18 décembre 2014

Bérégovoy, reviens ! Ils sont devenus fous !


Je suis toujours plus surpris de constater que les limites de ce qu’il faut bien appeler la décence n’existent pas pour certaines personnes. Pour certaines personnes, il ne semble plus exister de vitre contre laquelle leur groin peut s’écraser.

Le fait est qu’il est devenu foncièrement impossible, à notre époque, de se déshonorer. Quelle que soit la façon dont on s’y prenne. Il n’est plus d’affaire de mœurs ou de honte publique qui puisse couler quelqu’un définitivement. Impossible de se déshonorer aux yeux des autres, mais surtout à ses propres yeux. Le politicien qui a menti, volé, violé en place publique, ne se disqualifie pas de lui-même. Le plus grand battage public ne vient pas à bout de la considération qu’il a de lui.

Il peut toucher terre, se faire traîner dans la boue à travers toute la ville, s’avérer coupable des plus grands maux… Il ne meurt pas de honte, ne s’exclut pas de la partie tant que la prison ne l’y contraint pas. Au contraire il cherchera, encore tout merdeux, à revenir par la fenêtre. Il n’attend, pour reparaître sur le devant de la scène, que la levée de son interdiction judiciaire. Toute infamie peut être bue et digérée jusqu’à la lie.

Il est fini le temps où à partir d’un seuil excessif de ridicule, de vilenie ou de malhonnêteté, l’honneur était trop gravement atteint et il fallait se retirer. Disparaître au sens propre ou figuré. Ou obtenir réparation, coûte que coûte. Là où auparavant, certaines situations ne se démêlaient que par le suicide ou par le duel, on peut aujourd’hui revenir inlassablement au monde, faire son « come-back », qui que l’on soit et quelle que soit sa faute. Tout se supporte. La limite ultime, en fin de compte, ne nous est plus donnée par une décence intérieurement ressentie mais par ce qu’autorise la loi-papier.

Tout se passe comme si, en endossant le rôle de la limite décente, le contrat et ses clauses avaient dépossédé d’autant l’évaluation personnelle et la parole d’honneur. Les procédures dont notre époque est friande, tuent d’une certaine manière le poids de la parole donnée. Dans l’ère contractuelle, peu importe la façon dont on se comporte dans ses affaires, la seule chose qui compte est ce qui a été signé. Peu importe l’intégrité, ce qui compte est la situation sur le papier. Avez-vous affaire à un parfait gougnafier ? Reportez-vous donc au contrat : n’était-il pas précisé que… Et voilà que lorsque deux personnes honnêtes sont amenées à contracter, elles remisent leur confiance mutuelle pour entrer dans le jeu de l’obligatoire contrat - jeu qui insinue à chaque étape, par son infinité de précautions et de simagrées (attestation, signature, contre-signature, convocation préalable, copie en deux exemplaires, accusé de réception…), que l’autre est un potentiel abuseur dont il vaut mieux se prémunir. Jeu qui de fait, évacue entièrement et définitivement le reste : ce qui n’est pas contractualisable.


contrat /kɔ̃.tʁa/ masculin : tractation avec un con

Dans son journal, Léon Bloy cite la réaction d’un paysan breton « fort étranger aux affaires », qui lui aurait confié : « toutes les fois qu’on me propose de signer un papier, je réponds par un bon coup de poing. On ne peut pas m’outrager plus gravement ». Dans un monde bien fait, il n’y aurait rien à faire signer, on se contenterait de la tractation d’homme à homme. Les choses se termineraient par la bonne entente, ou bien par le bon coup de poing. Et voilà.

2 commentaires:

  1. Ca me fait penser au fameux "Pacte Ripoublicain" qu'on aurait tous signé sous GHB kleptocratique, utilisé en dernier recours dans les cas où les invocations "vivrensemble" et "festicitoyenneté" sont insuffisantes, en général après une victoire électorale de FN... Toute parole non-contractuelle est dénuée de valeur, les serviteurs de l'Etat eux-mêmes, experts en paroles non-tenues contractuelles ou non, l'affirment et sur ce point on peut les croire!!

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  2. le pacte républicon?
    c'est le hochet qu'on t'agite sous le nez pour détourner ton attention!
    comme disait choron "on amuse le tapis avec la sauce qu'on a répandu dessus"
    jamais cette expression n'aura été aussi juste

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