24 janvier 2011

« Dehors ! » Dites-le avec une prime de fin d’année



Alors que le Plan social est enfin devenu ludique pour tous grâce au génie et à l’humour bretons, chez BHL (on floute), leader mondial de l'industrie internationale du transport et de la logistique, on licencie avec des fleurs… au fusil.

17h47, vendredi 17 décembre 2010. Les employés de BHL-France reçoivent un mail de leur direction. Dans ce courriel, l’annonce non nominative des licenciements à venir pour mars prochain. Personne n’est surpris, ces licenciements leur pendent au nez depuis 2009 et la proposition d’un premier plan social par cette entreprise, alors au début de sa phase de restructuration, après la vente d'Il-se-décarcasse Express, société spécialisée dans la messagerie et l’affrètement, et en prévision de celle des Routiers-sont-sympas, entérinée en 2010, société de transport de marchandises, entreprises avec lesquelles la mayonnaise fusionnelle et synergique n’a jamais pris.
183 licenciements sont au programme, un chiffre relativement faible, sauf à y regarder de plus près, étant donné que l’opération ménage par le vide se concentre sur une Business Unit de 250 personnes, située en région parisienne. Le calcul est rapide, n’en déplaise à Xavier Darcos, que le malaise prend chaque fois qu’il est question de règle de trois : 75 % de l’unité est balayé. Pour les survivants, les épargnés, on imagine la suite : gratitude infinie envers les bourreaux au grand cœur et acceptation inconditionnelle de l’irrémédiable surcharge de travail à venir. Travailler beaucoup plus pour gagner pareil ; des cacahuètes pour tout horizon… Esprit es-tu là ? L’esprit d’entreprise, dorénavant l’appellation d’origine contrôlée de l’esprit de sacrifice…

18h00, le même jour. Les employés de BHL-France reçoivent un autre courriel. Celui-ci émane de la direction de BHL-Monde. Dans ce mail, les dirigeants annoncent la couleur de leur incommensurable générosité : 100 € net de prime exceptionnelle de fin d’année, accordée « gracieusement » à tous les salariés, pour les récompenser de leur travail au terme d’une année explosive en termes de croissance et de bénéfices. Le mail se poursuit d’ailleurs par des prévisions mirifiques de croissance pyrotechnique à deux chiffres pour 2011. Les talbins vont pleuvoir. Enrichissement en vue pour tous (les actionnaires) ! On est certain que les 183 auront su apprécier…

13 minutes… 13 minutes, c’est le laps de temps qui aura donc séparé l’annonce du plan social de BHL-France et le courriel d’autocongratulation de la direction de BHL-Monde ; l’entreprise, leader mondial dans son créneau logistique, se porte bien, très bien, comme un mauvais charme, et on imagine que le cours de ses actions répondra par l’allégresse exponentielle à l’allègement programmé de sa masse salariale... Le coût du travail, il semble définitivement que plus personne ne soit disposé à en payer le prix.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires en vue d’améliorer les conditions de vie des gens », peut-on lire sur le site Internet de cette société. Une profession de foi qu’on croirait écrite par un directeur de com de Pôle Emploi. C’est bien, les 183 ne seront pas dépaysés dans ce pays de cocagne où le travail ne serait peut-être pas proscrit s’il y en avait le moindre…

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