'on ne le sait même plus. On demande à ce que l'amour entre telle personne et une autre soit "reconnu", qu'on lui reconnaisse des droits, des allocations, des status, et tout le fourbis ! Les allocations et les status sociaux c'est bon pour protéger la famille, quand il y a une famille, pour éviter que les petits enfants qui naissent d'un couple ne crèvent la dalle, pour qu'ils aient autant que possible leurs parents auprès d'eux, un toit au-dessus de leur tête, des vêtements propres et ne se retrouvent pas placés en institution comme orphelins. Mais la famille n'a pas tant rapport qu'on le prétend avec l'amour. Du moins l'amour qui cimente une famille n'a strictement rien à voir avec l'amour passionnel qui fait que les amoureux des bancs publics s'aimantent et se tirent dans les coins pour s'embrasser.

      [...]

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    2. [...]

      L'hypocrisie de la famille traditionnelle consacrée par monsieur le maire et monsieur le curée, qui repoussait l'amour hors des liens du mariage, dans les alcôves secrètes, dans les garçonnières, dans les hôtels, entre illégitimes, entre maîtresses et amants, était une hypocrisie moins hypocrite que la vôtre, la soixante-huitarde qui consiste à confondre allègrement l'amour filial/paternel/maternel, avec l'amour marital (qui, s'il fallait le décrire, à l'état "solide" serait plutôt une sorte de mix entre l'association animale, la bonne camaraderie, l'échange de bons procédés et l'amour platonicien/chrétien), avec l'amour passionnel/romantique/courtois et l'amour (qui n'en est pas vraiment) des pervers sado-masochistes en tous genre. En réalité nous avons-là des "objets" qui portent occasionnellement le même nom d'amour _ par convention bourgeoise, pour ne pas choquer le monde, on leur donne le même nom _ mais qui sont aussi éloignés entre eux, du point de vue de leur nature profonde, que le sont une pomme à cidre et une machine à laver.

      Ici je m'adresse à tous les thuriféraires de Sade : l'amour entre un vieux beau qui encule et des jeunes "Justine" et "Justin" qui se font enculer, en réalité, il faut le dire une fois pour toute, il n'existe pas !

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    3. l'anonyme qui répond à Steppenwolff petit zob en mode clash4 décembre 2014 à 23:34

      "Tu as déjà lu Sade, eh connard ? " Et toi, pauvre pelure, tu as déjà lu Céline?
      T'as lu que je parlais de coucher sur la voie publique? Pintade! Je n'ai pas pu lire le reste. Tu es vraiment bête.
      PS: C'est ta mère qu'est enfant de bohème!

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    4. Cette mollesse dans l'invective... lol ! Faut arrêter la tisane de gland, mon vieux. Je devrais vous apprendre à m'insulter, à la façon de Cyrano de Bergerac... mais ça m'ennuie d'avance. C'est que j'ai autre chose à foutre, mine de rien.

      "Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
      On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
      Gnagnagna.. etc. "

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    5. "L'amour est une chose fragile, sauvage et farouche"
      ma jolie petite chose, le caniche des steppes... allez couché!
      Paco

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  8. En fait de "scène culte", la photo de début d'article ne laisse pas deviner si la Meg jouit ou si elle ronque sur une chaise.

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    1. elle est prête à éternuer
      et elle va vaporiser des glaires naso pharyngées sur son vis à vis

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  9. @ Beboper qui a écrit l'article que nous commentons :

    « (…)Que Jésus nous donne
    Des maris dociles, jeunes, actifs au lit,
    Et la grâce de pouvoir surenchérir.
    Veuille Jésus, aussi, raccourcir la vie
    Des maris rebelles au règne de leur femme
    Quant aux vieux grincheux, lents à la dépense,
    Que Dieu leur fasse vite attraper la peste. »

    Si je tombe sur une femme qui pense comme ça dans mon entourage, je ne la prendrai pas pour une femme libre mais pour une immonde grognasse. Les femmes ne sont pas exemptées de se comporter comme des êtres humains, c'est-à-dire de faire preuve de charité et d'empathie. Tout vrai féminisme devrait commencer par là : il ne s'agit pas de dire que les femmes sont des hommes comme les autres au sens où elles doivent porter elle aussi le pantalon, la pipe et la bite, mais au sens où : /On ne naît pas homme, on le devient/.

    La phrase de Simone de Beauvoir : "On ne nait pas femme, on le devient." est un immondice intellectuel sans nom. Elle exclut encore une fois, mine de rien, et sans y paraître, les femmes de l'humanité en supposant que ce que l'on est en droit d'attendre d'elles dans le ciel des idées est ontologiquement différent de ce que l'on est en droit d'attendre dans l'absolu des hommes.

    Alors, bien sûr, le fait est que notre société attend des hommes qu'ils se soumettent à qui porte l'argent, à qui porte puissance, à qui consomme le plus et le mieux, et sait offrir les meilleurs accessoires (bling-bling en métal précieux ou bling-bling intellectuel) au statut social qu'il veut pour son égo. Notre société veut ainsi des hommes "libres" qui portent toutes sortes de bijoux (des colliers de chiens) sur lesquels on peut lire leur degré de compréhension amoureuse et soumise au système. Nous vivons dans une société où le winner est celui qui fait sienne - avec émerveillement et joie, s'il vous plaît ! - la devise suivante : "tout se transforme - même les vices et les tares -, tout a un prix - pourvu qu'on trouve acheteur -, tout se consomme - pourvu qu'on en crée le besoin -, tout se vend - le prix se négocie."

    [...]

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  10. [...]

    Une femme qui entre dans ce moule a évidemment toutes ses chances de "winner" (verbe transitif). Et il n'est pas faux que les femmes ont des capacités plus grandes que les hommes à entrer dans ce moule par les temps qui courent. La raison n'en est pas bien compliquée : on a ici affaire à un système qui demande des esclaves, c'est-à-dire des gens doués de mentalités serviles. La femme a été habituée à servir l'homme et à être considérée comme une mineure pendant des millénaires (voire des millions d'années) : elle a une facilité plus grande à adopter un esprit servile, c'est-à-dire à soumettre sa dignité et son esprit critique à un maître, que l'individu de sexe masculin qu'on éduque encore traditionnellement chez nous pour qu'il devienne maître de lui-même, doué d'esprit critique et libre.

    Or il est bien évident que le philosophe et l'humaniste ne peuvent vouloir pour l'Homme (c'est-à-dire pour l'homme comme pour la femme), d'une telle destinée servile. Ces exigences que ma société a à mon propre endroit, je ne les souhaite pas même à mon pire ennemi, (car elles ne pourraient le rendre que plus méchant).

    A présent, pour revenir dans le coeur du sujet qui était de poser la question : "Que devons-nous attendre des femmes ?", il me semble qu'un esprit philosophique véritable, qu'un humaniste au sens plein et généreux du terme, ne peut rien attendre idéalement de mieux de ses sœurs en humanité qu'une certaine élévation intellectuelle et morale, qu'une forme de grandeur dans le courage des idées et la puissance des sentiment, une certaine sensibilité esthétique, une certaine tendresse et un certain sens de la fraternité, y compris vis-à-vis de leurs semblables du "beau sexe". Ce qui signifie que dans tous les cas, même s'il s'agit encore et toujours de trouver femme à aimer et femme à courtiser, on ne peut vouloir non plus pour les femmes qu'elle aient un esprit servile - car, comme le montre le poème moyennâgeux choisi par Beboper, l'esprit servile est bas, utilitariste et méchant - et on ne peut idéalement attendre d'elles autre chose que de leur voir développer les mêmes qualités de coeur et d'esprit que l'on attend d'ors et déjà des hommes.

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  11. N'oublions pas ce film des années soixante-dix (par ailleurs impossible à regarder tant il est ennuyeux), Sweet Movie et la scène où la jeune Carole Laure s'astique langoureusement la moniche dans une mer de chocolat fondu : l'une de mes plus belles suées d'adolescent.

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  12. Heu, non, le coeur de ce que je voulais dire, c'est : arrêtez de nous prendre pour des bleus, les femmes n'ont pas attendu les féministes du Figaro pour être des femmes, pour se défendre dans la vie, pour avoir une place dans la société. Que cette place n'ait pas été fondée sur l'égalité mais sur la complémentarité, c'est l'évidence, et je laisse à chacun le soin de décider si l'une vaut mieux que l'autre.
    Quant à la question de la sexualité, je pouffe : la baise non plus n'a pas attendu qu'on la répande à la télévision pour déployer son règne sur terre. Tout le monde a toujours baisé, dans toutes les positions, et sous tous les prétextes, j'affirme ! Cro-magnon tirait ses trois coups par jour, et en plus il tuait des bisons à coups de poing ! (J'ai pas compris l'innocent dont les références "remontent" à 1954, mais s'il veut nous impressionner, il va falloir qu'il nous en dise plus). D'une manière plus générale, j'ai les plus grands doutes sur l'excellence comparative de notre époque sur les autres. Quand on commence à regarder dans le détail, on ne constate que l'inverse : tout était mieux avant.

    STEPPENWOLF : " il me semble qu'un esprit philosophique véritable, qu'un humaniste au sens plein et généreux du terme, ne peut rien attendre idéalement de mieux de ses sœurs en humanité qu'une certaine élévation intellectuelle et morale, qu'une forme de grandeur dans le courage des idées et la puissance des sentiment, une certaine sensibilité esthétique, une certaine tendresse et un certain sens de la fraternité, y compris vis-à-vis de leurs semblables du "beau sexe"."
    J'avoue ne pas être un esprit philosophique, paaaas du tout... En effet, j'attends de mes soeurs en humanité tout ce que mes frères ne peuvent pas m'apporter, et cela a presque exclusivement affaire avec le sexe. L'amour, le sexe, les papouilles, tout ça... Les enfants aussi, bien sûr (j'irais jusqu'à affirmer à la face du monde que pour faire des enfants, on n'a jamais rien trouvé de plus efficace et de plus agréable que les femmes!)
    Mais sur les autres champs, le champ moral ou intellectuel dont tu parles, elles sont pour moi "en concurrence" avec les hommes, et je n'attends donc rien d'elles "en tant que femmes", mais en tant qu'individus.
    Ce n'est que mon point de vue, mais je le trouve super.

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    1. Sacré Beboper ! J'ai toujours autant de plaisir à te-vous lire. Pareil pour les autres.

      En passant, pour compléter l'excellente bibliothèque esquissée il y a un billet (qui me rappelle mon infériorité comme lecteur, mais l'orgueil et ma vanité me sauvent), jeter un coup d'oeil sur "Une autre philosophie de l'histoire" de Herder serait opportun, sinon distrayant. Il y déclare que la lumières des Lumières assèche tout, que les époques passées ont connu leur façon d'être heureuse, destinée à nous être étrangère puisque nous avons notre façon à nous de l'être. Le fond de l'argument, si je me rappelle bien, est théologico-leibnizien : Dieu a bien fait le monde, donc aussi les époques passées, avec leur individualité à elle. Certes, on est loin du CGB.
      Là où il devient CGB-compatible, c'est dans son absence de valorisation du présent (ou de l'actualité) et de toute doctrine du progrès sûre d'elle-même. Au point de douter du caractère raisonnable de la rationalité (le genre de truc assez malin que les horribles salopards de tout poil aiment bien eux aussi, parce que ça nourrit leur absence de réflexion). Avec des images de bon ton, mais provoc'.
      Bon pasteur, je crains qu'il n'ai même jamais jeté un œil sur les pages de votre excellent site.

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    2. "Il y déclare que la lumières des Lumières assèche tout, que les époques passées ont connu leur façon d'être heureuse, destinée à nous être étrangère puisque nous avons notre façon à nous de l'être"

      Voilà, c'est ça. Et tout est dans tout, chaque chose a sa place, tout se transforme, tout se consomme, et tout pour le mieux dans le meilleur des mondes, mon cher Baron Tundertentronck !

      "Là où il devient CGB-compatible, c'est dans son absence de valorisation du présent (ou de l'actualité) et de toute doctrine du progrès sûre d'elle-même"

      Mais oui, bien sûr qu'il est possible de rendre "CGB-compatible" le relativisme moral des serpents à la Attali ! Tu vas trouver, tu vas y arriver, tu y es presque ! ^^

      "le genre de truc assez malin que les horribles salopards de tout poil aiment bien eux aussi, parce que ça nourrit leur absence de réflexion"

      Ben oui. C'est d'ailleurs pour ça que tu aimes.

      "Avec des images de bon ton, mais provoc'."

      Voilà. Tout ce que tu kiffes, en gros.

      "Bon pasteur, je crains qu'il n'ai même jamais jeté un œil sur les pages de votre excellent site."

      XXXXXX ça veut pourtant dire Pasteur en allemand, si je ne m'abuse ?

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  13. Beboper, vous êtes bien un musicien. Aucune logique, rien que de l'affect.

    Il n'y a aucune contradiction logique entre votre point de vue et le mien (un peu comme la dernière fois, en fait), mais il faut absolument que vous fassiez comme s'il y en avait une. Pour sauver les apparences, ou que sais-je... Enfin bon, je ne comprendrai jamais ce genre de façons, cette impossibilité à acquiescer simplement avec le sourire, ce besoin d'avoir raison uniquement dans la solitude et la position infantile du contrepieds.

    Moi je suis content quand je trouve enfin quelqu'un avec qui être d'accord ! - c'est tellement rare. Mais les gens ordinaire qui en général pensent tous la même chose en groupe, ne se sentent fiers d'eux-mêmes que lorsqu'ils tiennent un propos dont ils sont persuadés qu'ils sont seuls depuis l'origine du monde à le tenir (ce qui est évidemment toujours faux).

    "elles sont pour moi "en concurrence" avec les hommes, et je n'attends donc rien d'elles "en tant que femmes", mais en tant qu'individus."

    Une femme qui pense comme-un-homme, c'est-à-dire une femme tout simplement douée de pensée, n'est pas en concurrence avec les hommes. Les gens bons ne sont pas en concurrence avec les gens bons. La concurrence c'est entre compétiteurs - entre brutes et entre sots.
    Or les gens qui pensent pour de vrai, qui pensent pour eux-mêmes, n'ont pas besoin d'entrer en compétition avec autrui pour cela. Ils se contentent de se permettre de rester eux-mêmes avec les autres, sans prendre ombrage du fait que les autres soient eux-mêmes différents d'eux et tout aussi libres de penser ce qu'ils veulent. Et si jamais ils découvrent un plus bel esprit que le leur dans une assemblée, ils ne s'en retrouvent non pas jaloux, mais réjouis.
    Qu'y a-t-il de meilleur, entre gens qui pensent, que l'émulation intellectuelle ? Et que vaut l'émulation intellectuelle avec plus con que soi ? Rien de plus déprimant, en réalité, que de ne jamais discuter qu'avec des inférieurs... - c'est la déception à tous les étages, la lumière qui s'élance dans le vide et qui va se prendre.... - Les inférieurs, (pour les gens que cette expression choque) sont les gens dont vous pouvez entièrement embrasser la pensée et la vision, mais qui ne semblent pas à même d'embrasser les vôtres.

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  14. Hou, que vous vous trompez, Steppenwolf, sur mon compte ! Je n'ai pas cherché à me distinguer coûte que coute de vous, mais à préciser mon propos parce que je ne vous suis pas sur les rapports hommes-femmes tels que vous les décrivîtes.

    Et sur l'expression "en concurrence", que je mis entre guillemets comme pour avertir qu'elle n'était pas à prendre de façon trop primaire, je pense qu'elle serait avantageusement remplacée par "sur le même terrain", comme dirait l'autre. Une relation d'émulation intellectuelle et de camaraderie spirituelle ne me semble pas qualifier SPECIFIQUEMENT une relation entre hommes et femmes. Une relation sexuelle, si. D'un côté, les hommes et les femmes sont sur le même plan, dans une relation symétrique; de l'autre, ils sont complémentaires et pas du tout sur le même plan.

    En fait, comme je l'ai précisé, je ne suis pas sur votre position quand vous faites le portrait "idéal" d'une relation entre les sexes, car rien dans ce que vous dîtes ne rappelle que, justement, il y a une différence sexuelle entre les individus concernés. "(...)une certaine élévation intellectuelle et morale, une forme de grandeur dans le courage des idées et la puissance des sentiment, une certaine sensibilité esthétique, une certaine tendresse et un certain sens de la fraternité (...) " : ce que vous égrenez ici ne rappelle en rien quelque chose de spécifique aux femmes. Tandis que ce que je précisais (amour, sexe) me paraît tout à fait réservé à l'autre sexe, du point de vue de l'hétéro bien sûr.

    Ainsi, loin de faire preuve d'immaturité, mon commentaire précisait qu'en matière de relations entre les sexes, il est possible d'avoir une position certes moi élevée, moins idéale que la vôtre, mais tout aussi cohérente.

    Quant à l'esprit logique, quoique musicien, il semblerait que j'en ai suffisamment pour envisager une entreprise d'exportation. Ceci dit en tout modestie, bien sûr.

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    1. Je comprends, vous paraphrasez Brassens : "Pour l'amour on ne demande pas aux filles d'avoir inventé la poudre."

      Songez seulement à cela : si dans l'amour vous avez pour les femmes les yeux du mâle en rut, en revanche jamais une femme normale n'a eu vis-à-vis d'elle-même ce regard-là. L'image que vous lui renvoyez d'elle-même quand vous la draguez n'a rien à voir avec celle qu'elle voit dans sa glace, car elle n'est pas elle-même un homme en rut, - et ça il faut le savoir, lol !

      Je crois que vous n'avez pas idée d'en quelles proportions dantesques ce "point de détail" introduit de dissonance cognitive à l'intérieur des relations entre les sexes. Il faut bien que vous compreniez que contrairement à vous qui ne lui demandez pas d'avoir inventé la poudre, une femme, même dans l'amour, continue à se percevoir elle-même (comme vous vous percevez vous-même), comme une personne humaine à part entière, - avec des idées, un recul critique, une intériorité, des illusions perdues ou qui perdurent... (La conscience de soi étant, pour tout un chacun, hommes et femmes confondus, non pas totalement asexuée, mais dirons-nous au moins partiellement indépendante de la chose sexuelle.)

      Contrairement à la femme, qui n'est pas (sauf cas particulier) à elle-même son propre objet de désir, l'homme, lorsqu'il est enivré, aveuglé par son excitation, se contente de projeter sur la femme convoitée des images qui ne sont rien d'autre que des archétypes (ex : "la maman", "la putain", "la truie", "l'ange bleu", la girl-next-door, la cousine, la bourgeoise, la fille de prolo, madame la marquise, la parisienne, la cagole, la fille-à-papa, la working-girl.. etc.).

      Cela veut dire dans les faits qu'une meuf dans le métro qui, pour vous, ressemble à l'archétype de « La Truie », avec un caleçon léopard moulant troué qui lui fait un cameltoe, peut très bien ne s'habiller ainsi que parce qu'elle a découvert qu'elle attirait l'attention, mais ne pas comprendre aussi instinctivement que vous le croyez la nature exacte de "l'attention" qu'elle suscite... Parce qu'étant une femme hétéro, elle ne la ressent pas ! Cela veut dire qu'elle va rencontrer des mecs qui vont s'adresser à elle comme à une grosse truie, et qui vont la désirer comme on désire une grosse truie,- sans rien de plus -, alors qu'elle, de son côté, se contente peut-être seulement, comme un gosse, de jouer avec le bouton ON/OFF du phallus qu'ils ont dans le cerveau, mais sans bien comprendre au fond de quoi il retourne, et sans savoir exactement ce que cela implique, - ni parfois même, bien au fond, vraiment penser à mal. Car elle est incapable de se percevoir elle-même comme une truie. Le fait-même qu'on la perçoive comme une truie lui semble impossible et la dépasse. Elle vous insulterait si vous le lui disiez. « Je suis évidemment un être humain ! Cela va sans dire. », se dit-elle intérieurement. Je sais que ça paraît dur à croire, mais c'est dans bien des cas la plus stricte vérité.

      [...]

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    2. [...]

      Une jeune fille qu'on n'a pas éduquée pour anticiper la nature exacte du regard des hommes, peut très bien se balader à moitié à poil à la nuit tombée dans un quartier mal famé, avec un T-Shirt où il est écrit "Baise-moi" en lettres clignotantes sur la poitrine, et croire qu'il lui est encore possible dans cet accoutrement et cette situation d'être abordée par celui qui découvrira toute sa richesse intérieure et deviendra l'homme de sa vie.

      Je sais qu'un tel phénomène paraît totalement improbable à certains mâles un peu bas-du-front (les gars qui ont des mentalités de rabbins ou de mollah pour ne pas les citer)... Mais je ne pense pas en l'occurrence à une vraie banlieusarde, ou à une fille élevée dans une quelconque religion... Ces deux sortes de filles ont en commun de savoir à quoi s'attendre : elles sont toutes deux été préalablement "informées". J'imagine plutôt dans cette situation une provinciale toute simplette, fraîchement "montée à Paris", ayant eu une enfance heureuse, n'ayant connu que des garçons bien élevés (voire des garçons émasculés), et qui aurait eu des parents un peu naïfs, un peu idéalistes, un peu athées, un peu hippies. Là vous pouvez avoir affaire à une parfaite oie blanche qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une fille à vendre, et qui ne s'en rend absolument pas compte. C'est tout-à-fait possible.

      Les détenteurs des chromosomes XY ont une nette tendance à séparer arbitrairement les choses de l'esprit des choses du corps, alors que les détentrices des chromosomes XX ont une nette tendance de leur côté à être excessivement réceptives, - en la partie d'elle-même qui est la plus érotique, la plus féminine aussi, et donc la plus susceptible d'être érotisée -, par la parole, par les idées, par l'art de la conversation. C'est scientifiquement prouvé.

      En effet, pour séduire une femme, et même l'amener à l'excitation physique, il n'y a pas plus efficace, paradoxalement, que de lui parler intelligemment, avec une certaine finesse, c'est-à-dire, non pas d'une façon qui l'écrase, mais d'une façon qui la pousse à donner le meilleur d'elle-même à son tour sur ce plan-là. Ce n'est pas tant d'avoir la "sensation d'être intelligente" (comme on dit souvent), qui plaît à la femme, c'est que la fréquentation d'un homme la rende effectivement plus intelligente, par émulation. L'Emulation intellectuelle est une chose qui existe, et pour les deux sexes. Il y a des gens avec qui l'on est toujours stupide et maladroit, d'autres avec lesquels on se sent pousser des ailes. C'est un fait.

      Un rhéteur qui s'adressera à une femme avec une certaine ambition intellectuelle la concernant, lui fera bien plus d'effet que celui qui lui réservera uniquement, par mépris, la part la plus banale et la plus vulgaire de sa personne, et gardera sa spiritualité pour ses maîtres d'universités et ses livres, croyez-moi.

      Etre Casanova est un vrai métier, et un métier des plus épuisants. Il faut être un show-man, et, contrairement à ce que l'on croit, beaucoup donner de soi-même aux femmes pour arriver à s'en faire désirer. On meurt couramment sur scène à ce petit-jeu là. Si vous voulez savoir comment je sais tout ça, c'est une femme qui m'a tout appris.

      J'ajouterai que ce n'est-là que justice : aux dernières nouvelles, lorsqu'une femme se donne, elle se donne toujours corps et âme, - puisqu'un corps séparé de son âme est un corps mort.

      Ainsi, une femme qui se donne à un homme, n'a pas à se donner à un homme qui lui refuse toute la meilleure partie, la partie la plus intelligente, de lui-même... Une société qui postulerait que le don que la femme fait à l'homme dans l'amour est un don matériel comme un autre - et un don uniquement matériel - celui d'un corps, sans rien de plus - serait une société aux yeux de laquelle, finalement, la femme n'aurait pas d'âme.

      [...]

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    3. [...]

      [Je ferai remarquer aux esprits forts qu'il ne s'agit pas ici de croire ou non à l'immortalité de l'âme et tout le tintouin, mais simplement de considérer qu'on ne peut pas séparer la personne humaine de son "véhicule terrestre", qu'une personne est un corps, habite son corps comme l'escargot habite sa coquille, et n'est jamais vu offert le choix de ne pas l'habiter. Le corps qui ne "contient" plus la personne, c'est comme la coquille qui ne contient plus l'escargot : c'est quelque chose de mort – l'étymologie dit : « inanimé ».]

      La société qui verrait le corps de la femme sous l'angle de la stricte propriété privée, une propriété privée dont on pourrait disposer à l'envi et qu'on pourrait échanger contre autre chose si besoin était, serait une société qui postulerait que la femme n'est pas elle-même son propre corps, et donc qu'elle existe en-dehors de son propre corps. Aux dernières nouvelles, en dépit de celles qui prétendent "avoir le droit de disposer de leur propre corps comme elles l'entendent", cela n'est pas le cas.

      Une femme, d'ailleurs, ne jouit pas à volonté comme la plupart des hommes lorsqu'ils se branlent la nouille : il est plus courant, quand elle désire de toutes ses forces avoir un orgasme, que son propre corps lui résiste. [Même si chez la femme il existe aparemment plusieurs types d'orgasmes, dont certains – plus « solitaires » –, sont plutôt de type masculin et d'autres – quasiment impossibles en solitaire – plutôt de type féminin... mais entrer là-dedans complexifierait trop les choses. - J'ai eu une ex. qui était intarissable à ce sujet-là, je vais vous épargner ses théories à ce sujet, je ne suis pas sadique.]

      De même, et selon un schéma à peu près jumeau, il est très difficile pour un homme de s'interdire de penser ce qu'il pense... car un homme qui pense est un homme qui n'est même pas soumis à sa propre volonté dans le secret de son intériorité. [Nietzsche a tenté de se soumettre lui-même à sa propre volonté de puissance, et - heureusement peut-être -, il n'y est jamais parvenu.]

      Si nous autres les êtres humains, ne sommes pas de simples outils pour nous-mêmes, pensez si nous sommes en mesure de l'être pour autrui !


      [Là je suis très fier de moi : malgré l'exubérance de mes développements, je réussis à ne pas faire de hors-sujet. On en reste à l'explication de la scène avec Meg Ryan dans /Quand Harry rencontre Sally/.

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  15. LUCCIO, merci pour la référence et les compliments! Heder en effet très intéressant dans sa critique de l'idée de progrès, surtout à son époque.
    Et je crois urgent de critiquer cet avatar grotesque du déterminisme historique qui consiste à soutenir que dans l'histoire de l'humanité, l'époque qui a répandue les bretelles d'autoroute, le travail intérimaire, le divorce, la téléréalité et les vacances au camping soit, en même temps, celle qui surpasse les autres dans l'art de vivre !

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  16. Je serai bref.
    Ce blog est la meilleure chose qui soit arrivé à l'Internet.

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  17. je voudrais dire un petit mot au bavard de service, qu'il se reconnaisse.
    l'amour c'est un truc crade, surtout quand c'est bien fait. l'espèce de piedestal étrange ou il place la femme sans que l'on comprenne bien si c'est une princesse ou une pov truffe ne va pas l'aider à faire jouir le sujet. je vais pas étaler, comprenne qui pourra.
    mais je voudrais revenir sur sa marotte soixantuitarde. voyez vous mon loulou, en juin 40 on s'est pris une terrible déculottée. à la suite de ça la France est rentré dans la pire bassesse calotine à base de repentance et de redressement moral. leur première décision: interdire les bals! à la libération, le même personnel plus les curés et les cocos ont continué dans la même veine. emmerder le peuple et particulièrement la jeunesse.
    mai 68... moi ce que je me souviens c'est la queue à la pompe à essence, les stocks de nouilles et les gens écoutant la manif en direct le soir sur europe1. et aussi il faisait trés beau. je vous parle pas de politique, il y avait du plaisir et la trouille des salauds ne gachait rien.
    mais je suppose que dans la steppe, on a pas l'occasion de se livrer aux joies de l'émeute.
    Paco

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    1. Tout ce que j'ai à dire aux ongles incarnés de votre espèce prendrait trop de place pour être rédigé ici. Aussi je vous renvoie à cette page web :

      http://steppenwolf.e-monsite.com/pages/page.html

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