5 février 2010

Discussion entre cégébistes



Bon, nous en sommes réduit à une explication de texte entre cégébistes. Si c'est pas malheureux de voir ça ici. Et tout ça par la faute de cet article de Reune que je vous encourage à ne pas lire. Explications de commentaires:

Paracelse : Petites questions.
J’ai dans l’idée que la finance sert à financer l’économie réelle et là est sa légitimité, sa raison d’être. La finance a-t-elle d’autres légitimités ?
Quel est l’intérêt pour une entreprise que des prises de position boursières sur sa valeur se fassent sur une échelle de temps « Day-Trading » ou à très très court terme (2 à deux semaines par exemple) ? Comment peut-elle lever des fonds grâce au marché dans le cadre du day-trading sur sa valeur ? Où y trouve-t-elle son intérêt ? Qu’une entreprise y trouve son bonheur sur les prises de positions long terme, je peux le comprendre. Mais pourquoi ça ne la dérange pas dans le cadre du Day-Trading ?
J’attends avec impatience l’avis de René et de Clarence, ainsi que les autres.



Reune: Certains font la différence entre la "finance" et la "finance de marché" pour désigner toutes les activités spéculatives qui n'ont rien à voir avec le contrôle de la propriété des entreprises.

En de qui concerne les entreprises et le day-trading, swing-trading et autres fumisteries, elles n'ont absolument aucun intérêt à s'y soumettre car c'est bien le règne de l'instantané, le day-trader se fiche comme de l'an 40 de la santé d'une entreprise.

Paracelse: Oui, d'accord, mais ça ne répond pas à la question. Du point de vue de l'entreprise, pourquoi ça n'a pas l'air de la déranger la spéculation très court terme ? Est-ce parce que sur une échelle de temps plus longue, l'ensemble des positions très court terme n'ont aucun effets désastreux (alors qu'on a vu qu'un Kerviel peut se placer à coups de milliards) ?
Parce que lors d'un krach, le day trading amplifie énormément la chute à une vitesse spectaculaire. J'ai comme l'impression que l'entreprise accepte ce risque probant, d'autant plus qu'à son tour, pour les multinationales du moins, elles pratiquent elles-mêmes ce genre de spéculation. Comme si par anticipation, elle prends chez les autres, ce qu'elle est susceptible de subir elle-même. Donc piller avant d'être piller, non ?
Donc, sois, je me trompe et dites-moi pourquoi (ne vous contentez pas de dire, t'as tout faux et pis c'es tout !), sois, je suis dans le mille et dites-moi pourquoi, malgré les apparences, ce n'est pas un système économique totalement incohérent et surtout dévastateur.


Reune: Tu veux introduire de la rationalité là-dedans?

Clarence: Mais c'est au contraire tout ce qu'il y a de plus rationnel mon cher Reune.

Mais reprenons depuis le début, notamment ces bonnes questions de Para et les déductions qu'il en tire.

La finance (qu'elle intervienne sur les marchés ou non) sert en premier lieu ses propres intérêts. Elle n'est en aucun cas au "service" de l'économie réelle. Et il n'y a pas lieu de lui tenir ce rôle.

Ceci dit, il est clairement dans son intérêt de financer l'économie, car celle-ci peut générer un potentiel de croissance très important, qui générera lui-même des flux de capitaux à destination de la finance, et plus loin des marchés. Dans la situation actuelle (l'économie réelle est en profonde crise), il devient simplement de plus en plus risqué de continuer ce rôle de financier à destination de l'économie réelle. D'où un reflux des capitaux sur les marchés et plus particulièrement les actifs les plus "rentables". On se positionne alors dans une logique de placement fructueux, plutôt que dans une logique de prêt où les risque de défaut peuvent peser.

La seconde question revient à se demander pourquoi une entreprise fait le choix d'être côté sur les marchés.

Pour plusieurs raisons (je vulgarise vite fait): Volonté d'obtenir une capitalisation plus large, et s'insérer ainsi dans une optique de développement plus rapide. Dispersion du capital, pour empêcher la montée ou la prise de pouvoir d'autres actionnaires. Volonté d'augmenter rapidement la valorisation de son entreprise. Les raisons sont finalement très nombreuses.

Maintenant en quoi l'activité de "day trading" ne représente pas une menace pour les acteurs côtés.

Quand Reune dit que le day-trader se fiche comme d'une guigne d'une entreprise, c'est oublier le fondamental et la mentalité inhérente à l'intervention sur les marchés à très court-terme. Si une entreprise affiche de mauvais résultats, et fait face à des difficultés, le day-trader ne fera que suivre une tendance, les marchés sanctionnant alors une mauvaise gestion, de mauvais choix stratégiques, une situation économique difficile, etc etc. Il n'y a pas de mains secourables sur le marché, le mot "charité" n'existe pas. Quand vous merdez, vous serez sanctionné (Prenons un exemple actuel: la Grèce. On short et on lamine leur dette parce qu'elle est fondamentalement merdique - comprendre sans valeur - et découle d'une situation qu'il l'est tout autant. Résultat: Les grecs vont méchamment en chier, mais ils ne peuvent finalement s'en prendre qu'à eux-même et leurs dirigeants).

Si votre entreprise comporte malgré cela une valorisation intéressante pour un investisseur, il se peut aussi qu'on vous soutienne, si tant est que le prix d'achat de l'action demeure "valable". Chacun défendant toujours in fine son intérêt propre.

C'est d'ailleurs oublier qu'un day-trader peut également agir à la hausse d'un titre ou d'une valeur. Oui, il peut également soutenir une entreprise, si celle-ci affiche une bonne santé, d'excellents résultats et des objectifs valides, voir même en espérant un rebond ou une situation plus favorable suivant le contexte quand il est difficile par exemple. L'action du day-trader rendra ainsi les actionnaires, et plus loin les investisseurs, un peu plus riches et accentuera une tendance de fond pérenne pour l'entreprise.

Un day-trader s'intéresse donc particulièrement à la bonne ou mauvaise santé d'une entreprise suivant le contexte et aura de lui-même, suivant son analyse fondamentale et technique de la situation, prit des décisions pouvant porter crédit/ou perte à son investissement.

C'est donc à l'entreprise de prendre compte de tout ça en pesant le pour et le contre d'une valorisation boursière. Car lors d'une introduction boursière, n'importe quel acteur peut intervenir sur votre titre (y compris la concurrence). Tout cela impliquant des stratégies qui pourront être positives pour votre entreprise, comme potentiellement "nuisible".

Il faut bien comprendre que le coeur de fonction des marchés n'est pas non plus comme certains veulent l'imaginer, de spéculer à grand train à la seconde. Il y a une grande variété d'acteurs allant du Hedge Fund agressif au fond souverain investissant suivant une stratégie de très long terme. Tous ont des stratégies différentes et des horizons de temps (je me répète para) différents eux-aussi.

Un investisseur comme Warren Buffet (pour citer quelqu'un de connu), qui se place généralement dans une logique de placement à long terme, couvre aisément les prises de position court-termistes d'un day-trader, par exemple. Et sur l'échelle des marchés, il faut bien comprendre qu'un day-trader n'est finalement qu'un acteur de très faible ampleur, ce n'est pas lui qui fixera une tendance mais plutôt des acteurs capitalisant sur des fonds plus "lourds".

Au fond, le day-trader, pour tenter une analogie, possède une mentalité digne d'un "poisson-pilote" et s'insère suivant son talent propre dans un rôle précis qui le fera co-exister dans cet éco-système particulier qu'est la finance.

Maintenant histoire de conclure: "trading" signifie simplement "négoce", soit l'achat et la vente de titres/produits/etc.

Je me lamente de voir que certains veulent en DIABOLISER la terminologie, autant que l'utilité...

Cette tendance de fond typiquement occidentale de la part de certains de nos intellectuels, est décidément beaucoup plus nuisible que l'action d'un day-trader sur les marchés.

Mais après tout, qu'ils clament donc la fermeture des bourses et l'obtiennent, ils peuvent tout aussi bien crever, et avec eux, les gogos qui les écoutent. Mais après coup, qu'ils ne viennent pas chialer dans la foulée sur la soit-disante méchanceté des milieux financiers...



11 commentaires:

  1. Au risque de me faire vertement réprimander lors de notre prochaine "explication" au saloon (dans lequel, malgré une ambiance feutrée et alimentée par DT au piano et Laura Vanamo au chant, volent verres et chaises, surtout après d'endiablées parties de jeux - d'argent, of course - où le vainqueur, le veinard, repart avec des actions Dexia, des bons du Trésor Islandais voire une nuit d'amour avec Skymann), je vais lever le voile...

    Derrière le masque de Clarence B se cache, en fait, Jim R. alias l'homme à la mobylette...

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  2. Clarence, je ne comprends pas ta dernière phrase et le lien que tu donnes. L'article du Monde affirme que les milieux financiers organisent une attaque concertée contre les politiques sociales ou les mécanismes sociaux (syndicats) des pays d'Europe. Donc
    1) je ne vois pas en quoi ça nous inciterait à de la "clémence" envers les marchés financiers
    2) ça semble illustrer le fait que les marchés ne font pas que "s'intéresser à la bonne ou mauvaise santé d'une entreprise", mais qu'ils influencent directement celles-ci, par leur action même et en fonction de choix "idéologiques" (ou idéo-économiques) qu'ils font.
    On pourrait peut-être répondre que les marchés "sanctionnent" la mauvaise gestion, les mauvais choix des Grecs, mais ce serait une façon mécaniste de voir les choses, au sens propre "irresponsable". Que se serait-il passé si les Etats avaient agi de même à l'endroit des banques, au plus fort de la crise?

    Je ne crois pas qu'il faille en rester aux simples techniques financières, il faut envisager tout simplement que les bourses (c'est à dire des individus) n'ont pas d'intérêt à ce que les travailleurs soient heureux ou travaillent dans de "bonnes" conditions (elles n'ont pas intérêt au contraire, non plus) : elles ne sont sensibles qu'au fait de gagner de l'argent, c'est leur raison d'être. Croire que cela suffit magiquement pour l'équilibre global d'un système, d'une société toute entière (d'une civilisation même), c'est vraiment léger.
    Comme toutes les activités humaines, et plus encore que d'autres en raison de leur puissance, les bourses doivent être putamment contrôlées, tenues en main, surveillées comme le lait sur le feu, sans doute beaucoup plus qu'en l'état actuel des choses.

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  3. "La finance (qu'elle intervienne sur les marchés ou non) sert en premier lieu ses propres intérêts. Elle n'est en aucun cas au "service" de l'économie réelle. Et il n'y a pas lieu de lui tenir ce rôle."

    Donc, la question de l'oeuf ou de la poule est définitivement réglée...

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  4. Bien bien bien. Je vois que ça mord au bout de la ligne...

    Je fractionne le commentaire (trop long) et j'aurai un petit mot pour chacun.

    @ Reune: "Et je te pose la question pourquoi l'économie réelle est en profonde crise?"

    Question simple, réponse complexe. Plutôt que de pointer simplement le même et inévitable bouc émissaire, c'est tout de même plus à nuancer que ça (sans écarter les responsabilités financières), quelques solides pistes ici. Qu'on étaiera par la notion de bulles économiques sur certains secteurs, eux mêmes en proie à une spéculation qu'on oublierait presque (pensez à l'immobilier par exemple).

    La bourse est un marché où se rencontre différents acteurs. Chacun vient y chercher ce qu'il souhaite, suivant ses moyens et ses objectifs. Caricaturer son utilité au simple rôle de financement est abstrait et malheureusement réducteur. La bourse ce n'est pas:

    "Salut, tu me prêtes du cash sans contreparties pour faire marcher ma boite ?"

    Dans nos économies, c'est plutôt dévolu aux banques, ce rôle de "financement" et c'est rarement sans contreparties, alors en bourse...

    A suivre...

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  5. En bourse justement, tous les acteurs se positionnent pour faire fructifier leurs investissements et s'appuient donc sur leurs intérêts propres et plus loin sur des stratégies équivoques. En toute logique, il apparait donc que la bourse n'est pas un lieu où toutes les contreparties seront bénéficiaires, cela induisant fondamentalement que les gains se feront forcément au détriment d'un autre.

    Il va donc de soi qu'une entreprise côtée doit tout faire pour maintenir à flot sa crédibilité économique, sous peine de se voir "sanctionné" par l'activité financière. Ce type de décision prend donc un tour plus massif en cas de résultats/objectifs/déclarations de la dite-société qu'elle sera dans l'obligation de fournir par voie de presse.

    Rien n'empêchant non plus de se fier à sa stratégie, flair, intuition et intervenir avant résultats (appelez ça comme vous voulez).

    A l'inverse, on peut également réussir à manipuler, fausser, ou influer sur des tendances qui servent ses propres intérêts (le buy-back par exemple). Mais un jour ou l'autre, ce type de pratiques se paient toujours à un moment ou un autre. C'est à qui essaiera d'être le plus malin. Et tous les moyens sont bons tant qu'on ne se fait pas prendre.

    Il est donc finalement compréhensible qu'une entreprise cherche à obtenir plus de contreparties sans avoir à offrir son flan à la sanction (on comprend alors pourquoi les patrons se frottent les mains à l'idée de davantage de régulation qui interdirait donc: La vente à terme, à découvert, etc, etc).

    "C’est l’instrumentalisation de l’entreprise par les fonds de placement qui implique d'urgence à la fois l’interdiction des hedge funds et des fonds de pension, une réglementation sévère des fonds mutuels, une augmentation de la fiscalité sur les titres et la réinvention de la définition de l’entreprise et de sa propriété."

    Il n'y a fondamentalement rien à réinventer. Et si on te suit (ou Lordon), il semblerait donc que les fonds de pensions aient remplacé l'actionnariat pour instrumentaliser (?) l'entreprise. Pourtant, la seule question à se poser est celle-ci: Quel est le but d'un fond de pension ?

    Si je suis un peu l'idée générale, il s'agirait de détruire sciemment une entreprise et donc voir l'investissement effectué et les dividendes attendus réduit à néant.

    C'est d'une logique implacable.

    Je ne savais pas qu'un fond, par exemple adossé à une mutuelle, cherchait à appauvrir sa propre source de capital (et plus loin donc, ses propres souscripteurs).

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  6. Il faut vraiment éviter d'amalgamer le private equity façon Gordon Gekko ou les stratégies d'un Hedge Fund (que je suis bien loin de condamner) avec l'immense majorité des acteurs fonctionnant sur les marchés.

    Mais revenons à nos amis les day-traders.

    Les day-traders sont des acteurs mal vus des investisseurs à long-terme parce qu'ils suivent une tendance de court-terme qui peut amener à shorter une entreprise et faire ainsi baisser sa valorisation, voir l'amplifier, au détriment d'un investisseur placé sur le long terme.

    Tu noteras l'expression "au détriment".

    On comprend que les uns n'aient pas forcément d'estime pour les autres. N'est-ce pas ?

    Pourtant, tout le monde est bien là pour la même chose: Gagner de l'argent. Et à ce petit jeu, Warren Buffet n'est pas à plaindre.

    Avec l'explosion des moyens de communication, des facilités à utiliser de plus en plus fréquemment des produits dérivés complexes à fort effet de levier, on a vu apparaitre une offre pléthorique à destination de nouveaux "investisseurs" (généralement néophytes).

    Croire qu'on peut faire de l'argent avec un simple clic est aussi stupide que d'affirmer que l'argent peut pousser sur les arbres.

    Autrement, on peut employer le terme "crédulité" par excès de politesse.

    Par conséquence, tout individu incapable de comprendre et de maitriser ces outils et plus loin, les marchés, ne peut que perdre son argent. Pourquoi donc en vouloir à la bourse ?

    Par delà l'histoire, les pigeons, ça fait longtemps que ça existe, et je crains que la veine n'est pas près de se tarir.

    Autrement dit, fallait pas "jouer".

    A contrario, si un day-trader fait de l'argent et augmente potentiellement son investissement/capital de manière régulière, il ne le doit qu'à lui même et ses propres capacités intellectuelles (et investir sur les marchés en réclame énormément). Il a donc droit à toutes mes chaleureuses félicitations.

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  7. En gros, tu nous refais le coup du darwinisme social de Spencer...

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  8. les marchés de capitaux ont d'autres fonctions que le financement et la levée de capitaux.

    C'est d'abord le marché de l'occasion par opposition au neuf qui serait le seeding, le capital-risk et des d'autres trucs dans le genre.

    Supprimer (ou laisser les démagogues règlementer, c'est pareil) le marché de l'occas' pour les bagnoles ne fera certainement pas du bien au marché du neuf. Pour les entreprises, c'est pareil. Un investisseur sera d'autant plus réticent à investir dans un truc fumeux -mais éventuellement porteur- s'il ne peut pas se désengager facilement.

    La fonction des day-taders sur les marchés equity, commo, fixed-income est toujours la même: fournir de la liquidité.
    Le marché de l'occaz' fonctionne d'autant mieux qu'il y a de nombreux intervenants. Que l'on veuille vendre ou acheter, il faut toujours qu'un type se mette en face avec l'intention opposée pour que le deal se fasse. Plus il y a d'intervenants, plus il est possible de désengager à peu de frais, en trouvant un prix convenable. S'il n'y a que peu d'intervenants, le marché se grippe, clôturer une position oblige alors à brader ses actifs. Pas génial. Cf les dérivés de crédit Août 2007.

    Pour 1 investisseurs, il y a 10 spéculateurs. Mais supprimer les spéculateurs nuirait également aux investisseurs. Les autorités de marchés l'ont bien compris (surtout aux Etats-Unis, où l'on comprend décidément beaucoup de choses...). On peut donc détenir soit un compte spéculateur soit industry (hedge). Les frais sont différents mais les deux ont leur utilité.

    Les contempteurs des marchés financiers sont des cuistres épais et grossiers.
    De tous les marchés, les marchés financiers sont les plus mieux gérés. S'ils donnent cette impression de dangerosité, ce n'est pas à cause de leur nature, mais tout simplement parce qu'ils rassemblent des dizaines parfois des centaines de millions d'acteurs et des milliers de milliards d'euros. Les participants sont moins avides, moins malhonnêtes et plus activement surveillés que l'épicier du coin, cependant leurs erreurs sont amplifiées par la taille du marché.

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  9. @ Bebop': "Que se serait-il passé si les Etats avaient agi de même à l'endroit des banques, au plus fort de la crise?"

    Ils auraient été dans leur légitimité. Et je n'aurai pas été leur jeter la pierre.

    Au fond, c'est le véritable tabou de la crise, que personne n'a évoqué ou presque. Et pour faire plaisir à mon acolyte, A.rnaud, je rappelle à toute fin cette phrase légendaire de Jim Rogers à l'égard des banquiers de Wall Street:

    "Let them go bankrupt !"

    Maintenant, ça peut paraitre simpliste, eu égard à l'effet systémique de cette crise et des conséquences probables d'une telle logique (une inévitable récession, sévère et violente - mais qui aurait eu le mérite d'aplanir le tout, plus rapidement, au lieu de l'étaler et in fine de contaminer les Etats et plus loin, de charger les contribuables). Est-ce que nos politiques avaient le choix finalement, face à leur propre opinion publique ?

    Mais revenons sur la crise Grecque (symptôme qui risque bien d'avoir ses répercussions ici même, et dont je parle à longueur de posts mais dont tout le monde semble se foutre):

    Si demain, tu vas à la boulangerie, et que ton boulanger, en proie à de grosses difficultés, veut te donner une baguette imaginaire, tu l'achètes avec ton euro réel ?

    Non.

    Et bien c'est pareil pour les marchés avec la dette grecque. Il n'y a rien de concerté. Elle n'intéresse plus personne parce qu'elle ne représente pas de valeur intéressante (ou alors avec un fort taux d'intérêt). C'est la récurrente aversion au risque. La faute à:

    - Une économie moribonde engoncée dans de nombreux problèmes structurels/sociaux (et des grèves à venir avec ça)
    - Une classe politique incapable et dont les stratégies déficitaires portent leurs fruits
    - Une dette publique/privée qui atteint des sommets et s'alourdit d'heure en heure...

    Faites vous-même l'analogie avec la France.

    Je le dis, et je le répète, on ne fait pas la charité sur les marchés. Et il y a un moment où il faut bien payer l'addition. Dans le cas présent, on en viendra à des taux d'usuriers et des contraintes pénalisantes pour toute la communauté concernée.

    Résultats: On va devoir réformer dans l'urgence, faire des coupes budgétaires de grande ampleur, et casser toutes sortes d'acquis sociaux. Là dessus, Sidéris marque des points, c'est juste qu'il oublie de balayer devant sa porte et de chercher plus loin les origines du pourquoi. Une tango se danse toujours à deux. Mais bon, chacun défend sa propre "cause". Et le but de la sienne, c'est d'exhorter aujourd'hui à la solidarité européenne, quitte à en foutre d'autres dans la merde.

    C'est le prix à payer quand on est cigale et qu'on se trouve au dépourvu après des années de gaspillage et de n'importe nawak financé à crédit. Et la fourmi n'est pas prêteuse.

    Il faut simplement comprendre que les marchés ont une logique comptable. Mathématique. Froide. Une logique finalement implacable et incroyablement pragmatique.

    Et on ne peut pas leur reprocher ça.

    @ Reune: Honnêtement, j'aime plus à me réclamer de l'école autrichienne, sans aller dans l'utopie anarcho-capitaliste de Rothbard. Mais je ne crache pas non plus sur le principe de darwinisme économique.

    Only the strong survive, Reune !

    Clarence, comptable chauve

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  10. Il y en a ici dont la CB doit chauffer... Vous pourrez citer tous les financiologues du monde, tout a été écrit il y a 150 ans dans "L'Argent"...

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  11. "Il y en a ici dont la CB doit chauffer"

    Je confirme, et pas plus tard que ce matin...

    Cash is King...

    Pour jeter ma brique - Boddickerienne, of course - au débat, je dirai que si certains perdent leur chemise en s'aventurant parmi les vautours, d'autres en gagnent, en soie...

    Et alors... That's entertainment...

    Puis, franchement,il ne faut pas se leurrer sur la nature humaine...

    Tous ceux qui veulent réguler ou autres fadaises, m'est avis que si leurs poches étaient pleines, l'égalité et autres blabla, ils s'en cogneraient autant que de l'an 40...

    Comme le disait Ferdinand : "Ça pleure autant que ça fraude..."

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