22 octobre 2009

Missive attack


Au CGB, on aime beaucoup la prose pompeuse et affectée de ce que les médiacrates appellent les "anarcho-autonomes" ou "l'ultragauche"...

D'abord, il y a ce "Omnia sunt communia" soit " Quiconque peut se procurer l’indispensable par les richesses d’autrui" directement extrait du Concile Vatican II, Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps, "Gaudium et Spes"... ce qui n'est pas banal pour des "anarchistes". Ensuite, il y a cette référence soutenue à l'enfance, son innocence, sa candeur dans la destruction qui font de mouvement quelquechose d'absolument moderne... Le ça et le pervers polymorphe au pouvoir!

Et surtout, il y a cette volonté, la même que celle des racailles de 2005 de "Niquer sa mère" comme le disait Baudrillard, ils veulent tuer "big mother" qui les a nourrit au lait de la fausse rebellion, couvé nos petits coucous (bientôt Giant) dans une ambiance de fête. Nos oisillons voudraient bien en sortir de la fête, mais leurs modes d'action restent dans le domaine du simulacre festif qui font de leurs petites révoltes un happening minable, un flashmob misérable symboliquement.

Les véritables révolutionnaires ne manifestaient pas contre la prison de Vivonne... ils étaient juste en face dans ce charmant routier appelé "le Relais de Vivonne".



Poitiers, 10 octobre 2009. Y a d'la casse. Un institut de beauté, une agence de voyage, une librairie catho, une bijouterie, départ de feu à la Direction du Travail, une banque, un Bouygues-qui-construit-des-ballons, un France Telecom dont on ne peut décemment demander la démission du PDG, mais seulement le suicide, deux banques, un journal local,...

Bon, nous sommes passés par ces rues. Le plus vieux baptistère de France a été
baptisé. Les traces que nous laissons. À même le patrimoine. Il faut avouer qu'on s'en fout, du patrimoine. Toute trace des incandescences passées est monumentalement neutralisée. Alors, faut ranimer un peu. Mettre de la couleur. Se souvenir de l'oubli des puissances. « OMNIA SUNT COMMUNIA ». Nous allons, nous manifestons à la rencontre de tout ce qui, dans le passé, nous attend.

Nous sommes passés par ces rues. Sur les images, il y a des pleurs d'enfants. ON voudrait que les enfants pleurent à cause de nous. Mais ils pleurent avec nous. Ce sont les mêmes larmes que nous avons versées, celles de la Séparation, des larmes contre ce monde. La destruction, elle, est source de joie. Tout enfant le sait, et nous l'apprend.

A propos du 10 octobre à Poitiers, des spécialistes ont parlé de la « stratégie du coucou » (cf. Le Monde du 13 octobre). Les manifestants se seraient fait passer pour des festivaliers. Depuis le nid culturel squatté, ils auraient pris leur envol à grand fracas. La réalité est que la manifestation festive contre la prison de Vivonne avait été appelée par voie d'affiches, et que la préfecture avait jugé négligeable de prendre des dispositions particulières. La réalité, c'est d'abord un rassemblement masqué donc illégal : rien que des coucous.

Limite de la loi anticagoule, on n'interdit pas le carnaval. Embarras des forces de
l'Ordre. Difficile de dire, en effet, où commence la fête. On n'interdit pas le carnaval. Il y a donc masques et masques. Ceux qui au fond ne recouvrent plus rien, et les autres, les nôtres, ceux des coucous. Ce qui est visé par la loi, c'est une certaine façon de se masquer; se masquer en ayant de bonnes raisons de le faire, se masquer parce qu'on a quelque chose à cacher, ou plutôt, quelqu'un. ON A TOUS QUELQU'UN A CACHER.

Ce jour-là, à bien y regarder, les coucous ne sont ni dans le festival, ni dans la manif. Ce qu'ils squattent, c'est la société. La condition de coucou, c'est, simplement, une existence révolutionnaire dans la société. « Etre révolutionnaire », rien de plus problématique. Ceux pour qui ça ne fait pas problème seront les premiers à se rendre, à faire de leur mode de vie une défaite. Figés dans leur identité, et dans leur « fierté », et raides. Ce qui est lâche, ce n'est pas la duplicité, ni la dissimulation. Ce qui est lâche, c'est d'affirmer l'inaffirmable. De se revendiquer « anarcho-autonomes », par exemple. C'est de prétendre dire, dans la langue de l'ennemi, autre chose que des mensonges. Il n'y a pas des révolutionnaires, pas d'identité révolutionnaire, mais des devenirs, des existences révolutionnaires. Eh oui, nous autres coucous, il nous faut inventer, en même temps qu'une réalité tranchante, les moyens de tenir. Ou plutôt c'est la même chose, le même processus.

La question est : qu'est-ce qui nous tient? La génération des années 60 n'a pas su le faire, avec les années 80 comme excuse historique, et couvercle de plomb. Nous autres, nous n'avons pas droit à l'erreur. Jamais la situation n'a été aussi mûre; et pourtant, le camp révolutionnaire est un vaste chantier. Même parmi les ruines, il faut déblayer le terrain, la place manque toujours pour construire autrement. Jamais la situation n'a été aussi mûre; et pourtant, tout ou presque reste à faire, et pourtant, nous avons le temps. Il nous faut donc tenir, tenir à ce qui nous tient. Tenir, tromper l'ennemi.

Déjouer les logiques de représentation, piéger la répression. NOUS SOMMES TOUS DES COUCOUS. Nés dans le nid de la domination, il nous faut grossir, devenir trop-grands pour son espace et ses coquilles vides. C'est ainsi : l'époque a dans son ventre les enfants qui lui marcheront dessus. Elle les nourrit, leur donne un semblant de « monde », elle n'a pour les choyer que ses flux toxiques, elle n'a que ses poisons. S'ils en réchappent, ils la tueront. Ils la tueront de la plus noble, de la plus digne, de la plus belle des façons, enfin, comme on commet sans doute un MATRICIDE.

Quelques casseurs.

19 commentaires:

  1. Pas rien de le dire !22 octobre 2009 à 11:19

    Bon d'accord, ils prennent la pose et veulent niquer leur big mother. Vu comme ça ils ne rompent pas vraiment avec la Séparation. Dans le grand carnaval de la vie il ne sont évidemment que notre mauvais rêve enchaîné, comme dirait l'autre.

    Bref, tout ça on sait, sauf qu'il y a un truc qu'ils font pas les loupiots c'est de "se revendiquer « anarcho-autonomes »". Pas si jeunes cons finalement... Ca c'est d'autres, des Bauer, des Raufer, qui le font à leur place, pour eux et pour nous...

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  2. Coin de nappe de routier22 octobre 2009 à 11:56

    Z'auriez pu mettre le texte entre guillemets pour le séparer de l'intro.

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  3. Moteur de recherche22 octobre 2009 à 12:19

    Ca vaut se que ça vaut, mais je vous ai trouvé une exégèse. Attention, c'est du lourd de chez lourd !

    http://www.contre-informations.fr/?p=2958

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  4. Les enfants perdus d'un gauchisme qui n'en finit pas de se décomposer depuis... Marx!
    J'espère que les enfants se sont bien amusés.

    "toutes les décadences se jettent vers la mère." Jean cau

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  5. Les phrases courtes sans verbe pour se la jouer cynique et blasé, les mots en majuscule pour faire choc et la pose de révolutionnaire boursouflée: tout cela est caractéristique de l'imbitable prose des extrême-gauchistes qui se croient résistants en cassant tout et en écrivant mal.

    Mais le plus impressionant, c'est cette manie qu'ont les groupuscules "anarchistes" auto-satisfaits à ne parler que d'eux-même - sans oublier le fait qu'ils souffrent d'une absence quasi-absolue d'humour et d'autodérision. Ils se prennent tellement au sérieux... Presque autant que BHL!

    Ils sont minables.

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  6. Hmm... Bon, on casse tout, si j'ai bien compris.
    Et après, on fait quoi ? On lèche les pavés et on mange de l'herbe ?
    C'est rigolo, démolir le bien d'autrui, mais ça résiste mal à l'épreuve de la vraie vie.

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  7. En même temps, parler d'autres groupes ou glisser des blaguounettes dans ce qui semble être la revendication d'une action violente ...

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  8. ... c'est juste con qu'ils s'en prennent principalement à la faible maman malade et qu'ils oublient quelque peu le puissant père manipulateur.

    Entendu encore ce soir, de la bouche d'anars© : "l'état est partout en France". Sur que c'est le premier ennemi... Virez-le et on verra bien ce qu'il reste...

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  9. Va voir chez CSP, c'est la même chose: il parle vraiment beaucoup de lui, tout le temps...

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  10. Vu il y a deux semaines devant la FNAC, un important collectif de punks anarchistes (ils étaient deux) avec des tracts "L'État policier français assassine en Afghanistan comme dans les banlieues". et ils avaient l'air d'y croire.

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  11. CSP et eux y a quand même un monde. Vous le voyez &crire un truc pareil ?

    "Toute trace des incandescences passées est monumentalement neutralisée. Alors, faut ranimer un peu. Mettre de la couleur. Se souvenir de l'oubli des puissances. « OMNIA SUNT COMMUNIA ». Nous allons, nous manifestons à la rencontre de tout ce qui, dans le passé, nous attend."

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  12. Je ne peux décemment résumer "l'ultragauche" et sa "pensée" que par ces quelques mots:

    MER ELLE ET FOU !!!!

    Clarence, solidarité avec les fous !

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  13. Remarquez aussi le choix de la cible... Poitiers...
    La ville paisible par excellence.

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  14. "la préfecture avait jugé négligeable de prendre des dispositions particulières"

    L'occasion fait le larron !

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  15. Ça évite de se faire piquer ses baskets en pleine action populaire.

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  16. "Nous dirons que ce contre-discours, n'instituant aucune distance réelle, est aussi immanent à la société de consommation que n'importe lequel de ses autres aspects." Jeannot Baudrillard

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  17. Aucu, Aucu, Aucune hésitation23 octobre 2009 à 11:53

    @ Jeannot (faire passer !)

    Heureusement que t'a rajouté "réel". Sans quoi, en cherchant bien, on aurait pu montrer qu'il y en avait bien une ou deux ! Mais bon je m'avance peut-être...

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