15 novembre 2006

Rebel Rebel !


Qu’est ce qu’un rebelle de nos jours ? Est-ce une espèce de rocker gothique ? Plutôt un rappeur ? Un cadre en costard ? Tous ne sont pas si différents : ils sont munis en signes, porteurs de différenciation, de fausse individualisation. Et tous ces courants (de pensée ? Nan arrête un peu !) sont récupérés par la mode, le merchandising : ils sont cibles, ciblés, formatés, normalisés dans leur anormalité (on parle pas du cadre en costard évidemment)... Le rebelle, dans une société de consommation se doit d’être out ou de prendre le signe pour ce qu’il est. Qui est out hors mis le SDF ? Qui connaît les signes et sait en tirer les conséquences ? Alors on pose la question : où est le rebelle ? Aux puces de Clignancourt ? Non. Dans la rue sous une tante de Médecins du Monde ? Peut-être.


Rebelle selon le Robert :
1 ) "Qui ne reconnaît pas l’autorité du gouvernement légitime et se révolte contre lui. Personne qui prend les armes contre le pouvoir politique en place."
Bien, à ce titre, nous serions tentés de conclure que les racailles sont des rebelles au sens politique. Nous résisterons cependant à la tentation tant le problème est avant une conséquence de, soit une pathologie du système, et que nous y notons l’absence totale de perspective politique, de stratégie dans la tactique. Cela dit, le rebelle à la conscience politique est il vraiment un rebelle ? Non, c’est un politique, même si on ne l’appelle pas opposition…

Fight the power back ?



2) "Qui ne reconnaît pas l’autorité de certaines personnes ou de certains principes."
Oui et dans la généralité, ça commence à s’affiner.
3) "Qui ne cède pas, résiste, est réfractaire."
Nous y sommes : le rebelle est génétiquement un rebelle. Allons, nous exagérons… Mais pourtant il l’est instinctivement et viscéralement ou ne l’est pas. Il ne cherche pas à être rebelle. Il l’est. En effet, ce but (même par l’indirect) pervertirait sa condition de rebelle. Ça ne serait qu’une posture, une pose pour la photo. Le rebelle ne se bat pas pour être rebelle, et il ne cherche pas à faire valoir sa rébellion, l’accession induisant pour lui l’imposition d’un ordre formellement nouveau qui le perdrait. Roger ! Il deviendrait alors institutionnel et appartiendrait à un courant dans lequel il serait une institution. Copy that ? Le rebelle est seul au maximum. Le rebelle n’est plus une tactique : toute tactique est appréhendée et recyclée.

Icône romantique



La contestation est stationnaire au fond. Elle participe du mouvement général. Comment combiner le stationnaire et le mouvement ? Par le circulaire bien sûr ! Ça tourne. Au mieux, elle entérine, au pire elle renforce… Œil du cyclone et forces centrifuges : les contestationnaires. Donc, non : le rebelle n’est pas un contestataire. Il ne marche pas en tête et encore moins en rythme. Il marche certes, mais en dysrythmie silencieuse. Il sait l’esthétique de la grande gueule ou wild at heart. James Dean est l’expression ultime de l’incarnation rebelle érigée en icône consommatrice par le biais du romantisme. Dommage… Rebel without a cause, mais peut être une oedipienne conjuguée à des prédispositions, on y était, on y est ! Le rebelle est celui en marge des archétypes, mais caché dans ceux-ci. Une pure génétique-artefact sociétale… Le rebelle n’exprime pas son état de manière spectaculaire (à moins qu’on l’y pousse ?). Ça le différencie des SDF par choix par exemple, minorité dans le nombre, le SDF étant plus une victime/produit/excrément du système. Le SDF par choix est un rebelle au potentiel gâché. Le rebelle n’est surtout pas asocial et il ne recherche pas l’exil.

Rebelle réduit, muselé



Le rebelle ce dont on est sûr c’est que ce n’est plus Che Guevara. Non, le rebelle est désormais rampant ou il n’est pas. Le non agir confucianiste est une voie de rébellion pure dans nos sociétés où l’on se doit à l’activité, la productivité, l’utilité. Le rebelle est celui qui est inclus de manière discrète dans le système, ne portant pas les signes de sa condition car perpétuellement en territoire ennemi, devant donc constamment brouiller les cartes. Juste, il ne se bat pas pour les codes de normalité, encore une fois par instinct et non par pose. Il est celui qui fait ses choix à contre-pied en ne fournissant aucun effort pour que ces choix soient du pur contre pied. La rébellion est une question de fatalité. Par contre les efforts, il les fournit pour assumer ce qu’il est. Il trouve cela injuste : le rebelle pur n’a pas demandé à naître et encore moins à naître rebelle … Le rebelle prend le système au mot, il prend son destin en mains, c’est très mal vu...

Arme conventionnelle convenue



La vie pour lui se doit d’être paisible, relativement confortable, en un mot : oisive au sens capitaliste. Une pensée unique donc : la sienne, individuelle à l’extrême donc réellement généreuse et sociale. A ce propos, pas du troupeau des festifs, donneurs de leçons humanistes, incohérents, pseudo rebelles au pas… Il sait aussi que la générosité fait avec le narcissisme.

Il est celui qui reconnaît dans l’égalité en droit et extrapolée même, la source des mesures, des étiquettes, des discriminations, des divisions, des hiérarchies, en un mot l’objectivisation technique, machiniste et mercantile. Le rebelle is the man, dans toute sa lucidité. Il ne cherche pas à échapper à l’homogénéité et vomit l’effort de singularisation. C’est dans la quadrature du cercle qu’il évolue : perpétuellement mouvant, insaisissable en totalité. Il connaît la somme qui le compose. Il avance dans les chemins balisés de manière bucolique : le refus compétitif est instinctif, rationnel, déraisonnable… On le pousse, il absorbe l’énergie mais pour combien de temps ?

Il en bave, grave ! La pression du système s’exprimant par l’insoutenable addition des légèretés punitives. Des tonnes au nanomètre2 dans sa tête… Au final, le rebelle est coincé dans le feu des phares de ses projections.


3 commentaires:

  1. Attends même les SDF votent Royal (à 17%) selon un sondage CSA/La Croix... Je cru rêver.

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  2. http://minilien.fr/a0jtm8

    La Méluche avait proposé d'interdire les sondages... ce serait une victoire pour la démocratie.

    En plus ces instituts sont captif des grands groupes vu que 80% de leur activité c'est pour les grosses entreprises.

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  3. Jean Louis Costes est un bon exemple de rebelle contemporain.
    Sinon je ne conteste pas la "rebellitude" des SDF mais tu avoueras que cette dernière est bien forcée.

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