17 décembre 2007

Kosovo (USA)


Comme on pouvait s’y attendre, l’Union Européenne a repoussé au printemps sa prise de décision concernant le statut final du Kosovo. L’UE devrait ainsi prendre position après les élections présidentielles qui auront lieu en Serbie à la même période. C’est évidemment un moyen de ne pas donner du grain à moudre aux nationalistes serbes farouchement opposés à l’indépendance du Kosovo. Cette stratégie dilatoire vise également à d’une part, laisser du temps aux instances internationales (comprendre instances européistes et atlantistes) pour continuer à travailler l’opinion publique serbe dans le sens de l’acceptation de l’indépendance du Kosovo. D’autre part, cette temporisation va aussi permettre de bien préparer les structures qui feront de cette région une énième zone autonome sous contrôle international (comprendre sous contrôle américain). En attendant, le Kosovo est toujours officiellement une province de la république de Serbie bien que sous la coupe réglée de l’ONU et de l’OTAN. (1)


Faisons un rappel des faits afin de mieux comprendre ce qui s’est passé dans cette région d’Europe.
Jusqu’en 1991, année des premières déclarations d’indépendance (Slovénie, Croatie), la Yougoslavie était un grand pays respecté dans le monde, un des fondateurs des Nations Unies, un Etat communiste authentiquement fédéraliste et pluraliste au sein duquel cohabitaient de nombreuses nationalités. De plus, jusqu’à la chute du mur de Berlin, le pays était relativement prospère. La Yougoslavie était donc une fédération dans laquelle le pouvoir était somme toute suffisamment décentralisé, laissant une certaine autonomie aux provinces qui la constituaient. A ce titre, ce modèle se démarquait du soviétisme hypercentralisé. Mais dans les années 80, face au développement inquiétant des mafias albanaises au Kosovo, le pouvoir central décide de réagir et de mettre un terme à ce trafic de drogue gigantesque qui alimente une bonne partie de l’Europe. Cette intervention de l’Etat va réactiver et renforcer la collusion entre mafia albanaise et séparatisme kosovar : leur intérêt commun étant désormais de se débarrasser d’un pouvoir central gênant pour leurs « affaires ». Pour ce faire, rien de tel que d’emballer la lutte sous les couleurs du désir d’indépendance et de la revendication séparatiste. Ainsi tout au long des années 90, le terrorisme séparatiste financé par conséquent par le trafic de drogue et la prostitution va s’attaquer aux autorités yougoslaves. En 1996 par exemple, l’UCK (l’armée de libération du Kosovo) intensifie des enlèvements de civils et ses attaques contre les policiers serbes. A partir de 1998, appuyée dès lors par l’Albanie voisine, par l’Allemagne en recherche d’influence dans la région et par les Etats-Unis désireux d’abattre un pays encore communiste et réaliser l’encerclement de la Russie, l’UCK déclare officiellement œuvrer à la création d’une Grande Albanie regroupant le tiers méridional du Monténégro, la moitié occidentale de la Macédoine et donc l’intégralité du Kosovo. C’est ainsi que l’armée de l’UCK solidement armée par l’Allemagne (avec notamment des anciens stocks de l’ex-RDA) va lancer une vaste offensive meurtrière sur le Kosovo, y imposant sa loi sur environ un tiers du territoire. C’en est trop pour le gouvernement de Slobodan Milosevic qui décide d’envoyer l’armée pour combattre cette guérilla mafieuse albanaise et reprendre le contrôle du Kosovo. Considérés quelques années auparavant comme de dangereux terroristes, les combattants de l’UCK vont alors recevoir l’appui des Etats-Unis et de l’Union Européenne afin de mener à bien leur lutte contre le gouvernement serbe. L’occasion est trop belle pour les américains d’affaiblir un Etat pro-russe partisan d’un national-communisme qui se révèle très gênant pour leurs intérêts dans la région. Quant à l’Union Européenne, hormis une inféodation totale aux américains, on peut supposer que sa motivation réside peut-être dans l’intégration du Kosovo indépendant à l’UE, ceci afin de faciliter la venue sur les trottoirs de nos villes d’un sous-prolétariat du sexe (ou autre) peu onéreux. Ainsi, Etats-Unis, Union Européenne et mafia kosovare sont tous unis dans le même combat : faire dégager les Serbes et isoler Belgrade. La stratégie sera simple et toujours la même : internationaliser le conflit et puis, par une campagne de désinformation généralisée, présenter Milosevic comme un affreux tyran en train de perpétrer au Kosovo une gigantesque épuration ethnique. Notre ami droit-de-l’hommiste Bernard Kouchner, VRP américano-israélien avant tout et accessoirement ministre français, sera le chef d’orchestre de cette belle campagne mensongère (2). Tout est bon pour faire carrière et plaire aux Etats-Unis. Certes, les Serbes ne se sont sûrement pas conduits comme des anges vis-à-vis des séparatistes albanais mais le contraire est tout aussi vrai.



Un autre élément indéniable est que cette guerre était une guerre civile à l’intérieur de frontières reconnues internationalement et que cette affaire relevait de la souveraineté de la Serbie. Simplement l’invocation de la catastrophe humanitaire et de la prétendue solidarité entre les peuples européens permet aujourd’hui toutes les ingérences et donc toutes les interventions humainement catastrophiques voulues par les Etats-Unis et leurs alliés. Et pour le coup l’OTAN ne fit pas dans la dentelle avec son bombardement intensif de la Serbie et du Monténégro : infrastructures (des hôpitaux aux usines) et populations civiles serbes subirent un pilonnage terrible. Le but étant évidemment d’anéantir la Serbie, de la mettre à genoux. Il faut néanmoins rappeler que tout ceci se fit en totale illégalité puisque ces bombardements avaient été désapprouvés par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Mais l’OTAN (comprendre les américains) se foutent éperdument de ce que pensent les autres Etats. Il fallait bombarder donc ils bombardèrent.
Cette guerre entre l’OTAN et la Serbie prit fin en 1999. Milosevic fut contraint de céder et de signer les accords de paix. Le Kosovo fut placé sous contrôle de l’OTAN (la KFOR) et de la police de l’ONU. La suite on la connaît : une escalade dans l’horreur. Sous la houlette notre faux-compatriote Bernard Kouchner, nouvel administrateur du Kosovo et fervent défenseur de la cause albanaise (et américaine), KFOR et ONU, primitivement venus apporter paix et stabilité dans une région qui venait de soi-disant subir une épuration ethnique, restent relativement passif devant les exactions des albanais qui, pour fêter leur soi-disant victoire, se livrent désormais au pillage de villages serbes, à la destruction d’églises orthodoxes et accessoirement à l’assassinat de Serbes ayant refusé de s’exiler. Tous ces beaux esprits occidentaux, pétris de libertés et de démocratie, de tolérance et de droits de l’homme ont donc fini par atteindre leur but : pratiquement purifier le Kosovo de toute présence serbe et y installer une mafia théocratique musulmane à leurs ordres. Car sous la menace et n’étant nullement protégés par les forces internationales, 200 000 Serbes finissent par partir vers la Serbie centrale, abandonnant ainsi la terre de leurs ancêtres et laissant derrière eux toute une vie. Leurs régions d’accueil ayant déjà accueillis des réfugiés serbes de Croatie et de Bosnie et étant exsangues du fait des dégâts causés par l’OTAN et de la pression néolibérale du FMI (3), c’est évidemment la misère qui attend toutes ces populations. Mais cette catastrophe humanitaire a pratiquement nettoyé le Kosovo de toute présence serbe, ce qui contente tout les beaux esprits que nous venons d’évoquer. Elle devait donc être nécessaire. Comme fut nécessaire ce Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie essentiellement financé par la Fondation Soros et présidé par les vainqueurs (c’est-à-dire financé et présidé par les Etats-Unis). Mascarade judiciaire uniquement destinée à justifier la destruction de la Yougoslavie par les occidentaux, cette juridiction laissa mourir en prison et loin de sa famille celui qui avait tenté de sauver la Yougoslavie et le peuple serbe : Slobodan Milosevic.



La stratégie du capitalisme et de son bras armé les Etats-Unis est impitoyable. En guise de paix et de stabilité, elle n’a apporté au Kosovo que chaos et misère. Cette ingérence laisse une région sous le contrôle d’une criminalité organisée nullement inquiétée par les forces de la KFOR présentes sur place. Le Kosovo est resté l’important centre de trafic de drogue qu’il était. Le blanchiment d’argent et la prostitution n’y ont jamais été aussi florissants. Le taux de chômage et la pauvreté sont en hausse. Une répression et une menace constante pèsent sur les populations serbes qui ont refusé de partir et qui se retrouvent aujourd’hui dans des villes et villages protégés…disons plutôt…encerclés par les forces de l’OTAN. Voilà le bilan d’une affaire dans laquelle, chose étrange, jamais les défenseurs de la liberté des peuples et de la démocratie ne se sont demandés quelle était réellement la volonté des principaux intéressés, c’est-à-dire ce que voulait vraiment le peuple kosovar. Car les combattants de l’UCK ne sont pas tous les albanais du Kosovo et l’Albanie n’est pas non plus le Kosovo. Quand on sait que de nombreuses minorités musulmanes comme les Turcs, ont toujours affirmé leur attachement à la Serbie, on peut se demander si cette majorité de séparatistes était aussi majoritaire qu’on l’a dit. Mais que voulez-vous l’avis des peuples et leur droit à disposer d’eux-mêmes importe peu face aux intérêts de l’hyperpuissance américaine qui se fait pourtant l’apôtre de ces valeurs de liberté et de libération. Ces avis et ces droits n’ont même jamais été autant méprisés. Au nom des Droits de l’Homme, l’hyperpuissance américaine, avec l’aide de ses complices européistes, se permet de déstabiliser, de diviser, de plonger dans le chaos tout pays dont elle veut prendre le contrôle au motif officieux que celui-ci est rétif au nouvel ordre mondial qu’elle représente.
Pour les Etats-Unis et les européistes la seule épuration ethnique qui vaille est celle qu’ils s’arrogent le droit de perpétrer.


(1) Dans l’éventualité où nous aurions en France un régime politique hostile aux américains, ce serait comme si se produisait par exemple un nettoyage et une mise sous protectorat international de la Corse, de l’Alsace-Lorraine ou du Pays Basque sécessionnistes afin de diviser et affaiblir le pays.
(2) On comprend aussi mieux pourquoi, dans le cadre de cette désinformation, les premières cibles de l’OTAN en Serbie furent les émetteurs de radio et télé et le blocage de la retransmission satellitaire sur le bouquet européen.
(3) Pression néolibérale exercée dès 1989 pour éliminer l'autogestion et les droits travailleurs, excitant par ailleurs la crise et la montée des nationalismes dans les provinces yougoslaves.

2 commentaires:

  1. Les USA ne reconnaissent pas la Cour Pénale internationale...

    Le Kosovo c'est plus la manifestation flagrante du mensonge de l'Euroland qu'une énième illustration du pouvoir ricain... Le bras armé du grand kapital est aussi important à Washington qu'à Bruxelles...

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  2. Le TPIY (crée par le Conseil de sécurité de l'ONU) n'est pas la CPI

    EU et UE sont les deux faces d'une même pièce (dollar bien sûr).

    Les liens entre l'administration Clinton et l'UCK sont aujourd'hui avérés. Les EU "protègent" encore les combattants albanais.

    C'est l'OTAN sans mandat de l'ONU qui a bombardé la Serbie.

    Là-dessous encore une histoire de route du pétrole et de géopolitique (vis-à-vis de la Russie notamment). Et la volonté de mettre économiquement la main sur les Balkans. Et puis probablement couper l'Europe occidentale de la Russie

    Les accords de Rambouillet furent initiés et "présidés" par les EU.

    Le mensonge de l'Euroland est une conséquence de la connivence entre EU et UE.

    Tout ça me paraît logique. Enfin ce que j'en dis ou ce que j'en crois...

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