31 janvier 2011

La dépression de Jacques Attali

Forme apathique, voix fluette et yeux de cleps abattus... Jacques Attali va nous lâcher sous peu... ça se sent.


Jacques Attali
envoyé par rfi. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Alain Soral est : Le Réjouisseur (Hung)


Votre nouveau rendez-vous, librement adaptée de la série HBO « HUNG », chaque semaine sur E&R TV.


Synopsis :
L'histoire peu commune d'Alain, un instructeur fédéral de boxe bien monté d'une cinquantaine d'années qui trouve un moyen de tirer avantage de son atout majeur !

Les temps sont durs pour Alain. Quinquagénaire,ancien instructeur fédéral de boxe, ancien professeur de sociologie de comptoir et ex-gourou pour jeunes fafounets en mal d'image virile du père, Alain accumule les revers de fortune. L'ex-écrivain a vu tour à tour fermer son fan club E&R après une hémorragie continuelle des adhésions, la chute de sa maison d'édition et la ruine de la bâtisse qu'il entreprenait de construire « de ses propres mains, selon ses propres plans, le rêve de tout honnête homme ». Marié, père de famille, le mâle alpha est aux abois et cherche de nouveaux moyens de subsistance tout en continuant à échapper au salariat. Et Alain a un argument de poids...

Au cours d'une réunion de « jeunes entrepreneurs », Alain retrouve une amie perdue de vue, Élisabeth L., poétesse en rupture de ban, adepte du Sionisme Poissonnier (philosophie de vie criarde librement inspirée des écrits d'Alain Finkielkraut). Tout deux en manque d'argent et d'entrées financières régulières échafaudent ce qui paraît leur dernière chance de renouer avec le succès professionnel : la création d'un service de « consultant en bonheur » dont Alain serait la figure de proue et Élisabeth l'organisatrice. En quelques jours, Alain (re)devient ainsi gigolo et Elisabeth son mac.

Car Alain possède un membre viril d'une taille sur-dimensionnée.Son Grand Goumis comme il l'appelle. 22 cm selon ses dires, beaucoup plus selon les ex-membres d'E&R qui gardent d'irréversibles difficultés à s'asseoir après leur « collaboration pleine et entière » avec l'ancien gourou.


Des réactions dithyrambiques !!

« Derrière chaque mac se cache une sioniste! »Yahia Gouasmi, Président du Parti antisioniste.

« Les femmes françaises découvrent enfin les plaisirs tarifés avec un boxeur de plus de 40 ans »Frederic Mitterrand, Ministre de la Culture.

« Une victoire indéniable du féminisme »Isabelle Alonso, chroniqueuse à grandes dents.

28 janvier 2011

Hommage à Bullit

On ne va tout de même pas finir le mois sans rendre hommage à Peter Yates, réalisateur de Bullit, qui nous a quittés début janvier...

Pourquoi Bullit est un chef d’œuvre ? C’est vrai ça, à quoi ça tient ? Parce qu’au fond, c’est aussi un nanard raté, une histoire pourtant pas compliquée dont on ne comprend foutrement rien… Ca ressemble méchamment à l’un de ces nanards politico-policiers qu’un Belmondo aurait pu commettre au début des années 80. Ce genre de films.

Et puis tout d’un coup on vous glisse cette scène de restaurant, improbable, tout à fait unique et impromptue : le son et les dialogues du film disparaissent sous la musique du groupe de jazz… Et c’est long… On dirait presque une bévue, on dirait que l’effet rendu, génial, n’a pas forcément été voulu.



Tout comme la fameuse poursuite de bagnoles, elle semble géniale malgré elle. Longue elle aussi. Interminable. Le bruit. Géniale et faite avec des bouts de scotch. Géniale et téléphonée, on le sent, glissée dans le script uniquement pour que le McQueen se fasse plaisir.



Voilà à quoi ça tient, Bullit. Peut-être simplement au fait que Steeve McQueen trimballe sa classe de bout en bout.

26 janvier 2011

La minute de BatPat : Christophe Maé

Tous les ans, j’attends impatiemment la cérémonie des NRJ Music Awards. D’abord, je suis toujours ravi, au comble de l’ataraxie, de retrouver Nikos Aliagas aux commandes d’un prime, car il est indéniable que le Logos marche avec ce divin grec ! « Tu… Tu vas biên mon… lolou ? », déclara-t-il à un Usher en slim, au cours d’un bref moment d’amitié virile et taquine, conclu par un « check », poignée de main très prisée des 15/25 ans. Usher, danseur émérite, producteur du jeune Justin Beeber (ce qui témoigne de son amour sans souillure pour les enfants), champion de la World Electro R’n Pop, soit, incontestable héritier de Michael Jackson, qui transcende le projet musical ambitieux de rédemption de tous les péchés de la terre du King of Pop, par l’ouverture totale de l’individu fan à la diversité des cultures et au métissage des musiques...
Ensuite, je suis toujours inquiet de voir si mes chanteurs préférés vont être récompensés pour leur travail. Car il est impératif de concéder quelque marque de reconnaissance à ces héros artistiques qui ont tout sacrifié à la variété (quelque brillante carrière de puéricultrice pour la reine de l’humanité de pointe transsexuelle, Lady Gaga, une belle vente sur un marché aux esclaves pour Shakira, etc) pour nous enchanter, nous faire rêver et nous teRnir en vie…

Cette année, il est un de ces hérauts, de ces messagers animés par les seules valeurs de compassion et de partage, que j’ai attentivement suivi : Christophe Maé, chanteur actuellement en tête des charts français, avec près de 550 000 albums vendus en 2010 ! Rappelons l’incroyable succès de son premier opus Mon Paradis , vendu à plus d’un million et demi d’exemplaires, qui lui aura valu tous les prix en 2008, dont la consécration suprême d’entrer au club très fermé des Enfoirés du cœur... Ce succès foudroyant aurait pu lui emporter la tête, mais le bondissant Christophe est resté le même, lui-même ; de ceux qui trempent plus souvent leur nez dans le pistil des pâquerettes que dans les rails de poudre cocaïne. Pour notre plus grand bonheur, Christophe Maé s’est attaché aux ailes du jumbo jet du succès. « On trace la route » est l’album de la confirmation, et pour le public, une preuve que ses inlassables hymnes à la joie ne sont pas de simples paroles en l’air !

Samedi soir, Christophe Maé nous a enchantés en interprétant La Rumeur, de son timbre si particulier et de son groove tout de bonne humeur et de légèreté, denrées devenues rares pour une humanité repue de sinistrose. Dans cette chanson, Christophe nous parle d’amour. L’amour, qu’il ne sert à rien de chercher, qui arrive, tôt ou tard, forcément, telle une bouée de sauvetage incongrue en pleine tempête ! Un amour évidemment éternel, car ce texte appelle à l’engagement ! L’amour, le véritable, est une perpétuité. Le message de Christophe rassure, réconforte, porte la bonne nouvelle que nous ne sommes pas seuls à y croire encore, dans cette sombre société où près de deux tiers des couples mariés divorcent et où l'odieuse tentation se brade à prix discounts sur Internet...
La Rumeur évoque aussi les difficultés pour un couple de résister aux petits bruits, aux ragots, aux morsures des chiens, immanquablement jaloux devant l’image du bonheur réalisé. « On dit d’elle qu’elle est heureuse mais certainement pas comblée » Il ne fait aucun doute que Christophe se livre à demi-mot dans cette chanson à texte à double sens… Le show-bizness est cruel et perfide, lui qui charrie dans son torrent tabloïd, les dangereuses rumeurs dont Christophe nous invite à nous méfier, et à nous défier, debout. « Pour ne pas tomber, j’ouvre mon cœur. » Car l’amour est une fin en soi, mais aussi le moyen de se battre et de résister aux assauts des envieux !

La prestation scénique de Christophe a été à la hauteur de ce fabuleux message d’espoir, ce cri d’un cœur qui bat, en vie. Il a promené son groove, en prise directe avec cette musique des bons moments, qui réalise immanquablement le miracle de nous faire sourire et de faire mûrir en nous l’idée un peu folle, que nous sommes heureux pour encore 2 minutes 30… Un véritable tourbillon de positive attitude ! On avait envie de se prendre par la main, de faire une ronde, de fumer des pétards fraternels au thé vert, d’embrasser sa femme, de l’enlacer, de pleurer tout à fait, et de lui murmurer : « C’est oublié mon amour… A l’avenir, je ferai la vaisselle… » Christophe est un musicien, un vrai, de la trempe de ceux qui sortent naturellement la soul music ; son solo à l’harmonica fut, à cet égard, un réel moment de triomphe et d’émotion et un authentique défi à la morosité (3min22 sur cette vidéo).

Christophe Maé a trouvé la formule de la gentillesse en tubes. Cette gentillesse qui nous fait tant défaut, il nous l’apporte en offrande à chacune de ses chansons. Christophe, tout à la fois prix de camaraderie, gendre idéal et prince charmant, preux chevalier servant (des arts et lettres serviles), écologiste engagé, « C’est ma terre où je m’assoie, ma rivière, l’eau que je bois, qu’on n’y touche pas », est un remède intergénérationnel à l’anxiété. Ses producteurs ne s’y sont pas trompés… Alors certes, il est reparti sans récompense de cette cérémonie, mais Christophe Maé vaut tous les veaux d’or du monde !
Christophe Martichon nous rappelle qu’il est un homme, ce qu’est un homme, tout simplement. Et il nous montre la voie vers cette route pavée de briques jaunes qu'on avait oubliée dans un coin de notre mémoire, qui nous ramènerait enfin au paradis de l’innocence perdue, à la maison, si nous prenions le risque fou de l’emprunter à rebours… Combien serons-nous à le suivre sur le chemin de l’amour et du conte pour enfants, à nous dessécher l’âme et la peau au son chaleureux de sa voix ?


La jeunesse est un naufrage

Après Christophe Maé, Frédéric Mitterand sacre un jeune rappeur inconnu, star en devenir, chevalier des arts et des lettres.


Diallo, rappeur du 19eme (Paris)
envoyé par rCk-. - Clip, interview et concert.

Céline sauve l'honneur de la France


Alors que la France patauge dans la polémique « Ben Ali l’a dans le baba », Céline, encore une fois, depuis l’au-deça, est venu sauver l’honneur bafoué de la France, en prenant encore sur lui l’image de la plus immonde des bêtes, qu’elle est pas belle du tout.
Y a pire que Delanoé, Strauss-Kahn et l’ensemble de la ploutocratie politique qui se foutent des Tunisiens quand Ben Ali et les quarante voleurs font des affaires, y a les exactions stylistiques de la plus belle salope que notre sol ait engendrée, la Louise Ferdinande Céline.
D’ailleurs Sarkozy l’a bien dit : « Vous savez, bonnes gens, on a rien vu venir. Notre naïveté et innocence démocratique n’a pas su voir que le régime de Ben Ali, c’était pas bien et pas sympa comme à la mode de chez nous ».
Ce pestiféré d’écrivain, moisi de ressentiment, qui du haut de sa plume envoya à la mort des millions de juifs par ses accointances nazis (et je vous épargne pour le côté russe). Céline qui par sa puissance pamphlétaire hypnotisa tout un régime barbare, puis le mit à sa botte, ou plutôt de ses vieux mocassins usés, pour accomplir ses funestes projets d’ordres civilisationnels. Céline qui par la vivacité de ses mots, attrapa par le colbac les juifs français pour les parquer dans des camps et des convois de la SNCF, en collaboration avec les dirigeants de l’entreprise, pendant que les cheminots sabotaient. Céline, trop justement écarté des célébrations nationales par un ministre de la culture qui, et le hasard fait bien les choses, a retrouvé ses vieux réflexes d’écartèlements comme au bon vieux temps.
Céline n’existait plus, il fallait le réinventer. Pour une cause, une bonne cause. Oui, Céline l’ami des causes qu’on sort du placard. Encore une fois, Céline sauve l’honneur de la France, sauve notre belle oligarchie politique des rafales de l’opinion publique. Il tombe pile-poil ce vieux cochon. D’ici peu, on apprendra que Céline a connu les parents de Ben Ali et qu’il leur a donné des conseils éducatifs, à ce train-là.
Cependant, Céline est quand même jouasse. Il ne leur en tiendra pas rigueur, même s'il sait qu'il a été choisi pour les célébrations pour mieux l'envoyer au casse-pipe par la suite. Il n’aura pas à supporter du haut de son nirvana le spectacle putrescent de l’hypocrisie des vivants. Il n’aura pas à enculer les moumouches et pour cela, il remercie Frédéric Mitterand, qui n’est pas youpin, précise-t-il, juste pédo.
De plus, il n’aura pas à se taper la honte d’être célébré comme un grand écrivain par un ministre qui vient juste de sacrer chevalier des arts et des lettres, Christophe Maé… Ouf !

24 janvier 2011

« Dehors ! » Dites-le avec une prime de fin d’année



Alors que le Plan social est enfin devenu ludique pour tous grâce au génie et à l’humour bretons, chez BHL (on floute), leader mondial de l'industrie internationale du transport et de la logistique, on licencie avec des fleurs… au fusil.

17h47, vendredi 17 décembre 2010. Les employés de BHL-France reçoivent un mail de leur direction. Dans ce courriel, l’annonce non nominative des licenciements à venir pour mars prochain. Personne n’est surpris, ces licenciements leur pendent au nez depuis 2009 et la proposition d’un premier plan social par cette entreprise, alors au début de sa phase de restructuration, après la vente d'Il-se-décarcasse Express, société spécialisée dans la messagerie et l’affrètement, et en prévision de celle des Routiers-sont-sympas, entérinée en 2010, société de transport de marchandises, entreprises avec lesquelles la mayonnaise fusionnelle et synergique n’a jamais pris.
183 licenciements sont au programme, un chiffre relativement faible, sauf à y regarder de plus près, étant donné que l’opération ménage par le vide se concentre sur une Business Unit de 250 personnes, située en région parisienne. Le calcul est rapide, n’en déplaise à Xavier Darcos, que le malaise prend chaque fois qu’il est question de règle de trois : 75 % de l’unité est balayé. Pour les survivants, les épargnés, on imagine la suite : gratitude infinie envers les bourreaux au grand cœur et acceptation inconditionnelle de l’irrémédiable surcharge de travail à venir. Travailler beaucoup plus pour gagner pareil ; des cacahuètes pour tout horizon… Esprit es-tu là ? L’esprit d’entreprise, dorénavant l’appellation d’origine contrôlée de l’esprit de sacrifice…

18h00, le même jour. Les employés de BHL-France reçoivent un autre courriel. Celui-ci émane de la direction de BHL-Monde. Dans ce mail, les dirigeants annoncent la couleur de leur incommensurable générosité : 100 € net de prime exceptionnelle de fin d’année, accordée « gracieusement » à tous les salariés, pour les récompenser de leur travail au terme d’une année explosive en termes de croissance et de bénéfices. Le mail se poursuit d’ailleurs par des prévisions mirifiques de croissance pyrotechnique à deux chiffres pour 2011. Les talbins vont pleuvoir. Enrichissement en vue pour tous (les actionnaires) ! On est certain que les 183 auront su apprécier…

13 minutes… 13 minutes, c’est le laps de temps qui aura donc séparé l’annonce du plan social de BHL-France et le courriel d’autocongratulation de la direction de BHL-Monde ; l’entreprise, leader mondial dans son créneau logistique, se porte bien, très bien, comme un mauvais charme, et on imagine que le cours de ses actions répondra par l’allégresse exponentielle à l’allègement programmé de sa masse salariale... Le coût du travail, il semble définitivement que plus personne ne soit disposé à en payer le prix.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires en vue d’améliorer les conditions de vie des gens », peut-on lire sur le site Internet de cette société. Une profession de foi qu’on croirait écrite par un directeur de com de Pôle Emploi. C’est bien, les 183 ne seront pas dépaysés dans ce pays de cocagne où le travail ne serait peut-être pas proscrit s’il y en avait le moindre…

22 janvier 2011

L’accès à la culture


Avant l’imprimerie ou toute autre facilité de diffusion, culture et connaissance étaient rares et d’autant plus précieuses qu’on ne les acquérait pas comme ça. On les héritait de sa famille, de sa tradition, de son patrimoine, d’une éducation aboutie et coûteuse, du voyage d’une vie... D’où un monde où l’on se distinguait de naissance. Aujourd’hui où le premier venu peut accéder à l’œuvre du génie pour peu qu’il s’en donne la peine, distinction et aristocratie spirituelles s’acquièrent par la volonté, avec sans doute plus de justice.

Mais tout n’est pas réglé pour autant ! Parce que le problème, ce n’est pas tant l’accès à la culture, que l’on présente systématiquement comme l’obstacle à l’épanouissement des masses. Le problème ce ne sont pas ces foules qui restent à l’entrée des musées sans pouvoir accéder. Le problème ce sont aussi ces gens qui accèdent à énormément de choses et qui en reviennent les mains vides malgré tout.

« Accéder » est une chose. Savoir en retirer un enseignement profitable en est une autre. Nos parents restaient des années vissés sur leur banc, en classe de grec, à rêver d’oliviers et de pierres antiques en potassant leur grammaire. Et on imagine l'illumination, lorsque le plus chanceux d'entre eux, bien des années plus tard, finissait par réaliser le voyage au pays d'Homère... Tandis que désormais, le moindre étudiant, à 22 ans, a déjà « fait » la Crète. La Crète ainsi qu’un ou deux autres pays, où il est allé en août faire la nouba : une petite semaine louée à quatre potes dans une chambre quelconque, à ne rien voir d’autre que le bar, la plage et le bikini de Murielle…

Ils sont nombreux à avoir un accès plein et libre à la culture. Telle cette jeune femme, l’été dernier, qui lançait à ses amis sur facebook un fantastique : « des idées de bons plans pour Rome (expos, clubs, etc.) ? Rome est certainement la ville au monde qui compte le plus de « bons plans » : culturels, touristiques, religieux… Un séjour n’y suffirait pas. Mais ce qu'elle demandait là, ce n'était évidemment pas le bon plan basilique Saint Pierre, fontaine de Trévise ou Colisée ; c'était plutôt un bar lounge design, une soirée électro sur un toit d’immeuble, ou une expo japonaise de tabourets fluo. Et la maline reviendra en estimant qu’elle a « fait » Rome.

Ainsi, ils sont nombreux, avec leur pass’ musées à 1 franc, leur IDTGV, leurs vols Ryan’air à 30 €, à avoir un accès plein, libre et total à la culture… mais un accès complètement vain ! Ils n’en connaissent pas mieux le monde. C’est sans doute que leur curiosité ne va pas au-delà d’une recherche du semblable ailleurs, du chez soi différent… De la découverte, oui, mais normée et standard. C’est sans doute aussi que la connaissance ne réside pas dans l’objet final (le livre, le CD, la destination), et encore moins dans la facilité, mais au contraire dans la marche tortueuse qu’on a faite pour y parvenir. L’attente, le questionnement, l’illusion, la recherche, font intimement partie du voyage. La curiosité, la sagacité, l’implication, sont ses alliés indispensables. « No hay caminos. Hay que caminar » !

France Culture dérange Blaise Cendrars


J’aime tellement Blaise Cendrars que j’évite d’en parler.

C’est comme si j’avais découvert un coin peinard sur les côtes de France, une plage déserte et belle ignorée des touristes, que je voudrais garder pour moi, égoïstement. En faire la promotion reviendrait à risquer d’y voir déferler des troupes brutales, pouah ! Des manieurs de jet skis, des bronzeuses fanatisées par la crème, des manieurs de poids et haltères, des joueurs de baballes, des écouteurs de rap !
Non, Blaise et moi, c’est du sérieux, ça se fait dans l’intimité. Il a écrit pour moi, et c’est tout, pas besoin de public nombreux pour ça. Qu’est-ce que je pourrais dire ? Allez lire le Plan de l’aiguille, lisez sa tétralogie géniale, foncez sur Moravagine ? Non. Lisez Cendrars si vous voulez mais par pitié, fermez-la.

C’est ce que devrait faire France Culture, qui consacre une nuit spéciale (aujourd’hui même) au grand amputé. On va se faire chier autour d’un génie. On va entendre des Aline Pailler nous dire ce qu’elles ont bien pu saisir de Blaise… Cependant, on annonce des extraits des entretiens que Cendrars donna à Michel Manoll en 1950, et qui sont passionnants. Alors, si vous n’avez rien d’autre à faire…

Nouveau plan banlieue

Cette fois-ci, c'est la bonne!

20 janvier 2011

La méthode dite de Bob

Spécialement pour la St-Valentin, des conseils sur comment aborder une femme dans le but de la séduire! Pour ceux qui hésitent parfois, ou à qui il manque les mots, voilà comment bien se lancer! merci qui ? Merci Bob !!


La méthode Bob
envoyé par Culturalgangbang. - Regardez plus de vidéos sexy.

Le morceau du jour qui sent bon le Polonium 212

Le premier qui rigole ira faire du tourisme en Sibérie.

16 janvier 2011

Quand c'est Beau c'est Bolideur !

380km/h en vitesse moyenne, 760km/h en pointe : "avec la véga-missile vous êtes sur une autre galaxie".


Au CGB on roule tous en Véga-Missyl.

15 janvier 2011

Grand Con d'Or du mois

Le Grand con d'or du mois
ce n'est pas parce qu'il vole bas, qu'il ne faut pas l'aider à s'écraser



Directeur de Cabinets
envoyé par Culturalgangbang. - L'actualité du moment en vidéo.


La polémique enfle autour de la sortie du dernier livre d'Alexandre Jardin Des gens très bien. A 45 ans, Alexandre Jardin l'auteur populaire a radicalement changé de registre. Son nouveau livre est consacré à la vie de son grand-père, Jean Jardin, Directeur de cabinets de Pierre Laval. Un livre "confession" qui tourne au règlement de compte familial.

Invité sur Public Sénat, Alexandre Jardin persiste et signe. "Et le Directeur des cabinets était également parti faire pipi ???".


15 juillet 1942 : Jean Jardin en pleine préparation de la rafle du Vél d'Hiv.

Un coup de soleil, Un coup d'amour



Ah on me dit dans mon oreillette que la citation exacte serait : "Quand je lis le CGB, j'ai envie de couler un bronze !!".

No comment ...

Les dents de l'amer


Le site Internet Kapital, dans un article du 4 janvier dernier signé Pierre P., vous donne tous les trucs et astuces pour bien exploiter vos stagiaires tout en restant dans la légalité. Jusqu’où exploiter (légalement) les stagiaires vous demandiez-vous de concert avec la rédaction de Kapital, dans un contexte de guerre économique ouverte, où le choix serait devenu un article de luxe et le Code du travail une obsolescence juridicorigide d’ado idéaliste, qui avait déjà toutes les peines du monde, avant le surgissement du Léviathan Subprime, à jouer les fauteurs de trouble dans la grande teuf de l’exploitation tous azimuts ? Jusqu’où exploiter (légalement) les stagiaires, vous demandiez-vous ? Suivez le lapin blanc Pierre P. au pays des merveilles des ressources humaines…




Le temps de vous presser tout l'jus


Le journaliste, qui n’a donc même pas pris la peine de se cacher derrière un quelconque euphémisme barbare pour titrer, indice qui nous révèle au passage que le crime paiera et restera impuni, débute tout naturellement son article en définissant le stagiaire. « Le stagiaire est une ressource qualifiée, flexible et pas chère. » Et vous salivez déjà devant cet animal, que nous pensions en voie d’extinction dans les sociétés modernes et droitsdel’hommistes, dont Pierre P. n’oublie sûrement pas de nous dire qu’il est également jeune, cette caractéristique étant évacuée dans la chasse d’eau fleurant bon l’Harpic de l’usage des qualificatifs flexible et pas chère.
Il tempère toutefois illico les ardeurs de ses lecteurs, requins aux dents de l’amer qu’il vient de mettre en appétit, leur brandissant un steack bien sanguinolent de devant leurs yeux éteints, par cette précision déboulant juste derrière sa définition d’accroche : « A condition de respecter quelques règles... » Faisons fi de la syntaxe journalistique pour le moins elliptique de Pierre P. Il faut « respecter certaines règles » pour maintenir le stagiaire dans les conditions optimales de promesse érachière (féminin d’RHchier), « qualifiée, flexible et pas chère ». Ces règles, quelles sont-elles ? Question fondamentale à laquelle il faut une réponse si l’on veut relancer l’économie d’un pays en déroute, en proie à la concurrence débridée (enfin, là bas en Chine, y zexploitent les enfants…) de la mondialisation, qui doit absolument se mettre à jour et au diapason de la nouvelle loi de la jungle du tout économique. Pierre P. est donc parti enquêter sur le terrain (par la grâce de son téléphone) pour établir les nouvelles tables de la loi et évangéliser tous les saints patrons de France et de Navarre.



Les Ressources humaines : un monde sans visage


Le stagiaire, l’enfant exploité des sociétés progressistes, humanistes et humanitaires
"Si je cherchais un volontaire pour une tâche ingrate – élaborer un budget avec des informations à récupérer dans toutes les filiales, mouliner des tonnes de chiffres – tout le monde baissait les yeux, sauf les stagiaires, raconte Pascale Pa., DRH chez Dites-le-avec-des-pissenlits, un gros cabinet de conseil en organisation, qui a depuis monté le cabinet de coaching Menteusia. Non seulement ils étaient prêts à le faire sans discuter, mais en plus ils étaient contents."

Pierre P. d’introduire ainsi cette première citation : « Pascale Pa. ne s’en cache pas : quand elle était DRH chez Dites-le-avec-des-pissenlits, elle savait parfaitement tirer parti de son bataillon de jeunes issus d’écoles de commerce ou d’ingénieurs. »



Le tourne-over des stagiaires


Nous apprenons ainsi que le stagiaire, en sus d’être « une ressource qualifiée, flexible et pas chère », est un animal qui ne discute pas et qui se réjouit devant la tâche la plus rébarbative ; qu'elle puisse être assimilée à un travail herculéen, relevant du nettoyage des écuries d’Augias, ou à un supplice digne du dernier cercle des enfers antiques, tel vider le tonneau des Danaïdes, serait même un plus pour notre bête de somme. Voilà donc notre stagiaire propulsé masochiste en chef, lui qui effectivement est bien à la peine, tout en bas de l’échelle sociale... L’on voit bien poindre là une certaine logique protestante héritée des Pères fondateurs du libéralisme : plus t’es en bas, plus t’en baves, plus peut-être qu’il se pourrait bien que tu puisses un jour monter dans la hiérarchie, à moins que tu ne montes juste te faire clouer au piloris, ou qui sait, si tu as le goût de la performance, sur une croix tout en haut du mont Golgotha.


« Ce ne sont pas les chefs de pub, les consultants ou les directeurs d’agence bancaire qui lui jetteront la pierre. Dans tous les secteurs, et singulièrement les services à forte densité de matière grise, le stagiaire est devenu la figure incontournable du serrage de coûts. Les statistiques sont là pour le confirmer : nos entreprises devraient en accueillir cette année environ 1 million, contre 800.000 en 2005, selon les estimations du Conseil économique et social. Rapporté aux 2 millions d’étudiants en France, cela peut sembler beaucoup. Mais des jeunes déjà diplômés s’inscrivent à des formations fictives : certains établissements, véritables coquilles vides, n’ont même été créés que pour ça. »



C'est l'grand soir


Ainsi, point de culpabilité à ressentir, si vous aviez quelque velléité à exploiter, n’hésitez plus : le mouvement touche principalement les segments de « matière grise » du marché de l’emploi, c'est-à-dire les secteurs d’activité de pointe, les mondes hype et lounge de l’avant-garde innovante, les statistiques démontrant en sus la banalisation de l’usage. Nous voilà déjà hors-jeu, en évoquant le marché de l’emploi. Car là est bien tout l’intérêt du stagiaire : il est le fantassin du no man’s land, l’homme du vide juridique absolu, comme expliqué très précisément dans le paragraphe suivant.


« C’est que cette main-d’œuvre qualifiée et low-cost présente tous les avantages. Le stagiaire est corvéable à merci : la loi ne dit pas explicitement qu’il est soumis aux 35 heures. Il n’a pas droit aux RTT ni aux congés payés. Enfin, cette jeune pâte ne coûte pas plus de 417 euros par mois à ceux qui s’en tiennent au minimum légal. En outre, son "contrat" est ultra-flexible : on peut le prendre six mois et renouveler sa convention de stage d’autant, sans avoir à justifier quoi que ce soit ! Certes, il n’est pas censé occuper un vrai poste, mais les entreprises ne recrutent pas les stagiaires pour jouer aux morpions. Bref, et très cyniquement, on peut dire que l’abus de stagiaire n’est pas dangereux. A condition toutefois de ne pas dépasser certaines bornes. »



Convention de stage


Pierre P., bien en peine de dissimuler son enthousiasme, balance ensuite son inter de l’espoir « Pas de cotisations chômage ni de retraite à payer pour eux », et poursuit :


« Premier aspect positif, du point de vue du manager : il peut les faire trimer sans avoir recours à la pointeuse. "Chez nous, les stagiaires font les mêmes horaires que les autres : ils commencent à 9 heures et finissent vers 19 ou 20 heures", explique Benoît Lo., chef de groupe aux parfums Yves Saint Laurent. Dans les cabinets de conseil en stratégie comme Braindead ou BCBG, ou dans les banques d’affaires telle Merrill Lèche, les apprentis consultants peuvent même fréquemment finir à minuit ou au-delà. Rien d’illégal là-dedans. "Leur durée de travail n’est pas directement réglementée, explique l’avocat Michel Li.. A priori, tant que l’entreprise ne soumet pas ses stagiaires à des horaires plus contraignants que ceux s’appliquant à ses salariés, ça passe…"


Le journaliste enchaîne, dans une espèce de furie de collaborateur zélé, en mettant en garde son lectorat, dont il sent déjà pousser les dents façon Haricot magique, contre les écueils à éviter. Là est d’ailleurs tout l’intérêt de son article : conseiller les employeurs pour ne plus jamais qu’ils payent, que ce soit en salaires, en indemnités ou autres dommages et intérêts… Car Pierre P. n’est pas un journaliste, mais le militant d’un monde à bâtir où il n’y aura plus jamais ni perte, ni petits profits…



Bureau de stagiaire, en open space


« Seule précaution à prendre : préciser dès le départ, dans la convention, la durée hebdomadaire maximale de présence dans l’entreprise, y compris la nuit, le week-end ou un jour férié si nécessaire. C’est devenu obligatoire depuis un décret du 29 août 2010. Question repos, même topo : la loi est muette. C’est l’employeur qui choisit d’accorder ou non quelques congés. Légalement, n’ayant pas de contrat de travail, notre petite main n’a droit à rien, pas même aux RTT, quand bien même elle resterait six mois ou un an. Sauf si la convention collective, mais c’est rare, prévoit un régime plus favorable. »

La fée de l’esclavagisme moderne, Pascale Pa, affine : "Généralement, les stagiaires se soucient des horaires, des tickets restos et de la rémunération, mais jamais des vacances."

Voici donc croqué le portait robot du stagiaire, cette espèce bénie des ressources humaines : un employé aux dents de lait permettant à l’employeur de réaliser ses rêves les plus fous en matière de sadisme, un ultime animal préjuridique lui offrant la respiration d’une atmosphère dépolluée de toute loi castratrice de ronde centripète, tendant à faire de l’esprit d’entreprise, la seule et unique religion dans ses rangs salariés, et de tout contrat synallagmatique rabat-joie, odieux montage le contraignant à offrir des droits en échange d’obligations. Le stagiaire est une véritable bouffée d’oxygène patronale ! Ah, quelle tristesse d’avoir chuté du jardin d’Eden du contrat unilatéral d’adhésion totale et inconditionnelle… C'est à prendre ou à laisser, comme ça et pas autrement ! Pour un monde sans répartie, sans réplique, pour une science fiction Kdickienne de réplicants réalisée sur terre.



Stagiaires au terme de leur convention de stage


Vous n’êtes pas obligé d’être un gentil exploiteur, mais ce serait bien quand même d’être un peu gentil
Mais déjà Pierre P. s’interroge, car malgré le blanc seing, le chèque en blanc du système offert aux chefs d’entreprise, qui apparaît comme une espèce de contrepartie à tous les accords de Grenelle, certains employeurs semblent faire du zèle en matière de gentillesse et de bisous (de Judas) aux stagiaires.

« Pourtant, certaines entreprises veillent à ménager leurs forces. Chez Désaxé France, ils bénéficient d’une journée de congés payés par mois après trois mois d’ancienneté et, chez L'ORaël, ils gagnent une journée de récupération par mois dès le début de leur stage. Enfin, avis aux managers trop exigeants : le stagiaire doit pouvoir s’absenter en cas d’obligations scolaires, comme les examens, les cours de rattrapage, etc. »

L’on a envie de s’écrier avec Pierre P., et à l’instar de Monsieur Cyclopède, Etonnant non ?



Déclaration des ressources humaines et du citoyen


« Bien sûr, pour tous ses efforts, vous devrez lui accorder une "gratification minimum", selon les termes officiels. Mais, là encore, le stagiaire reste très bon marché. L’indemnité plancher est de 417 euros par mois (à partir de deux mois d’ancienneté), soit 2,74 euros de l’heure s’il ne travaille pas plus de 35 heures par semaine. »

Et Pierre P. de se réjouir, rassuré de comprendre qu’une "gratification minimum" ne s’apparente, dans le monde de ses maîtres, les euphémistes barbares et jargonneurs, qu’à un sussucre accordé de bonne grâce à un cabot : « A peine plus cher qu’un ouvrier chinois ! » Il eût été dommage qu’une nouvelle fois, Pierre P., nous épargnât d’un point d’exclamation dans cette punch line d’anthologie…
Cependant, on le sent bien, Pierre culpabilise de son article de collabo zélateur. La preuve, quand il concède une lueur d’espoir aux quelques jeunes diplômés qui auraient eu le malheur de s’égarer sur le site de Kapital, et seraient malencontreusement tombés la tête la première sur son manuel d’exploitation, sa notice d’utilisation des ressources qu’ils sont. Oui car Pierre a peut-être bien été jeune un jour, qui sait ? Peut-être même l’est-il, jeune, et qu’il en a bavé. Alors le voici en devoir de leur faire miroiter une issue, une possibilité de choix : « Toutefois, les meilleurs éléments savent faire jouer la concurrence. » Aïe, une obscure clarté tout en darwinisme social... Seuls les piranhas 3D s’en sortiront, bien évidemment. Nous compatissons à l’inquiétude des patrons apprentis exploiteurs, générée par cette saillie anxiogène, d’autant que le tableau, tout à coup s’assombrit durement, tel un orage intempestif, non prévu par Evelyne Dhélia, et qui aurait surpris quelques randonneurs partis à l’assaut du Mont Martre…



Thenardier Success Leadership.Inc recherche petite stagiaire sans expérience


"Dans le conseil, la finance ou le BTP, un diplômé d’un très bon master universitaire ou d’une grande école a des exigences : jusqu’à 2 000 euros par mois par exemple chez DeMoite, Bazars ou Inepte Consulting."

Aussitôt, Pierrot retient par la manche les quelques patrons déjà prêts à se jeter par la fenêtre à l’écoute de cette apocalypse eurosalariale à quatre chiffres : « Ce qui reste intéressant par rapport à un CDD, car l’employeur ne cotise qu’à la caisse d’assurance-maladie, mais pas à l’assurance chômage ni aux régimes de retraite. Sans compter, bien sûr, l’absence de contribution à la mutuelle ou de versement de treizième mois », un témoignage de Denis Le L., ancien DRH chez la Vie Aucher, rattrapant in extremis les derniers incrédules hébétés : "Quand j’étais DRH chez Aucher, j’avais mis en place une politique où on payait nos stagiaires 1.500 euros par mois. Ça les motivait à fond et, globalement, ça nous coûtait deux fois moins cher qu’un CDD. » Ouf ! Ouf ! Ouf ! Hourrah ! Un Denis Le L., qui comme sa petite collègue, Pascale Pa., en est un autre de ces gardiens du Temple de l’exploitation des stagiaires, dont on vous rappelle qu’ils sont un million à n’avoir pas encore été déportés dans ce camp tout en building de verre, à l’entrée duquel on peut lire ces mots Arbeit macht frei, et en sous-titre Toi qui entres ici, abandonne tout espoir ; lui aussi a « depuis monté son cabinet de conseil en ressources humaines »


And my boss is Jesus


Et ça continue, Pierrot de la nuit perpétuelle sans lune de nous apprendre, avide, comme si la coupe n’était pas amplement pleine, que ce Denis Le L. « a un autre outil de motivation, sans engagement : faire miroiter une prime de fin de stage. » Et ça déborde, car cet outil, nous précise-t-il cash, est une « technique privilégiée par Virginie D., directrice marketing de Envoimoichier.com, un comparateur de prix en ligne : "Certains me réclament 1.200 ou 1.300 euros, mais ce n’est pas possible pour moi, explique cette diplômée de l’Essec. Je leur propose donc le minimum légal tout en leur annonçant une prime de fin de stage qui peut doubler leur indemnité." »
Pierre ne lui jette pas la pierre, bien qu’on le sente boudeur, regrettant, des trémolos dans le crayon, que « La pratique est courante. » Et le voici basculant tout à coup dans le film d’épouvante, le film catastrophe, le polar à serial killer, reparti qu’il est à plein tube dans son entreprise de mise en garde contre un retour inopiné et incongru, indécent, du légal des vermines, d’un état de droit dont il sait, à l'instar de tous les lucides éclairés, que le message est L’asticot est l’avenir de l’homme. Le voici qui brandit, tel le manipulateur d’un théâtre grandguignolesque, la marionnette du méchant inspecteur du travail : « Gare toutefois à ne pas faire dépendre trop explicitement le versement de cette prime de l’atteinte d’objectifs, car c’est souvent considéré comme illégal par l’inspection du travail. »



Résistance passive


Le stagiaire, un employé comme les autres ? Le film qui vous fera vous faire dessus et sous vous
Pierre est inquiet de tout ce qu’il vient d’apprendre et nous avec ! Il commence à réfléchir, à durement s’interroger, à augurer du pire : « D’ailleurs, peut-on vraiment les faire bûcher comme des employés lambda ? » Sauf que cette interrogation de Pierre n’est pas à entendre au crédit des stagiaires :

« Sans aucun doute, si l’on en juge par les pratiques en cours dans la plupart des entreprises. Certains secteurs, comme l’édition, la mode, la culture, la communication ou encore la presse, font de cette main-d’œuvre d’appoint une condition de leur survie économique. Au point de constituer parfois des équipes avec 80% de stagiaires ! Quand Aurélia C., 25 ans, est entrée aux Editions Analphabète, il y avait huit stagiaires comme elle pour deux responsables, le propriétaire de la maison et son épouse : "J’ai fait à peu près tout, le standard, de la relation clientèle et webmaster", se souvient-elle. »

Et le café, et le grand oral sous le bureau, et les massages au n+1, a-t-on envie de s’indigner !

L’article s’achève par l’inter de la rédemption de Pierre : « le collectif Génération précaire décerne un prix du cynisme »… Il nous semble tout à coup hagard. Ah, mais n’y croit-il plus malgré toutes ces bonnes nouvelles qu’il nous a collées comme un bâillon de haillons dans l’bec ?! Comme revenu du pays des Merveilles de l’exploitation gratuite…

« Confier des responsabilités à des jeunes pleins de potentiel a néanmoins du sens : c’est une bonne façon de les tester en vue d’une éventuelle embauche. D’ailleurs, les multinationales ne s’y trompent pas. Ernest&Youngblood les fait intervenir sur des missions d’audit comme des collaborateurs débutants. Au sein de L’ORaël, "ils sont intégrés à l’équipe et “brainstorment” avec nous", explique Benoît Lo. Du côté du service RH de PQBC France, "les stagiaires conduisent des entretiens de recrutement de collaborateurs en binôme avec un salarié du service, voire seuls s’ils sont amenés à recruter un autre stagiaire", explique Marie-France René, adjointe des RH métiers. »



Stagiaire dissimulant pudiquement sa défiguration professionnelle


Le pied de Pierre lui a joyeusement glissé dans l’idéologie exploitophile. « De quoi acquérir de l’expérience. » Ah, comme il nous manque tout à coup un point d’exclamation dont nous ne savons plus, si auparavant, cette ponctuation marquait l’indignation de Pierre ou sa réjouissance. Hum. Non, tout est clair, les gentils patrons sont décidément dénués de toute espèce de mauvaises intentions. L’exploitation du stagiaire est une technique tout à son avantage, lui reconnaissable entre tous, à ces filets de bave qui lui dégoulinent des commissures des lèvres et ce regard vide de chien battu mais heureux au pied de son maître. Le patron peut bien dire avec des fleurs à ses stagiaires, que pour lui, ô grand humaniste, la valeur n’attend pas le nombre des années, et qu’ils sont les égaux(-sans-ego) dans son cœur de n’importe lequel de ses employés à durée indéterminée, pour Pierre, le patron ne doit pas être entravé et il doit toujours se méfier des méchantes tables de Loi du monde ancien, arriéré, rétrograde et régressif. L'un n'exclut définitivement pas l'autre :

« Attention tout de même car, d’un point de vue strictement légal, il convient de noyer le poisson pour que cela passe. Florence Co., de la direction juridique de l’Urssaf, le confirme : "Il n’est pas question qu’un stagiaire fasse le travail d’un salarié. Celui-ci n’est pas rémunéré pour être productif." Quelques indices peuvent attirer l’attention de l’inspection du travail : fixer une obligation de résultats, des horaires contraignants ou encore établir un lien de subordination fort. »

Pierre de nous faire boire la coupe jusqu’à la lie, nous citant l’exemple d’un directeur martyrisé sur l’autel(-restaurant de Saint-Tropez) du Code du travail, cet héritage encombrant et réactionnaire, dont il nous fait le quasi inventaire, dans cette nécrologie journalistique, au bénéfice de l’exploitation totale, dans un monde où la lutte des classes ne se résout plus que dans les collèges et les lycées de l’Education nationale :

« Evitez surtout d’inscrire vos stagiaires dans un planning, comme l’avait fait le directeur de cet hôtel-restaurant de Saint-Tropez condamné à une peine d’emprisonnement de quatre mois. Il avait, il est vrai, largement franchi la ligne jaune en affectant trois élèves d’écoles hôtelières à la réception de 23 heures à 7 heures du matin, 7 jours sur 7, soit environ 60 heures par semaine. »

Pierre en rajoute encore une bonne caisse de logorrhée Lexomil, identifiant l’« abus caractérisé », à une faute, à un péché d’orgueil, et non à un abus de position dominante, et réconforte, encore et toujours : « Mais, hormis ces cas d’abus caractérisés, les condamnations aux prud’hommes (pour requalification de contrat par exemple) et, plus encore, au pénal sont rarissimes. » Le monde de l’impunité, c’est pour hier qu’on le veut…



Méfiez-vous de Superstagiaire, il a peut-être un compte Facebook, ou pire, un blog


Le stagiaire 2.0 : un dangereux psychopathe à séquestrer dans des cellules de confidentialité
Il n’a pas échappé à Pierrot que le stagiaire est un jeune qui vit avec son temps. Dans sa tronche, de derrière son bouclard en open space, il le voit avec ses écouteurs aux oreilles, armé jusqu’aux dents de dedans ses poches de son smart phone, cette arme de destruction massive qui le maintient en réseau permanent avec les autres, et empêche l’employeur de le considérer comme une cible tout à fait isolée, alors que lui le guette, loup solitaire, fragile et esseulé qu'il est, à l’orée du bois. Il faut se méfier du stagiaire, car celui-ci est pourvu de contre-mesures technologiques à risque pour l’employeur.

« L’usage immodéré de stagiaires présente, en revanche, d’autres risques. De fuites tout d’abord : la génération Internet, habituée à partager ses expériences en ligne, se montre parfois trop bavarde. Le mieux, pour se prémunir contre tout espionnage, même à petite échelle, est d’inclure une clause de confidentialité dans la convention. Le second risque, notamment pour ceux qui tirent trop sur la corde, c’est d’abîmer leur réputation. Sur le site Internet StagesCritics, les entreprises se font régulièrement étriller par des vengeurs anonymes. »

Petits enculés d’ingrats potentiels ! Se pourrait-il qu’ils aillent jusqu’à s’indigner de leurs conditions de... travail ? Que nenni, c’est espionnage, diffamation et crime contre la réputation ! Lâches qu’ils sont de se venger en anonyme dans l’espace anarchique du World Wide Web, ce nouveau far west de pistoleros azerty. De plus, d’obscurs groupuscules d’activistes cryptofascistes, de militants mal disposés, semblent justement tout disposés à prêter main forte à ces petits salauds dans leur entreprise de scatologie coprophage, propre à salir le gentil patronat. Ils attendent, tapis dans la nuit, avec leurs petits yeux nyctalopes et cruels, l’heure de quitter l’ombre pour la proie, d'attenter, de semer le chaos dans l’ordre pur et juste du système mondialisé, en danger de ne plus ronronner comme une horloge suisse infaillible de précision. Et le lapin blanc à rolex au poignet, mon Dieu, n’ont-ils pas compris qu’il n’a plus le temps d’être en retard ?



Bosse feignasse


« De même, les jeunes militants du collectif Génération précaire ont remis en début d’année le prix du cynisme à la BPM Pariàbas et celui de l’exploitation à Desnonnes. La banque était pointée du doigt pour avoir "augmenté de 68% le recours aux stagiaires en trois ans, ce qui lui a permis de baisser de 35% le recours aux CDD", dixit le collectif, tandis que le roi du yaourt était épinglé pour une petite annonce qui proposait "le recrutement d’un stagiaire pour travailler sur le recrutement des stagiaires". »

Pierrot n’en loupe pas une, volant aussitôt au secours des gentilles entreprises épinglées, qui n’avaient d’autres intentions que d’offrir une expérience salutaire et salvatrice à leurs stagiaires, et leur permettre de lutter en armes sur le terrain miné d’un marché de l’emploi qui intime au jeune diplômé une expérience professionnelle avant d’avancer la moindre prétention.

« A la décharge de ces deux groupes, il faut souligner qu’une mise en situation vaut souvent bien mieux qu’une batterie de tests pour jauger le talent d’une éventuelle recrue. La plupart des banques ou des services marketing dans l’industrie le conçoivent comme cela. »

Il fallait bien conclure en étant réaliste, quand bien même réalité rimerait avec fatalité… Ah, mais c’est tragique, ça rime ! Pierre d'en finir pudiquement, se transmutant poète lyrique de la catastrophe et administrateur du désastre, pour emprunter sa tournure d'esprit à l’enragé Riesel : « Stagiaire rime avec précaire, mais aussi avec carrière. »



"S'il faut travailler pour vivre, à quoi ça sert de se tuer au travail" signé Tuco


« Stagiaire rime avec précaire, mais aussi avec carrière » résonnera pour l’Internité ! Une conclusion, comme un message d’espoir poisseux, de celui que nous vendent le Medef et toute la clique de la classe politique à sa botte. Il est un fait qu’il est dur pour le jeune diplômé de se faire une place sur le marché de l’emploi, d’autant que même les places à l’ombre se font rares. Il l’a dans l’os, contraint qu’il est de passer par la case stage, véritable chantage à l’emploi. Le diplôme sans expérience professionnelle ne vaut rien pour un recruteur, dont le cœur de métier est de chanter Singing in the rain à l'abri sous son parapluie ouvert de dessous le déluge. Le jeune diplômé, pour travailler devra d’abord trimer, c'est-à-dire faire ses preuves sur le marché de l’emploi, comme un grand, mais depuis cette oasis patronale du segment stage, non protégé par le Code du travail, censé chapeauter tout le marché du travail… legal. Mais stagiaire, crois-en bien Pierre P., la rédaction de (peine)Kapital et le bon sens paysan : on ne met jamais la charrue avant les bœufs.
Allez, ne pleure pas petit stagiaire, car tu restes libre malgré l’effet cliquet RH, qui resserre toujours plus ses menottes à tes poignets. Tu es libre de rester digne et de t’inscrire à Pôle Emploi, ô opprobre suprême et constat d’échec. Garde donc l’espoir, aie foi, car ses agents ne te refuseront jamais un travail pour lequel tu es surqualifié, sous l’hypocrite prétexte que tu es dénué de toute expérience. Vois comme cela ne compte pas pour eux, ô ces justes. Tu es libre, petit stagiaire. C'est-à-dire que tu le resteras jusqu’à la troisième proposition... Et si jamais tu te retrouves pulvérisé par le feu nucléaire de la radiation, ton ombre au mur du camp ira grossir les rangs des érémistes. Impair et passe ton stage d’abord ! Dernier brevet du rituel qui t’intronisera homme libre, libre de s'indigner, dans cette société des fers.
« Stagiaire rime avec précaire, mais aussi avec carrière »
et aussi avec six pieds sous terre, ossuaire…

Ensemble, c'est tout


Quand DSK était un paria au PS
envoyé par Culturalgangbang. - L'actualité du moment en vidéo.


Non, non le CGB n'est pas en train de virer aubryniste !

Au fait quelqu'un sait ce qu'est devenue Odette Grzegrzulka ??

Que la Bête meure!

Samantha la mâle-aimée et sa baguette magique

Une lesbiche anglaise aurait séduit deux donzelles (pendant 6 ans!) en se faisant passer pour un homme. Notre magicienne pissait debout, se mettait des bandages et prenait des bains moussants. Pour le reste... elle aurait fait disparaître sa baguette, les policiers n'ont retrouvé sur elle qu'un petit pot de miel.

[...] It alleges she tried to hide her breasts from the women by telling one that she had suffered burns on her back and needed to wear bandages around the chest area.

She allegedly told the other that she had suffered a stab wound to the torso which meant she had to wear bandages and clingfilm around the chest.

Brooks is accused of placing a condom on an object she purported to be her penis and using it to obtain sexual intimacy with both women, which she knew they would not otherwise consent to.

It is also alleged that she bathed in the presence of each woman but used bubblebath to conceal her body.

She is also said to have urinated standing up, and refused to remove upper clothing in front of them in an attempt to conceal her breasts.
[...]



http://www.dailymail.co.uk/news/article-1347148/Woman-26-poses-man-9-years-trick-TWO-women-having-sexual-relations.html

Tunisie : et les vacances bordel?

13 janvier 2011

Débat et des Bisous


Je m'interroge...

Je me suis rematé Hair, le film de Milos Forman tiré de la comédie musicale du même nom, y a pas longtemps. J'aime bien Hair, même si ça ne vieillit pas toujours bien, c'est une de mes bisounourseries assumées et suis toujours aussi ému à la fin quand Berger part mourir à la guerre à la place de Claude alors que s'élève "The Flesh Failures/Let The Sunshine In". Emotionnellement, Hair reste un des films qui m'ont le plus marqué avec "Salo, ou les 120 jours de Sodome".
Et oui. Au fond de moi sommeille encore un freak peace and love. Surtout je sais que je ne serais jamais parti mourir à la guerre loin de chez moi pour une cause perdue d'avance qui n'en valait pas la peine. Je sais aussi les pieds et les mains que j'ai fait pour ne pas faire l'armée. Je me pense cohérent, si je ne veux pas mourir à la guerre, je ne le souhaite pas non plus à mon prochain.
Je sais aussi que les plus à plaindre, malgré la multitude de films nous demandant de nous émouvoir sur le sort de cette belle jeunesse américaine fauchée trop tôt, émotion d'autant plus facile que nous n'avons aucun mal à nous identifier à eux, bercés d'hollywooderies que nous sommes depuis notre plus tendre enfance, restent tout de même les vietnamiens.
Bref...

Je pense à ça, parce que dernièrement j'ai rencontré un jeune gars, qui revenait d'un long séjour d'engagements militaires en Cote d'Ivoire. Un jeune gars, qui sait que la prochaine affectation sera pour cet été et que ce sera l'Afghanistan et je vois qu'il a été très marqué par la Cote d'Ivoire et que son bref retour à une vie normale est pour le moins difficile. Et puis il y a cette nouvelle, dernièrement, d'un nouveau soldat français tombé en Afghanistan, le bourbier sans fin qui termine de discréditer la démocratie à l'occidentale.

La présence de l'armée française en Afghanistan est une pantalonnade et je ne saisis toujours pas pourquoi on y est. Ou plutôt,les raisons possibles de notre présence là-bas sont nombreuses et on ne nous a toujours pas expliqué laquelle est la plus prépondérante : chasse au terrorisme, mission de pacification et de démocratisation (avec des flingues), retour dans l'OTAN, concession à l'allié américain après notre désaccord sur l'Irak, présence dans un pays clé de l'acheminement en ressources naturelles (gaz), bonne drogue.

La France est en guerre! Depuis plusieurs années maintenant et la plupart des français ne le savent pas. L'armée a bien intégrée qu'un bon conflit est un conflit invisible et on ne nous en parle pratiquement pas sauf à l'heure de souhaiter joyeux noel à nos troupes ou un bon retour émouvant allongé dans une boite. Ces mecs meurent, on n'a même pas pris le temps de nous ou de leur expliquer pourquoi. Enfin si, ils le savent : parce que c'est leur métier.
Et c'est là que je veux en venir.

Aujourd'hui avec la fin de la conscription et l' ère nouvelle de l'armée de métier, la population est complètement déconnectée des agissements de son armée, n'est massivement pas touchée par le sort des soldats et les mecs qui meurent à la guerre le font dans le cadre de leur job, ils ont signé pour ça, on les a pas vraiment pris en traitre et ne sont pas là contre leur gré. Et ce, malgré les campagnes de communication super lisses et quasi humanitaires, sur fond de graphismes de jeux vidéos, balancées par l'armée française dans les médias, les hypermarchés ou les foires au job. Le cœur de métier ça reste ça, être capable de tuer et risquer de mourir.
Je n'en fais pas pour autant des brutes assoiffées de sang, le facteur économique explique certainement pour la plupart leur présence dans l'armée, recherche d'un avenir, pas de qualifs, besoin de travailler ou d'encadrement.

Et donc je m'interroge, au-delà d'un engagement anti-guerre ou anti-militariste général, peut-on encore s'indigner (fait chier Hessel) du sort d'hommes qui meurent au combat alors que c'est finalement le job qu'ils ont accepté librement et en toute connaissance de cause? Peut-on encore prendre appui sur leur malheur, entendre la douleur et la peine de leur famille qui réclame souvent justice, ou est-ce un débat d'arrière-garde et les simples risques du métier?

Vous en pensez quoi vous ?

Le morceau du jour qui fout le dawa : Kamini - la bagarre

Crès, crès bien vu.

9 janvier 2011

Papy fait de la bien-pensance

Et maintenant, Soeur Stéphane va nous interpréter le Hessel Lied


On nous avait déjà fait le coup il y a une petite dizaine d'années, avec le succès « spontané » de Matin Brun, la très courte nouvelle de Franck Pavloff, que l'on dira poliment inspirée du fameux Ich habe geschwiegen de Martin Niemöller. Même couverture souple et moche, même type de petite maison d'édition forcément engagée, même petit prix, même texte très court écrit gros, même vigilance citoyenne entre deux baillements, même emballement fonctionnario-journalistique. Autre point commun, ce n'est ni dans la virtuosité du propos, du style ou la profondeur pensée qu'il faut aller chercher les raisons du succès, mais dans un lénifiant étalage de bons sentiments à peu de frais et à moindre coût. Les indignations réchauffées et convenues de Stéphane Hessel ne sont pas sans rappeler les manifestations, spontanées toujours, de l’entre deux-tours 2002 contre une hydre fasciste fantasmagorique, à deux doigts de prendre le pouvoir mais en réalité d’avance perdante, cette incroyable faculté à se présenter comme dissident, comme tenant d' une pensé iconoclaste et subversive, résistante, révolutionnaire et minoritaire tout en se fondant dans le confort d’une douce unanimité. Tous ensemble, tous ensemble Hey ! hey !

Il s'en est fallu de peu que je passe totalement à côté du phénomène Stéphane Hessel, le nouvel Abbé Pierre laïc. Jusqu'à ce que dans la même semaine on s'enquiert de mon avis sur le sujet - je savais vaguement qui était Stéphane Hessel et aucunement, qu'il avait sorti un livre - puis que je tombe,sans gravité, sur ledit livre chez une connaissance. Rapidement lu, la première chose qui frappe c'est la minceur du propos, l'indignation convenue, réchauffée, ainsi que le manque cruel de fond. Dispensable.
Je crois alors être tombé sur un fan esseulé, quand allumant la radio, j'y entends le même Stéphane Hessel causer dans le poste. Coïncidence ? Le doute s'estompe définitivement devant la couverture placardée de Marianne titrant « Et vous, qu'est ce qui vous indigne ? ». Merde c'est un complot ! La mâchoire terminera de me tomber en découvrant les chiffres de ventes : plus de 600 000.
600 000 personnes à avoir mauvaise conscience d'avoir mangé gras pendant les fêtes alors que les petits Palestiniens et Irakiens se font exploser de désespoir. Et après, on nous dira que l'esprit chrétien se perd. Depuis, je guette avec inquiétude ma boîte aux lettres, de peur qu'il prenne une envie d'édification des masses et de transmission de la bonne parole sur fonds publics à notre bonne mairesse Hélène Mandroux. Et si le simple citoyen devait y échapper, il serait étonnant que les écoliers, collégiens et lycéens y coupent. En route pour le million !

Stéphane Hessel nous va sur ses 93 ans, les plateaux TV, les ondes radio et dans les colonnes des journaux avec le même sourire béat et les mêmes yeux rieurs que Jean d'Ormesson ou Soeur Emmanuelle, de ceux qu'on a envie d'effacer à grands coups de marteau. Goûtant à la notoriété grand public sur le tard, plongeant dans le grand bain de jouvence médiatique avec un plaisir non dissimulé, il a pour lui un parcours de jeunesse sans tâche. Immigré juif-allemand, naturalisé français, il entre dans l'âge adulte par la Résistance et rejoint Londres. Devenu agent de liaison, il est arrêté, torturé par les nazis, envoyé en camp, évadé, le tout sans avoir jamais donné les copains. Un héros, un vrai, un homme debout. Après la guerre, on le retrouve en rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, sa carrière professionnelle se tournera ensuite vers la diplomatie française, représentant de la France aux Nations Unies puis ambassadeur de France, sans jamais renier ses idéaux. Proche d'une étiquette de Gaulliste de gauche, il finira comme tout le monde sur les genoux de Mitterrand au Parti Socialiste et dernièrement en position non-éligible chez Europe Ecologie.
Progressiste, humaniste concret, dernier des Mohicans encore debout et pensant, l'homme est quasi inattaquable. Taper sur Hessel, c'est taper sur la mémoire de la Résistance et sur le combat des Droits de l'Homme et ce, sans compter sur ses amitiés sartriennes. Il se prévaut de parler au nom de ces 3 mémoires. Un vrai personnage de roman, Stéphane Hessel, d'ailleurs sa maman en a, elle, inspiré un. Elle est Catherine, l'héroïne pour laquelle se déchirent « Jules et Jim ». Tout ça ne devrait pas manquer de terminer sur le Service Public, en téléfilm biographique en deux parties avec Josée Dayan à la réalisation, au scénario et à la tronçonneuse.

Il est regrettable, après un tel parcours, d'entrer dans l'inconscient collectif par ce qu'on a fait de plus futile. Par la grâce de son Petit Livre Moche, Hessel va se retrouver pour quelques mois sur le créneau de Paolo Coehlo et son Alchimiste, l'écrivain préféré des sportifs de haut niveau et des DRH, comme remplisseur de conscience auprès des bourgeois roses en manque d'intériorité. Refoulant aux poubelles de l'Histoire un Guy Mocquet, un temps candidat au marché, mais cramé dès la ligne de départ par Nicolas Sarkozy. À quelques mois près, on pourrait même se prendre à imaginer un Raymond Domenech aux abois, jamais avare d'une facétie, distribuant « Indignez-vous » à son équipe de millionnaires analphabètes avant le 3ème match de poule décisif en Afrique du Sud, en espérant la prise de conscience et le sursaut collectif.

Au cours des dernières années Stéphane Hessel s'est signalé comme un défenseur implacable du programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Signataire avec Raymond Aubrac, entre autres, en 2004, d'un appel à commémorer le 60ème anniversaire du programme du CNR, il interviendra aussi en 2008 pendant le rassemblement du plateau des Glières, pour tancer Nicolas Sarkozy, qui chaque année essaie de s'approprier l'image de ce haut-lieu de la Résistance en en faisant sa Roche de Solutré (mais sans Jack Lang) tout en s'appliquant à détricoter les restes du programme du CNR (retraites par répartition, sécurité sociale, liberté de la presse) de par sa politique.
Hessel critique aussi régulièrement la politique israélienne, ce qui lui vaut la haine des psychorigides finkelkro-taguieffens. Ainsi à l'automne dernier, il s'est retrouvé particulièrement attaqué par Pierre-André Taguieff, sorte de Didier Daeninckx (alias Dédé la Fiche) sioniste, après qu'il a apporté son soutien et sa légitimité à la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) visant au boycott des produits israéliens en provenance des colonies. Initiative qui vaudra aux partisans de cette opération, une plainte pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence », ce qui est plus impressionnant et grave mais moins proche de la réalité que «putain de tentative de niquer le bénef en loucedé ».

C'est donc en possession de ces seuls indices (le précédent paragraphe), vierge de toute connaissance du succès et de l'emballement que connaissait « Indignez-vous » et plutôt armé d'une vague opinion positive envers son auteur que je débutais ma lecture. Je m'attends à lire un plaidoyer en faveur de la sauvegarde des acquis du CNR. Y en a aussi ! Mais pas que !

Une lecture déjà refroidie dès la prise de connaissance en page de garde de la présentation de la maison d'édition responsable du « brûlot ». Ça sent le bobo mal lavé ou plutôt bien propre sur lui. J'y reviendrai en fin de texte.

Le livre, lui, commence à peu près ainsi :
Au commencement était le chaos et la botte fasciste alors dans le plus grand secret quelques êtres de lumière indignés se réunirent, firent une grande ronde et se mirent à chanter ; de ce chant naquit le Grand livre du Bien : Le Programme du Conseil National de la Résistance. Oui, mon petit. (Citation d'à peu près Stéphane Hessel).
Stéphane Hessel prétend s’adresser aux jeunes générations et réveiller leur envie d'indignation en brandissant le programme du CNR érigé sous sa plume en quasi nouvelles tables de la loi révélée, aujourd'hui martyrisées. Preuve de son éternel optimisme quand on sait que l’immense majorité de ses prétendus lecteurs ignorent jusqu’à son existence et auront bien du mal à en déchiffrer l’acronyme.
Rapidement le propos se détourne de cette veine et voilà convoqués comme motifs d'indignation, pêle-mêle, les Roms, les sans-papiers, la finance, la mondialisation, l'école, l'écologie, la Palestine, l'Irak, George Bush et la politique israélienne. Ce flot d'indignations tous azimuts, dans une volonté d'incarnation de la défense du Bien global, ne va pas sans contradictions. Et surtout, jamais la moindre piste de solutions ou embryon de proposition.

Comment brandir le CNR, programme de reconstruction d’un pays souverain et une adhésion sans faille à la construction européenne ? Comment occulter qu’un retour au CNR implique quasi obligatoirement un retour vers le souverainisme et au protectionnisme ? Une telle nationalisation des grands moyens de productions, de l'énergie, des banques, des richesses du sous-sol semble contradictoire avec "l'instauration d'une véritable démocratie économique". A quel niveau s'exercerait-elle ?
Ce retour à un État-Nation fort et souverain prôné d'une part est en totale contradiction avec le sans-frontièrisme défendu d'autre part par le vieil homme. Comment, toujours, dénoncer la mondialisation sans remettre en cause la construction de l'espace européen tel qu'il se fait ? Il semble difficile pour les progressistes de cette génération de remettre en cause la construction européenne et la fin du contrôle des frontières et de les penser comme des obstacles au maintien et à l'amélioration des conditions de vie des citoyens.

Stéphane Hessel exhorte : trouvez-vous une indignation ! Penser à l'ajouter dans la liste des bonnes résolutions de la nouvelle année ou pour la prochaine année scolaire du petit dernier en compagnie du choix d’une activité artistique, d’un sport individuel et d’un sport co. Indignez-vous, toute indignation est bonne à prendre, c'est bon pour la circulation sanguine, « Mangez, bougez, indignez-vous ». Le prix des Nike Air, le prix du Teushi, le prix des consos en boîte... Tout est indignation.

Nous, on veut bien s'indigner avec Stéphane Hessel, mais en seconde intention manque le concret des solutions.
Car s’indigner, ancien apanage des bonnes bourgeoises à chienchien emperlouzées n’est pas agir. L’indignation reste la parente pauvre de l’engagement, tellement « in » dans l’ère du superficiel et de l’immédiateté sans contestation propre. Une indignation jetable qui reste symbole, substituée à la révolte, qui évite soigneusement d’aller au fond des choses et de constituer une véritable remise en cause du système. Nous ne saurions que trop recommander à Stéphane Hessel d’ouvrir un profil Facebook sur lequel se retrouveraient immédiatement plein d’amis indignés, ce qui ne coûterait rien ni à l’un ni aux autres.

« Indignez-vous  ! », le nom d'un nouveau groupe Facebook ? Une métaphore efficace qui décrit précisémment ce qui est en train de se passer de façon concrète, avec plus de 650 000 membres et la même absence d'implication réelle. Comme quoi, ce livre n'est pas le coup de pied dans la fourmilière que l'on imagine. Ce n'est pas un tsunami de la pensée, c'est juste une vaguelette réconfortante venant baigner les pieds des pataugeurs enthousiastes.
De quoi s'indigne le créateur du groupe ? On retrouve au top 50 des éternelles bonnes œuvres des belles âmes les figures du gentil immigré, du sans-papiers christique et de l’opprimé palestinien. A quoi on ajoutera la mondialisation marchande destructrice et les méfaits des grandes féodalités économiques et financières.
Comment mettre en avant le programme du CNR en défendant l'idée européenne ? Comment ne pas convoquer le procès de l'ONU et des instances internationales ? Hessel voit dans les années 90 la victoire des Nations Unies alors que c'est dans cette décennie que l'ONU perd. La fin de l'histoire, la chute du mur, l'effondrement du bloc soviétique, l'avénement de la globalisation, la décennie 90 devait être un boulevard pour une organisation globalisée, l'ONU n'a pas su la saisir. Et ce ne sont pas les quelques exemples invoqués par Stéphane Hessel, restés, tous, lettre morte et sans suite qui feront changer cet état de fait

La Palestine, toujours, les sans-papiers toujours, Stéphane Hessel, même sourire figé que sœur Emmanuelle, nous est sorti par le système pour les mêmes raisons que cette dernière alors que le mécontentement social gronde et que s’estompent à peine les mouvements de grève de la rentrée dernière : fermez vous gueules les cons, n’oubliez pas de garder mauvaise conscience et qu’il existe toujours plus malheureux que soi, loin.

Ironie de l’histoire, les bobos enfants libéraux-libertaires de mai 68 se retrouvent à aduler en saint laïc, un ancien résistant, gaulliste social, membre de ce système que leurs ancêtres révolutionnaires en peau de lapin mirent à bas sous le regard bienveillant des séides de l’Empire Étasunien et des précurseurs de la globalisation libérale et financière.
Au final les indignations de Stéphane Hessel ne sont pas sans rappeler celles de BHL, toujours loin, toujours abstraites, toujours indignation du sort de l'Autre, ravalé au rang de bon sauvage vierge et porteur d'innocence comme dépeint dans la présentation de la maison d'édition. Et quand on sait qu'une fois bien indigné, Stéphane Hessel s'en va apporter son soutien à Martine Aubry voire à DSK qui est aujourd'hui à la tête de ce FMI responsable de bien des indignations du sieur Hessel, on ne peut s'empêcher de trouver la démarche définitivement stérile, de ces énervements passagers qui permettent de vider son sac avant de retourner faire tourner la grande machine. « Allez hop, une bonne indignation, un suppo et au lit, demain faut aller bosser ».

------
Quelques mots sur la maison d'édition "Indigène".
Tenue par un ancien de la Gauche Prolétarienne, "Indigène est une maison d’édition dédiée aux savoirs et aux arts des cultures non industrielles des Premières Nation– Aborigènes d’Australie,Indiens d’Amérique, Tibétains, Inuit, Maoris… – sans oublier les « Indigènes » de nos propres sociétés, ces pionniers, chez nous, qui entendent
rompre avec les logiques mercantiles, protectionnistes, standardisées, tout en dégageant de nouveaux pôles d’autorité intellectuelle et de viabilité économique."
On retrouve ici aussi cette contradiction chez les tenants du Bien entre la glorification des cultures dites "premières", traditionnelles, homogènes culturellement et ethniquement, souvent parfaitement patriarcales et leur sainte horreur de toute sorte de protectionnisme, de la franchouillardise et des traditions françaises. Une horreur sans cesse exaltée dans leurs appels répétés à la mixité, au brassage des cultures et à l'immigration débridée. Une horreur des "logiques protectionnistes", de la Nation, parfaitement en désaccord avec l'essence même du programme du CNR tant vanté par Stéphane Hessel.