26 mars 2010

Rush Earth hour 2010


100 jours après le sommet de Copenhague, l’Everest à l’horizontal et en 2D de l’écologie, cet ersatz d’idéologie créé à l’image du monde qui l’a chié, cette sphère aplatie, ratatinée et riquiquifiée, les écolocrates et autres écolossociatifs plus ou moins glam, remettent le couvert de leurs « 60 minutes pour sauver la Terre ». Cette année, cette opération labellisée festive, qui nous revient comme le printemps, a manifestement trouvé son nom de code définitif : Earth hour. Deux mots qui sonnent comme le titre d’un film catastrophe américain et qui nomment donc forcément que l’heure est à l’action. Un blockbuster médiatique garanti. Un succès marketing assuré pour ses promoteurs écocitoyens. Et une aubaine pour toutes les créatures nyctalopes : demain, dès 20 h 30, un tsunami d’ombre va éclairer la soumission joyeusement revendiquée de la prochaine humanité écocompatible, déjà largement là. On n’en demandait pas tant à la démocratie écologique en route…


Ampoule basse tension


Cette opération d’extinction totale des feux porte bien son nom. L’anglais s’étant imposé comme l’espéranto du Marché globalisé, l’opération est mondialisable, et mondialisée via une « vague d’ombre » qui se répandra à travers tout le globe en 24 heures, la synchronicité étant interdite en l’occurrence par la grâce stellaire de la révolution de la Terre... Mais que de poésie ! L’opération est donc universelle. C’est un appel à toute l’humanité. Ce titre alarmiste a justement pour vocation de diffuser à travers le monde le message de la catastrophe écologique globale dont on nous dit depuis quelques années qu’elle est sur le point d’atteindre son seuil critique, son point de non retour et de nous le faire savoir de manière spectaculaire... Avec quasi 7 milliards d’êtres humains, que la catastrophe tant fantasmée et attendue ne se leurre pas : elle aura du boulot…


Pétition contre l'extinction de l'homme à adresser à mère Nature, Pôle Nord, cedex 00


Earth hour, une heure pour la Terre… Une heure par an pour la Terre ? Qu’est ce que cela peut bien signifier dans un contexte d’état d’urgence écologique proclamé au niveau mondial il y a 15 ans à Kyoto, lors de cette fameuse conférence sur la réduction du problème écologique au seul facteur carbone ? Cette opération ne serait-elle qu’une célébration en creux des nuits électriques du système technicomarchand ? Une proclamation égoïste à destination des pays en voie de développement pour leur interdire la généralisation dans leurs contrées de notre modèle de société ? Juste un ordre mondial d’uniformisation mentale ?...


René Riesel à l'index !


Earth hour, c’est le rush hour écolo : on n’a plus le temps de réfléchir. Il faut agir. Il faut sauver la Terre et l’Humanité (si possible). Les écoguerriers ouvrent la voix à suivre pour atteindre l’issue, la seule, avec leurs coupe-coupe tout en prescriptions, recommandations, disciplines, leur rationnement sacrificiel, leur austérité joyeuse, leur ascétisme hédoniste, leur activisme radical…ement mou. L’humanité et son environnement sont à la croisée des chemins : il faudra donc suivre et survivre, ou périr. Tout contrevenant sera considéré comme le dernier des terroristes sanguinaires et dénoncé comme tel par les militants de la simplicité volontaire, ces atrophiés du bulbe au dynamisme de suppliciés, précurseurs de la précarisation light, du prochain modèle social de misère assumée et heureuse, alliés objectifs des capitalistes les plus cyniques… L’heure n’est plus au choix : l’heure est à la proscription de l’idée même de liberté. L’heure est à l’état de nécessité.


En Afrique, on connaît déjà la simplicité volontaire


L’écologie avance sous couvert d’état d’urgence, ce dernier s’appuyant sur un état de nécessité statistiquement étayé par les scientifiques, nouveaux Galilée à lentilles inversées, observant le monde au microscope, et bénéficiant eux, de par la jurisprudence de l’astronome entendue a contrario, du dogme de l’infaillibilité scientifique. Pendant ce temps, les hommes du commun, empoisonnés au quotidien, font peinardement ou non le compte des catastrophes qui seraient ou pas des attestations de la catastrophe globale… Faut bien se divertir en attendant l’cancer ! L’état d’urgence est psalmodié par les experts, dont les craintes ne sont en fait que des ordres (René Riesel). Et l’Etat d’urgence ne signifie qu’une chose : la guerre. Et en l’occurrence, la guerre perpétuelle. L’écologie se pose en modèle impératif de gestion de crise de l’avenir, de tout le reste de l’avenir…


Energie renouvelable


L’heure est à la mobilisation de type temps de guerre permanente pour sauver planète et Humanité, soit des conditions idéales pour une production en perte de vitesse, l’élaboration de nouvelles normes Iso de Haute qualité environnementale, le développement de technologies vertes à l’impact écologique écrasant, le tout pourvoyant à la pelle des emplois verts et morts au sens marxiste du terme car perpétuant la progression progressiste de la division des tâches à l’extrême . Le capitalisme a produit le désastre ? Oui, mais le capitalisme est un totalitarisme qui s’adapte à tout : le désastre est devenu son marché de prédilection. L’écologie est une économie de guerre et une guerre de l’économie (Encyclopédie des nuisances). A ce titre, l’écologie est tout sauf une solidarité…


Ecologie et Terraformation incognita


Pour mener une guerre, il faut des troupes. Il faut recruter pour remplir les casernes de l’écologie. Or, toutes les conditions historiques et hystériques sont réunies pour lui permettre de se poser comme l’héritière d’une histoire riche en tactiques, stratégies et arts de la guerre, reprendre à son compte le domaine de prédilection des hommes, poussé à un stade de perfectionnement jamais atteint : la technologie du contrôle, de l’asservissement et du conditionnement. Et rien ne lui échappera, car elle sait que le Diable se cache dans les détails, et la quantité d’eau qu’il vous faut pour vous laver les dents… L’écologie appelle à un monde intégralement produit, plus malléable et moins rétif, plus efficient. L’écologie est le nouvel avatar du progressisme et par là même la nouvelle mise à jour de la domination. Elle est l’imparable et insoupçonnable aliénation : elle est l’aliénation voulue car pensée comme impérative. Son développement durable ne mènera l’humanité qu’à la dévolution, l’obligeant à ne plus s’occuper et se préoccuper que de sa seule conservation (Arendt, les origines du totalitarisme). En ce début de XXIème siècle, l’écologie est au-delà d’une position de force pour devenir l’idéologie ultime de l’Humanité, la dernière, la terminale.


Chantal Jouanno, la taxe carbone est une indulgence écologique


Tandis que la catastrophe écologique est déjà là, à savoir que les catastrophes écologiques sont déjà là depuis longtemps, l’écologie ne propose qu’un pis aller : faire durer le plus longtemps possible la fin. L’écologie n’a pas pour but de nous proposer un nouveau modèle de société et de développement. Elle ne propose que de recycler l’ère industrielle, que de nous apprendre une gestion citoyenne de la poubelle planétaire. La conscience écologique est un simulacre de conscience éclairée. L'écologie n’ouvre que sur des perspectives de survie rationnée, de consommation raisonnable, et de vie robotisée. Et son succès est garanti car elle est un lobby de l’anxiété poussant chacun à l’internalisation de la responsabilité de la catastrophe. L'écologie a la peur de l'insécurité pour elle, une peur qui ne débouche pas toujours sur un dandysme apocalyptique, ou un delirium millénariste, mais le plus souvent sur des névroses hygiénistes, et un fascisme hystérique sûr d'incarner l'intérêt de l'Humanité dans son ensemble, et d'avoir le droit exclusif de parler en son nom.


Ne dites plus traces de pneu mais empreinte carbone


L'adhésion écolo est une demande de protection, et c’est pourquoi c’est une idéologie de l’adhésion inconditionnelle. L’écologie est à ce titre peut être bien un piège, un piège et certainement une arme… Ses défenseurs ont donc raison : pour la célébrer, mieux vaut éteindre la lumière.


Greenkiss : faites des bisous à la planète

6 commentaires:

  1. Il y avait sur un blog de LeMonde.fr un article qui nous informait des danger de cette opération... Il n'existe plus...

    C'est curieux, quand même.

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  2. Merci Lestat, très bon article.

    Tiens, si l'inspiration venait à manquer à quelques Cégébéiste, je ne sais pas si vous connaissez déjà ceci :

    http://www.zebu.net/site2/client/index.php

    C'est pas beau ça ! En tout cas y a de la matière.

    Encore un bravo pour votre blog, longue vie au CGB !

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  3. "C'est une association qui vous invite à investir dans un zébu, un cochon, ou autre dromadaire. Votre animal sera confié à un paysan pauvre au bord du Mékong, au pied des Andes ou encore dans les dunes du Sahel."
    "La tendance n'est plus à l'aumône mais à l'épargne éthique : vous devenez un partenaire économique et non plus un donateur anonyme.
    Vous restez le fier propriétaire de l'animal, jusqu'à ce que la famille vous ait remboursé le capital et les intérêts grâce aux produits de son élevage. Ensuite, à vous la liberté de le récupérer en monnaie locale sonnante et trébuchante, ou de réinvestir car il vous vient des envies de troupeaux."
    Ah quand on parle de capital et d'intérêts, on a forcément des envies de troupeaux...

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  4. Riesel, c'est human beat box ? Très bon article, et Riesel est toujours aussi enragé.

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  5. C'est en effet très dangereux pour le réseau électrique: si l'on produit plus que l'on consomme, à une faible marge de manoeuvre près, les fils surchauffent et pètent en série, façon blackout aux US au début des années 2000.
    Un geste pour sauver la planète, vraiment ... Se creuser un peu la tête de temps en temps serait plus efficace. Je hais ces bobos.

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  6. Encore faudrait-il aussi réfléchir à des alternatives au système électrique dominant. Mais ce n'est pas le chemin qui est pris (Cf. http://yannickrumpala.wordpress.com/2009/12/17/froid-et-electricite/ ). Plus largement, sur ce qui peut être analysé comme une "gouvernementalisation" de la consommation, voir aussi http://yannickrumpala.wordpress.com/2009/12/07/la-%c2%ab-consommation-durable-%c2%bb-comme-gouvernementalisation-de-la-consommation/

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