28 février 2011

La minute de BatPat : Take That


C’est l’événement de ce 3ème millénaire : le boys band des origines Take That s’est reformé. Robbie Williams, bad boy pour midinettes empailleté jusqu’aux yeux qui avait claqué la porte de cette formation alors au sommet de son art, a, tel le saumon à la feuille d’imposition trop élevée, remonté le courant pour pondre sur son lieu de naissance. Les cinq archanges, enchanteurs d’années 90, guides spirituels de toute une génération de jeunes filles en fleur, symboliquement déflorées à chacun de leur concert et instantanément métamorphosées en expertes du lancer de petite culotte et de soutien-gorge Etam bonnet A rembourrés à double balconnet hydraulique, capitaines de route d’une flopé de jeunes invertis en mouvement vers le repos et le réconfort normalien et égalitariste de l’affirmation metrosexuelle, nous reviennent avec un tout nouvel album intitulé Progress. Le moral des ménages remonte en flèche ! L’avenir est peut être sauvé, l’humanité est au comble de la félicité ! Ils nous l’avaient chanté qu’ils n’oublieraient jamais d’où ils venaient. « Never, forget where you’re coming from ! »

Tu aimes le goupe Take That ? Né en 1990, ce groupe de cinq jeunes éphèbes hygiéniques, aura vendu plus de 30 millions d’albums en cinq ans. Un succès exceptionnel qui fait d’eux les dignes héritiers des Beatles. La comparaison avec ce groupe « plus connu que Jésus Christ » est loin d’être galvaudée, et je me propose de prêcher les convaincus du contraire à grand coup de pioche dans la bouche… J’arracherai chacune de leurs dents de sagesse, sans radio panoramique préalable, au simple jugé de ma tenaille. Outre le succès qualitatif indéniable, mesuré à l’aune de ce succès quantitatif phénoménal, la guerre d’ego aura fait rage au sein de cet amalgame inimaginable de talents où la mèche rebelle toujours bien coiffée n’était jamais hasard ni négligence.
Barré par Gary Barlow, le Paul Mc Cartney du groupe, Robbie Williams quitta la formation en 95 pour se lancer dans une carrière solo. Un choix qui s’avéra judicieux, tout comme il le fut pour John Lennon. Naturellement, Robbie n’aura probablement jamais la chance d’entrer tout à fait dans la légende en mourant assassiné de la main généreuse et peu regardante d’un déséquilibré, mais le voici enfin de retour au sein du groupe qui ringardisa les premières expériences musico-génétiques menées sur le public ado, devenu enfin l'interlocuteur privilégié du Marché, comme Bros ou encore les New Kids on the Block, et qui fut cent fois copiée et jamais égalée par des des 2be3 ou encore des Alliage, groupe au succès incertain qui réclamait à grands cris la libération du muscle par le stéroïde, aujourd’hui composante essentielle de l’air du temps.
Take That aura réussi le tour de force exceptionnel de consolider le ciment générationnel, alors en danger de craquer comme une vulgaire digue vendéenne. La génération X, auto dissoute dans une métaphysique toute de verticalisme capillaire insensé réclamant le droit au cheveu fuschia ou vert fluo, et dans le refus d’assumer toute espèce de demain, la jeunesse suivante, orpheline, abandonnée à la menace publicitaire et consumériste, laissée gisante sur le carreau, totalement paumée, en mal de repères, de modèles et d’espoir, aura trouvé dans les membres du groupe Take That cinq grands frères avisés, plein de la sagesse d’une vie courte mais déjà chargée d’expériences, aux sourires juvéniles, craquants et trognons pour l’éternité.


Take That - Never Forget
envoyé par djoik. - Clip, interview et concert.


Tu connais « Never forget » ? C’est l’un des plus grands tubes de l’histoire de la musique. Outre son petit groove chargé d’émotion, il faut être attentif aux paroles lumineuses de cette chanson qui affirme ni plus ni moins et pour la première fois au monde l’appartenance éternelle à une génération. Toute génération naît dans la jeunesse. Et toute génération reste à jamais elle-même malgré la bascule irréversible dans le vieillissement. La génération Y est née sans parenté. Mais Take That a chanté son émancipation finale et son avènement terminal en tant que première génération jeune à jamais. Remède de cheval au temps qui file, ce message est une véritable pierre philosophale, un message alchimiste qui a transformé pour l’éternité le plomb des ans en plaqué or ado et luminescent. « Never forget » est la clé de cette porte qui s’ouvre sur la fontaine de jouvence enfin offerte au fils de l’homme, ce moderne, à la géolocalisation par satellite intégrée.
Bien sûr, le passé compte. Mais il s’est éloigné et nous apparaît incertain lorsqu’on se retourne.
« We've come a long way, but we're not too sure where we've been. »
Les succès d’hier n’ont pas apporté le bonheur permanent et le chemin parcouru est à relativiser.
« We've had success, we've had good times, but remember this. Been on this path of life for so long. Feel I've walked a thousand miles. »
Mais péripapétiter à vue n’est pas une fatalité. Il faut se remettre en route, tel un pèlerin des temps modernes, randonnant dans les déserts touristiques armés de sa canne à double piston hydraulique de marque Décathlon, ne craignant pas l’enlèvement par tous les al-qaïdiens du monde, et comme lui, rebrousser chemin vers la tranquillité de sa source, son nid, son refuge, sa matrice, son Club Méditerranée. Il faut se remettre en route vers le passé, car le demi-tour vers l’enfance ne sera désormais plus jamais une retraite.
« Finding a paradise wasn't easy but still, there's a road going down the other side of this hill (…) Never, forget where you’re coming from ! »
Gary, malgré son strabisme convergeant y voit clair ; le danger existe mais il suffit de ne pas quitter la route de briques jaunes de l’espoir qui conduit tout droit au paradis perdu de la cellule fœtale :
« With danger on my mind I would stay on the line of hope. »
La prise de conscience est peut être douloureuse
« Just then I realised what a fool I could be Just cause I look so high I don't have to see me »,
mais le salut viendra de l’humilité, de l’écrasement mégalomaniaque, et du sacrifice de l’individu sur l’autel des contingences modernes, car le bien commun, les demain vraiment radieux sous ecoemballage nécessitent de tourner son regard vers les hier vagissant. Il ne faut pas s’attacher à ses rêves, mais les abandonner aux générations de demain, qui n’entreront jamais en concurrence avec la nôtre, si ce n’est sur le plan des erreurs.
« Someday soon this will all be someone else's dream. »
Nous dominerons les générations à venir à jamais car seule la nôtre a réussi l’impossible conciliation de la sagesse du vieillard grabataire avec le totalitarisme d’un jeunisme débridé retouché par Photoshop ou les bistouris des chirurgiens esthétiques de cliniques privées. Là est notre force mais également notre faille ; mais l’on pardonnera toujours tout à un espoir qui brandit le concept incritiquable d’un infantilisme revenu de la perversité polymorphe, enfin conscient de sa fragilité.
« We're still so young and we hope for more But remember this, we're not invincible, we're not invincible, (No) we're only people, we're only people, hey we're not invincible, we're not invincible. »


N’est-il pas temps de "Back for good" vers là d’où nous venons ? "Back for good", cet autre tube mirifique classé 3ème au classement mondial et historique des slows implacables, superbement mis en image dans ce clip proclamant férocement l’éternité du kitsch juvénile, qui résonnera pour les siècles et les siècles comme le message immortel de la dissolution de toute pensée humaine dans l’union de la communauté sans communion.
« And we'll be together, This time is forever. We'll be fighting and forever we will be so complete in our love, we will never be uncovered again. »
La discographie de Take That annonce ni plus ni moins la réelle substance du progrès : le retour de l’humanité à sa nostalgie tétinière, réel temps de l'égalité indifférenciée ; le surgissement de l'adolescent de 40 à 77 ans, c'est dorénavant pour tout de suite. Prends ça dans tes dents.


Take That - Back for good
envoyé par djoik. - Clip, interview et concert.

1 commentaire:

  1. Polanski a vraiment raté sa carrière...S'il avait su!

    Séb

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