10 mars 2007

Représente toi ! De Marc Edouard Nabe


Foutu à la porte de la littérature, le petit Nabe, qui ne peut pas plus s’empêcher d’écrire que de pisser, placarde maintenant ses billets d’humeur sur les murs de Paris. Le problème c’est que c’est trop long et forcement rédigé trop petit. Donc, les Parisiens s’en branlent et passent devant sans les lire. On va essayer de rattraper le coup. Et comme on sait que Nabe ne nous remerciera pas on lui dit d’aller se faire mettre au passage. Parce qu’il nous soûle à force de gesticulation et d’autosatisfaction ce petit con !

“Plus la date de l’élection du nouveau président de la République française approche, moins on s’amuse. Au début, c’était
drôle de voir s’opposer une femme en blanc baisant des éléphants
roses à coup de gaffes et un flic cocu passant au kärcher
toutes les couilles molles de son parti.

Maintenant cette campagne s’avère sinistre. Hystérique duel entre deux animaux politiques drogués au pouvoir qui, à force de se jeter des peaux de
bananes, finissent par ressembler à des singes, en moins marrants.
La ouistitie et le babouin ! Triste jungle… Jamais il n’y a.

eu aussi peu d’issue à une élection. «Ce sera l’un ou l’autre ! »
ordonnent les médias, et si ce n’est ni l’un ni l’autre, ce sera un
troisième qui de toutes façons n’a aucune chance d’être président,
à moins qu’il ne prenne la place du deuxième, ou du premier
si celui-ci passait deuxième, ou bien troisième, ce qui ferait
alors passer le deuxième premier, ou bien troisième, ce qui n’arrivera
pas… Alors qui ? On en est à se demander si quelqu’un va
arriver à être élu ! Au début de l’année 2002, il y avait trop de
candidats pour avoir une bonne visibilité. En 2007, il n’y en a
pas assez, et depuis plusieurs mois déjà c’est le brouillard. Un
brouillard que deux seconds couteaux, présentés comme des
fines lames, essaient en vain de couper.

À force de choisir à chaque fois « le moins pire » selon leur
goût du moment, les Français se retrouvent aujourd’hui face à
deux « plus pires ». Tu parles d’une démocratie ! Elle est à l’image
des « intellectuels » et des « artistes » ( tous les guillemets du monde
n’y suffiraient pas ) qui se contentent d’un président ou d’une
présidente pareils. C’est simple : il suffit d’accumuler les noms
des people de l’« intelligentsia » qui ont pris officiellement position
pour l’un ou pour l’autre et on comprend ce que valent les
deux candidats chouchoux… Leurs programmes vous semblent
flous ? Additionnez leurs quelques fans connus et la France qu’ils
représentent vous apparaîtra clairement…

Philippe Torreton + Élie Semoun + Jamel Debbouze +
Charles Berling + Lambert Wilson + Sylvie Testud + Pierre Arditi
+ Diam’s = Ségolène Royal !

André Glucksmann + Pascal Bruckner + Enrico Macias +
Alain Finkielkraut + Steevie + Roger Hanin + Pascal Sevran +
Johnny Hallyday + Doc Gynéco = Nicolas Sarkozy…

D’un côté, une France de faux gentils, de théâtreux, d’instituteurs,
de rappeurs bien-pensants, d’hommes de lettres superficiels,
de progressistes démodés, de féministes sentimentaux…
De l’autre, une France de vrais méchants, de pragmatiques, de
libéraux, de pro-américains et de pro-israëliens, de chanteurs mal
vus et de jeunes réacs.

Entre les deux, le coeur des Français balance tellement qu’ils
l’ont tous au bord des lèvres ! Bétail panélisé sans cesse par deux
bateleurs de foire participative : «Demandez le programme! » La
vérité, c’est que personne à gauche n’a vraiment envie de voter
Ségolène Royal, et personne à droite Nicolas Sarkozy.

À tout prendre, les uns et les autres auraient préféré avoir le choix entre
Lionel Jospin et Dominique de Villepin, deux hommes grands,
aux cheveux blancs, avec des casseroles partout peut-être, mais
crédibles grâce aux coups reçus justement, et d’une véritable
« stature » de chefs d’état comme, au fond, la France les kiffe. Au
lieu de ça, le pays s’est laissé déborder médiatiquement par une
fausse soif de « renouveau » qui pue la mort.

Ce que l’ambiance a changé en cinq ans ! La politique française
n’était pas plus intéressante ( loin de là ) en 2002, mais les
ambitions s’appuyaient sur quelque chose d’encore un peu réel
que la médiatisation ensuite se chargeait de pervertir. Là, c’est la
médiatisation qui constitue directement la réalité de toutes les
ambitions. Avec la complicité des télés multipliées par le satellite
et d’internet tous azimuts, les prétendants à la «fonction suprême »
ne sont gonflés que par la surabondance de leurs images.

Le matraquage finit même par les cabosser, et ils arriveront en bien triste
état au premier tour… C’est l’hypermédiatisation des candidats
qui dirige les élections : elle en a choisi deux, tout à fait arbitrairement
sur des critères minimum ( l’une parce qu’on peut facilement
la faire passer pour une femme de gauche; l’autre parce qu’il
est facile de voir en lui un homme de droite ), et elle les fait jouer
à la présidentielle, comme des gosses jouent avec des figurines
dans une cour de récré. Le starsystème a fabriqué de toutes pièces
« Sarko » et « Ségo » pour lui-même, pas pour les offrir aux électeurs.
De ce marasme naîtra le futur président de la République,
si on peut dire… Car ce qui pend au nez de l’Hexagone, c’est plutôt
un président par défaut, un président qui n’en soit pas un, un
non-président.

Pour le troisième homme, on commence à croire en François
Bayrou ! En effet, un centro-droitiste tel que lui remplirait à
ravir le rôle du néant. On sait très bien que le « troisième homme»
n’existe pas vraiment. Pour le peuple, voter pour un troisième
homme, c’est reculer pour mieux se faire sauter par celui qui restera.
Un troisième homme n’a qu’un seul avenir : devenir le second
du premier, mais jamais il ne le remplacera.

D’autres, plus naïfs encore, sont persuadés que le joker idéal
sera Jean-Marie Le Pen. Le Pen bis, mon oeil ! Un 21 avril n’en
cache pas un autre… Au royaume des troisièmes hommes, Le Pen
est roi, mais ça crève les yeux que cette fois, hélas, il ne sera pas
au second tour. Je dis hélas parce que je ne me suis jamais plus
marré au début de ce millénaire que le soir où sa gueule est apparue
sur toutes les télés éberluées à la place de celle de Jospin.

C’était l’assurance de quinze jours de panique: les bobos en masse
au garde-à-vous de l’antifascisme fantasmatique se chiaient dessus
par bonne et mauvaise conscience, alors qu’un peu de jugeote
leur aurait permis de comprendre qu’il n’y avait aucun risque que
Le Pen soit élu président. La connerie des Français est sans limites,
mais leur trouille en a. On aura été au moins deux, ce dimanchelà,
à trouver que le 21 avril était une date magnifique, et pour les
mêmes raisons : moi et Danielle Mitterrand. Quand elle est arrivée
dans le bureau de Jospin pour lancer, extasiée, à l’homme aux
bretelles en berne, un «Oh, le beau jour ! » proprement beckettien,
elle acheva de culpabiliser le candidat loser d’avoir semé
depuis si longtemps une politique pas du tout de gauche et d’en
récolter la punition méritée. Je crois même que c’est ça qui a dû
faire jeter l’éponge d’une façon si brutale au protestant vexé : le
coup de grâce mitterrandien de la veuve réjouie…

Pas plus qu’en 2002, Le Pen n’est dangereux, et cette année,
il ne passera pas davantage que le prétendu fascisme qu’il est
censé représenter. De moins en moins, d’ailleurs, et c’est ça qui
le perdra. Plus il est dédiabolisé, plus il perd des points. Les franchouillards
l’aiment en Belzébuth grimaçant, pas en papy sympa.

Les médias ont enfin compris, après 30 ans, que pour réduire
son score, il fallait l’inviter comme les autres à débattre normalement
dans les émissions, le laisser s’enliser dans sa palabre. Il
n’en est que plus inoffensif et donc moins bon, forcément. On est
loin des années 80, où, bandeau de pirate collé à l’oeil ( droit ou
gauche, ça dépendait ), Jean-Marie Barbeblonde vociférait en
sueur sur les rares plateaux qu’il parvenait à prendre à l’abordage:
là il foutait vraiment les jetons à toute une population de «démocrates
» terrorisés… À l’époque, ça aurait pu être « sulfureux » de
s’enrôler dans le FN comme Drieu La Rochelle entrait au PPF
dans les années trente, mais aujourd’hui, c’est trop tard.

C’est même se donner une sorte de vernis de radicalité par rapport à
la pourriture généralisée que de devenir lepeniste. Il n’y a pas
tant de différence que ça entre les ex-gauchistes qui se rallient à
Sarkozy et ceux qui se rallient à Le Pen : les risques sont assez
faibles puisque les deux politiques sont cousines et majoritaires.
Finalement, ce sont surtout quelques Arabes masochistes
et des Noirs désespérés qui croient encore que voter Le Pen pourrait
foutre la merde dans ce sale pays de lepénistes !

Qu’ils le fassent si ça les soulage, mais ça ne servira à rien. Pour un immigré,
voter Le Pen, c’est voter Blanc… Il n’est même pas sûr que luimême
ait envie d’obtenir les 500 signatures qui l’obligeraient à
remonter sur le ring pour un dernier combat. Un petit tour d’honneur
médiatique avant sa retraite lui suffit… Ça ne m’étonnerait
pas qu’en secret, et pendant que sa fille garde ses moutons, Le
Pen prie sainte Jeanne d’Arc de ne pas entendre trop de voix !

Il faut s’y résoudre, chers « fachos », votre Le Pen, n’est pas
le vote contestataire assuré, il n’est même plus l’empêcheur de
tourner en rond des « grands » candidats. Il tourne désormais en
rond lui-même, et lui comme eux s’en portent mieux. Non, le
briscard bleu-blanc-breton n’a aucune chance de perturber le système,
ni de remettre en question cette élection qui semble pliée
en deux.

— Alors pour qui voter ?
Pour personne, bien sûr. Ma candidate, c’est l’abstention.
Abstention présidente ! Il faut croire que ça reste ce qu’il y a de
plus subversif puisque c’est toujours si unanimement critiqué.
L’injonction générale d’aller absolument voter ne vous met aucune
puce à aucune de vos deux oreilles candidates à la surdité ?

Nous autres abstentionnistes savons que tant que les votes nuls
ne seront pas comptabilisés, il ne se passera rien dans ce pays.
En attendant que les votes blancs soient pris en compte, il faut
s’abstenir. Le jour où des millions de gens pourront exprimer
concrètement leur refus de choisir entre des candidats qu’ils estiment
aussi mauvais les uns que les autres, on pourra espérer un
peu de neuf. En 2002, si au lieu de voter par élimination pour le
candidat qui n’était pas Jean-Marie Le Pen, 82 % des Français
s’étaient abstenus de foutre un bulletin dans une urne, il aurait
fallu refaire le premier tour, et ainsi de suite jusqu’à ce que le
« bon numéro » sorte. Le zéro de préférence !

Je sais bien que ce n’est pas réaliste, mais je ne vois qu’une
solution qui équivaudrait à ne voter pour aucun des candidats
qui se présentent : c’est de voter pour quelqu’un qui ne se présente
pas… Vous ne devinez pas ? Mais c’est La lettre volée d’Edgar
Poe, ma parole ! Tellement en évidence qu’on ne le voit pas…
Oui ! Le déjà président ! C’est lui, le troisième homme, c’est
Jacques Chirac.

S’il se représentait, c’est le seul dont la candidature serait
vraiment dévastatrice. Autre chose que Le Pen ou Bayrou face
aux deux autres nases. Chirac seul pourrait casser l’alternative.
Son annonce provoquerait une consternation générale. Toute
la machine aussitôt déréglée. Sarkozy le traite de racaille !

Ségolène fustige la chiraquitude… C’est la panique : un martien
débarque. On ne l’avait pas prévu et c’est lui bien sûr qui rafle
la mise. Car les Français l’aiment leur Chirac, autant qu’ils
aimaient Mitterrand. Depuis Louis XVI, ils ne se séparent pas
facilement de leurs monarques… En bloc, ils se réjouiront enfin
que quelqu’un les sorte par le haut de ce dilemme dans lequel
on les a enfermés depuis de longs mois… Plutôt un grand connard
qu’une connasse et un petit con.

En se représentant, Chirac claque le beignet des deux d’un
coup. Toute la campagne à recommencer au dernier moment.
En quelques jours, Chirac reprend la main, il est le vieux qu’ils
avaient tous voulu euthanasier et qui relève la tête… Il récupère
en cinq minutes la plupart des sarkozystes et tous les bayroutistes,
plus une bonne partie des lepenistes honteux, et même
les socialistes qui ne peuvent pas encaisser Royal ( il n’y a que
ça ! )…

Deuxième tour : Sarkozy /Chirac. Réélu à la majorité !
Quel bordel ! La France ne demande que ça. Elle oubliera immédiatement
les essais nucléaires du début, la dissolution de l’assemblée,
le référendum sur l’Europe, le CPE, les frais de bouches
et les détournements de fonds, la fracture sociale, le bruit, les
odeurs ! Pschitt ! Tout est pardonné ! Ça ne compte plus dans la
balance. Peccadilles à côté de ce que les deux autres pourraient
faire… Au moins avec Chirac III, la France est sûre d’exploser :
des émeutes, il y en aurait tous les jours, et pas qu’en banlieue,
dans les quartiers huppés. Et réprimées par sa garde personnelle.
Je vois ça d’ici… Des Sumos poursuivant des Arabes Faubourg
Saint-Honoré !

Plus un président de la république est vieux, plus il laisse
libre court à ses fantasmes et autres marottes. Le Sagittaire déconneur
les multipliera selon sa fantaisie. Invitations à tire-larigot
de chefs d’état africains, fêtes de la bière permanentes, réouverture
des maisons closes… Redécoration de Paris à la mode primitive,
avec totems et tam-tams partout ! Potiches Ding à tous
les carrefours… Cérémonies Taïnos le 14 juillet ! Le Chinois en
deuxième langue obligatoire dans toutes les écoles. Taxe Tobin
pour tout achat ( même une baguette de pain ) ! Carnaval Maya
mensuel ! Sa fille adoptive Ahn-Dao Traxel nommée ministre
des transports amoureux ! Création d’une république libanaise en
Corrèze ! Mausolée de Saddam Hussein à Bormes-les-Mimosas !
Légion d’Honneur à Ahmadinedjad ! Rupture des relations diplomatiques
avec les USA et Israël !… Tout est possible.

On va bientôt s’apercevoir que Chirac, en douze ans,
a déjà bien commencé à foutre le bordel. Il n’a fait que des trucs
qui ne se font pas et qui ne se referont peut-être jamais…
Accueillir Arafat en France pour qu’il y meure et lui rendre les
honneurs militaires ! Refuser la guerre en Irak ! Approuver que
l’Iran ait la bombe atomique ! Créer une charte de l’environnement
! Renvoyer dans la gueule de la France son vichysme
soi-disant passager… Soyez certains que Sarkozy et Royal vous
préparent une France pire que celle que vous avez subie.
Voilà pourquoi moi qui ne vote pas, et que le sort de ce pays indiffère,
je dis à Chirac : « Vas-y ! Fais-le ! Juste pour le fun …
Représente-toi ! »

9 commentaires:

  1. Accueillir Arafat en France pour qu’il y meure et lui rendre les honneurs militaires !

    Et alors ? Lui au moins était un vrai révolutionnaire laïque, pas un fou de dieu comme Ben Laden que Nabe trouve si cool.

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  2. Arafat, un révolutionnaire laique ?
    Vous devriez relire sa biographie...

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  3. Toujours rechercher la singularité, en tout : Nabe ne pouvait pas s'engager pour un candidat, il n'a pas assez de couilles pour ça.
    Alors il rédige vite fait un baratin niveau collège, anti-tout "fuck la politique", et choisi la situation la plus improbable (Chirac qui se représente) pour, une fois de plus, ne pas faire ni penser comme tout le monde.

    Généralement, cette attitude disparait avec l'adolescence.
    Nabe est donc encore un grand ado rebelle, qui veut en jeter avec ses positions "sulfureuses" sur tout et rien.

    Pathétique.

    Au fait, il m'avait semblé qu'il avait déclarer vouloir arrêter l'écriture. Il en est incapable. On se le farcira jusqu'à ce qu'il crève.

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  4. Et il crévera vieux. Comme tous les gosses de riches qui n'ont jamais rien branlé de leur vie.

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  5. C'est du nabe tout craché ça, pas mal tourné et marrant à lire. Mais la, il commence à mal tourné le petit. Ca en devient navrant...

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  6. merciiiiiiiiiiiii
    pour les gens non parisiens

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  7. On ne voit dans ces commentaires que des commentaires bien-pensant et dégoulinant de bons sentiments républicains à souhait, c'est regrettable et en même temps à pisser de rire. Nabe a dans ce texte tout compris, et parvient à faire le coup de maître de dédramatiser la situation la plus dramatique qui soit, le répugnant électoralisme républicain élevé en seul raison de vivre et en remède miracle aux maux bien plus profonds d'une humanité qui ne parvient pas à s'assumer comme animale... J'espère ici voler un peu plus haut philosophiquement parlant que l'impasse étatique qui s'assume...

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  8. C'est ça vole plus haut tu finiras comme Icare.

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  9. Doucement l'argumentation, j'ai du mal à suivre...

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