3 janvier 2011

Le prophète

Le prophète


De mes interminables années de prison, j’en avais vu des rouillés de la tête… de toutes sortes. Mais celui qui marquait à jamais mes souvenirs était Alain Laros, le roi des vérolés. La psychiatrie aurait pu être inventée rien que pour lui avec quelques siècles d’avance. Il était aussi l’homme le plus puissant que j'avais connu en calèche.
Alain Laros était un expert-comptable dans le civil. D’apparence classique, la trentaine au plus, ni beau, ni moche, juste quelconque. En tout cas, rien à première vue ne laissait entrevoir son indécrottable vice.
Ça l’avait pris un jour, comme ça. En pleine recherche sexuelle, il trouva enfin sa voie… ses fesses… et il assouvissait sa passion à fond. Sauf, qu’à la longue, ces multiples expériences n’arrivaient plus à le satisfaire. Il lui manquait comme un sel de la vie, comme de se faire mettre en vivant d’exaltantes aventures. Un soir, alors qu’un amant irrégulier profitait du bon plan, Alain lui demanda « c’est où le meilleur endroit pour se faire péter la rondelle du matin au soir ? ». Son partenaire lui répondit du tac au tac « le bagne » et éclata de rire. Ça ne l’avait pas fait marrer, le Alain. Bien au contraire. Son regard, grand ouvert, se perdit dans le néant. Ce fut une juteuse révélation, comme une rêverie mystique. C’était ça la solution… la taule, ce pensionnat des enculages au frais de la nation.
Le soir même, il se rendit dans un Hippopotamus proche de chez lui et flingua une partie de la clientèle, pendant que l’autre déguerpissait sans payer, dégoutée du service. Après que sa tâche fut rondement menée, il posa son arme et attendit calmement, assis devant l’entrée de l’établissement, l’arrivée de la police, qui n’avait pas trop tardé. Il se rendit simplement, tout gentillet, en leur disant « merci, messieurs ». À son procès, le juge pensait le coucher par un uppercut à perpétuité. Alain Laros s’était levé en éructant de bonheur. « Merci, monsieur le juge, vous êtes un grand homme » lui avait crié le condamné, pendant que le magistrat sortait de la salle d’audience, abasourdi.
Au gnouf, lorsqu’un nouvel arrivage de viande fraiche se présentait à l’étal, les pensionnaires de longue haleine venaient immanquablement préparer la liste de leurs courses. C’était toujours un grand moment pour eux.
Il existe trois catégories de nouveaux arrivants. Les faibles qui pétochent, les durs qui flippent moins et les habitués qui viennent voir leurs potes. Mais de tous ces types, aucun ne débarquait avec l’ambition affichée de devenir la pute de service. Alain Laros, si. Il déboula pétillant de joie, de belle humeur et plein d’entrain. Il lui manquait plus que les cotillons. Il attira les regards aussitôt et les réservations sur sa personne pullulaient. Presque des demandes en mariage. Ça n’avait pas été la peine. En moins d’une heure, il fit courir le bruit qu’il ne fallait pas hésité une minute, qu’il était là justement pour ça. Pas grand monde ne lésina sur l’offre alléchante. En moins d’une semaine, son cul, surnommé le pouf, était déjà collector.
Il s’était mis en cheville avec les matons, pour le laisser dormir dans toutes les cellules, pour lui laisser la possibilité de participer à toutes les fournées de douches et tout ça en les corrompant. Tout son fric y passait, mais il naviguait au nirvana. Il constitua une petite collection de poils de testicules qu’il plaçait soigneusement dans un album photo avec les noms de leurs propriétaires. C’était un moment d’intenses émotions à chaque fois.
En peu de temps, il devint le chouchou, l’intouchable, le facteur aussi, étant le seul à avoir accès à toutes les couches. Il était le nouveau pacha, l’homme d’influence. Certains piquèrent des crises d’hystérie parce qu’il allait en visiter d’autres. C’était même par lui que passa le directeur pour négocier avec les détenus pendant les émeutes d’octobre dernier. Il savait se rendre indispensable comme personne. Son influence grandissait au fil des mois et on avait fini par l’appeler « le prophète ». C’était un génie de la détention. Il avait fait son trou.

FIN

4 commentaires:

  1. Un fan, un vrai, un tatoué3 janvier 2011 à 01:53

    Perso je préférais l'autre. Plus aérien et surtout avec moins de fautes dès le départ ... Y a vraiment personne pour vous relire et vous permettre, vous aussi, de faire votre trou ?

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  2. Nous souhaitons recruter pour l'année 2011 une secrétaire de rédaction ouverte à l'orthographe et à la syntaxe. Elle devra en outre être pourvue de compétences en termes de jeunesse et de joliesse, et être techniquement opérationnelle sur le logiciel 69/2.0.
    Photo impérative sur les CV.

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  3. On dirait un scénar de porno gay des 70ies, j'en suis tout frétillant.

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  4. Cette deuxième historiette est déjà plus fluide à la lecture. Ca s'envole, votre main s'échauffe, continuez. ^^

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