30 septembre 2008

Un Oscar pour Ségolène!

Que le Spectacle commence!

Une société ne pouvait pas s’engouffrer dans le culte de l’image au point que nous connaissons sans produire un effet sur la politique elle-même. Quand des techniciens à catogan passent des semaines à peaufiner le look d’un aspirateur ou l’ambre d’une biscotte, on peut comprendre que les politiciens aussi soignent leur image. OK. Qu’ils le fassent avec cet affligeant conformisme et le redoutable mauvais goût que chacun constate est une autre histoire, mais nous ne pouvons pas espérer y échapper. A moins d’avoir les yeux totalement bouchés, on ne peut pas NE PAS se souvenir de Ségolène Royal des années 90 : grassouillette, laide, sans grâce, les dents de traviole. A l’époque, en revanche, elle n’apparaissait pas particulièrement débile, ni particulièrement brillante d’ailleurs : un ministre comme on en trouve à peu près partout, qui parle de ce qu’il fait semblant de connaître. Or nous avons aujourd’hui une diva au sourire florentin racontant à peu près n’importe quoi sur tout. On voit donc qu’elle a fait des efforts considérables dans le domaine qu’elle estime capital : le look. En quinze ans, elle a gagné en beauté plastique ce qu’elle a perdu du peu d’intérêt que ses mots pouvaient avoir pour les moins exigeants d’entre nous. Elle a sciemment changé en fonction de ce qu’elle croit que le Français attend. Elle n’a peut-être pas tort…

Le show de Ségolène Royal au Zénith met mal à l’aise pour deux raisons principales : parce qu’elle s’y montre d’une maladresse inouïe en tant qu’actrice (« on a honte pour elle » dit-on partout), mais surtout parce qu’on la voit enfin décidé à faire ce qu’il faut pour gagner : un spectacle. On le sait désormais, elle va mettre le paquet. C'est un pas de géant qui vient d'être franchi dans la starisation des élites politiques, là, sous notre blair. Qu’elle se présente au Zénith en nuisette pourrait surprendre : autant s’y habituer, cette tenue annonce clairement que l’intimité de la star sera servie à tous les repas. Qu’elle soit élue un jour, et les mises en scène pipolisées de Sarkozy nous paraîtront timorées en comparaison. Nous sommes là au seuil de son loft personnel, la loft story qui montre tout de Ségolène ! Nous l’avons vue en tunique flottante, nous la verrons en short, prenant négligemment son thé en culotte, sortant de son bain couverte seulement d’une serviette enroulée, la lumière éclatant sur les perles d’eau parsemant les épaules, nous la verrons peut-être au lit, éteignant dans un geste plein de douceur la lumière après la prière du soir…

Ségolène Royal: la chirurgie au service de la France.

Ce qu’elle dit ne mérite sûrement pas une analyse très fine : pour la finesse, qu’elle commence d’abord. Mais un simple coup d’oreilles suffit à confirmer qu’au contraire de ses cheveux, désormais bouclés, rien n’a changé dans le « message » royalien. Elle fait une longue litanie de ce qu’on reconnaît comme des mœurs politiques banales : pressions, menaces, trahisons, combats, oppositions, luttes, etc, pour prendre à témoin son public de faux jetons : voyez ce qu’ils m’ont fait ! Mais que veut-elle dire au juste, que les gens ne sont pas gentils avec elle ? Que le peuple, comme un seul homme, ne s’est pas levé pour lui donner les clés du pouvoir malgré ses adorables pommettes ? Que la politique est un dur métier ? Qu’elle est la seule à ne pas céder à ses règles ? Qu’elle n’a jamais fait acte d’autorité envers un détracteur, fût-il de son camp ? On a du mal à imaginer un candidat à la présidence d’une nation nucléarisée venir se plaindre publiquement qu’il fait un boulot difficile. S’il n’a pas les épaules, qu’il aille se faire foutre ! Et qu’il le fasse avant d’être élu, de préférence !

Rien n’a changé dans le discours ? Presque : soudain, elle demande « à quand les interdictions de délocaliser, de licencier… ? » (05: 53 sur la vidéo, allez-y voir) et là, c’est comme si le temps et l’espace se confondaient pour ouvrir autre chose, une ère comique et burlesque où plus rien n’aurait d’importance, où plus rien n’aurait de sens, un temps éternellement adolescent où chaque parole pourrait être dite au moment où le caprice le souhaite, sans qu’aucun rapport avec la réalité ne soit recherché. La parole spontanée, libérée enfin des contraintes du sens, de la logique, de la cohérence et de la vraisemblance. Par ces mots, que le show entier renforce, Ségolène Royal entre enfin dans la récente mais active tradition des responsables politiques français qui surent dépasser les anciennes règles du discours, surannées comme un vœu, démodées comme un serment. Du Chirac guevariste de 2002 au Sarkozy interventionniste d’aujourd’hui, en passant par le Raffarin compassionnel des années de plombs, elle n’est pas la première à se foutre des mots, à rigoler des concepts, à se torcher des conséquences, à dire l’inverse de ce qu’elle fait (ou fera) ni à chier dans la colle. Dans une même journée, dans le même instant, elle nous apparaît donc sexuée à mort ET divaguant totalement, elle se montre décidée à faire ce qui est sa profonde vocation, son unique projet : séduire. Il est incontestablement plus facile de séduire quand on s’est fait RETOUCHER LA BIDOCHE que quand on ressemble à un pneumatique hard discount, et quand on dit des choses magnifiques plutôt que la simple vérité. Le geste à la place du verbe, la beauté à la place de la stature, le sourire à la place du regard, la décontraction maladroite à la place du charisme.

Le meilleur candidat pour la France!

Sa gestuelle ferait honte à une élève de quatrième jouant dans un théâtre amateur le samedi après midi. On lui a conseillé de montrer son corps, de face, de ne plus poser derrière un pupitre censé représenter la barrière d’avec le peuple, de parcourir le plateau (« prendre la scène ») de long en large et de bouger les bras. Et de sourire, naturellement, mais la pauvre ne peut de toutes façons plus rien faire d’autre depuis sa dernière chirurgie plastique en date. C’est manifeste, elle fait une catastrophe de ces conseils-là. Les lèche-culs dont elle s’entoure lui passeront peut-être la main dans le dos en la félicitant, mais le reste de la France éveillée voit bien qu’en tirant un acteur sous-payé d’une série télé médiocre, pire : d’une série française ! on aurait fait cinquante fois mieux qu’elle. C’est d’ailleurs ce qui nous attend, en toute logique : les années qui viennent verront probablement apparaître sur la scène politique des candidats recrutés pour leur aptitude à parler (tout de même), à se comporter face aux médias et surtout pour leur plastique avantageuse. Comme les journalistes de télé, quoi ! Comme Carla Bruni, mais dans des fonctions plus officielles encore ! Quand on y pense, c’est tout bénef ! Aujourd’hui, le politique qui veut espérer un destin national doit entamer illico une cure d’amaigrissement, passer chez le maquilleur, chez le chirurgien esthétique, il doit embaucher un coach sportif, se farcir des livres sur la façon de parler du peuple, il doit lire l’Equipe chaque matin, il doit savoir se servir d’un ordinateur et répondre à la question « savez-vous ce qu’est un blog ? », il doit faire oublier son origine sociale privilégiée, faire du skate board, du vélo avec Michel Drucker, du free-style, il doit jouer d’un instrument (non, pas du violon : de la basse), ce qui fait beaucoup pour quelqu’un d’habituellement pressé, reconnaissons-le. Et puis il y a la barrière du physique. La chirurgie ne peut pas tout : on n’a pas encore réussi à donner l’allure de Clint Eastwood à un sénateur type. C’est donc écrit : nous aurons bientôt des acteurs, des gravures de mode, des beaux gosses et de superbes amazones comme dirigeants politiques. Quand on répète à l’envi que les politiques n’ont plus de pouvoir, que « tout a été fait » contre le chômage, et que toutes les idées se valent, il ne faut pas s’attendre à une grande fidélité de la part des électeurs. Et devant le niveau du discours et du débat politiques, on se dit qu’un acteur, même parfaitement idiot, pourrait y tenir un rôle sans trop se forcer. Si la politique ne sert à rien, pourquoi voterait-on pour des moches ? A tout prendre, un canon à l’Elysée, ça serait bon pour l’image de la France ! Choisis pour leur maîtrise de l’apparence et leur docilité, ces acteurs auront à jouer un rôle (gagner une élection présidentielle, par exemple), et devront par contrat secret laisser quelques conseillers occultes faire le vrai travail. Imbattables devant une caméra, ces pantins feront l’admiration de la ménagère et du patron de PME, empocherons les suffrages et laisserons leur nom dans l’histoire. C’est juste l’étape suivante de ce que Ségolène Royale tente de faire. C’est ce que le show du Zénith vient d’annoncer. Lecteur opportuniste, cours acheter des actions dans le domaine de la chirurgie dentaire ! Le pouvoir se gagnera avec les dents.

Philippe Muray l’a dit en son temps bien MIEUX que moi, Ségolène, c’est la femme d’une seule mission : sourire.

8 commentaires:

  1. "Et devant le niveau du discours et du débats politiques, on se dit qu’un acteur, même parfaitement idiot, pourrait y tenir un rôle sans trop se forcer."

    Reagan.

    RépondreSupprimer
  2. J'ai une essplication scientifique à sa débilité profonde:

    contrainte à un perpétuel régime hypoglucidique par un diététimuniquant fou, le cerveau de Ségogole ne reçoit que de rares molécules énergétiques, à peine de quoi faire une addition...

    RépondreSupprimer
  3. C’est vrai que la Martine ou Delanoë en nuisette,
    Ca le fait moins !
    Quoi qu’avec une société de plus en plus détraquée,
    Attendons-nous au pire…
    Xavier Bertrand en nuisette latex orange fluo !

    RépondreSupprimer
  4. "On lui a conseillé"!

    Non mais...

    RépondreSupprimer
  5. Franchement, qu'attendre d'autre de la démocrassie que ces éternelles débilités (adaptées à nos temps décadents) pour électeurs débiles ?

    On ne peut que refuser de rentrer dans la danse un point c'est tout... et en rire, comme vous le faites très bien.

    A quand un Arnold Schwartzeneger à la française ?

    RépondreSupprimer
  6. Qui fait un spectacle au Zénith conquiert la merditude!

    RépondreSupprimer
  7. C'est rigolo de suivre ses bras. On voit bien qu'elle essaye d'en faire quelque chose comme le débutant au théâtre qui a l'impression que pour faire naturel il faut leur trouver absolument une occupation...

    RépondreSupprimer
  8. Pathétique... Elle me rappelle (c'était il y a bien longtemps) Chantal Goya se ridiculisant dans une émission où on l'interrogeait sur son âge, qui avait répondu : "Mais je suis une fée, et les fées n'ont pas d'âge"...

    RépondreSupprimer