30 décembre 2008

Tout finit par le Bop

L’année 2008 termine son existence comme elle peut. De l’avis général, elle est complètement crevée. Pour que son départ prenne un tour joyeux, gai et bondissant, ce qui ne saurait faire de mal, je propose l’écoute de cette adaptation d’un standard de Charlie Parker, Bloomdido (1953), par André Minvielle, et qui s'appelle "Mme Mimi". André Minvielle chante ici avec la compagnie Lubat, sur l’album Scatrap Jazzcogne, album systématiquement possédé par chaque honnête homme que j’ai rencontré…
Minvielle montre un bel exemple de sa virtuosité, de son sens de la musique autant que celui de la fantaisie. J’ai toujours ressenti une bien plus grande énergie dans le be-bop que dans le punk le plus violent ou le bon gros rock, genres lourds et lents qui n’aspirèrent jamais à la légèreté, il est vrai. Et pour ce qui est de la partie musicale de la chose, je laisse les oreilles se faire un avis… Minvielle montre aussi ce qu’on peut faire de sonore avec la langue française, enfin il propose une piste. Comparé à celui du rappeur standard (agressif, éructant et maniaco allitérant), le flow de Minvielle semble gorgé de jus musical comme une orange, et donne au mot « rythme » une allure soudain moins binaire.
Sur cette version, on trouve Bernard Lubat au clavier, le même Bernard Lubat qui fut l’élève (à la batterie) du grand Kenny Clarke, tout simplement l’un des fondateurs du be-bop, avec Parker et Gillespie. Tradition.
Lecteur curieux, comme je sais que tu voudras savoir si Minvielle dit réellement quelque chose dans son scat phrasé formule 1, je fournis donc les paroles avec...

Mme Mimi (Parker/Minvielle)

Œdipe moi donc, Madame Mimi
Mais comment, dites, comment vous faites
Pour que les syllabes collent sur les notes ?
Comment, mais comment vous faites ?
C’est chouette, hé ! dites-moi tout sec
Moi aussi j’ai envie de scatter sur un petit thème
Et de m’balader le bop et de m’balader le bop

Mais dites- moi donc, Madame Mimi
Mais comment, dites, comment vous faites
Pour que les syllabes collent sur les notes ?
Comment, mais comment vous faites ?
C’est chouette, hé ! dites-moi tout sec
Moi aussi j’ai envie de scatter sur un petit thème
Et de m’balader le bop et de m’balader le bop

Tout’ la nuit j’me suis creusé la tête pour trouver
Ces maudites paroles qui ne sonn’pas, pas, pas !
Pas du tout au tout du tout, quand tout à coup
Un éclair de génie, pas d’Eugénie, me fout droit
Hors du lit, planté dans mes chaussons. Du papier
Une plume pour immortaliser ces pensées !...
Oui ! C’est ça pas de concessions ! Laisse la plume agir
Et glisser sur le papier, sans trop penser c’est bon, bon !
Même si ce n’est pas folichon car l’important
C’est d’essayer de joindre bout à bout
Des mots qui sonnent et qui collent aux notes
Et c’est pas évident !



Pour ceux qui découvriront ce morceau, et qui l’apprécieront, je conseille quand même d’écouter une des versions d’origine, avec Parker à l’alto. En 1953, le be-bop est déjà une histoire un peu ancienne et Bloomdido illustre bien cette maturité du style.
Ultime conseil : le bop réclame un réglage très subtil du son de votre système d’écoute : tout à fond !


Découvrez Charlie Parker!

...

2 commentaires:

  1. Agressivité mise à part,
    Minvielle et Lubat sur le CGB... ça fait du bien !
    De l'amour ! De l'amour ! Encore de l'amour !

    Uzestes festival, Uzestes festival, pour des lendemains qui chantent, un changement radical, papa padam...

    Bisous.
    Et vive les honnêtes gens.

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  2. Intéressant. Je ne connaissais pas.
    Merci

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