31 octobre 2009

Eddy sois Bon !!

Aujourd'hui Eddy nous explique la Rock'n Roll Attitude. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'au CGB on est tous Rock'n Roll !! Yeah !!

28 octobre 2009

Lamour des bénéfices

L'Assemblée nationale a enterré hier soir, un amendement qui prévoyait une taxe additionnelle de 10 % sur les bénéfices des banques en 2010. Proposé par le Parti socialiste, cet amendement avait en réalité été adopté de justesse vendredi avec le soutien de l'UMP à la suite d'une erreur de vote du député (UMP) Jean-François Lamour et d'une de ses collègues. Les deux élus auraient voté « pour » alors qu'ils voulaient voter « contre ».



SOURCE

25 octobre 2009

Buzzodrome


D’aucuns s’inquiètent de la bien portance de l’information en France. En 2009, d’aucuns s’inquiètent encore de la bien portance de l’information en France… Dans la ligne de mire de ces combattants masturabattoirs d’arrière-garde, le buzz, défini par eux comme l’appropriation dégénérative de l’information par la masse des citoyens voraces et vandales, aigris, en quête de la réalisation sur terre, du royaume des cieux de l’Egalité… Effectivement, ils ont raison sur un point : le détournement ; nous n’en finissons plus de dégueuler l’indigeste information indigente, cirrhosée et cyanosée, dont on nous gave en continu… Nous sommes devenus parfaitement boulimiques : la vengeance est un plat qui se vomit.



Internaute


Qu’est-ce qu’un buzz ? Un buzz, c’est une onomatopée de bande dessinée. Un buzz, c’est le son correspondant au vol en essaim de tout type d’insectes ailés : moustiques, frelons asiatiques ou mouches sarcophaga carnaria, au choix. Un buzz est un bourdonnement d’insectes... Aujourd’hui, l’onomatopée a fait du chemin. Le buzz est bien toujours un bruit, mais les bruiteurs sont d’une toute autre nature, quoique... Le buzz définit l’événement qui fait du bruit dans la communauté de l’homo internatus. Le buzz vient en effet du métamonde informatique mis en réseau : Internet. Sur Internet, un buzz, c’est une quantification de mots-clefs et de pages lues concernant un sujet, mesurable en temps réel. Un buzz, c’est donc une audience, un audimat, qui renseigne instantanément sur l’intérêt du moment des hommes versatiles à exosquelette AZERTY, une masse de consommateur élaborés, gavés à l'immédiateté hightech. Or, dans notre société de consommation, le bruit, c’est nécessairement de l’argent. Rien d’étonnant que tout vire tintamarre, tohu-bohu, charivari : au buzz ! Le vacarme est constant.


Les internautes buzzent un arbre


Le buzz c’est la finalité du marketing : on cherche à faire connaître, à ébruiter, pour susciter l’intérêt, l’attention et plus si affinités : le besoin. Le consommateur n’est-il pas d’ailleurs volage, volatile et volubile ? Parfait insecte ! Il butine, tranquillement, libre de se poser sur tel ou tel pistil… Il s’ennuie ? Probablement : la société de consommation doit organiser l’ennui, pour créer de la demande de divertissement, satisfaite en rayons ou en guichets. Elle en offre à vendre et à revendre, pour tous les goûts, pour toutes les bourses. Les agents marketing doivent sans cesse innover, promouvoir la nouveauté, créer de nouveaux besoins impérieux pour vendre. Pervers. Le consommateur, à chaque achat de produit ou service inhérent à sa sur-survie, doit pouvoir proclamer à la face du monde qu’il est enfin lui, parfaitement, définitivement, idéalement… quand il est déjà obsolète au moment même où il s’enrichit du dernier cri novateur encore empaqueté… « Je vous présente Moi ! Le Moi définitif ! », inlassablement pensé et répété : l’univers est fini, pas le Moi de l’homme post-moderne à appendices technologiques, ouvert sur l’infinitude immédiate du néant… Le Spectacle atomise et déstabilise. La quête d’identité du consommateur doit être irréalisable. Pour ce faire, il faut faire du bruit, assourdir pour étourdir, déboussoler, faire perdre les repères sensoriels, buzzer. L’ère est au tapage publicitaire déshumanisant ! La loque doit est prête pour la grande séance d’hypnose, le grand sommeil… Beaucoup trop de bruits pour rien… Le contrôle.


"C'est Baygon jaune qu'y fallait ! Merdeeeuuu !"


Le buzz renseigne le Spectacle sur le numéro qui fait le plus d’entrées à un instant t. Le buzz est une information. Quid de l’information dans notre société du Spectacle (Moment de l'Histoire où l'impératif, passé de l’être à l’avoir, est passé de l’avoir au paraître), boostée aux métamphétamines du multimédia et de la consommation en temps réel ?
Question d'image(s) ? Elle pourrait parfaitement recouper la Com, c'est-à-dire la communication comprise dans une acception restrictive : il ne s’agit pas d’échange qualitatif de messages entre un émetteur et un récepteur, mais de la considération a priori déclarée qualitative du message (de l'information) d’un émetteur, dont on fait la publicité pour le vendre, et de l’appréhension de la réponse du récepteur en termes quantitatifs (achats, retours, votes, buzz). La Com, c’est une communication à sens unique, faite pour vendre.
L'information est aujourd'hui systématiquement enrobée de couches sirupeuses de pathos et si possible d'une mégaconque de spectaculaire. Apparemment, aucune information n'a plus le loisir d'arriver vierge de tout parti pris communicationnel sur la scène médiatique. C'est d'autant plus vrai depuis les événements du 11 septembre 2001, qui semblent avoir emporter dans le cratère de Ground Zéro, tous les complexes des journalistes à se muer en cinéastes ou romanciers du Réel. Pire : il semble qu'ils ne sachent plus traiter une information autrement qu'en confondant mise en perspective et mise en scène. Scènarios catastrophes, mélo, ou comédies via des info humoristiques, légères, ils nous mettent même les musiques qui vont bien, sans parler des accroches en jeu de mots : c’est le grand soap opéra qui vient rhabiller le réel, tout le réel. C’est le grand cataclysme du spectaclisme. Tout a vocation à devenir sensationnel. La sensation fait se sentir vivant, et le vivant se sait alive quand il achète. L'information est définitivement devenue de la Com.


Les feux de l'info


L’information est un segment du Marché. On ne s’étendra pas sur la question de savoir qui détient les groupes de presse. La seule chose utile à savoir est que tout organe de presse est pressé par des impératifs de rentabilité et est, à ce titre, amené à dégénérer en grossier organe publicitaire (de propagande politique ?), et en outil à fabriquer du retour d’image. C’est l’appel de l’offre ! L’info est un biz. Et le biz de l’info est au buzz. D’ailleurs, le mot n’est plus franchement particulier au Net, d’autant que les journaux télévisés et radiodiffusés, quand ils ne sont pas des échos les uns des autres, sont d’identiques répliques balancées en simultané. C'est également vrai pour la presse écrite, qui n'échappe pas au phénomène par la seule magie de différences éditoriales de traitement de l’information, en réalité, simples positionnements marketing. Le buzz est une affaire de hiérarchisation de l’information et la pyramide est la même pour tous : ce qui fait vendre, ce sont les ragots diffamatoires, les rumeurs sulfureuses, les horreurs sulfateuses et les mièvreries mélo et psychodramatiques… Le grand Commandeur du buzz, c’est l’AFP avec ses dépêches tous azimuts, capable de diffuser avec un bandeau urgent, l’information du renoncement de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD…


Agence Française de Production


Dans la foulée des lynchages successifs qui viennent de fortement buzzer dans notre inframonde de l’information (Polanski, Mitterrand, Jean Sarkozy), d’aucuns ont porté sur la place publique leurs petites réflexions sur le buzz, grand pervertisseur d’information. Le buzz ne serait que l’expression d’un populisme déculottiste (les petits kapos du système aiment taxer de populisme à tout va pour jeter la suspicion et le discrédit : point Godwin) qui voudrait mettre au bout de ses pics, par pur souci psychopathique, jalousie, envie, voire par simple aigreur, toute la fine fleur de nos élites fanées... Il est important de préciser que ces petits procureurs ne sont pas les derniers à « buzzer » en négatif sur la réélection de Ben Ali à la Présidence de la Tunisie. Suivez mon regard… Au CGB, nous ne souhaiterions pas la démocratie telle que nous la vivons à nos pires ennemis, encore moins à nos amis tunisiens…


Dans toutes les cabines de routier...


« Où est l’information ? » nous demandent-ils dans leurs odes au journalisme concernant notre triptyque d’infortunées car innocentes victimes, lynchées par les affreux d’Internet ?
Comment peut-on oser demander où est l’information dans ces occurrences ? Un cinéaste violeur en cavale américaine dont on nous demande de prendre fait et cause, un ministre de la culture nommé malgré ses frasques thaïlandaises, dont personne n’avait lu le livre, qu'on nous contraint aux heures de grande écoute, sans même une pastille CSA, à contempler se contorsionner dans un numéro sadomasochiste à tendance janséniste, et un filsdecrate émérite n’ayant pour tout bagage qu’un bac L, élu conseiller général dans le fief électoral historique de papa et qu’on a voulu héliporter aux commandes de l’établissement de gestion du quartier d’affaires de la Défense. Comment peut on oser nous demander où est l’information dans ces espèces ? Elle est dans l'immoralité, portée aux nues d'une posture sophistiquée. Comment peut on oser remettre cela en cause en feintant un questionnement existentiel sur le buzz, et en affublant les internautes des tares les plus perverses ? Les internautes ne feraient que les poubelles ? Bien, c’est d’accord. Mais les internautes ne font que trier les déchets de cette sorte d'éboueurs qu’on appelle journalistes… Et eux n'ont pas commencé à jouer avec le feu de la réduction systématique au Tout à l'ego... L’internaute a conscience de vivre dans la fange. L’internaute ne se ment pas à lui-même : il est de la fange. Et le buzz est souvent pour lui l’occasion de le rappeler, en même temps que d’asséner ses valeurs et d’adresser son message de rejet à ses élites fallacieuses, autosatisfaites et pornoproclamées, ces Gardiens du Temple d’une intelligence dégradée en vile roublardise… L’internaute est porteur d’une réalité, d’une réel-ité. Le buzz de l’internaute n’est pas gratuit, simplement bête et méchant ; il ne tire pas à blanc.


Journaliste


Le buzz, c'est le moment pour l'internaute de rejouer un peu d'harmonie, à l'oreille, dans la grande cacophonie de dissonances de la fanfare informative. En se payant, sans aucun scrupule, les crapules qu’on lui a trop longtemps présentées comme les « meilleurs d’entre nous », il permet au Cosmos de retrouver un peu d'équilibre… Voilà bien les affres de la Transparence ! L’internaute voit haut et clair l'incurie, l'inconséquence et l'hypocrisie de ses prétentieux élitards, et il le claironne, il le tapage en retour de boucan, avec des valeurs qui semblent surannées sur la scène médiatique telle l'autodérision. L’internaute sait, en outre, qu’il est parfaitement manipulé jusque dans son propre egotrip blogosphérique...


"Dis Charlie, où est l'info ?"


Le buzz c’est du vent ! Il n’a jamais été réellement l’affaire des internautes. Sitôt créé, qu’il leur échappait déjà. Le buzz Internet est aujourd'hui orchestré par les médias. Qu’on ne s’y trompe pas, et dorénavant chaque média sonde la toile en direct sur ses sismographes.fr, jusque dans les réseaux de "no life" type Facebook ou Twitter (l’infommunication est interactive). Jamais la Toile n’aurait vibré aux buzz des Polanski et autres Mitterrand, si les armes conventionnelles de la médiacratie n’avaient pas parlé les premières. Le buzz est toujours contrôlé par les professionnels des médias : y compris en cas de dérapage. Les rédactions balancent des énormités, les internautes réagissent : deux semaines de ventes et d’audimat garantis. Et quand elles ne font pas semblant de récupérer de l’information sur le Net, c'est-à-dire de l'information qu'elles ont elles-mêmes mise en ligne, elles utilisent les internautes comme de vulgaires hommes de paille pour dire tout haut ce qu'elles sont désormais contraintes de penser tout bas : impératifs de l’infommunication (forcément obséquieuse, même en cas d'impertinence affichée, surtout dans ce cas-là d'ailleurs) obligent…


Toys are us


Le buzz porte peut-être en soi l’expression d’un contre pouvoir car le buzz n’est pas moins de l’information que l’information d’aujourd’hui n’est du buzz... Mais il est géré, récupéré et parfaitement intégré au Spectacle. Au mieux, aujourd’hui le buzz sur Internet n’est qu’une réponse dérisoire, percluse de dérision, au Spectacle qui ne peut être qu’en étant massivement dévastateur et incontrôlable. Le buzz, c’est l’équivalent au Japon de ces séances où les employés fustigent leur patron : un exutoire au pesant joug de la réalité, un acquiescement à la fatalité... Le buzz, c'est la mort du scoop. La différence entre le buzz et l’information ? Dans le buzz, le marécage n'est pas hypocritement, mais fièrement mis en mouvement.

22 octobre 2009

Fredo, égérie du gouvernement


SOURCE

Missive attack


Au CGB, on aime beaucoup la prose pompeuse et affectée de ce que les médiacrates appellent les "anarcho-autonomes" ou "l'ultragauche"...

D'abord, il y a ce "Omnia sunt communia" soit " Quiconque peut se procurer l’indispensable par les richesses d’autrui" directement extrait du Concile Vatican II, Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps, "Gaudium et Spes"... ce qui n'est pas banal pour des "anarchistes". Ensuite, il y a cette référence soutenue à l'enfance, son innocence, sa candeur dans la destruction qui font de mouvement quelquechose d'absolument moderne... Le ça et le pervers polymorphe au pouvoir!

Et surtout, il y a cette volonté, la même que celle des racailles de 2005 de "Niquer sa mère" comme le disait Baudrillard, ils veulent tuer "big mother" qui les a nourrit au lait de la fausse rebellion, couvé nos petits coucous (bientôt Giant) dans une ambiance de fête. Nos oisillons voudraient bien en sortir de la fête, mais leurs modes d'action restent dans le domaine du simulacre festif qui font de leurs petites révoltes un happening minable, un flashmob misérable symboliquement.

Les véritables révolutionnaires ne manifestaient pas contre la prison de Vivonne... ils étaient juste en face dans ce charmant routier appelé "le Relais de Vivonne".



Poitiers, 10 octobre 2009. Y a d'la casse. Un institut de beauté, une agence de voyage, une librairie catho, une bijouterie, départ de feu à la Direction du Travail, une banque, un Bouygues-qui-construit-des-ballons, un France Telecom dont on ne peut décemment demander la démission du PDG, mais seulement le suicide, deux banques, un journal local,...

Bon, nous sommes passés par ces rues. Le plus vieux baptistère de France a été
baptisé. Les traces que nous laissons. À même le patrimoine. Il faut avouer qu'on s'en fout, du patrimoine. Toute trace des incandescences passées est monumentalement neutralisée. Alors, faut ranimer un peu. Mettre de la couleur. Se souvenir de l'oubli des puissances. « OMNIA SUNT COMMUNIA ». Nous allons, nous manifestons à la rencontre de tout ce qui, dans le passé, nous attend.

Nous sommes passés par ces rues. Sur les images, il y a des pleurs d'enfants. ON voudrait que les enfants pleurent à cause de nous. Mais ils pleurent avec nous. Ce sont les mêmes larmes que nous avons versées, celles de la Séparation, des larmes contre ce monde. La destruction, elle, est source de joie. Tout enfant le sait, et nous l'apprend.

A propos du 10 octobre à Poitiers, des spécialistes ont parlé de la « stratégie du coucou » (cf. Le Monde du 13 octobre). Les manifestants se seraient fait passer pour des festivaliers. Depuis le nid culturel squatté, ils auraient pris leur envol à grand fracas. La réalité est que la manifestation festive contre la prison de Vivonne avait été appelée par voie d'affiches, et que la préfecture avait jugé négligeable de prendre des dispositions particulières. La réalité, c'est d'abord un rassemblement masqué donc illégal : rien que des coucous.

Limite de la loi anticagoule, on n'interdit pas le carnaval. Embarras des forces de
l'Ordre. Difficile de dire, en effet, où commence la fête. On n'interdit pas le carnaval. Il y a donc masques et masques. Ceux qui au fond ne recouvrent plus rien, et les autres, les nôtres, ceux des coucous. Ce qui est visé par la loi, c'est une certaine façon de se masquer; se masquer en ayant de bonnes raisons de le faire, se masquer parce qu'on a quelque chose à cacher, ou plutôt, quelqu'un. ON A TOUS QUELQU'UN A CACHER.

Ce jour-là, à bien y regarder, les coucous ne sont ni dans le festival, ni dans la manif. Ce qu'ils squattent, c'est la société. La condition de coucou, c'est, simplement, une existence révolutionnaire dans la société. « Etre révolutionnaire », rien de plus problématique. Ceux pour qui ça ne fait pas problème seront les premiers à se rendre, à faire de leur mode de vie une défaite. Figés dans leur identité, et dans leur « fierté », et raides. Ce qui est lâche, ce n'est pas la duplicité, ni la dissimulation. Ce qui est lâche, c'est d'affirmer l'inaffirmable. De se revendiquer « anarcho-autonomes », par exemple. C'est de prétendre dire, dans la langue de l'ennemi, autre chose que des mensonges. Il n'y a pas des révolutionnaires, pas d'identité révolutionnaire, mais des devenirs, des existences révolutionnaires. Eh oui, nous autres coucous, il nous faut inventer, en même temps qu'une réalité tranchante, les moyens de tenir. Ou plutôt c'est la même chose, le même processus.

La question est : qu'est-ce qui nous tient? La génération des années 60 n'a pas su le faire, avec les années 80 comme excuse historique, et couvercle de plomb. Nous autres, nous n'avons pas droit à l'erreur. Jamais la situation n'a été aussi mûre; et pourtant, le camp révolutionnaire est un vaste chantier. Même parmi les ruines, il faut déblayer le terrain, la place manque toujours pour construire autrement. Jamais la situation n'a été aussi mûre; et pourtant, tout ou presque reste à faire, et pourtant, nous avons le temps. Il nous faut donc tenir, tenir à ce qui nous tient. Tenir, tromper l'ennemi.

Déjouer les logiques de représentation, piéger la répression. NOUS SOMMES TOUS DES COUCOUS. Nés dans le nid de la domination, il nous faut grossir, devenir trop-grands pour son espace et ses coquilles vides. C'est ainsi : l'époque a dans son ventre les enfants qui lui marcheront dessus. Elle les nourrit, leur donne un semblant de « monde », elle n'a pour les choyer que ses flux toxiques, elle n'a que ses poisons. S'ils en réchappent, ils la tueront. Ils la tueront de la plus noble, de la plus digne, de la plus belle des façons, enfin, comme on commet sans doute un MATRICIDE.

Quelques casseurs.

20 octobre 2009

Mit'rand in love



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Indécision et carottes cuites

Dehors il fait froid, la cheminée réchauffe le terrier, les p'tits lapins ont formé un cercle:



_ Raconte-nous une histoire tonton Grolapin!

_ Bon, d'accord... écoutez bien les enfants, aujourd'hui je vais vous raconter une histoire vraie.

C'était il y a bien longtemps, j'étais alors un petit lapin de banlieue, j'avais creusé mon terrier près du RER et, en face de chez moi, il y avait une maison. Un de ces pavillons typiquement banlieusard à l'architecture indéfinie... Celui-ci avait un minuscule jardin devant sa porte d'entrée. Un grand pin avait pourtant réussi à y pousser, coincé entre la maison et le mur. Le propriétaire était certainement un peu fou car il s'obstinait à vouloir planter du gazon au pied du conifère. Or, comme vous le savez mes lapinous, rien ne pousse sous un pin, il recouvre les alentours d'aiguilles acides.

Cependant, le banlieusard était têtu, il voulait édifier le jardin d'éden autour du résineux. Il avait donc dévalisé les magasins de jardinage, s'était équipé d'un râteau, d'un rouleau, de bidons d'engrais phosphorescents et des plus fines variétés de graines de gazon écossais.

Je le voyais depuis mon terrier, pendant qu'il s'échinait au pied du pin, celui-ci grandissait, grandissait... Il dépassait à présent la maison, déversait de plus en plus d'acidité sur la pelouse galeuse et la couvrait d'une ombre épaisse... pourtant le propriétaire s'acharnait.
Un jour qu'il avait enlevé trois brouettes d'aiguilles, il alla se coucher le cœur lourd. Cette nuit là, c'était la nuit de la grande tempête... Une nuit à faire voler les lapins en escadrille... Je me calfeutrais, le vent hurlait, on entendait des bruits terribles, comme si toute la banlieue s'écroulait...
Au matin je jetais un oeil à l'extérieur et je vis que le pin était tombé sur la maison. Le jardin n'était plus qu'une motte de terre arrachée par les racines du monstre et l'innocent jardinier était mort.

Moralité les enfants: pour avoir un beau jardin, il faut savoir sortir sa hache au bon moment avant de se prendre des pins dans la gueule.

19 octobre 2009

Frère Jacques


Jacques Séguéla a raison. Toujours. Il a toujours raison Jacques. Il en a encore brillamment fait la démonstration samedi dernier dans le barnum peopolorigolo de Ruquier On n’est pas couché : « Internet est la plus grosse connerie qu’ait inventée l’homme ! » Oui, c’est un fait indéniable tant à chaque fois qu’il montre sa hure à la télé, il emporte une volonté unanime dans la blogosphère de lui sonner ses matines à coup de marteau… Alors oui, Internet doit être une connerie… Car il s’agit bien de Jacques Séguéla, publicitaire star des eighties, géniteur de générations politiques anidéologiques, entremetteur mondain de Journal officiel et de magazines people. Oui Jacques Séguéla, cette vieille momie liftée à coup de sabre laser, ce vampire squatter de tombeaux à UV, cet Hibernatus conservé sous vide aux rayons surgelés de tous les hypermarchés de la pensée congelée, hum… Oui, il s’agit bien de Jacques Séguéla... Alors Jacques Séguéla doit nécessairement avoir raison : Internet est une grosse connerie. Internet est même LA grosse connerie, la boulette par excellence pour son altesse et tous les siens de sa caste, car Internet a permis à d’aucuns de rebâtir dans le virtuel les périphéries qui avaient été consciencieusement effacées dans le réel...



Réquisitoire réquisitionné


Et de ces périphéries, il était fatal que dégueulent des attaques contre le centre totalitaire retrouvé, l’hypercentre despotique redevenu visible et tangible, ce vortex de la pensée toute faite qui voudrait nous brûler la cervelle à coup de pense-bête, de clichés kitschs et de positive attitude. Des périphéries, les élites installées et perpétuellement ré-adoubées lors des simulacres quotidiens ou hebdromadaires d’agora télévisuelles, n’ont bien qu’une seule chose à attendre : une guérilla mentale violente, un harcèlement moral systématique, un clashbashing toujours cash. Les abstinents incontinents de la démocratie participative n’ont en réalité rien d’autre à foutre que d’en faire chier des ronds de chapeau aux Narcisse ayant bâti sur le vide libertaire de 68, le néant liberticide post-soixante-huitard… Internet doit être la guillotine virtuelle de tous les jacombinards faussaires de décentralisation et de déclarations universelles. Internet doit répondre aux saintenitoucheries grandiloquentes du totalitarisme cool et rationalisé par une contradiction systématique hardcore et grandguignolesque, coller ses « post-it ! » comme ils collent leurs étiquettes, rendre coup pour coup bas, perforer, en attendant qu’un jour, qui sait, le Verbe performatif se décide à changer de Sujets…


Des souris de laboratoire et des hommes


Jacques Séguéla a toujours raison. Et Jacques Séguéla était présent chez Ruquier pour nous parler de l’homme… Fichu d’une espèce de demeuré, qui a réussi le tour de force de nous préciser lors de sa première intervention qu’il était un surdoué du QI, Séguéla s’est pointé chez Ruquier pour nous annoncer la bonne nouvelle : il avait retrouvé l’humain de l’humanité ! Quoi d’étonnant à cela ?! N’avait-il pas jusqu’à présent, ardemment et hardiment travaillé à son kidnapping, sa séquestration et orchestré sa disparition via son entreprise d’intimidation publicitaire permanente ? Jacques Séguéla l’aurait donc retrouvé l’homme ; il était dans le puits sans fond dans lequel il l’avait poussé voilà des années, du temps de sa "Force tranquille"… Le hasard fait si bien les choses lorsqu’il est prémédité… Mais Jacques naturellement, n’a retrouvé que son corps… Venez humer l’humain de l’humanoïde post-moderne !...


"Pas de panique : ceci est un test d'émotivité. A son issue, vous serez recruté ou... éliminé"


Muni de son acolyte, car tout bon numéro de magie impose le duo, il nous a présenté son nouvel outil occultohumaniste d’infaillibilité pour apprentis sorciers, pour ersatz de bladerunners et autres DRH : le quotient émotionnel (apparemment un dérivé des techniques d'estime de soi et autres tartufferies psychomystiques et psychosomatiques). Et il avait même pris la peine de nous le cuisiner selon ses vieilles recettes de gourou mitrandien : Génération QE. Mitrandisme et mithridatisation... Jacques Séguéla a-t-il la naïveté de penser qu’il va nous faire gober, à nous, la génération née pendant les grandes manœuvres de l’empoisonnement généralisé, à nous, la génération née de l’empoisonnement généralisé, que son nouvel outil de médecine légale, de médecin légiste, est un remède anticrise ? Un remède anticrise destinée à qui ? La génération Y ? Cette cohorte de morts-vivants élevés au 2.0, épris de liberté, prônant le mouvement permanent, et qui, en conséquence, sucent songeusement leur pouce à la moindre proposition de CDI, au moindre deal de durable dans leur développement personnel ? Cette génération de moutons de Panurge qui sautent joyeusement et docilement dans la mer démontée de la précarité aux tops des encravatés des départements RH ?
Le quotient émotionnel n’est qu’une nouvelle avancée dans les techniques qui visent à grillager l’homme pour le déminer toujours plus minutieusement... Neurologues, levez-vous ! Le quotient émotionnel est une bombe de pathos à défragmentation, un missile sol-sol de guimauve propre à pulvériser les sentiments en émotions, une bombonne de gaz remplie de mièvrerie, soit une nouvelle arme du terrorisme totalitaire et tonitruant des bons sentiments et bonnes intentions : un attentat de plus contre l'homme (déjà capable de buzzer une émission de téléréalité via la fausse disparition d'un gamin, déjà capable via les jolis minois d'i-TV d'annoncer la mort d'enfants sourire aux lèvres)...


On a les Talleyrand qu'on mérite


Jacques Séguéla, il en aurait un très très gros QE. La preuve par cette démonstration cartésienne d’envergure (au cas où nous serions incapables de tirer les leçons de son parcours fondé, comme toute carrière qui dure digne de ce nom, sur un meurtre, le meurtre de l’homme humain) : « Pour vous, quand la neige fond, c’est de l’eau. Pour moi, quand la neige fond, eh bien c’est le printemps. » Dont acte. Et « avec le temps, l’herbe devient du lait… » Le quotient émotionnel, c’est de la poésie déminéralisée, pasteurisée, filtrée, garantie sans plombs. Une espèce de bouillie aux accents confus de confucianisme bio, un véritable et putain de gaz lacrymogène… De quoi disperser les quelques individus qui voudraient encore se servir de leurs deux yeux ? De quoi séduire les midinettes maniacodépressives en déperdition : la rhétorique de l’aveuglement par l’illumination refabriquée et détournée en rhétorique de l’aveuglement par la larme à l’œil… Jacques Séguéla, gourou zen, toujours lancé à plein régime, sourire carnassier aux lèvres, dans une entreprise de consolidation des forces de la grande secte de l’ordre de la Consommation solaire. Garde à vous…


Serial mass murderer


"Place aux jeunes", clamait Jacques Séguéla lors de l'émission, au sujet de l’affreux lynchage dont est victime notre surdoué de la politique Jean Sarkozy et père Inc.. Oui, place au jeune, à ce jeune, déjà expert ès trahison, communiquant de classe (petite et moyenne section), qui lors de ses vagissements incantatoires et larmoyants est déjà capable de nous faire passer un adoubement pour une élection. « Place aux jeunes ! » Jacques Séguéla a toujours raison. « Place aux jeunes ! » Jacques tu as raison et telle est notre conclusion. Et ce n’est pas nous qui l’avons dit Jacques…

Yvelines : un complot de l'UMPS

Nicolas (Akbar) Sarkozy contrôle tout, prévoit tout d'avance et est omniscient. Il est à la tête de l'UMP et du PS et en plus il peut battre Bruel au poker (ce qui est un peu trop antisémite à mon goût).



source

18 octobre 2009

Ces étranges Messieurs...


On vit une époque formidable... celle où la moralité élémentaire devient hors là loi, celle où des étranges Messieurs ont transformé en moins de 30 ans, ce cher vieux pays en cloaque pour hyperbourgeoisie.

L'affaire "Mitrand" est pour nous du pain béni en cela que l'on peut dresser un superbe comparatif à une vingtaine d'années d'intervalle entre "Tonton" et "Neveu" afin de voir le chemin parcouru dans la fange.

Tonton aimait retrouver les siens dans son domaine de Latche (Landes) afin d'enterrer l'avenir du pays/ Neveu se plait à voyager à Marrakech, Bangkok ou à la bien-nommée Kho-Phi Phi pour pratiquer l'ondinisme sur des fesses glabres de jeunes niakoués ou bougnoules de 12 ans avec un sentiment d'avilissement jubilatoire.

Tonton avait été décoré de la francisque par le Maréchal/ Nul doute que Neveu aurait disputé le titre de "gestapette" à Abel Bonnard pour son amour des cuisses bronzées des jeunes SS.

Tonton a été élu président de la République en faisant croire au peuple de France qu'il avait son destin en main/ Neveu a été nommé ministre pour avoir tapé dans de jeunes culs du tiers-monde et justifié qu'il n'avait pas ce sens commun ridicule des petites gens.

Tonton avait fait du gout du secret un art de gouverner/ Neveu aime exhiber dans une démarche toute égo-grégarienne (Dany Robert-Dufour) sa "mauvaise vie" avec la naïveté confondante du narcissisme primaire.

Tonton avait dénoncé ceux qui "avaient livré aux chiens" l'autodidacte Bérégovoy/ Neveu s'est ébroué au milieu de teckels affectueux (Joffrin, BHL) pouvant devenir hargneux si l'on exprime ne serait-ce qu'une once de bon sens populaire. C'est ainsi qu'un fils d'ouvrier breton a été transformé en Benoit Déat/ Marcel Hamon ("bleu le ciel de provence") pour avoir tenté de renouer avec la morale de ses aïeux, il sera pendu sur l'autel du populisme.

La nature ayant horreur du Gide, il fallait bien protéger ce nouveau génie des lettres françaises et de l'autofiction des relents nauséabonds d'une France moisie et lyncheuse comme une couverture du Parisien. Gloire aux courageux résistants à l'ordre moral, honneur aux parvenus mitterrandiens des arts et spectacles, putains qui n'arrivent même plus à jouir dans leur coin et qui préfèrent faire gicler leur perversion à la face des vieilles dames, hourras pour les artistes attitrés de l'hyperbourgeoisie! Euthanasions le petit peuple sous couvert de chasse au lépenisme, flouons la petitebourgeoisie au nom de la lutte contre le poujadisme!

Comme le disait le père de Camus (cité par le confus Finkie), "un homme, ça s'empêche"... Neveu aurait été bien avisé de s'empêcher d'écrire ses sordides turpitudes à travers une confusion entre la fiction et la réalité, le public et le privé, il aurait été également intelligent de sa part de s'empêcher de devenir ministre de la Culture.

De François à Frédéric, de Pierre à Benoit... c'est bien au triomphe de Sade auquel nous assistons et à la mort d'une population.

Mitrale #1

Aujourd'hui c'est la Journée Mondiale de la culpabilité dans les assiettes et de la condescendance sur l'Afrique histoire de se couper l'appétit avec de bons sentiments pour les repas de famille.

17 octobre 2009

Nobel Prize

Dynasty

Ces derniers jours, on a pas économisé l’encre et la bave en France. Quand ce n’était pas pour Frédéric, le généreux bienfaiteur d’orphelinats à Pattaya, c’était pour Jean II Sarkozy, dauphin annoncé de la dynastie du même nom.

Je compte sur toi pour les niquer fils !

Alors pour couper court aux rumeurs prétendant le retour de la peste dans son gouvernement et sa majorité, et faire taire l’ensemble, notre bien aimé président a décidé de nous assommer de son news flow Elyséen, à cadence forcée pour les médias, à coups de trique pour l’opposition. Les deux se faisant un devoir, avec cette déontologie qu’on leur connait, d’assurer le buzz souhaité: Servir la soupe à notre plèbe de sans-culotte.
Aux grands maux, les grands remèdes…
Le tout à coups d’interventions télévisées, à grands renforts d’articles dans le Figaro (TODO kiffe), sans oublier le matraquage quotidien de ces petites déclarations des uns et des autres, toujours heureux de s’exprimer sur cette actualité tout à fait sérieuse et, il va sans dire, d’une importance capitale.

Hier, retour en fanfare et trompette à Gandrange, avec plein de pognon pour nos pauvres métallo, oubliés jadis. Générosité présidentielle ? Opportunisme politique ? Et aujourd’hui, il va nous proposer quoi ? La valise RTL en direct du palais de l’Elysée ?

Nul doute que cette débauche de com’ ne cache de basses pensées. Celle de noyer le poisson, tout en montrant que le Roi mouille toujours le maillot pour son peuple.

Seulement pendant qu’on ruine le pays, vous êtes prié de regarder ailleurs.

Après l’Elysée, let’s go to the White House !

L’Ailleurs

Et ailleurs, c’est aussi la fanfare et les cotillons. Les sunlights sous les tropiques. Et entre J-Lo et le Nobel, Barack n’a lui aussi pas un moment à lui. Les honneurs qui incombent à cette harassante tâche probablement…

Wall street vient pourtant de lui faire la nique. UNE NIQUE D’ENFER. De celle qui font bafouiller les chargés de communication et grincer des dents les millions de chômeurs. La finance se gave, merci Ben.

Oui, merci Ben.

Mais pas grave. Tudo Bem. On vous remettra une louche de “Celebration”, ou du Shalamar, avec ce petit côté glamour de la dernière robe de Michelle, et vous verrez qu’une bonne intervention, de bonnes blagues, une attitude “cool” et décontracté au David Letterman show, et j’vous parie qu’ils n’y verront que du feu.

Tiens, d’ailleurs là, ça s’agite au Pakistan, alors hop, faudra penser à organiser un bon gros G20 sur les problèmes de sécurité mondiaux. De l’Iran à l’Afghanisthan, au nucléaire, en passant par ces histoires de bombes suppositoires dans le cul des kamikazes. C’est une sacré menace, mine de rien. Si si, c’est sérieux.

Et pendant ce temps-là, on nourrit des déficits budgétaires toujours plus monstrueux, fabriquant à loisir une monnaie de réserve qui va droit au massacre, et sur laquelle tous les acteurs “sérieux” s’accordent à penser qu’elle permettra à nos amis de faire défaut sur leur fabuleuse dette. Et vous croyez qu’ils vont rester là à se faire entuber ?

Stratégie de la FED

Oui, les Etats-Unis sont à n’en pas douter un Rogue State. Un état voyou. Sans foi ni loi. Non content d’avoir ruiné leur propre économie grâce à une gabegie totale, la stratégie de reflation actuelle va très probablement plonger l’Amérique dans l’un des plus violents cycle d’inflation de l’histoire. Et avec, non content d’entrainer l’appauvrissement complet de millions d’américains, ils plongeront une nouvelle fois l’économie mondiale dans une merde incroyable. Ce qu’il faut pas faire pour se mettre en insolvabilité.

Ah ah.

En même temps, pourquoi geindre, vu qu’ils pourront se consoler avec le tout nouveau plan de sécurité sociale. Et puis, ils peuvent aussi s’engager dans l’US marines, vu qu’une bonne guerre remettrait d’aplomb tout ce merdier. C’est sympa non, l’Iran ?

Hi hi, oui oui, très sympa Iran !

Oui les enfants, “Helicopter” Ben et Barack “Celebration” Obama se foutent bien des américains. Enfin l’un est au courant et l’assumerai presque en “off”, quand l’autre ne se doute de pas grand chose et fera de gros yeux quand on lui expliquera le problème. En même temps, la parade est toute trouvée, Barack est “black”. Et “black is beautiful”, alors si vous dites du mal de lui, vous êtes rien qu’un sale raciste.

Im-pa-ra-ble.

Et en attendant, en Asie, et ailleurs, on a compris ce qui se trame. Alors, on se prépare. Avec patience et logique. Modelant déjà l’avenir, anticipant sur les grands enjeux de demain, en misant sur de fructueux paris, pour se positionner à long terme sur une stratégie pérenne, entre pertinence et pragmatisme. Et pas la peine d’aller bien loin pour le comprendre, lisez les rubriques économiques de vos quotidiens pour comprendre. Bon ok, c’est pas glamour comme Closer, et c’est généralement des pages parfois obscures, mais tout y est, aussi limpide qu’une dépêche Reuters.

Et sinon en France, quelles sont les nouvelles ?

Vive le Roy !

Le Tiers-Etat:

Bah en France, en fait, on a rien compris. Oui faut croire qu’on s’en fout un peu de tout ça. Le monde, les ricains, les chinois, c’est loin. “Pérenne” sa ve dir koi ? Enfin, un peu comme partout en fait. Seulement nous, on a nos spécificités, genre on veut du bonheur au travail, on s’apitoie régulièrement sur les demandes de régularisation des sans-papiers, on exige que les DRH et leurs copains traders soient foutu en prison, sinon grève, et puis surtout, ce qu’on veut, c’est dîner chez son voisin sur M6. Alors qu’on brade notre technologie, ou qu’on se débarrasse en vitesse d’actifs pourtant stratégiques pour l’avenir, on s’en branle. Putain, non mais attend, y’a Jean Sarkozy qui passe à la TV là ! Il é tro bo !

Moine trappiste

Le clergé:

Aussi gras et rondouillard qu’un prélat du Vatican au XVIème siècle, nos actionnaires du grand capital, opèrent à la faveur de la crise de profonds changements structurels, et amorcent là-aussi des stratégies qu’ils augurent payantes à terme. La France ? Vous rigolez ou quoi, c’est juste 6 % du CA. Non, il y a mieux question croissance. Et ces “saints” curetons et autres moines joufflus, de nous montrer le chemin, en allant produire leurs bières à Canton, en République Populaire de Chine !

Noblesse oblige

La noblesse:

Obligée de se contenter d’éternelles caisses vides et autres budgets troués, aggravés par une économie en pleine récession, et une paupérisation sérieusement entamée par la mondialisation et leur propre train de vie, notre noblesse à repris le génie de Woody à son compte. Résultat, c’est un peu “Prend l’oseille et tire-toi !”. Une stratégie du vide qui sera probablement récompensée à très court terme. Mais notre noblesse a une arme de destruction massive dans sa besace:

La gabelle.

Pas touche à mon or !

La France: Une future grande idée du socialisme.

Demain, la France, enfin, celle représentée par nos représentants politiques, sera probablement la marotte qu’aurait rêvé Ségolène Royal. A coups de taxes, de combines diverses, de gendarmes à radars, d’histoires de déficits-ténias, et d’autres niaiseries du même acabit, ils arriveront à légitimer toutes sortes de trouvailles fiscales pour combler les déficits qui partent à vau-l’au. Et je parle pas des socialistes, mais bien de nos amis classés à droite. Et ces cagnottes, ils les redistribueront au profit du “clan”, comme l’illustre notre sympathique histoire de dynastie à l’EPAD.

Michel Charasse is the Future !

Vous pouvez même être sur qu’on arrivera à se faire le chantre de la taxation inégale et injuste sur cette bonne planète, si si. En même temps, on a jamais été avares de “bons” conseils pour les autres. Et le partage, c’est presque un sacerdoce chez nous !

Décidément, la France est quand même le pays du bien vivre et de la générosité. Mais c’est tout de même dommage que les Français doivent finir comme le surnom de leurs ancêtres:

“Sans-culottes !”



Rika Zaraï – Sans chemise, sans pantalon





L'ultime spectacle de Zangô Tralpak - 8/8


La police vient de recevoir l’ordre d’enfoncer les portes !
- Michel ! Michel! tu m’entends ? Les bourriques arrivent, tiens-toi prêt... Je veux toutes les images de tout !

Après un tumulte dont les quelques vingt-cinq Michels postés aux fenêtres d’en face ne perdirent presque rien, la police engouffra par grappes les spectateurs hébétés dans des paniers à salade de circonstance. Le Ministre de l’Intérieur déclara que l’opération avait été menée par des professionnels et que l’ordre régnait de nouveau dans la République. Deux heures plus tard, il démissionna.
Tout le monde fut mis au bloc. On interrogea les plus loquaces : tous les témoignages concordaient. Les acteurs de la troupe Tralpak et Zangô Tralpak lui-même étaient morts, soit par suicide, soit par assassinat. Soir après soir, la pièce la plus tragique que l’art dramatique ait jamais produite s’était déroulée, captivant les spectateurs et s’imposant à eux jusqu’à ce qu’ils se retranchent derrière des barricades de fortune pour qu’elle pût continuer. La Loi en faisait des complices objectifs. Le problème des responsabilités se posa alors avec urgence puisqu’on ne parvenait pas à extraire une personnalité plus marquante qu’une autre, un caractère un peu charismatique dans le groupe des prisonniers. Allait-on devoir condamner des centaines de gens ? Les services techniques du Ministère de la Justice s’employaient à constituer sur dossier le profil d’un bouc émissaire satisfaisant. A la police de faire son travail ensuite.
Peu à peu, il apparut qu’un espoir demeurait, susceptible d’éviter la démission de tout le gouvernement. Le dernier acteur survivant avait disparu.
- Comment ça, disparu ? Comprends pas ça, moi, disparu ! interrogea l’inspecteur Pifoyan.
- Je vous dis ce que nous avons tous vu. Le dernier soir, l’acteur qui jouait Simon restait seul en scène. Il monologua brillamment pendant une vingtaine de minutes, dans un silence de sépulcre. Il se rendait compte trop tard de l’horreur de son geste. Il avait agit d’instinct, sans penser à ce qu’il faisait. Pour survivre, il avait tué la femme qui portait son enfant. Il en était même arrivé à la certitude qu’elle aurait mis au monde des jumeaux, et qu’ils étaient eux les Élus dont on parlait. Dieu n’aurait pas permis qu’une vieille salope entre au paradis, mais sans doute ses deux enfants, pour tout recommencer. La gloire immortelle d’être l’origine de la nouvelle humanité lui échappait donc.
- Qu’èèèèèèst-ce que c’est que ce charabia ?
- Laissez-moi finir, inspecteur. C’est ici que tout se complique.
L’inspecteur Pifoyan, qui avait tout de même eu son bac d’action commerciale du premier coup, se sentit soudain dépassé : comment pouvait-on compliquer encore une telle fable ?
- Chaque spectateur s’attendait à ce que Simon se suicide. Pris d’un incompréhensible sentiment de pitié, certains projetèrent même de l’en empêcher. Celui qui avait survécu aux épreuves que nous tous avions vécues ensemble ne devait pas mourir. Mais une grande lumière se fit dans l’arrière scène. Une lumière d’un blanc intense, comme mille néons. Pensant qu’il s’agissait d’un incendie que ce pauvre fou avait déclenché, une panique faible gagna la salle. Il faut vous dire, monsieur l’inspecteur, que nous n’avions plus la force de nous affoler... Puis quand les plus vifs d’entre nous se décidèrent, nous sommes tous allé voir ce qui se passait. Et bien, croyez-moi si vous voulez, il n’y avait rien, rien du tout.
- Pas de trace d’incendie ?
- Rien du tout. Le sol était propre, le plateau vide d’être vivant. Aucune trace de Simon.
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- Dites-moi, mon cher, nous allons avoir beaucoup de mal à condamner quelqu’un dans l’affaire Tralpak. En trois mois, vous n’avez pas été fichu de me trouver le moindre complice. La République est ridiculisée. Vos services, zéro.

Fin

16 octobre 2009

Graine de golem

Ce qui est sidérant dans l'affaire Jean Sarkozy c'est de voir à quel point un type de 23 ans peut accepter de servir aussi placidement de jouet entre les mains de son papa.
Grand dadais au regard bovin et à la mine inexpressive... Il n'est que piété filiale... Comprend-il seulement ce qui lui arrive? Il fait penser à d'autres "Jeunes", tout autant soumis que lui à leur pôpa, à sa religion etc...
Moitié chiffon, moitié gelée: on ne sent pas une once de révolte chez ce "Jeune"-ci. Le nigaud se fait traîner dans la boue à cause de l'impatience du père, de son ubris, et que fait-il? Il renonce à une couronne trop grande pour lui? Aux ambitions du pater familias? Au ridicule enfin...


Que nenni, il nous montre ses notes de fac!
Qui cherche-t-il à impressionner? Les vieux crocodiles de la politique bardés de diplômes?
Juppé? Villepin? Balladur peut-être?
Ca doit ricaner ferme à l'UMP...
Et zozo de rajouter qu'il travaille 12 heures par jour... Et de se branler sur son "élection"...
L'élection, voilà le mot juste, voilà le mot qui fâche... [Libre choix opéré par un être humain en vertu d'une préférence dictée par la raison ou par le sentiment - de papa]
Si ses profs de droits ont besoin d'une idée de dissertation pour ce sujet d'élite, en voilà une toute trouvée.


Gnagahon,gné coupé mes gneuveux quand meume!


L'ultime spectacle de Zangô Tralpak - 7/8


Retour à Paris.

- Michel Bronin-Michel est devant le théâtre depuis le début de cette dramatique affaire et il nous donne les dernières informations la concernant. A vous Michel...
- Oui, pas beaucoup de choses à dire en fait, si ce n’est qu’il semble que l’auteur de cette pièce folle, Zangô Tralpak, soit mort hier soir en se suicidant en scène. On se rappelle la haine qu’il vouait aux admirateurs de Molière; peut-être a-t-il voulu dépasser le fondateur du théâtre français pour leur signifier qu’on pouvait finir mieux si on s’en donne les moyens. En fait, les informations les plus contradictoires circulent ici au sujet du dénouement de l’Ultime spectacle de Tralpak : cessera-t-il avec la mort de son auteur ou continuera-t-il après lui ? J’avoue que personne ici n’y comprend rien.

A la reprise de la pièce, les deux femmes survivantes se lancèrent l’une contre l’autre furieusement, en un combat de primates pour le droit à la reproduction. L’une d’elle, curieusement la plus jeune, finit sa vie sous le poids d’une énorme armoire métallique que l’autre lui fit choir sur la tête. Elle mit à mourir le temps de la représentation.
Dans le public, les transformations les plus inattendues se produisaient. L’atmosphère de huis clos, le sentiment de solidarité que donnent l’enfermement et l’épreuve subie en commun, le sentiment d’assister en direct à la véritable fin de l’humanité, tout cela renversait les convenances habituelles et rapprochait les gens de leur personnalité profonde. Certains couples se formaient, d’autres copulaient en attendant la reprise de la pièce, comprenant que les réserves et les pudeurs n’avaient plus cours; des personnes d’ordinaire volontiers athées, confondant enfin théâtre et réalité, se lançaient dans des transes mystiques dignes de Saint Bernard, exhortant l’humanité à se repentir avant la fin de ce que personne n’appelait plus un spectacle. On vit une mémère sacrifier, oui sacrifier son chien peigné amoureusement chaque jour depuis douze ans, en le sciant en deux au moyen d’un parapluie aiguisé. Barbouillée du sang de son toutou, elle mourut d’une attaque cérébrale peu après dans l’indifférence générale.
Un communiqué du Ministère de l’intérieur fit beaucoup rire cette foule envoûtée :


Communiqué du Ministère de l’Intérieur
République française
Liberté. Égalité. Fraternité.
30 janvier 2000

La pièce de théâtre intitulée l’Ultime spectacle de Zangô Tralpak est déclarée hors-la-loi. Ses représentations présentes ou à venir sont interdites sur tout le territoire de la République. Toute publicité, prosélytisme ou citation à son sujet sont également interdits sous peine des amendes prévues aux articles 7 et 8 du Code Pénal. Toute personne refusant de dénoncer ces représentations ou n’intervenant pas pour les empêcher sera poursuivie par le Ministère Public. Les actrices et acteurs jouant dans cette pièce ou dans ses représentations futures encourent six mois de prison.

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La vieille
Tu vois, il ne reste plus que nous.

Simon
Crois-tu que ça m’enchante ? La seule femme que je puisse contempler à des rides plein la figure et les seins affalés !

La vieille (devenant dure)
Ecoute-moi, imbécile ! Tu te crois peut-être à la plage, dans une boîte de nuit ? Tu crois que tu peux tranquillement faire ton choix parmi les jouvencelles qui n’attendent que d’être choisies ? C’est fini tout ça, il ne reste plus que toi et moi, et l’un de nous doit survivre.

Simon
Je t’étrangle et on n’en parle plus...

La vieille (brandissant le révolver perdu de l’Etranger)
Tu n’étrangles personne, insecte ! Tu vas faire gentiment ton devoir, c’est-à-dire me baiser. Je serai la mère du monde à venir. Tu seras le père, mais tu ne seras plus là pour voir ça. Ha ! ha ! ha !

Simon veut s’enfuir mais se cogne aux décors du plateau, et la vieille lui barre enfin la route. Il est apeuré et comme rendu fou par la menaçante voix de la vieille. Ses yeux sont exorbités comme ceux des biches à l’hallali.

La vieille
Allez, tu auras au moins la satisfaction de finir ta vie dans une explosion de plaisir. Envoies-toi en l’air ! Ah ! C’est drôle ça : envoies-toi en l’air !

Simon et la vieille se lancent alors dans une scène d’amour incroyable, l’amour qui enfantera la mort. Pressant le canon du flingue sur l’oeil de Simon, la vieille l’exhorte à plus de vigueur, écartant impudiquement ses jambes rouillées. Le public, qui a déjà vu bien des choses pourtant, ne peut retenir des mouvements de frisson. Pendant tout le coït, la vieille ne se départit pas d’un rire ignoble où s’exprime, dominant tout, le sentiment vil du triomphe. Simon besogne dans les larmes. Mais au moment où il éjacule, moment qui doit signifier pour lui l’arrêt de toute chose, la vieille est prise de convulsions inattendues : elle jouit. Son vieux corps abandonné se remet à fonctionner. Relâchant sa surveillance et baissant son arme, elle permet à Simon de s’extraire de son étreinte et de lui arracher l’arme. La voilà toute con.

La vieille
Tu vas me tuer, c’est ça ? Tu vas tuer l’espoir que je porte en moi, ton propre fruit ?

Simon
Arrête tes conneries vieille peau, tu ne portes rien du tout. Tu n’es qu’un sac percé dans lequel je vais faire de nouveaux trous. Crève donc !

Simon appuie sur la détente, plusieurs fois, inondant la salle d’une fureur bestiale. Maintenant qu’il a tué la vieille qui le menaçait, il semble libéré, serein. Son visage crispé par l’angoisse se détend et fait apparaître non de la beauté, mais une apparence de plénitude, l’image humaine de la satisfaction. On dirait qu’il ne joue plus. Il marche, un peu désorienté, sur le plateau silencieux. A sa mine, on comprend qu’il découvre son univers, comme au sortir d’un très long rêve. Il est le dernier survivant de l’Ultime spectacle de Zangô Tralpak. Demain, il entrera en Paradis. Lentement, il ôte ses vêtements, un à un.

A suivre

15 octobre 2009

Blood's a rover (James Ellroy)



Troisième et dernier chapitre de la trilogie Underworld USA, après American Tabloid et American Death Trip, est sorti au Etats-Unis le 22 septembre 2009.

France Télécom, le défilé continue



SOURCE

L'ultime spectacle de Zangô Tralpak - 6/8


Nous sommes au bout du monde, dans un village moribond. En cachette de leurs parents, Ürg et Alyse se rejoignent chaque soir à la fontaine. Ils sont cousins germains et ils s’aiment. Ils ne se l’avouèrent pas tout de suite, craignant de souiller la pureté de leur amour d’un mot trop usité par ceux qu’ils détestent. Comme ils se sont toujours connus, ils n’imaginent pas pouvoir être séparés. Ils ne forment aucun projet puisque leur amour est évident comme le ciel, la terre et le vent. Ils sont les familiers de l’éternité, le savent et n’en tirent aucune gloire. A qui vanteraient-ils leurs mérites dans ces régions de labeur ?

Dans le courant de la source
Se mire le soleil.
Il sème sur les plis de l’eau
Des éclairs si vifs.
Voulant m’en saisir
J’ai été la risée de mon âne.
Comme je voudrais le contempler toujours
Ce feu de vie qui te ressemble.

Alyse rit. Elle rit chaque fois qu’Ürg improvise un de ses poèmes qu’elle ne comprend pas toujours. Il n’est semblable à personne, lui qui ne sait pas parler sans chanter. Parfois, elle voudrait qu’il lui dise des choses simples et bêtes, comme le font tous les garçons de leur âge, qu’il s’exprime avec la facile rudesse des parents. Elle craint qu’il ne puisse jamais être comme tout le monde, aller aux champs, faire paître les chevaux et vendre des fromages. Comment les gens pourront-ils le comprendre s’il n’apprend pas leur langue ? La vie n’est pas un poème quand il faut la gagner.
« Ils se moqueront de nous. »
Mais ce soir, comme tous les soirs, elle ne pense à rien. Elle regarde son amour simplement, avec la douceur des chattes. Elle ne saurait dire ce qui lui plaît en lui tellement il fait partie d’elle. Son œil est intelligent, ses mains petites et fortes, il marche d’une façon très curieuse, en posant le pied si souplement qu’il semble vouloir se cacher. Surtout, il est silencieux. Il ne parle presque pas, il n’a pas ces continuels bavardages des hommes quand ils veulent être vus des filles. C’est ce qui lui plairait le plus si elle pouvait réfléchir à lui.
Comme il comprend qu’elle se demande si son père autorisera leur union, il improvise un chant.

La faim guidait mes pas
Me menant par les chemins
A travers le pays.
Nulle part je ne pouvais
Poser ma tête en paix.
Je faisais avec le loup
Une course de bête
En soufflant comme une âme
Qu’on poursuit.
Les arbres m’ont appris
A me moquer du vent
Et à chanter comme eux
Quand il est déchaîné.

Elle a fermé les yeux, sentant la mélopée la prendre doucement. Bouche fermée, elle prolonge la musique avec la grâce des filles qui chantent. Elle est toute entière dans cet air frêle, fredonné par un ange au bout du monde. Elle se rend compte soudain qu’un petit souffle de vent lui caresse les cheveux, un petit vent froid mais délicieux qu’elle n’avait pas remarqué. Ce picotement lui rappelle qu’elle existe et réveille en elle la conscience endormie de son corps. Elle se lève alors et va se placer entre les bras d’Ürg, appuyant sa tête brune sur son cœur. C’est la première fois qu’ils s’enlacent et chacun d’eux y pense en secret.
- On restera toujours ensemble, n’est-ce pas? demande-t-elle doucement.
- Toujours, répond-il sans poème, comme le ferait n’importe qui, nous resterons toujours tous les deux.

A suivre

13 octobre 2009

Ten Years After - I'm going home (live at Woodstock - 1969)

PUMP UP THE VOLUME !


Au gnouf la moustache!

L'ultime spectacle de Zangô Tralpak - 5/8


- Le problème, mon cher, c’est que tout a été prévu. Chacun des acteurs a rédigé devant huissier une sorte de lettre-testament qui explique le pourquoi d’une telle folie, qui en précise les responsabilités et exonère a priori Tralpak de la moindre parcelle de celles-ci. Nous sommes devant un phénomène tout à fait nouveau.
- On ne va quand même pas tolérer qu’on nous assassine nos acteurs sous prétexte de « tuer le théâtre », comme ils disent ? Les excentricités de ces soi-disant artistes dépassent les bornes. La police, bon Dieu !
Le premier est Hugues Laroche-Pussy, Garde des Sceaux; le second Jean-Marcel Foin, Ministre de l’Intérieur. Ils sont dans la limousine qui les emmène au rendez-vous qu’ils ont avec le Premier Ministre : cellule de crise.
- Et puis on ne va pas chasser du théâtre les spectateurs qui y sont barricadés ?

La presse du monde entier se bouscule aux marches du théâtre. Tous les présentateurs-vedettes s’y montrent, feignant une mine horrifiée, angoissée, blasée, voire professionnelle. Il y a tellement de monde que la police n’a pas pu prendre totalement possession des lieux. Les ordres, d’ailleurs, sont flous.
- Michel, prends dix mille balles et va acheter une place à la fenêtre d’un des immeubles en face. Si les flics donnent l’assaut, s’il y a des explosions ou s’ils se balancent dans le vide, je veux avoir les images!
Quand la nouvelle de ce qui se passait vraiment dans cette pièce fut connue, un mouvement de panique s’empara du pays. Des foules comme en procession montèrent à la capitale, remplaçant ceux que la vue de l’immontrable avait fait fuir. Le marché noir avait presque honte du prix des places. Comme la rumeur d’une intervention policière se faisait insistante, un véritable état de siège fut instauré au théâtre, les plus fanatiques défenseurs de la liberté d’expression murant au parpaing les principaux accès. Toujours dans les bons coups, Daniel Mémette, journaliste iconoclaste à la radio officielle, réussit à se faire enfermer avec la foule et permit à sa station de diffuser une interview exclusive (le mot est faible) de Zangô Tralpak, qu’il appelait familièrement Zangô.
- En exclusivité pour Ici y’a personne, l’émission qui ne cache rien, Zangô Tralpak nous explique sa démarche. Alors, Zangô, une troupe théâtrale ou une secte ?
- Il est temps d’en finir avec les anathèmes. Ceux qui ne font rien n’ont plus le droit de parler, qu’ils crèvent! Les profiteurs, les m’as-tu vus de la culture et du show business, les conservateurs de patrimoine en décomposition sont conviés à leurs propres funérailles. Les gens vont enfin comprendre ce qu’est l’art véritable: un jeu perdu avec la mort, une course-poursuite du néant. Tout, sauf ces paluchages de quéquettes qui ne font de mal à personne. Faire du théâtre en faisant semblant de jouer la vie est comme si l’on faisait semblant de manger pendant la famine. Personne ne peut avoir raison contre moi parce que moi, je mets ma peau sur la table. Qui s’aligne ? Je veux que le théâtre crève, et il va crever, croyez-moi.

Le temps que les ministres se réunissent et qu’ils décident des actions à entreprendre, la pièce avait recommencé. Par instinct morbide et par goût de la frayeur, l’essentiel des spectateurs n’étaient plus là que pour voir mourir le prochain acteur. Comment se finira la pièce, le sens qu’elle donnera à la vie de chacun d’eux une fois terminée, ils s’en fichaient bien. La mort, voire la Mort sur scène ! Ce que Tralpak ignorait, c’est que sa pièce, toute ultime qu’elle soit, ne dissuaderait pas les gens d’aller voir d’autres spectacles après. En fait de tuer le théâtre, il ne tuerait que le sien.
Tralpak tenait le rôle de l’aveugle dans la pièce, bien qu’il n’eût en réalité qu’un oeil de crevé. Certains spécialistes annonçaient qu’il serait le seul à sortir vivant de la folie qu’il avait déclenchée, se réservant le rôle de celui qui sera sauvé par Dieu. « Un bon moyen de finir ses jours en taule ». Certains spécialistes se trompaient. Dans la pièce, le personnage qu’il incarnait, aveugle, fut supposé doué de pouvoirs de divination, par ce paradoxe très répandu qui prête une grande profondeur aux gens réservés, un amour infini aux timides et un solide sens de l’organisation à ceux qui ont le menton en galoche. Les survivants le consultèrent donc pour qu’il leur prédise l’avenir, ce qu’il fit, croyant lui-même vraies les facultés qu’on lui reconnaissait. La scène se déroulait dans une quasi pénombre, sous les assauts d’une musique dodécaphonique ponctuée de scratch made in U.S.A. Il déclama des phrases absconses pendant que les trois autres acteurs pleuraient. Il était plongé dans une baignoire que le sang de ses veines rougissait très lentement, aussi lentement que s’effaça le son de sa voix. Sous l’oeil atterré du public, Zangô Tralpak fit mentir les prévisions et dérogea à la règle qui veut que le créateur d’une oeuvre en tire toute la gloire. Il se suicida dans une eau délicieusement tiède, le regard fixé en direction des spectateurs, les surprenant encore plus qu’il ne l’avait jamais fait. Sa pièce devait continuer jusqu’au bout sans lui, sans le guide qu’il avait été, continuant sous l’impulsion qu’il lui avait donnée comme des ronds dans l’eau s’écartent de leur point d’origine, pour finir par se fondre dans l’informe. Des sept acteurs de cette aventure, deux femmes et un homme restaient. Trois.