3 décembre 2008

Vendredi 13


« Gauche ! Droite ! Gauche ! Droite ! Gauche ! Droite ! » Ma réponse à Jacques Rosselin, éditorialiste de l’hebdomadaire Vendredi, en attendant celle de Gabriel Fouquet (s’il trouve le temps…), créateur de ce site : non, le Culturalgangbang non plus, ne marche pas au pas…



La rédaction de Vendredi ayant reçu de nombreux mails de lecteurs la questionnant sur le positionnement politique du Webcompiler papier, Jacques Rosselin a consacré l’édito de son numéro 7 à leur répondre. Ces derniers voulant probablement être rassurés que Vendredi soit bien à gauche, ayant sûrement grand peur de lire, en toute innocence, de la prose douteuse voire carrément de droite, dans les wagons du métro ou aux terrasses chauffées des troquets… Ah les démocrates ! Ah Démocrite et des envies d’atomisation… En bref, par peur d’écorner leur image d’animaux politiquement bien comme il faut et de se faire, en prime, violer leurs petits esprits étriqués… Les malheureux auraient en vérité une chance de réfléchir en se confrontant à des points de vue différents du leur… Une perspective peu réjouissante qui commandait effectivement qu’on activât une fois de plus le dictat de la transparence... Il faut donc savoir qui est quiconque et pour qui roule-t-il, sous peine de se retrouver pétri dans la farine, et qui sait, fumé comme un spliff… La transparence, une idée qui a paraît-il à voir avec la liberté, quand de nos jours, tous les secteurs de la pensée sont encadrés, intimés, sommés d’être politiquement conformes, appropriés, corrects, sous peine de peine, de sanction, de condamnation… La transparence, le secret de beauté d’une société réellement sectaire dans laquelle une chatte n’y retrouverait pas ses skatcats… Ne me dites pas que vous n’avez pas remarqué que le PS mène une politique de centre droite et l’UMP, une politique de centre gauche… Le clivage gauche / droite à la gouvernance a vécu oui, il y a longtemps…

Vendredi, tout jeune hebdomadaire, est déjà étiqueté. A gauche. Etant donné sa raison d’être, sa ligne éditoriale (sélectionner « le meilleur des débats et des polémiques qui animent le Net », sélection qui ne peut s’opérer qu’en n’étant « pas guidée » par le clivage droite / gauche), Vendredi se devait de s’en disculper ! Laissant dire, sa rédaction aurait tout bonnement trahi la lettre même de son journal, et à mon sens, l’essence même du métier de journaliste. Jacques Rosselin de préciser que « Bien sûr chaque membre de notre petite équipe a ses convictions ». L’homme n’est-il pas avant tout un animal politique, comme le disait Aristote ?… En effet, l’homme. Et le journaliste se doit d’être plus ou moins qu’un homme, c’est selon, s’il ne veut pas trahir son objectif d’objectivité. Laissons ensuite à Kierkegaard ou autres éminents philosophes, le soin de nous apprendre à la lecture de leurs legs qu’il n’y a qu’une seule vérité : la subjectivité. Par contre, que séance tenante l’on cesse de vouloir nous faire prendre la propagande pour de la presse d’opinion, abominable et abject euphémisme… Jacques Rosselin et la rédaction de Vendredi gagnent tout mon respect par cette réponse : voilà bien noir sur blanc, une lettre d’intention déontologique. Un peu d’intégrité ne peut nuire…

Ma réponse n’a donc pas trait au fond de cet édito. Et je vais même jusqu’à cautionner la démarche : il est évidemment impératif de sans cesse tout expliquer aux brebis égarées, qui, et il est amusant de le relever, constituent le gros du troupeau des moutons bêlant de notre société… Les boucs émissaires ne sont-ils pas avant tout émissaires, porteurs de message, d’information ? Cessons-là toute digression ayant trait aux ovidés…

Mon problème réside dans le fait que Jacques Rosselin prouve la ligne éditoriale transpolitique, ambidextre de Vendredi, à l’occasion notamment de la troisième parution dans Vendredi d’un article du CulturalgangbanD » (attention aux coquilles tout de même, celles des titres sont les pires), « Krach Boom Hue », devenu à cette occasion « Le capitalisme se meurt ? Mon œil ! » (je comprends les impératifs de clarté, mais j’ai des doutes sur la qualité de ce changement de titre sans sommation), site, je cite « qui n’est pas réputé à gauche » et dont les plumes « s’affublent volontiers » de la catégorie « réacosphère ». Etant l’auteur de cet article, donc indirectement qualifié de plume de droite, j’ai décidé de m’octroyer un droit de réponse, car bien entendu : je ne laisserai personne me dire si je suis de droite ou de gauche, ayant décidé un certain mois d’avril 2002, que je ne serai plus d’aucun bord et que je cesserai dorénavant de participer à tout simulacre de démocratie (j’ai toujours abhorré les joueurs de djembé à dread et autres étudiantes à écharpe, surtout quand ils montent au créneau, tout vociférant et vitupérant, combattre des épouvantails …).

L’on ne joue pas impunément avec le second degré et les labels d’origine contrôlée Webréac Gold-aware 2008 (une petite icône apparue en une du CGB après la parution sur le site Rue 89 d’un article acoquinant le CGB à l’extrême droite ; une réponse comme un pied de nez aux fers de lance de la pensée dite de gauche incapables d’un quelconque recul critique au niveau politique et subséquemment pourvoyeurs d’ostracisme)… De même, l’on ne se moque pas impunément des clowns socialistes à discours pathologique et fascisant dont on aimerait qu’ils cessent une bonne fois pour toute de parler de ce qu’ils ne connaissent pas : le petit peuple… Leurs adversaires ont au moins le bon goût de ne pas le revendiquer et d’assumer leur mépris pour lui.
Il serait au passage intéressant de définir le néologisme réacosphère. Au sens de la rédaction de Rue 89, il semble être un synonyme total de l’appartenance à une pensée de droite. Je pense que l’assertion est manichéenne, mais mettons qu’ils ont raison. Le fait est que le CGB est effectivement composé d’esprits « réagissant », notamment aux coups de boutoir assénés aux valeurs républicaines, sous couvert de progressisme, engendrant un authentique délitement socioculturel. Une réaction qui a pour nous comme corollaire, la transcendance du clivage politique droite / gauche. On n’y croit plus. Ça flaire la décomposition, le cadavérique. Ça sent l’sapin ! La prise d’otage et l’alibi ! Ce label à la une du CGB est au mieux l’expression d’une volonté de réagir tous azimuts aux inepties dont nous abreuvent les politiques de gauche et de droite, en passant par le centre et les extrêmes, et jusqu’à l’extrême centre, au pire, juste une farce provocatrice.

L’entité CGB ne revendique aucune appartenance politique, le site étant présenté par son démiurge comme un « espace de libre expression et de réflexion critique ». Y participer ne constitue en aucune façon le ralliement à un pôle de la politique binaire, encore moins à un parti politique. Il est un laboratoire de pensée critique, un lieu d’échange et de confrontation, tout tabou banni. Un véritable instrument démocratique en somme, où l’on fustige l’illusion du clivage et tout joug mental. Un lieu de libération du Verbe ! Nan j’déconne. C’est juste une combine, une entourloupe, une arnaque pour supporter cette chienne de vie.

Il n’y a pas de propagande politique sur le CGB. Nous parlons politique. La nuance est de taille.

A partir de quand un propos qui n’est pas de gauche devient-il un propos de droite ? A partir de tout de suite, selon la loi aristotélicienne d’exclusion, éminemment manichéenne, c’est entendu… Nous, au Culturalgangbang, nous luttons pour la nuance.

9 commentaires:

  1. Exactement, pour la nuance!
    Très bien dit.

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  2. Ce qui m'emmerde le plus ce n'est pas qu'un tel me situe à droite ou à gauche, il est évident que selon les arguments ou le propos on ne peut pas échapper à une certaine grille de lecture.

    Non, ce qui me débecte c'est le connard qui débarque en te sommant de te justifier de ne PAS être du coté qu'il considère comme étant le mauvais coté.
    Il faut bien dire que ce genre de militant du clonage se réclame généralement de l'humanisme le plus total et de la tolérance la plus absolue.

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  3. Bonjour,

    La réacosphère serait donc ce Valhalla « composée d’esprits réagissant, notamment aux coups de boutoir assénés aux valeurs républicaines, sous couvert de progressisme » ?

    Alors nous y aspirons !

    Quant au clivage droite-gauche, il est doute ranci, mais reste goûteux.

    Votre fidèle lecteur,

    Jacques Rosselin
    Vendredi

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  4. Oui!Même si le cas du droitard paranoïaque qui voit des islamo-soviets partout et vous traite de bienpensant si vous ne dégueulez pas de tout coeur avec lui existe aussi!

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  5. Oui, sans parler du pseudo anti-sioniste frénétique.
    Là ce n'est plus "vous êtes des nazis-bolchéviques-maçons" c'est "vous êtes des juifs!".

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  6. Sans parler des fous furieux fanatiques qui vous menacent de vous tuer et de violer vos enfants dès que vous portez la moindre petite critique sur i$ra€£.

    Il y en a plein des comme ça. Et ceux qui ne les voient pas ont sans doute le regard aussi biaisé que ces fanatiques.

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  7. Un billet qu'il faudrait faire lire à Raymond !

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  8. Merci de votre réponse Jacques.
    Mais effectivement, nous ne sommes pas morts. Nous aimons juste à jouer avec les cadavres...

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  9. Houellebecq se défend d'être "réactionnaire" (ce dont l'accusait Lindenberg) parce que selon lui, le réactionnaire veut revenir en arrière, veut interrompre un processus. Comme je crois à l'irréversibilité de toutes choses, dit-il, je suis plus conservateur que réac.
    Il se goure. Un réactionnaire, ça peut être simplement quelqu'un qui réagit à ce qu'on lui fait, comme un animal réagit si tu lui marche sur la queue, et qui veut que la douleur cesse. Un réactionnaire peut simplement être quelqu'un qui veut changer d'horizon. Rien à voir avec revenir en arrière.
    J'ai dit.

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