2 juin 2006

Du l’utilité du suicide en politique



Tadashi, mon frère du Japon, ne cesse de s’offusquer du sobriquet de Kamikaze que la presse internationale attribue à tort aux extrémistes islamistes qui se font péter la gueule aux quatre coins du monde. Kamikaze voulant dire vent divin, on pourrait croire que cette notion religieuse s’applique aux martyres de la cause arabe. Ce serait une grossière erreur.

Les jeunes pilotes de l’aéronavale japonaise n’étaient, quoi qu’on en dise, pas si volontaires que ça contrairement aux djihadistes qui eux, vont à la mort, comme jadis les hippies allaient à Woodstock, pour se taper des vierges. Au-delà de la motivation, ce qui est intéressant est d’analyser l’utilité du suicide pour la cause, qu’elle soit religieuse ou impériale. Le japonais de 1945 n’a pas le choix. Quand on lui demande d’être volontaire tout le monde lève la main et il est inconcevable de dire non au sacrifice de sa vie pour le dieu divin qu’est l’Empereur. Ceci étant dit, un pilote kamikaze nippon, jetait son zéro bourré d’explosifs sur les destroyers et le porte-avions de l’Oncle Sam. S’il parvenait au but, il tuait des centaines, voir des milliers, de marins américains et coulait un bâtiment de guerre. L’opération était donc très rentable malgré d’innombrables ratés et ce, bien que cette terrifiante motivation ne sera pas étrangère aux deux bombes atomiques qui finiront par rendre cet héroïsme bien obsolète, pire inutile.
Maintenant à quoi sert le sacrifice du jeune martyre arabe qui fait sauter sa ceinture d’explosif dans un bus de Tel-Aviv, une boîte de Bali ou un marché de Bagdad ? Déjà il ne tuera que des civils, pour la plupart de sa propre confession. Ensuite en quoi cela rend sa cause utile sinon à la rendre odieuse aux yeux du monde ? Cela devient d’ailleurs tellement monotone qu’il faut bien avouer que plus personne n’en a rien à foutre.
Sauf quand deux banlieusards de Belgique, élevés au biberon de notre occident chéri, se font sauter au Panshir en tuant le commandant Massoud. Là je dois l’avouer, ça m’a bien fait chier. Mais apparemment, j’étais le seul.
Se tuer pour une cause c’est bien, mais cela sert à quoi si cette cause attend éternellement son aboutissement ? Et oui, vous l’avez compris : à rien.
En 1970, Yukio Mishima, mon écrivain préféré, se tuait pour une bonne cause, lui : La Beauté. Mais va faire comprendre ça à un fou de Dieu qui n’a pas la politesse d’être fou tout court !

7 commentaires:

  1. Article interessant, j'avais discuté avec un ancien légionnaire qui me disait qu'en Algérie le FLN utilisait les femmes et les enfants comme bouclier humain, les traditions perdurent...

    Quant aux kamikazes j'avais lu je sais plus ou qu'ils étaient boulonnés dans leurs cockpit, info ou intox?

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  2. Pour les kamikazes j'avais vu un reportage qui disait la meme chose que toi Vlad. Ca et que leur avion ne contenait de toute façon pas de quoi rentrer à la base.

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  3. Oui et quand les américains devaient reprendre les petites iles une à une, une vraie boucherie. Puis la grande bombe a remis un peu d'ordre dans tout ça.

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  4. L'honneur et un fort penchant nationaliste.

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  5. Je croyais que c'était l'Armée Rouge Japonaise qui avait appris aux islamistes l'attentat kamaikaze...

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  6. Dommage que l'Armée Rouge Japonaise ne leur a pas appris à s'auto-dissoudre comme eux...

    C'est dingue, je suis sûr d'avoir vu un reportage qui stipulait que les kamikazes avait suffisamment de fuel pour revenir au cas où ils ne trouvaient pas de cible. (???)

    Sinon il me semble qu'au Japon on ne dit pas Kamikaze mais Tokkotai (commandos spéciaux)

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  7. Kamikaze n'était que le nom de code de l'opération, en aucun cas le nom donné aux pilotes. Et non, on ne les boulonnait pas dans leur cockpit. Si le sujet vous intéresse le mieux et encore de lire Alerte ! Kamikaze ! De Rikihei Inoguchi et Tadashi Nakajima qui ont tous deux organisé le corps suicide. J’ai l’édition France-Empire de 1970 mais peut être que le livre a été réédité ailleurs.

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